FAIBLESSE DES MARGES INDUSTRIELLES AVRIL 2014
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- Liliane Bonin
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1 FAIBLESSE DES MARGES INDUSTRIELLES AVRIL 2014
2 SNF ET INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE 76 Charges salariales en % de la valeur ajoutée 8 Impôts indirects nets de subventions Industrie manufacturière 6 4 Industrie manufacturière 70 2 Sociétés non financières Sociétés non financières Excédent brut d exploitation Sociétés non financières Industrie manufacturière Source : Insee
3 Les charges salariales (masse salariale + cotisations sociales employeurs) des sociétés non financières plafonnent autour d un pic de 68 % de leur valeur ajoutée depuis quelques trimestres. Les impôts indirects (Contribution économique territoriale, Contribution sociale de solidarité des sociétés, taxe foncière) nets de subventions, qui ont sensiblement augmenté ces dernières années, retrouvent leur point haut du second semestre 2009 à 4,1 %. En conséquence, le taux de marge des sociétés non financières dépasse à peine la barre des 28 % au quatrième trimestre 2013, ratio le plus faible depuis Dans l industrie manufacturière, la situation est préoccupante. Les entreprises affichent en effet un taux de marge (excédent brut d exploitation / valeur ajoutée) de seulement 23 %, en retrait de plus de cinq points par rapport à la moyenne relevée depuis Ce résultat s explique par des charges salariales et des impôts sensiblement plus élevés que dans les autres secteurs marchands.
4 ZONE EURO INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE 45 EBE + impôts indirects nets de subventions en % de la valeur ajoutée % Zone euro Allemagne France Zone euro France Source : Eurostat
5 La position des entreprises françaises est atypique en Europe. Selon les données d Eurostat, le taux de marge des entreprises manufacturières, avant impôts indirects nets de subventions, atteint en effet 29 % dans notre pays contre plus de 36 % en zone euro. Les performances de l Allemagne restent enviables en dépit de l inflexion observée depuis deux ans, tandis que les marges des entreprises espagnoles s envolent en liaison avec la chute passée de l emploi et la modération des salaires. L excédent brut d exploitation, avant impôts indirects nets de subventions, des entreprises industrielles installées en France représentait 18 % de celui des pays de la zone euro en Le ratio a été divisé par deux en l espace de douze ans, avant de se redresser modestement en fin de période.
6 INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE Excédent brut d exploitation en % de la valeur ajoutée Industries agroalimentaires Biens intermédiaires 20 Biens d équipement 10 0 Matériels de transport Source : Insee
7 Les comptes d exploitation des entreprises manufacturières publiés par l Insee permettent une distinction par grands secteurs. Le taux de marge dans les industries agroalimentaires, traditionnellement le plus élevé, approche 40 % de la valeur ajoutée, niveau comparable à ceux enregistrés avant la crise. En même temps, le ratio pour les biens d équipement remonte à 27 % en regard d environ 15 % entre 2009 et 2011 et celui des biens intermédiaires stagne à 20 %. Dans les matériels de transport, le taux de marge, négatif à plusieurs reprises en raison des difficultés du secteur automobile, retrouve une tendance ascendante. À 10 %, il demeure toutefois très en retrait de ceux des autres industries.
8 SOCIÉTÉS NON FINANCIÈRES 9 Dividendes nets versés en % de la valeur ajoutée 6 Impôts directs Intérêts nets versés 18 Épargne Source : Insee
9 Plusieurs catégories de dépenses doivent être déduites de l EBE afin de déterminer les sommes restantes pour l investissement. Les dividendes nets versés par les sociétés non financières, qui se sont redressés à partir de 2011, représentent actuellement 8,7 % de leur valeur ajoutée. Parallèlement, les intérêts nets versés repartent à la baisse vers 1,2 %, dépassant à peine leur creux de Au total, la somme des dividendes et intérêts nets versés oscille autour d une horizontale à 10 % de la valeur ajoutée. Enfin, les impôts directs s affichent autour de 3,5 % depuis le début de l an passé et un poste divers (transferts courants, primes d assurances, etc.) non représenté sur le document ressort à environ 2 %. Au total, le taux d épargne des entreprises s inscrit à un plus bas de moins de 13 % de leur valeur ajoutée en regard d une moyenne de 16,5 % en 2007.
10 SOCIÉTÉS NON FINANCIÈRES 27 Dividendes en % de la valeur ajoutée 13 Intérêts 25 Versés 12 Versés Reçus Reçus 7 3 Source : Insee
11 La montée en puissance du financement par émission d actions et le développement des participations croisées ont entraîné une hausse de 11 points du ratio dividendes versés/valeur ajoutée entre 2000 et Une correction est intervenue pendant la crise, avant une remontée régulière ces dernières années. Dans le même temps, les intérêts d emprunt versés se sont effondrés grâce à diminution des taux d intérêt. Dans un supplément de La Nouvelle Vie Ouvrière publié récemment, la CGT dénonce le niveau élevé du coût du capital en France, mettant en exergue une progression nettement plus rapide des intérêts et dividendes versés que celle de la masse salariale et de l investissement depuis En fait, la CGT a omis de défalquer les dividendes et intérêts reçus par les entreprises. Si cette consolidation avait été effectuée, la conclusion aurait été fort différente : ces trois dernières décennies, la somme des dividendes et intérêts nets versés a augmenté à un rythme proche de ceux de la masse salariale et de l investissement.
12 ZONE EURO SOCIÉTÉS NON FINANCIÈRES Épargne en % de la valeur ajoutée France Zone euro Autofinancement mm2t Zone euro 24 Investissements France 22 Zone euro France Source : Eurostat
13 Le taux d investissement des entreprises françaises est longtemps resté inférieur à celui de leurs voisins européens. Il n a guère varié depuis la crise, alors que celui des autres économies s est sensiblement contracté. Tous deux se situent désormais autour de 19 % de la valeur ajoutée. En revanche, un écart substantiel demeure entre les taux d épargne : 13 % dans notre pays contre une moyenne de 19 % dans la zone euro. Dans ce contexte, les sociétés non financières européennes autofinancent quasiment intégralement leurs investissements, situation qui avait été observée de façon transitoire en France à la fin des années quatre-vingt dix. Aujourd hui, le taux d autofinancement français s inscrit à seulement 67 %.
14 Les marges de l industrie manufacturière sont sensiblement plus basses que la moyenne française, en raison d un poids plus important à la fois des charges salariales (71 % contre 68 % pour l ensemble des sociétés non financières) et des impôts indirects (7 % contre 4 %). Il est donc logique que le gouvernement agisse dans les deux domaines : baisse de cotisations sociales et allègement de la fiscalité sur la production. Les mesures annoncées le 8 avril sont étalées sur plusieurs années. Une accélération de leur mise en œuvre prendrait en compte l urgence de la restauration de notre compétitivité industrielle.
15 Les séries statistiques sont issues de la banque de données Thomson Reuters Datastream.
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