Rapport de mission n 1

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1 Augustin et Mathilde Gestionnaire et Enseignante de Français 91 boulevard Auguste Blanqui Paris - France Tél.: +33 (0) Courriel : contact@fidesco.fr Date : Novembre 2014 Rapport de mission n 1

2 Chère famille, chers amis, V oici un mois que nous sommes arrivés et nous prenons enfin la plume pour vous raconter nos aventures malgaches. Après de belles années d étude aux quatre coins de France et un mariage en mai dernier, nous nous sommes lancés dans la grande aventure de la mission, qui nous a fait atterrir à Madagascar. Après un départ retardé de quelques jours suite à des grèves Air France, nous avons bien décollé vers Antananarivo. Après quelques jours dans la capitale nous avons rencontré Sr Bernadette, religieuse pétillante de 84 ans, notre partenaire locale. Deux jours de trajet en 4x4 à travers de splendides paysages, passant du rouge de la terre des Hauts Plateaux, au vert des régions humides, nous ont été nécessaires pour enfin atteindre Farafangana, lieu de notre nouvelle vie pour un an! Que de nouveautés dans notre quotidien! Il nous faut nous habituer au climat chaud et humide, aux pousse-pousse dans la rue, à être dévisagé sans cesse et entendre «bonjour vazaha» («bonjour blanc») sur notre passage, à apprendre la patience car à Madagascar on prend son temps Que de belles rencontres et de découvertes! Nous avons été touchés de l accueil de ce peuple et de son sourire permanent malgré la grande pauvreté. Avant d entrer dans le détail de nos aventures malgaches, nous voudrions vous remercier du fond du cœur pour votre soutien et votre amitié, qui nous permettent de donner le meilleur de nous-mêmes. Merci aussi à tous ceux qui nous écrivent! Recevoir de vos nouvelles par courrier est une grande joie! Continuez! Nous vous laissons découvrir le quotidien de notre mission dans les pages qui suivent. Tonga soa Madagascar! Bienvenue à Madagascar! Bonne lecture! 1

3 Partir en mission à l autre bout du monde Partir en mission, c est partir à la découverte de l autre et tout d abord découvrir un pays. Nous voudrions pour commencer vous présenter cette île Rouge qui nous fascine depuis quelques mois. Perdu entre l Océan Indien à l Est et le Canal du Mozambique à l Ouest, Madagascar représente à elle-seule la superficie de la France et du Benelux réunis. Ancienne colonie française, Madagascar a obtenu son indépendance en On compte actuellement habitants. Pendant notre voyage de deux jours pour relier la capitale Antananarivo («Tana») à Farafangana, nous avons voyagé à travers des paysages très différents, parcouru cette terre rouge qui a si justement donné son surnom à Madagascar. Nous avons aussi traversé des rizières très verdoyantes ainsi que des paysages de montagne et de grandes forêts pour enfin arriver au sud-est à Farafangana. Avant de vous présenter notre ville pour l année à venir nous voudrions vous partager un tableau avec quelques chiffres. Pas besoin d un guide touristique ou de grandes statistiques pour savoir que Madagascar est une île très pauvre. Nos deux jours de 4x4 nous ont plongé dans des paysages magnifiques mais nous avons aussi voyagé à travers la pauvreté de ce pays ethnies distinctes vivent à Madagascar - Réseau routier : km dont 1/10 goudronné - Espérance de vie : 64 ans - 68,9 % de la population est alphabétisée mais au moins 50 % est sans instruction à 90 % de la population vit avec moins de 2 euros par jour. - La Malagasy et le Français sont les langues officielles (environ 25 % de la population parle français). 2

4 Partager le quotidien des malgaches Nous voici chez nous à Farafangana, petite ville côtière de habitants. Cette ville fut jadis «riche» avec du commerce d épices, de langoustes Son port était très important. Hélas les cyclones, les problèmes économiques et la décolonisation ont fait que Farafangana a beaucoup décliné et aujourd hui la pauvreté est immense. On peut observer quelques anciens bâtiments coloniaux qui accueillent aujourd hui l administration. Les 20 derniers kilomètres pour arriver à Farafangana ne sont pas goudronnés et la piste est complètement «défoncée». Hélas cette situation freine l arrivée des touristes qui se comptent sur les doigts de la main. La vie de la ville s est construite autour du marché («bezary»), et des deux rues commerçantes de la ville. Toute la journée, on peut trouver sur ce marché des légumes, des fruits, des paniers tressés. Pas loin de là, un spectacle se prépare à la station des taxis-brousse, le transport par excellence à Madagascar. De grandes voitures où l on s entasse à 15 sur 10 sièges, entre trois poules et une chèvre. A la sortie de ce grand parking nous trouvons les poussespousses tirés par des hommes pieds-nus qui courent (de vrais marathoniens!) pour amener les personnes d un bout à l autre de Farafangana. Les voitures sont rares ici, seulement pour les riches, les ONG ou les ambulances des hôpitaux, alors le pousse-pousse ici c est à la fois le vélib, le métro, la voiture, le scooter. A Farafangana la population habite dans de petites maisons en bois qui sont construites intégralement grâce au «Ravinala», l arbre du voyageur, symbole de Madagascar. Nous avons la chance de vivre dans l école Sainte-Marie, dans un très joli appartement où nous sentons que beaucoup de volontaires Fidesco sont passés, comme en témoigne la multitude de livres, cahiers de cuisine et photos. Le ravinala Nous sommes au service des Filles de la Charité qui vivent elles aussi dans l école. La communauté est présente à Farafangana depuis 1910, s occupant des enfants, des pauvres, des prisonniers. Nous avons notre intimité, mais c est un plaisir que de les rencontrer et de partager avec elles les repas du dimanche. Elles sont aux petits soins pour nous et nous demandent toujours si nous allons bien. Malgré notre grand appétit elles nous considèrent comme de «petits mangeurs» et s inquiètent que nos assiettes ne débordent pas! 3

5 Des nouvelles de la mission d Augustin : Parti pour être gestionnaire dans un hôpital, j ai donc commencé ma mission à la clinique St Vincent de Paul d Ambatoabo, tenue par une autre communauté des Filles de la Charité. L hôpital accueille beaucoup de pauvres, notamment beaucoup de tuberculeux et de lépreux. Mes premiers travaux, sous la direction de Sr Teodora, ont (un peu) consisté à revoir la gestion des stocks et commencer à tenir la comptabilité et (beaucoup) à ranger des papiers et faire des photocopies. Cette perspective étant un peu décourageante, j ai parlé en toute franchise avec Sœur Teodora qui a bien compris mon désarroi. Nous avons revu mon emploi du temps qui me laisse du temps pour d autres missions et me fait intervenir à Ambatoabo pour gérer la comptabilité, les stocks, une partie des commandes et la recherche de fonds. Séance de travail avec Hasa Le secrétaire Hasa et moi-même travaillons souvent ensemble pour optimiser tout cela. Ce travail ne nécessite pas 35h par semaine et j ai donc été recruté par sœur Bernadette pour d autres missions. La première consiste à aider M. Jojo, qui tient la papeterie de l école, pour la comptabilité. Nous avons le projet d agrandir cette papeterie, lancée par des volontaires Fidesco il y a plusieurs années, qui connaît un grand succès. Je donne aussi quelques cours d informatique à des 5 ème. Il s agit de leur donner quelques bases théoriques et pratiques, car la plupart d entre eux n ont jamais utilisé un ordinateur. J ai donc des classes de 25 élèves avec une dizaine d ordinateurs. Nous partons vraiment de 0 (certains tiennent la souris à l envers), mais je crois qu ils sont intéressés et que leurs progrès seront rapides. Enfin, j aide Mathilde dans ses recherches de fonds pour l école. Ces missions variées demandent beaucoup d énergie mais elles sont formatrices, me font découvrir d autres métiers et me permettent de rencontrer de nombreuses personnes. Après un premier mois assez agité, les prochains mois devraient être plus calmes Pour le reste de ma mission je vous retrouve après les nouvelles de Mathilde, en effet un grand changement a eu lieu. 4

6 Des nouvelles de la mission de Mathilde : Cours de la classe de 5 B à la bibliothèque Avant de quitter la France, je m étais préparée à ce nouveau métier qui pouvait me faire peur au départ. Etre professeur!!! J ai donc fait ma rentrée le 8 octobre. Mon cours est en français et se passe à la bibliothèque. L objectif est d aider les élèves à bien lire et de travailler l expression orale. J ai des moitiés de classe mais cela veut dire entre 25 et 30 élèves. Il y a les petits 6ème qui n ont peur de rien, ils se lancent, ils se trompent, ils recommencent. Il y a les 5 qui sont très curieux. Et puis il y a les 4, de vrais ados! On n ose pas parler, on a peur du regard des autres, les filles ne veulent pas dire de bêtises devant les garçons (et viceversa) Alors pour les 4 j ai oublié le programme que j avais imaginé et nous parlons beaucoup. Quand on commence à parler de sujets qui les intéressent alors tout le monde se détend et se lance. Au fur et à mesure des semaines j ai vraiment vu une ambiance différente dans mes cours de 4. Ils ont tous le rêve de correspondre avec des élèves en France. J attends donc des réponses de mes amies institutrices françaises à qui j ai proposé ce projet. En tout j ai donc 10h de cours au collège de la 6 à la 4. Ensuite je donne 3h de cours aux stagiaires et postulantes des deux communautés de Filles de la Charité de Farafangana. C est très agréable car elles ne sont que 6, nous pouvons donc travailler des petites notions de français qui leurs posent des problèmes. J espère qu au milieu de l année nous pourrons étudier des textes en lien avec la religion : psaumes, vies de saints Quand je ne suis pas en cours je file dans le bureau de sœur Bernadette, mère supérieure de la communauté. C est une vraie missionnaire qui porte beaucoup de choses et qui a une vraie connaissance de ce pays qu elle habite depuis 50 ans. Elle est confrontée directement à la pauvreté. Elle doit trouver des fonds pour payer la scolarité de 200 boursiers, la cantine pour les élèves pauvres, la distribution de nourriture aux pauvres une fois par semaine ainsi que les soins, mais aussi la nourriture et soins des prisonniers. Elle est impressionnante, elle nous a marqué dès notre rencontre. Je passe donc beaucoup de temps avec elle pour trouver des solutions. Beaucoup de demandes de fonds aux quatre coins du monde, ensuite il faut faire les rapports. C est vraiment intéressant, c est la crise partout dans le monde mais les gens ont encore un cœur. Je vois des dons arriver de partout. La pauvreté augmente mais l espérance est là! 5

7 La grande nouveauté : «Vous avez des mains pour servir et un cœur pour aimer» disait Mère Teresa! Nous sommes partis avec Fidesco pour servir nos frères malgaches et c est dans cet esprit que nous avons accepté 2 nouvelles missions à Manakara (100km de Farafangana). Nous passerons nos mardis et mercredis dans cette nouvelle ville. Nous prenons le relais de deux volontaires qui rentrent en France pour une autre mission, celle d être parent. Nous voila gestionnaire de la papeterie de Manakara (même fonctionnement que celle de Farafangana) et gestionnaire d une confiturerie. Nous prenons à peine nos marques pour ces nouvelles missions, nous avons été formés par Emmanuel avant son retour en France. Comme nous avons déjà beaucoup de travail à Farafangana les missions ont été allégées. Pour la papeterie, nous nous occupons des comptes et des commandes. La confiturerie est un gros travail qui nous demande d être disponibles toute la semaine pour répondre aux mails des clients et fournisseurs. Nous vous parlerons de cette mission plus en détail dans le prochain rapport. Nous attendons avec joie les volontaires de mars qui pourront reprendre à temps plein ces belles missions. Le mot de la fin! Seulement un mois et demi que nous sommes à Madagascar et déjà tant de belles choses vécues malgré les difficultés inhérentes à la mission et à la différence culturelle. Le temps file à toute vitesse. Nous apprenons petit à petit à nous remettre en question, à reconsidérer ce qui nous semblait évident, à adopter un regard humble et émerveillé. Quelle leçon de vie que de voir ces malgaches garder ce sourire (qu ils ont si beau et vrai) en dépit de leur pauvreté! Quelle beauté aussi dans le don que font ces religieuses de leur vie pour les plus petits. Ces enfants et ces malades que nous servons nous apportent une vraie joie. C est aussi grâce à vous que nous pouvons apporter de belles choses ici. Nous vous en remercions encore et vous portons dans nos prières. Nous vous donnons rendez-vous dans 3 mois pour la deuxième édition de ce rapport! Bonne route vers Noel! Veloma! Augustin et Mathilde 6