La chambre des députés après les élections de 1881.
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- Émilie Bouffard
- il y a 7 ans
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1 L enseignement de la morale dans les écoles communales à l époque de Jules Ferry La chambre des députés après les élections de Après les élections législatives de 1881, les républicains disposent d une large majorité. Il est temps de réformer le système scolaire afin d enraciner définitivement la république. Les lois scolaires de Jules Ferry en 1881 et 1882 servent cette ambition. L école, et particulièrement l école primaire, doit imposer la république dans les esprits. L école devient donc progressivement publique, gratuite, laïque et obligatoire. Surtout, l école (et ses élèves) devient un enjeu majeur. Les programmes de 1882 en témoignent, l école primaire a pour objectif de former des hommes et des femmes de valeur, républicains bien sûr. Dans cette optique, l enseignement de la morale est essentiel. Il est d ailleurs en tête de ces nouveaux programmes, devant l instruction civique. Les programmes d après la loi Ferry de 1882 Article 1 : L enseignement primaire comprend : -instruction morale et civique ; - la lecture et l écriture ; - la langue et les éléments de la littérature française ; - la géographie, particulièrement celle de la France. L histoire particulièrement celle de la France jusqu à nos jours ; - quelques notions usuelles de droit et d économie ; - les éléments de sciences naturelles physiques et mathématiques ; - les éléments du dessin, du modelage et de la musique - la gymnastique - pour les garçons, les exercices militaires - pour les filles, les travaux à l aiguille Il apparaît bien ici que l instruction morale est à la base de la nouvelle école des Républicains. Jusqu à présent en effet, l éducation morale était l affaire de l Eglise. Or la lutte franche que lui opposent les Républicains tels que Ferry est incompatible avec la survivance de ce monopole : la morale doit devenir républicaine.
2 Le s contenus d enseignement. Malgré sa volonté de se substituer à la morale religieuse, la morale républicaine ne diffère pas grandement de celle-ci. Comme le soulignent les instructions officielles, «l éducation morale, c est l art d incliner la volonté libre vers le bien». On y retrouve des principes chrétiens évidents comme les devoirs de l enfant, le respect des parents, de l autorité ou la charité. Voici par exemple quelques thèmes abordés dans un Manuel d instruction morale et civique pour les petits enfants, écrit par G. Bruno, auteur du fameux Tour de la France et datant de 1882 : la bonne volonté respect aux vieillards la persévérance soins aux parents devoirs de justice l amour filial nous devons toujours dire la vérité devoirs envers la patrie. La présence de G. Bruno, un auteur déjà célèbre à l époque ne doit pas être une surprise. L éducation morale est alors prise très au sérieux et les meilleures plumes républicaines sont convoquées afin d assurer un enseignement de qualité. Le «pape» de l Histoire à la fin du XIXème siècle, Ernest Lavisse, publie par exemple des manuels d éducation morale sous le pseudonyme de Pierre Laloi. Les programmes pour les plus grands sont également organisés autour de grands thèmes. Le manuel de Henri Baudrillard, Education morale et instruction civique, datant de 1885, en donne une illustration parfaite ; les élèves étudient d abord la famille, l école, la société, la patrie (Livre 1), puis les éléments de la morale (Livre 2), enfin les devoirs envers les autres hommes (Livre 3).
3 Ce manuel nous permet d entrer quelque peu dans les détails. L éducation morale a alors une portée très pratique. Les lectures destinées aux enfants font la part belle au patriotisme, nécessaire pour souder la nation après l humiliation de Dans le manuel de H. Baudrillard, le chapitre sur la patrie est le plus long et se divise en sous-parties explicites : l amour de la terre natale, la nation, la France et l histoire nationale- grandeurs et malheurs de la patrie, la France moderne- L unité nationale, Bienfaits de la patrie. Extrait du début du chapitre sur les bienfaits de la patrie du manuel de Baudrillard : «N est ce pas un bienfait d abord que ces sacrifices continués pendant des siècles pour vous conserver votre patrie? N est ce pas un avantage d être né en France? C est un pays privilégié par son sol, son climat. Ce pays a toujours passé pour posséder tant d agréments que nos plus anciens écrivains l appellent en leur vieux langage : la doulce France. N est ce pas enfin un bonheur et un honneur d avoir vu le jour dans une nation qui a fait de grandes choses dont vous entretient son histoire?» H. Baudrillard, Education morale et instruction civique, Lecène et Oudin éditeurs, Paris 1885 Pour l enfant la nation devient une évidence qui l accompagne dans toute sa scolarité, puis dans sa vie d adulte. La pédagogie de la morale : La morale inaugure souvent la journée de l écolier. Par exemple, à Troyes, la leçon de morale a lieu le premier quart d heure de chaque matinée. Les plus jeunes étudient une maxime, écrite au tableau qu ils notent ensuite dans leur cahier (voir exemples dans le cadre). Les plus âgés étudient des textes plus développés, les commentent avec leur maître puis les résument sur leur cahier. Les maximes proposées aux élèves au mois de décembre, d après le manuel de Ch Boniface, Pour le commencement de la classe, A. Colin, 1896 : 1- Faisons notre devoir avec zèle. 2- Sachons renter en nous-mêmes. 3-4-On ne peut pas toujours être premier de sa classe. 5- Soumettons-nous à la règle Délicatesse d un écolier. 8- Aimables enfants. 9- Offenser son maître, c est presque offenser son père Un bon camarade. 12- Conseils aux enfants qui vont quitter l école Aimons la France, notre belle patrie. 15- Les bienfaits de la révolution de Les abus d avant la Révolution la République a complété l œuvre de la Révolution. 19- Pourquoi il faut aimer la patrie française ce que peut l amour de la patrie. 22- Mourir pour la Patrie! C est le sort le plus beau, le plus digne d envie. 23- Généreux patriotisme dernières paroles d un patriote. 26- Brave et modeste Un vaillant.
4 On remarque bien dans la liste de lectures fournies ci-dessus, que la République et le patriotisme occupent une place de choix (numéros 13 à 28). La République se revendique héritière de la Révolution française de 1789 et déjà le patriotisme est présenté comme une fin en soi. D ailleurs les liens entre l enseignement de la morale et l histoire sont nombreux. Surtout, l histoire a une fonction d exemplarité. Les actions des grands personnages historiques montrent la voie à suivre aux élèves. Dans les manuels, le recours à l histoire est donc très courant. Le manuel d Henri Baudrillard, déjà évoqué, utilise ainsi fréquemment des récits historiques et des illustrations pour corroborer des notions évoquées dans le manuel. Enfin l environnement des élèves leur rappelle sans cesse cette obligation de bonne morale avec des panneaux accrochés aux murs de la salle de classe. Les actes de bonne morale, comme aider un camarade, sont fortement encouragés également dans les classes. Comme le résume bien J-L Humbert dans son livre, Troyes, L école en 1900 : «Ainsi l enfant respire la morale et le patriotisme- comme on respire l air, sans y prendre garde». L éducation morale introduite par les lois Ferry sera finalement une réussite d un point de vue au moins : au début du XXème siècle l attachement à la nation n aura jamais été aussi grand.
5 Une activité pour les élèves l enseignement de la morale autrefois d aujourd hui sur Retrouve à quel thème de l enseignement de la morale; inscrit dans la liste ci-dessous ces images correspondent. Thèmes : la vie de famille, la famille, devoir d amour et de reconnaissance, devoirs des frères et sœurs aînés, devoirs envers les serviteurs, l école et l instruction, devoirs envers l instituteur et les camarades, nécessité de la société, grandeurs et malheurs de la patrie (2), liberté et responsabilité, modestie dans la manière de vivre
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