Édito. Le conseil d UFR. N 9 Février Sommaire : P. 1 Édito. P. 1 Le conseil d UFR. P. 2 Nota Bene. P. 2 et 3 Interview. P.

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1 N 9 Février 2012 Sommaire : P. 1 Édito Le 6 mars: VOTEZ! P. 1 Le conseil d UFR P. 2 Nota Bene P. 2 et 3 Interview P. 3 Côté Labos P. 4 Pocahontas, a true story? (suite et fin) P. 4 Achtung! Nouveau poète à Arshibald P. 5 Livres: les mécanismes inconscients de la perfection colorée Édito Hum... Qui a dit que 2012 serait marquée par la fin du monde?! Une ineptie de plus bien entendu. Non, vraiment, en ce qui nous concerne arshiens, l'année 2012 est une année politique, voire politiquement incorrecte pour certains. Entre les nains de jardin qui ont des choses à dire, les capitaines de pédalo et autre bal autrichien plus que douteux, les médias ne cessent de nous rappeler qu'au niveau national 2012 est l'année politique des français. En tant qu'étudiants de sciences humaines, nous sommes d'autant plus concernés que nous nous devons de rester vigilant, de prendre du recul sur les choses et de développer un regard critique à leur encontre. Ce qu'il faut savoir également pour les étudiants de l'upmf, c'est que le président Alain Spalanzani arrive en fin de mandat : cette année est donc une année de changement politique au sein de notre université. Ainsi, il serait intéressant pour tout étudiant soucieux de la vie politique universitaire de se renseigner sur les candidats à sa succession, que ce soit Sébastien Bernard ou Olivier Ihl. Maintenant, plus encore que ce changement, ce à quoi tout étudiant de sciences humaines devrait s'intéresser reste les élections d'ufr à leur niveau. Des élections qui auront lieu le 6 mars prochain et qui sont importantes pour les étudiants. Sachez que s'ensuivront les élections aux conseils centraux de l'upmf. Vraiment, comme vous pouvez le lire, cette année 2012 est l'année politique des arshiens! De ce fait, ce numéro prend pour base l'esprit critique de tout étudiant de sciences humaines. Des questions artistiques aux élections d'ufr en passant par les conséquences de la polémique Guéant, voire notre rapport aux téléphones portables... Bref, tout ça pour vous écrire que nous voulons que vous vous mettiez, si ce n'est déjà fait, en mode attaque au niveau du regard critique que vous serez amenés à avoir envers les candidats UFR et compagnie. Il ne faut pas oublier que le monde est encore et toujours peuplé de sophistes, plus ou moins doués par ailleurs, qui cherchent à berner autrui pour faire main basse sur le pouvoir. C'est avec un regard critique que ceux-ci passeront finalement pour les dindons de la farce. Que mon collègue Jean-Jules de la Feuille-Sèche me stoppe si je me trompe! En somme, je vous souhaite bon courage pour les semaines et mois à venir camarades ; le droit de vote entraine bien des difficultés auxquelles nous nous devons de nous confronter. Kévin LAURENT P. 5 Société : sommes-nous capables de nous arrêter? Le conseil d UFR P. 6 Rubrique culturolinguisto-intello P. 6 Godwin à l assemblée P. 7 Infos stupides du mois P. 7 Photographie: Matthieu Rieux P. 8 Poèmes P. 8 Jeux Le conseil d UFR est une institution décisionnelle. Il est celle qui touche le plus directement les étudiants, particulièrement dans notre UFR Sciences Humaines qui est un peu excentrée par rapport au reste de l UPMF. Il est donc du plus important des étudiants de se renseigner sur ce que chaque liste étudiante propose pour la politique de l UFR et compte soumettre à voter à ce conseil, dont les étudiants occupent 8 sièges sur 28. Il est composé de trois collèges : Enseignants-chercheurs, enseignants et chercheurs, divisé en deux : Professeurs et assimilés (9 sièges) ; Autres enseignants chercheurs, enseignants et assimilés (9 sièges) Personnel ingénieurs, Administratifs, Techniques, Ouvriers et de service (2 sièges) Usagers : c est par cette sinistre appellation que sont désignés les étudiants depuis la LRU. (8 sièges). C est pour ce collège que vous voterez le 6 mars.

2 Page 2 ARSHIBALD Nota bene «Sortons-nous les doigts!» «Le saviez-vous»? Un débat autour de l'université eut lieu lors du forum de Libération sur le thème «Vivre la république». Débat dont le titre était : «Université : gauche, droite, même échec?». Pour tout vous confier, j'y étais. La grande salle qu'avait prévue la MC2 à cet effet me parut bien vide à la vue de ce qu'est censé représenter un tel débat... Mais le plus étonnant fut de me rendre compte que les trois quart des présents auraient pu être mes grands parents. Certes il y avait quelques étudiants, une dizaine peut-être. La belle affaire. Ce sont pourtant des questions essentielles à notre vie étudiante qui étaient ici développées. Certes, leur développement était honteux et si j'avais eu des tomates sur moi j'aurais «snipé» un ou deux intervenants. Mais là n'est pas la question. Terra Nova intervenait dans ce débat via Yves Lichtenberger. Quand on sait que Terra Nova est proche du PS et quand on sait que Yves Lichtenberger proposait de tripler les frais d'inscription en licence et les quadrupler en master, je ne pense pas que ce soit un débat à éviter. Comment sont pris en compte les étudiants qui sont à peine «trop riches» pour être boursier et qui travaillent déjà toute l'année? Il paraitrait que ce monsieur n'en connaisse point. Bref, si j'ai attaqué là-dessus, c'est pour montrer ce qui est pour moi une réalité : l'étudiant lambda se fiche de la vie politique universitaire. Il vient en cours et rentre chez lui sans se poser plus de question. Mais l'université c'est bien plus que ça. Et ce mois-ci je voudrais faire la promotion des élections de l'ufr. La formation, la recherche, la gestion du budget, les orientations pédagogiques sont autant de points traités par le conseil d'ufr. Et c'est important. Le conseil d'ufr statue sur les problèmes rencontrés par l'étudiant salarié, il permet de minimiser le plus possible les effets néfastes de la loi LRU. Tout ça n'est pas négligeable. Je vous pose la question : doit-on jouer les moutons de Panurge alors que c'est notre vie étudiante qui est en jeu? Le passage à minima est passé à la trappe, à quand les compensations inter-semestrielles?! Prenez donc part active à cette élection. Il y a deux ans, moins d'une centaine d'étudiants ont voté. Nous sommes 1347 étudiants, votants potentiels. Votons, tout en regardant d'un œil critique les trois différentes listes qui se posent à nous. Un syndicat de lutte : la FSE que nous connaissons puisque bien présent à l'ufr ; et deux listes dites indépendantes : «Les étudiants indépendants, pour un vrai rapport de force» et une seconde dont le nom m'est actuellement inconnu. Il faut donc bien savoir ce que ces listes proposent, comment elles comptent agir, au nom de qui et pourquoi. Voir également si celles qui se présentes comme indépendantes le sont réellement et veulent agir pour l'ufr et ses étudiants ou si elles n'ont d'indépendantes que le nom. Ayons bien en tête que certains peuvent s'avérer être des arrivistes dont le seul but est de briguer des places aux conseils centraux. Le plus simple serait qu'un débat public soit organisé entre des représentants de ces listes afin qu'ils montrent aux étudiants qui ils sont. Là, toi, arshien, tu pourras discerner les gens sérieux de ceux dont le raisonnement s'avère creux. Kévin LAURENT «La philosophie de la liste Étudiants Indépendants est de se défendre contre la réforme Pécresse et de remettre l étudiant au cœur de l UFR» Interview de Thibaud Pikorki [ARSHIBALD]M. PIKORKI, apparemment vous avez créé une liste indépendante à l'arsh : «les étudiants indépendants, pour un vrai rapport de force». Cette nouvelle liste indépendante nous laisse pantois, pourriezvous la définir? [T. PIKORKI] Tout d'abord, elle est indépendante car elle n'est pas soutenue par un syndicat. Les quatorze membres de la liste sont non syndiqués et de différentes disciplines. C'est une liste qui sent un peu la maturité parce qu'il y a pas mal d'étudiants qui viennent de master, de la vie associative, des gens qui ont fait partie du BDE, qui font partie d'autres associations. En d'autres termes, des gens impliqués dans la vie de l'ufr depuis des années. Même d'anciens élus au conseil d'ufr. Tout en comptant parmi nous de petits nouveaux. Voilà, tout cela en ayant une liberté véritable car ne dépendant d'aucun syndicat. Nous on est là pour défendre les intérêts des étudiants de l'arsh. Nous nous opposons bien sûr à la politique gouvernementale depuis des années, notamment la réforme Pécresse depuis Donc notre philosophie elle est là : remettre la place de l'étudiant au conseil d'ufr. Défendre son statut et améliorer sa condition si possible. Et surtout créer un rapport de force afin d'amoindrir les effets terrible d'une LRU, des PRL, masterisation et tout ça avec notre petit groupe, c'est dur mais on va essayer de le faire. SUITE page 3 =>

3 Année 2, n 9 Page 3 Interview (suite de la page 2) Quelles sont vos propositions pour le conseil d'ufr, pour les étudiants? On peut les définir en quatre axes. Premièrement, on est d'accord pour dire que nous appelons à l'abrogation de la LRU. Bien sûr, nous n'avons pas ce pouvoir, mais comme je le disais, on peut toujours créer un rapport de force en faveur des étudiants. Deuxième point, c'est améliorer la vie de l'étudiant à l'arsh. Améliorer l'accès à la bibliothèque, ouverture le samedi, les prêts entre bibliothèques. Quand on parle de vie étudiante c'est large, ça va du tutorat à la défense du statut de l'étudiant salarié. On veut essayer de défendre au mieux les intérêts de chacun dans sa formation. C'est-à-dire faire participer les étudiants à la définition des PRL qui s'avèrent être une énorme désillusion. Revaloriser tous les accords inter-facs, les accords internationaux également. Mais surtout éclaircir le cursus de chacun, à savoir : valoriser l'étudiant et son parcours autonome. Notamment, grâce aux accords avec GEM, s'il veut faire du management, qu'il y parte. Ça évite qu'à l'arsh on ait des cours de management et que le privé intègre. Le privé c'est ça, c'est la LRU, nous on va essayer de freiner ce parcours-là. Notre rôle sera aussi de faire participer les étudiants aux décisions du conseil. Développer des réunions de préparation, de comptes-rendus. Tout en intégrant les associations de l'arsh. Qu'elles soient représentées au conseil d'ufr si possible. L'UFR les aide, ils ont à «rendre des comptes», c'est-à-dire faire un bilan moral et financier devant le conseil. Essayer par ailleurs de renforcer les liens entre étudiants, enseignants et administratifs. Je parlais de l'étudiant salarié, il doit pouvoir financer ses études tout en les réussissant, ça passe par un pacte avec les enseignants par rapport à son Côté Labos évaluation. Faire également un pacte entre étudiants et UFR pour la vie de l'ufr ellemême, du tutorat à la bibliothèque. Nous, on est là pour les arshiens en ayant une ligne directrice claire et nette, avec une liberté que n'ont pas les syndicats. Nous sommes là contre la privatisation, contre la marchandisation du savoir, contre les réformes de ces dernières années qui sont là pour casser l'université. Nous allons tout faire pour que les étudiants morflent le moins. Il y a trois listes qui se présentent pour le conseil d'ufr : la liste FSE, une dont on ne connaît pas encore l'appellation et la vôtre. En quoi vous différenciez-vous des deux autres? Je voudrais d'abord dire que nous avons beaucoup de respect pour la FSE, c'est le syndicat le plus présent à l'arsh toute l'année. Ils font des actions, ils défendent bec et ongles les étudiants et leur statut toute l'année. On ne partage pas forcément leur principe du «non» à tout, en deux ans au conseil d'ufr je ne pense pas qu'ils aient fait avancer les choses mais ils ont pu au moins apporter une autre voix. On pourrait peutêtre incarner le juste milieu, voire travailler également avec la FSE parce qu'ils ont des positions claires, notamment sur le PRL et sur les accords avec GEM. Concernant la dernière liste, qui n'a pas le courage d'écrire Bouge ton campus sur sa profession de foi, ce qui est scandaleux. J'attends de voir ce qu'ils proposent, on en débattra. Si c'est pour démonter n'importe comment la FSE, je pense qu'ils font fausse route. S'ils sont là pour prendre des places aux conseils centraux de l'upmf, ils font fausse route. Les arshiens ne seront pas dupes et ne se laisseront pas emmener par de pseudo-indépendantistes. Cette liste-là ne me parle pas et j'espère qu'elle ne parle pas aux étudiants. NOS RENDEZ-VOUS NB: les spectacles à la MC2 bénéficient d un tarif préférentiel si vous réservez par notre association à : lesautres-sh@hotmail.fr Élections du conseil d UFR le 6 mars à l ARSH => VOTEZ C O N C ER T : T h e Renegades à Pont-de -Claix le 16 mars Les Bonnes, de jean Genet, mise en scène de jacques VIncey. Du 28 février au 10 mars à la MC2. LARHRA Jeudi 1er mars Journée d études organisée par les doctorants Le Silence 9h30-16h30 à la MSH * Jeudi 8 mars Journée d études Anachronisme(s) 10h-17h à la MSH CRHIPA Mercredi 29 février Journée d études en collaboration avec le GERCI et la MSH Étudier, enseigner éditer. Nouveaux projets autour de l Italie. * Mardi 20 mars Table Ronde À chacun ses idoles Salle des colloques BSHM PLC Vendredi 2 mars Journée d études sur Aristote 10h-16h A la MSH

4 Page 4 ARSHIBALD Pocahontas, a true story? (fin) par Camille Bouillant «Les amérindiens étaient considérés par les puritains comme des serviteurs de Satan, parfois même comme des animaux...» Les a méricains s e considèrent comme un peuple libéré, autonome et cela se caractérise par une exaltation de la cause de l'indépendance et des héros qu'elle comporte. En effet, lors de la Révolution américaine, Samuel Richardson définira l'amérique comme un «Berceau de la Liberté». À noter que le sentiment de supériorité des colons britanniques se traduit aussi par une hostilité plutôt violente à l'égard des Indiens d'amérique, traduite par une volonté d'éliminer les peuples autochtones puisqu'ils étaient persuadés d'avoir été choisis par Dieu pour occuper cette nouvelle terre. Ces peuples autochtones vivant selon les lois de la nature étaient considérés par les puritains comme des serviteurs de Satan, car ils n'étaient pas christianisés, et par conséquent noncivilisés. Parfois même, on les reléguait au rang d'animal. Pour d'autres colons, ils étaient purement et simplement considérés comme hostiles car ils souhaitaient s'approprier les territoires des Indiens d'amérique. Cela donna bien entendu lieu à des combats et des massacres qui, dans l'oeuvre de Nadia Myre, se traduisent par des cicatrices, «Scars», qu'elle représente sur son canoë là où les deux moitiés se rencontrent, comme un souvenir d'un passé sanglant que l'on ne peut oublier, seulement continuer à vivre, à naviguer avec. Cette cicatrice représente les divergences entre deux cultures qui ne purent jamais s'accommoder l'une de l'autre, probablement à c a u s e d e l e u r éloignements idéologiques et technologiques trop importants : en effet, les colons amenaient avec eux leur religion, leurs armes, leurs instruments de navigation modernes ( a s tr o l a b e m a r in e, équerre) ainsi que leurs constructions; quant aux a u t o c h t o n e s d é j à présents, ils ne vivaient que de la chasse et de la pèche, leurs armes étaient conçues en bois ou en pierre taillée, et leurs croyances étaient polythéistes. Dans tout son travail, Nadia Myre nous montre qu'elle place ses origines au coeur de sa démarche artistique. Mais plus important encore, elle place le spectateur américain face à sa propre histoire, aussi bien le colon et son désir de conquête, que l'indien d'amérique, vu comme un sauvage dépourvu de technologie. En dehors de sa visée esthétique, le travail artistique de Nadia Myre peut être considéré comme un d evoir d e m émo ire. Aujourd'hui, et à travers sa représentation du canoë, Myre voit les cultures amérindiennes et américaines d'un point de vue optimiste : malgré leurs différences, elles ont enfin réussi à s'unir et à ne former qu'un seul moyen de transport qui avance, bien que marqué par les cicatrices des violences passées. Malheureusement, je vais casser une ambiance de tout est bien qui fini bien : je ne sais pas si Nadia est allergique au gluten. Camille BOUILLANT ACHTUNG! Nouveau poète à Arshibald Comme vous avez pu le remarquer, depuis quelques temps notre cher Jean-Jules de la Feuille-Sèche rechigne à nous livrer ses poèmes... Prétextant qu'il fait trop froid pour sortir de sa cabane perdue en Chartreuse pour aller jusqu'au village le plus proche afin de les envoyer. De toute façon, nous savons bien qu'il a son côté ours mal léché. Nous nous attendions donc à ne publier aucun poème ce mois-ci. Sauf qu'un hurluberlu nous en envoya quelques uns sous le pseudonyme très recherché de «Hector Berlioz-Université». Outre la magnificence que reflète ce pseudonyme, nous rîmes de bon cœur à la vue de ce poème où l'auteur joue sur les mots à la Queneau (en moins bien, c'est évident). Nous avons donc décider de le publier afin que vous le jugiez par vous-même. Et, suivant les retours que nous aurons, il se pourrait que cet Hector puisse prendre la relève de Jean- Jules jusqu'à ce que ce dernier s'énerve pour de bon, se rendant compte de la concurrence. Espérons que sa colère ne le rende pas Achille, sans quoi Hector a du souci à se faire. Affaire à suivre... Les AUTRES-SH

5 Février 2012, n 9 Page 5 Livres : Les mécanismes inconscients de la perception colorée Je ne peux pas ne pas vous parler du Bleu de Michel Pastoureau. Et ce n'est pas pour faire de la démagogie, sachant que la majorité de mes lecteurs seront historien. Historien de formation, attaché à EHESS, le petit Michel a dès l'enfance une perception colorée très subtile et décide donc au début des années 2000 de publier Bleu histoire d'une couleur. Vint ensuite le Noir, un Petit dictionnaire des couleurs et les Couleurs de nos souvenirs. En s'attachant à trois types de sources particulières, le vêtement, l'iconographie et l'héraldique, il met en valeur le fait que la couleur n'est pas une affaire de teintes absolues, ni de perception physique mais bien d'une réalité socioculturelle, évoluant en même temps que les mentalités, c'est à dire très lentement. On est loin en effet de se douter, à notre époque où le bleu est la couleur préférée à la fois par la signalisation et la mode, qu'il n'est apparu qu'au XIIe siècle à la faveur des améliorations techniques de teinturerie et de la naissance simultanée du bleu marial de la Chrétienté. Dans l'antiquité, il n'était pas même clairement défini par un mot. Il a longtemps été considéré comme un sous-noir, une couleur sombre pas réellement différenciée, au même titre que le violet. Il y avait jusqu'à cette période une quasi -hégémonie du triangle de contrastes noirrouge/blanc, où le blanc avaient deux contrastes, système ternaire héritée des âges farouches de la Préhistoire. Pastoureau nous apprend qu'il ne faut pas considérer une couleur pour elle même mais avec d'autres appartenant au même système de valeurs. Celui-ci peut extrêmement varié : les cultures asiatique et africaine attachent bien plus d'importance à la brillance d'une couleur qu'à sa nuance ; violet et jaune brillants sont plus proches l'un de l'autre pour leur œil que bleu brillant et noir mat. Notre conception moderne des couleurs est donc discutable et largement héritée de la découverte à la fin du XVIIe siècle de la décomposition lumineuse de Newton. C'est lui qui organise un schéma circulaire des couleurs, définit arbitrairement les sept couleurs de l'arc -en-ciel, l'organisation couleurs primaires/ couleurs complémentaires et surtout, exclut définitivement le noir et le blanc du groupe des couleurs, ce qui avait déjà été amorcé par l'imprimerie. En outre, elle est largement truquée par la représentation médiatisée qu'on a des couleurs, les médias mettent en scène un monde bien plus colorée et criard qu'il ne l'est en réalité... Marie CAZENAVE «Selon Pastoureau, la couleur est avant tout une réalité socioculturelle» Société : Sommes-nous capables de nous arrêter? Savez vous qu en moyenne un usager de Smartphone lambda consulte son téléphone 150 fois par jour soit toutes les 6 minutes? Confrontée à ces informations, j avoue être frappée par la dépendance que nous entretenons envers les technologies. Des études américaines ont même prouvé qu à brève échéance ces appareils caractérisés par leur capacité multitâche auraient des effets neurologiques néfastes sur le cerveau de l Homme (et non pas de l homme bien que ce soit tentant) qui lui est mono tache. Mais intéressons nous aux conséquences anthropologiques et sociales Par exemple avec cette vague de froid : n avez vous pas, vous aussi, pu lire sur les murs de vos «amis» Facebook ce type de message assorti d une image évocatrice : «Grosse pensée à tous ces SDF qui supportent des nuits polaires»? N est ce pas un comble? Écrire bien au chaud depuis son ordinateur qu on «pense bien» au petit clodo qui dort en bas de notre fenêtre Je ne vous ferrai pas ici un pamphlet sur l individualisme de la société actuelle, personne n aurait envie de l entendre et c est un sujet déjà revu, et corrigé. Par contre je me permettrai d attirer votre attention sur ce point : nous ne savons plus décrocher de la technologie et du virtuel pour nous concentrer sur la vie réelle et regarder autour de nous. Un des acteurs de cette pensée est le journaliste canadien Carl Honoré, également figure de proue du Mouvement Slow. Dans son Éloge de la lenteur, il dénonce cette incapacité à prendre le temps. Il dirait surement à propos de Megaupload -sans entrer dans des considérations consensuelles sur le prix de la culturel et des loisirs audiovisuels, -qu il est évident que cette clôture aura une incidence sur notre capacité à nous tourner vers l extérieur. Concrètement la question majeure ici posée est de s interroger sur notre capacité à nous arrêter pour regarder le monde qui nous entoure, et pourquoi pas à nous émerveiller? Récemment, le Washington Post a lancé une expérience sur la perception et les priorités des individus en invitant Joshua Bell (violoniste mondialement reconnu) a interprété,dans le métro, anonymement, pendant 2h, l un des plus difficiles concerto pour violon. Conclusion : durant cette représentation, sur des milliers d usagers, seule une trentaine s est arrêtée quelque secondes et une femme seulement l a reconnue et félicité. Ainsi à courir après le temps et des ambitions sans jamais freiner, combien de choses manquons nous? Marie VIDON «Nous ne savons plus décrocher de la technologie et du virtuel pour nous concentrer sur la vie réelle et regarder autour de nous.»

6 Page 6 ARSHIBALD Arshibald fait main basse sur les dindons de la farce Rubrique culturo-linguistointello Par Jean-Jules de la Feuille-Sèche «Provocations gratuites contre bons sentiments, le débat politique est-il passé de Devos à Bigard? (1) Expression populaire des adeptes de la toile signifiant : «Oh! Oh! Te voilà bien possédé et je m en gausse!» De l anglais owned : eu, possédé. Parmi les expressions qui ne mangent pas de pain, celles que l'on emploie tout les jours en étant persuadé d'en connaître la signification d'origine (on en mettrait notre main à couper) tellement elles paraissent visuellement parlantes, en voici une: être au bout du rouleau. Mais en voici une autre: Faire main basse sur quelque chose: à première vue, on pourrait penser que cela désigne le fait de faire un rapide mouvement de la main vers le bas pour s'emparer discrètement d'un objet. Cette image renverrait d'ailleurs à l'expression se faire prendre la main dans le sac, elle aussi chargée d'un sens visuel assez évident. En réalité, l'origine de cette expression est toute autre. Au XVIIème siècle, "faire main basse" signifiait tout simplement tuer son adversaire. Plus précisément, l'embrocher. En effet, "faire main basse", cela désigne pour le combattant le fait de s'emparer de l'épée accrochée à sa ceinture mais aussi de la planter dans le corps de son ennemi, une fois celui-ci tombé à terre. L'expression à ensuite connu un glissement de sens puisqu'on l'employait pour évoquer les pillages qui suivaient les batailles victorieuses. Aujourd'hui, elle désigne toujours le fait de s'emparer de quelque chose qui ne nous appartient pas mais toute référence guerrière a disparu. En d'autres termes, pour faire main basse sur un bien, nul besoin d'éliminer son détenteur, une simple ruse peut suffire à faire de lui le dindon de la farce. GODWIN à l assemblée! Souvenez-vous, c était la grande mode sur le net il n y a pas si longtemps, dès qu un internaute évoquait le nazisme dans un débat, un autre répondait tout fier : POINT GODWIN! Du nom de l auteur de la théorie selon laquelle plus un débat dure, plus on finira par évoquer le nazisme. Les internautes, fiers de cette trouvaille autant que nos ancêtres devaient être fiers de la roue, l utilisèrent à outrance, ce qui donnait des choses du genre : «Il faut exterminer les homos! - Tu parles comme un nazi! - POINT GODWIN! Gros naze! T en viens au nazisme parce que t as pas d arguments! PWNEED! (1)» Un peu tombé en désuétude dans le milieu, ce concept prend-il une nouvelle naissance avec les propos du député martiniquais Serge Letchimy? Le gouvernement offusqué quittant l Assemblée, aurait-il du le faire en beuglant «POINT GODWIN! On se tire! On ne discute pas avec un Godwin!» En réalité, l affaire est selon moi (cela n engage que l auteur et de toute façon celui qui passe pour notre directeur de publication fait ce que je lui dis) plus simple. Être le dindon de la farce: comme nous le savons, au Moyen Age, le mot "farce" désignait des pièces de théâtre comiques aux sujets légers. Il était alors souvent question d'un père de famille stupide, toujours prêt à se faire berner par ses fils. Ce personnage récurrent était représenté en dindon et d'ailleurs surnommé "père-dindon". Quel que soit le dénouement, il était donc toujours le dindon de la farce. Cela-dit, cette explication fort séduisante, qui fait toujours autorité dans les milieux spécialisés, pose un problème chronologique: le dindon tel que nous le connaissons n'a été introduit en France qu'à partir du XVIème siècle. Dès lors, une autre interprétation a été avancée: entre 1739 et 1844 avait lieu à Pris un spectacle de foire intitulé "Le ballet des dindons". Il s'agissait de poser des dindons vivants sur une plaque métallique que l'on faisait chauffer progressivement par en dessous. Les spectateurs, hilares, regardaient les dindons se mettre à "danser" pour éviter de se brûler les pattes. Si aujourd'hui, cette tradition fort charmante a malheureusement disparu, il est bien possible qu'elle ait donné son sens à l'expression que nous connaissons. JJdFS D abord, le député martiniquais, maladroit certes en mélangeant nazisme, civilisation et débat exhumé sur la colonisation, n a pour autant pas traité Guéant de nazi. De l autre côté, Guéant, parfaite incarnation de ce qu on appelle la droite décomplexée ce qui est son droit le plus profond, n a-t-il tout simplement lui aussi été dans la provocation facile, et surtout calculée? Rappelons qu à l heure actuelle le FN semble reprendre les voix que l UMP lui avait draguées en 2007, et que dans ce contexte, une telle phrase qui génèrerait inéluctablement des échos dans la presse pourrait faire mouche. Et l on n est pas près d arrêter d en parler, ainsi Guéant sortira forcément vainqueur. Décomplexion contre bons sentiments, provocation facile contre évocation du nazisme, hélas, orateurs et tribuns ne sont plus ce qu ils étaient. Si le débat politique était une blague, c est un peu comme s il était passé de Raymond Devos à Jean-Marie Bigard Jérémie LIBOT

7 n 9 Février 2012 Page 7 Les infos stupide du mois! Théologie, pédophilie et modernité. Voilà que le Pape Benoît XVI, ex-cardinal Ratzinger, veut à tout prix laver son Église de la tâche (sans mauvais jeu de mot) de la pédophilie, et appelle à un «renouveau de l Église» et ce alors même que s ouvre le procès d un prêtre canadien contre qui ont été déposé 39 plaintes, pour des actes dont il devra répondre ayant eu lieu entre 1978 et 1982 (faites la moyenne vous-même). Le symposium organisé par le Vatican parle de renouveau, d écoute et d aide aux victimes. L on y déballe tout un flot de bons sentiments visqueux et gélatineux mais n évoque pour l instant pas le mariage des prêtres. Mais ne désespérons pas : Ratzy a peut-être tenu des propos ultraréactionnaire sur tout un tas de sujets, mais il a tout de même prouvé son ouverture d esprit en avril 2010 en pardonnant les Beatles -45 ans après les faits- pour la phrase de John Lennon «Nous sommes plus populaires que le Christ, maintenant». Comme quoi, avec B-16, l Église est résolument tournée vers l avenir et le progrès humain. Info rétro : 60 ans de règne pour Liz II de Windsor! Incroyable quand on se souvient qu il y a 10 ans pour le Jubilée de ses 50 ans elle n avait plus reconnu le guitariste Brian May qui avait pourtant joué pour l occasion sa version de God Save the Queen à la guitare, et qui avait dit à la souveraine qu il en avait été honoré. Réponse de la brave dame : «Ah, c était vous?». Sympa, surtout pour le guitariste de Queen, quoi. Mammy avait demandé à un autre guitariste son nom («Euh, je suis Eric Clapton!» avait-il répondu) et s il jouait depuis longtemps («Oh, bah, 45 ans à peu près»). Clapton ayant été surnommé «God» dans les années 60 par ses fans Londoniens, chantons donc God Save the Queen s memory. Enfin, malgré ça, dix ans après elle pète la forme mamy Liz, et c est marrant, le seul qui sourit pas tellement là-dedans c est Prince Charlie qui piaffe d impatience. Et aussi : Gare aux blagues pas drôle sur les réseaux sociaux! Un couple british a vu son séjour aux USA écourté par une arrestation suivie d une expulsion pour avoir écrit sur Twitter «I m going to destroy America and dig up Marylin Monroe». Sauf que tweeter «Destroy America» est un motif suffisant pour se faire botter le cul dehors par Uncle Sam. Jérémie LIBOT Le symposium du Vatican n évoque pas le mariage des prêtres... Pour les 60 ans de règne d Élizabeth II, sa mémoire va-t-elle mieux qu il ya 10 ans? Photographie : La montagne selon Matthieu Rieux La photographie est un domaine dont aucune demi-page de notre canard n avait été consacrée. Réparation doit être faite et pour cela, je vous présente un photographe de chez nous dont l œuvre mérite une certaine attention. En pénétrant dans ce magasin où se tenait l exposition Quatre saisons en montagne de Mathieu Rieux, telle fut ma première impression en voyant ces photos : son regard est proche du mien, mais, il n y a pas à dire, il est meilleur! Outre cela, Matthieu Rieux, se définissant comme photographe de paysage alpin, offre dans ses clichés toute la beauté de la montagne, avec sa nature tantôt chaleureuse et accueillante, tantôt rude et hostile, dans des lieux pourtant si proches de notre Grenoble! Mais finalement, la distance de l espace urbain, l altitude, l éloignement de l activité, tout cela importe peu. C est le regard du photographe avant tout qui fait le cliché. Puisqu on parle de paysage, voilà qui faisait écho, en voyant ces photos, avec une définition me revenant d un séminaire de Gilles Bertrand comme un boomerang en pleine poire : un paysage est une portion de territoire définie et appropriée par l homme. Et l objectif de Matthieu Rieux ne manque pas de le faire avec brio. Au gré des saisons, de la nature renaissante du printemps, à la beauté froide et désolée de l hiver, en passant par la vie chaleureuse colorée de l été et la nostalgie de l automne, ses clichés parlent à tout amateurs de paysage, mais, assez bavassé, ceux-ci sont plus parlants que moi sur euxmêmes. Aussi, pour en savoir plus : grimpez sur Jérémie LIBOT Matthieu Rieux, photographe de paysages alpins, offre de superbes clichés de lieux familiers des randonneurs

8 ARSHIBALD Le journal des Autres Rédaction Kévin LAURENT Jérémie LIBOT J-J de la FEUILLE-SÈCHE Marie CAZENAVE Marie VIDON Camille BOUILLANT H-B Université Poème Des vers divers ou d'été Se soldent par des regrets Faire des prix ça déprime Quel segment va vers l'abîme? Des droites, des vies, vers la droite D'étroites salles dans des cloîtres Et Yssandon plaint l'écu Des trous de sac plein d'écus Prenez gare, mon train déraille Des monarques, des religieuses Me sacrent à la tronçonneuse Où qu'ils aillent il y a faille Guéret creuse, Guéret creuse No man's land, guerre est creuse! Hector Berlioz-Université Infos pratiques Les Autres des Sciences Humaines Pour nous écrire, pour envoyer un article, réserver une place de spectacle : les autres-sh@hotmail.fr Pour retrouver nos projets futurs ou passés, Pour lire les anciens numéros d Arshibald: Dessins: Ségolène EPAULARD JEUX Qui suis-je? Où donc est-ce? Je suis devenu célèbre sur un malentendu alors que mon métier était de creuser des piscines. Quant je suis devenu une célébrité internationale, je n avais pas de nom Plus tard, je demandais souvent qu on me fasse plaisir Je surveille ma santé et mon alimentation Je suis fan de jazz et aussi compositeur J ai été maire pendant deux ans. Mon manque de pitié a valu quatre Oscars. Dans quelle ville peut-on trouver ce bâtiment? Solution sudoku n Journal gratuit à faire circuler. Ne pas jeter sur la voie publique sous peine d être enfermé dans une urne électorale