La vie d un lycée à Épinay-sur-Seine. > Journée portes ouvertes à l université Paris 13 - Villetaneuse pour s informer sur les formations post-bac.

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1 P. 3 N 11 / Février 2009 La vie d un lycée à Épinay-sur-Seine Le Marais quartier d étude P. 6/7 Décryptage d un faux blocus P. 8 Rafik le volontaire > Journée portes ouvertes à l université Paris 13 - Villetaneuse pour s informer sur les formations post-bac. Que choisir après le bac? Semaines décisives pour les élèves de Terminales. Pré-inscriptions, dossiers de candidature, puis inscription administrative Les détails du parcours et l éclairage du président de l université de Paris 13-Villetaneuse. P. 4/5 // Au revoir > Jean-François Bourdon, proviseur C e milieu de l année scolaire voit se tourner une page de l histoire du lycée Feyder. En effet, me voilà appelé à de nouvelles fonctions après quatre années et demi de travail. Bien sûr, je pourrai mettre en avant un bilan que je juge positif : améliorations considérables des infrastructures, augmentations significatives des résultats au baccalauréat, mise en place de partenariats multiples qui ont bénéficié de près ou de loin à l ensemble des lycéens. Mais, ce n est pas mon rôle, et je vous laisse soin de juger par vous-même, car tout bilan est critiquable. Le lieu est plutôt pour moi de souligner une des réalisations concrètes à laquelle j ai donné mon impulsion : la création de ce journal dont vous recevez aujourd hui le onzième numéro, et que vous avez plebiscité dans un récent sondage. Il est le symbole d une de mes préoccupations constantes : assurer le lien entre l établissement et les familles. Soyez assuré de la bonne continuité de la marche du lycée malgré son changement de direction en cours d année, et de la synergie de l ensemble de ses acteurs pour la réussite de vos enfants dans le cadre des examens qui les attendent.

2 À nous l Allemagne! Dans la semaine du 25 janvier au 31 janvier, seize élèves de seconde 06, germanistes en langue vivante 2, ont séjourné en Allemagne, dans le cadre d un partenariat avec le lycée d Oberursel, ville allemande jumelée avec Épinay-sur-Seine. En fait, cet échange dit «en tiers lieu» (ni chez eux, ni chez nous) a lieu tous les ans en alternance en France et en Allemagne. Cette année, les Allemands organisaient le voyage. La rencontre s est donc déroulée à Breisach-am-Rhein, près de la frontière entre la France et la Suisse. En plus de ce voyage annuel, le lycée Feyder propose, à tous les élèves qui le souhaitent, un échange individuel dans le cadre du programme Brigitte Sauzay, soit trois mois en Allemagne dans une famille, puis trois mois d accueil du jeune Allemand en France. Les deux précédents échanges se sont réalisés en partenariat avec des lycées de la région de Mannheim. Enfin, autre occasion pour les élèves de Feyer d échanger avec notre voisin d outre-rhin, le 22 janvier, comme chaque année un repas allemand a été organisé à la cantine à l occasion de la journéede l amitié franco-allemande. Pour aider toute l année les deux professeurs d allemand, le lycée dispose d un assistant. 39% 2% L aide des assistants Pas moins de cinq assistants d éducation sont cette année en poste à Feyder pour aider les élèves du lycée à progresser dans différentes matières : Français, Mathématiques, Histoire-Géo Chacun d entre eux organisent chaque semaine des séances de soutien rassemblant cinq élèves au maximum pendant au moins deux heures. Cet environnement de travail permet aux assistants d assurer un véritable suivi individuel. Les élèves concernés sont ceux de Seconde et de Terminale repérés comme ayant des difficultés par leurs professeurs principaux. Aide aux devoirs, à la révision, exercices supplémentaires, rappel des notions, apprentissage de méthodes de travail, voilà les éléments abordés lors de ces groupes de soutien. En plus de ces groupes de soutien spécifiques, les assistants d éducation organisent des séances de travail ouvertes à tous les élèves du lycée, dans les salles D1, D2 et D3, chaque mercredi de 13 heures à 16 heures. Enfin, les cinq seront mobilisés durant les vacances de Pâques pour organiser des révisions intensives avant le Bac. Plutôt bien noté Feyder, le journal En décembre 2008, un sondage a été réalisé auprès des familles (249 ont répondu) pour qu elles donnent leur avis sur le journal de Feyder. Voici les résultats : 98 % des sondés sont satisfaits de sa qualité. D ailleurs, dans quatre familles sur dix, il est lu à la fois par les parents et les enfants. Dans trois familles sur dix, il est lu, soit par les parents, soit par les enfants, notamment par les petites sœurs et les petits frères qui sont encore au collège. Il apparaît également que le journal est lu dans son intégralité par presque la moitié des familles ; et moins d une famille sur dix ne lit jamais le journal ou considère, quand elle le lit, n y trouvez aucune information recherchée. Le Journal Feyder fait désormais partie intégrante des habitudes de lecture des familles d Epinay dont les enfants sont scolarisés au lycée. COMMENT TROUVEZ-VOUS LE JOURNAL? Très bien fait Assez bien fait Mal fait QUI LIT LE JOURNAL À LA MAISON? Tout le monde Les enfants Les parents 27% 33% «La voix de Feyder», le journal des lycéens. Saluons l arrivée d un nouveau journal très réussi au lycée : la Voix de Feyder, réalisé «par les lycéens pour les lycéens», rappelle son édito. L équipe rassemble divers talents «à la plume aiguisée», mais aussi des dessinateurs, une photographe Bref, après quelques tâtonnements en début d année, l équipe de lycéens a fait paraître le premier numéro fin Au sommaire : compte rendu d une réunion du Conseil d administration, retour sur les visites au lycée des ministres Valérie Pécresse et Rachida Dati, sur la Marseillaise sifflée lors d un match France-Tunisie, l élection de Barack Obama, des articles culturels et sur le sport Et pour lire tout ça, il vous en coûtera à peine 0,20 euros. Parfois 59% 48% AGENDA 40% LISEZ-VOUS LE JOURNAL? Toujours Jamais 42% Premier roman Jean-Paul Jérôme, assistant d éducation au lycée Feyder, a publié à la Société des Écrivains un roman intitulé Monde foli ou la vision d un enfant du siècle. «C est un mélange de tous les genres, c est un jeune homme providentiel envoyé sur Terre par des écrivains et des poètes. Ils se retrouvent alors dans une famille malheureuse et dans un quartier difficile», raconte Jean-Paul. À partir de cette trame, le roman couvre en effet tout un tas de sujets de société «C est un roman sociologique», nous explique le jeune écrivain. DU 4 AU 20 MARS Conseils de classes des secondes, premières et terminales SAMEDI 21 MARS Réunion parents-professeurs pour les secondes, premières et terminales SAMEDI 13 AU 26 AVRIL Vacances scolaires de printemps SAMEDI 13 AU 26 AVRIL Stage de révision du bac // Page 2 > LA VIE D UN LYCÉE À ÉPINAY-SUR-SEINE 10% LE JOURNAL VOUS APPORTE-IL LES INFORMATIONS QUE VOUS ATTENDEZ? Tout à fait En partie Pas du tout 75% 8% 17% Voyage au cœur de Paris DÉCOUVERTE. Cette année, une classe de première travaille en Histoire-Géographie sur les frontières et les distances sociales, spatiales, et culturelles, dans le quartier parisien du Marais. Quand il prépare ses cours, Laurent Clavier, professeur d Histoire- Géographie au lycée Feyder, a toujours en tête un objectif : susciter un maximum de questions parmi ses élèves. Ce souci l a amené à les faire travailler sur le quartier historique du Marais situé dans les 3 e et 4 e arrondissements de Paris. En plein cœur de la capitale, là où aucun d entre eux ne va : «Moi d habitude, quand je vais à Paris, je retrouve mes copines aux Halles, aux Champs Élysées ou à Saint-Lazare. On va y faire du shopping et regarder les garçons. Mais je ne vais jamais dans les autres quartiers», explique ainsi une élève de la classe. Justement, à travers ce projet pédagogique, c est la découverte. > Les élèves de première dans un bar associatif du Marais, à Paris. «les bâtiments sont beaux et à taille humaine» Une étude géographique Laurent Clavier explique : «Je travaille avec eux sur l ensemble de l année. Je les accompagne plusieurs fois dans le Marais, pour qu ils puissent observer et mener des entretiens avec des habitants. Ce ne sont pas de simples visites : je leur demande en réalité de me fournir une véritable étude géographique sur l objet d étude de leur choix, complétée par une recherche documentaire. Il s agit de comprendre comment on fabrique les territoires. Et j ai choisi le Marais parce que c est un quartier de Paris où plusieurs questions se croisent : l hétérosexisme, les femmes, et l immigration». Effectivement, le Marais, situé à deux pas de l Hôtel de ville parisien, est un quartier où les différences se côtoient : il y a bien sûr les touristes du monde entier qui s empressent chaque jour de découvrir un patrimoine architectural, notamment les nombreux hôtels particuliers du 17e et du 18 e siècle ; mais aussi les bars et restaurants de la communauté gay, ainsi que les commerces juifs de la rue des Rosiers. Parler des discriminations «Là-bas, il n y a pas de grandes cités, les bâtiments sont beaux et à taille humaine, je suis sûr que ça permet une meilleure cohésion entre les populations», remarque une élève. Une autre explique : «Avant qu on me dise que c était un quartier gay, moi, je n avais pas remarqué! En tout cas, j ai été surprise, je ne m attendais pas à autant de bars. Là où je vis il n y en a pas. Les gays dans le 93 se cachent. Là-bas ils peuvent s épanouir». Dans le cadre de la semaine de lutte contre l hétérosexisme (lire ci-contre), la classe a rencontré des jeunes gays et lesbiennes qui leur ont expliqué leurs difficultés liées à l homophobie. Ce fut l occasion d un échange sur les discriminations. Comme le souligne Laurent Clavier : «Avec ce projet, il ne s agit pas de délégitimer les valeurs et la culture dont chaque élève est porteur, mais d impulser un dialogue». SEMAINE CONTRE L HÉTÉROSEXISME Comme chaque année depuis cinq ans, le lycée Feyder organise une semaine de sensibilisation à la lutte contre le sexisme et l homophobie. Avec leurs classes de première, plusieurs professeurs du lycée ont travaillé en cours de Français, de Sciences économiques et sociales, de Sciences de la vie et de la terre, sur la question des rapports hommes/femmes et des sexualités. Certains élèves ont étudié l évolution du travail des femmes depuis trente ans en France. Suite à cette préparation, l établissement a accueilli du 12 au 16 janvier les intervenants de l association de jeunes gays et lesbiennes du Mag, qui ont pu répondre aux questions des élèves, et leur faire comprendre qu une insulte à l égard d un de leurs camarades peut faire très mal : du fait des rejets de la société à leur égard, les jeunes homosexuel(le)s ont 13 fois plus de chance de se suicider. Cette année, le ministre de l Éducation Nationale, Xavier Darcos, a inscrit la circulaire de rentrée la lutte contre l homophobie comme l une des priorités au sein des établissements scolaires. N 11 FÉVRIER 2009 Page 3 //

3 Objectif orientation «post-bac» AVENIR. Pour les élèves de Terminale, les prochaines semaines vont être cruciales pour leur orientation «post-bac». Ils vont devoir émettre leurs vœux de pré-inscription dans l enseignement supérieur. Et cette année, un site internet centralise tout! après-bac se prépare L longtemps avant le bac. La plupart des inscriptions en première année d études supérieures se font en effet dans le courant de l année de Terminale, bien avant les vacances d été. C est aussi vrai pour le logement, les bourses ou la sécurité sociale. Le plus tôt étant le mieux, n hésitez pas à consulter très vite le conseiller d orientation psychologue de votre lycée, il saura vous expliquer le fonctionnement des nombreuses filières qui s offrent à vous. SITES UTILES Lycée Feyder : Onisep : Lien vers demande de Bourse/Logement : Infos sur les différentes filières postbac (BTS, DUT, classes Prépas) : Lien vers les différentes dates des journées «Portes ouvertes» : portouv.html Un site internet Cette année, le portail de pré-inscription dans l enseignement supérieur a été ouvert afin de faciliter l ensemble des démarches d information, d orientation et de préinscription. Sur ce site, les lycéens de Terminale peuvent consulter les formations dans l enseignement supérieur ; disposer d un volet orientation intitulé «recherche de formation» qui présente les procédures mises en place par chaque établissement du supérieur ; et lire des informations d ordre général sur la vie étudiante et l accompagnement social. > En juin 2008, la «cérémonie» de remise des diplômes du bac. Un calendrier à respecter Devant la complexité de l orientation post-bac, les élèves de Terminale de Feyder doivent surtout prendre des initiatives et respecter le calendrier. Dans un premier temps, les futurs étudiants doivent aller à la rencontre des établissements supérieurs (forums d orientation, journées portes ouvertes ). Jusqu au 20 mars, vous allez devoir vous pré-inscrire sur le portail en classant vos demandes selon votre préférence (liste ordonnée de vœux). Mais vous pouvez changer l'ordre de vos vœux jusqu'au 06 juin minuit. En parallèle, vous allez devoir constituer des dossiers de candidature «papier» avant le 31 mars, notamment si vous souhaitez entrer dans des filières sélectives (vous allez devoir rassembler vos bulletins scolaires et vos professeurs émettront un avis sur vos candidatures). Résultats et réponses Pour connaître l aboutissement de vos demandes de candidatures, vous devrez consulter votre dossier électronique à chaque phase d'admission par internet LES BOURSES POUR ÉTUDIANTS Si en tant que lycéen vous n avez pas droit à une bourse, peut-être qu en tant que futur étudiant, vous pourrez prétendre à une bourse sur critères sociaux du ministère de l enseignement supérieur et de la recherche pour vous aider à financer vos études. Les aides pour étudiants sont attribuées en fonction de trois critères : les revenus du foyer fiscal, le nombre d enfants à charge de la famille et l éloignement du lieu d études. En fonction de ces éléments, un barème est établi et permet d attribuer aux étudiants une aide financière. Par ailleurs, une aide au mérite peut être également accordée aux élèves de Terminale futurs boursiers sur critères sociaux ayant obtenu le baccalauréat avec mention Très bien, quelle que soit la formation supérieure envisagée. En tout cas, le Dossier social étudiant (DES) qui permet de déposer les demandes de bourses et/ou de logement en résidence universitaire doit être transmis avant le 30 avril. et, lorsqu'une proposition vous sera faite, vous y répondrez à partir de votre dossier électronique. La première phase de propositions d'admission aura lieu du mardi 9 juin 14h au vendredi 12 juin 14h ; la deuxième phase du mardi 23 juin 14h au vendredi 26 juin 14h ; et la troisième phase du mardi 14 juillet 14h au vendredi 17 juillet 14h. À chaque fois, en l'absence de réponse avant le vendredi 14h, vous serez éliminé. Étape ultime Après avoir répondu «oui définitif» à la proposition d'admission qui vous est faite sur internet, vous devez vous préoccuper de votre inscription administrative dans l'établissement (dates spécifiques à respecter). Et si, au terme de la procédure, vous n'avez aucune proposition d'admission, vous pourrez vous inscrire à partir du 25 juin, à partir de votre dossier électronique, à la «procédure complémentaire» afin de vous porter candidat sur les places vacantes. QUESTIONS À Jean-Loup Salzmann, président de l Université Paris 13 «Nos étudiants réussissent aussi bien qu à Paris centre» Pour quelles raisons les lycéens de Feyer auraient intérêt à s orienter vers l Université Paris 13? C est d abord une Université proche de leur domicile. Et contrairement aux universités du centre de Paris, les bâtiments de Paris 13 sont vastes et aérés. Ainsi, 25 % de nos étudiants pratiquent un sport. Par ailleurs, nous proposons une très grande variété de formations, de l IUT à la faculté de médecine. Et à l issue de leurs cursus, nos étudiants réussissent dans les mêmes proportions que dans les autres établissements du supérieur : après bac+2 ou bac+3, nos taux d insertion professionnelle sont très importants, équivalents à ceux des universités de Paris intra-muros. Bref, à Villetaneuse, nos étudiants sont plus à l aise qu à Paris centre, et y réussissent aussi bien. «Une prépa fait gagner en maturité et en rigueur» Si les classes préparatoires demandent aux étudiants de gros efforts, elles sont l occasion pour eux d adopter de solides méthodes de travail. Témoignage. «J avais peur d être un peu trop livrée à moi-même à la fac, et comme j avais une moyenne générale de 14, mes professeurs de lycée m ont proposé en Terminale de poursuivre mes études dans une classe préparatoire littéraire, qu on appelle en fait une hypokhâgne», explique aujourd hui Leatitia Gandelin, ancienne élève de Feyder, qui a intégré l année dernière une classe préparatoire au lycée Molière dans le 16 ème arrondissement de Paris après avoir réussi son bac. Laetitia fut admise au préalable sur dossier : «Comme, en dehors du lycée, je faisais du théâtre, de la danse, et de la musique, j étais en priorité intéressée par une classe préparatoire littéraire spécialisée théâtre, souligne la jeune étudiante. Mon choix était donc restreint. Lors de mes vœux, j ai choisi les cinq prépas théâtre de Paris, ainsi qu une prépa classique au lycée Jacques Monod à Enghien au cas où les cinq premières refuseraient mon dossier». Mais, finalement, Molière l a accepté. Même si au début ça a été dur : «Il m a fallu un certain temps d adaptation, car j avais 3h de transport par jour, allerretour! C est un peu un exploit si j ai réussi à finir l année, car au début, à cause des transports, je dormais 3h par nuit!». En «prépa», littéraire ou scientifique, du fait des nombreux devoirs à rendre, les horaires de travail sont très lourdes à tenir : «Nous travaillions près de 60 heures par semaine. Nous avions trois dissertations à rendre chaque semaine. C est la principale différence avec le lycée, car sinon pour le reste, c est plutôt la continuité concernant le fonctionnement, et le niveau qu on exigeait de nous n était pas si difficile», raconte, modeste, Laetitia. En tout cas, à Molière, Pourquoi une telle réussite? Nous sommes en fait une université très professionnalisante. Nous avons mis en place nos formations en fonction des débouchés professionnels, et nous avons développé l apprentissage ainsi que l alternance, des systèmes qui permettent aux étudiants d être rémunérés durant leurs études, et de s insérer plus facilement par la suite dans le monde du travail. En plus, nous essayons toujours de faire attention à nos étudiants, et de les accompagner le plus possible dans leurs études, mais aussi dans leur découverte du monde du travail. Nous travaillons ainsi avecle Medef, et la Chambre de Commerce et de l Industrie, ainsi qu avec les entreprises situées sur le territoire de Plaine Commune. Dans le cadre du plan licence, nous avons également décidé de multiplier les travaux en petits groupes et l accompagnement des étudiants par des tuteurs. Enfin, de nombreux professionnels donnent aussi des cours au sein de notre Université. l ambiance dans la classe était bonne, et «les trois-quarts des étudiants étaient de banlieue», précise la jeune fille. Forcément, ça facilite les choses. Et puis, «Les professeurs étaient vraiment là pour nous, ajoute-t-elle. C est l un d entre eux qui m a finalement trouvé un studio dans un foyer d étudiants à dix minutes du lycée au début du second trimestre, ça m a changé la vie!». D ailleurs, Laetitia a finalement réussi son année et a obtenu une équivalence en deuxième année de licence Lettres. Aujourd hui étudiante à l Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, elle exprime sa satisfaction : «C était difficile, mais aujourd hui je considère la prépa comme une bonne expérience. Et même si je n ai pas tenté les concours, ça fait gagner en maturité, rigueur, et méthode». // Page 4 > LA VIE D UN LYCÉE À ÉPINAY-SUR-SEINE N 11 FÉVRIER 2009 Page 5 //

4 Rumeurs autour d un blocage LE POINT DE VUE DE Christophe Cordier, commissaire d Épinay-Villetaneuse «Ordre et libertés publiques» DÉCRYPTAGE. C était le 9 janvier dernier. Alors qu une classe de seconde avait un contrôle à 9h, la plupart des élèves ne sont pas allés en cours car, une heure auparavant, tous préféraient se convaincre que le lycée allait être bloqué. Témoignages. Bloqué, pas bloqué? Ce matin-là entre 7 heures 45 et 7 heures 55,les grilles du lycée sont grandes ouvertes. Quelques minutes seulement avant le début des cours, trois jeunes qui entendent exprimer leur mécontentement aux plus hautes autorités de l État prennent position devant l entrée du lycée. Ça s agite alors un peu : «Des personnes inconnues se sont mis devant la grille pour nous empêcher d entrer», se souvient aujourd hui un élève de seconde. À eux seuls, ces inconnus, qui ne seraient donc pas élèves au lycée, veulent bloquer Feyder, ses milliers de lycéens, et ses centaines de professeurs. Ils sont équipés d un tapis et d un panneau en bois. Grilles grandes ouvertes à 9h Avec si peu de participants, ce «blocus» improvisé dans le grand froid ne réussit à tenir qu une heure. Dès 9 heures, quelques élèves bien décidés à commencer la journée de travail réussissent à entrer : «À ce moment-là, les trois élèves qui bloquaient l entrée ne laissaient passer que les BTS et les Terminales», rappelle un élève. À 9 heures 15, les grilles sont de nouveau grandes ouvertes, et tous les élèves qui le veulent peuvent accéder au lycée sans aucun problème. Mais bien peu le font alors que tous les professeurs sont à l intérieur. Que s est-il donc passé? Pourquoi, avec à peine une heure de blocage, un tapis et un panneau > Le SMS, outil indispensable pour diffuser la consigne du blocage. de bois, toute la vie du lycée a-telle fini par être désorganisée pour la journée? La réponses vient des élèves eux-mêmes : «À 10 heures, il n y avait plus personne devant le lycée, mais nous, les Villetaneusiens, qui habitons loin, nous avons préféré ne venir qu à treize heures», assure ainsi un élève qui habite Villetaneuse. «Je ne voulais pas faire le contrôle» Mais ceux qui habitent à Épinay, parfois à quelques minutes du lycée? Eux se sont facilement laissés convaincre qu il était impossible d aller en cours : «J étais avec des amis qui n étaient pas du lycée. Je pensais que le blocus continuait. Résultat, je suis rentré chez moi», admet aujourd hui un élève. Mais surtout, dans la tête de ces élèves de seconde qui de- «J ai demandé qui allait en cours. Personne n y allait, alors je suis rentré chez moi» vaient passer un contrôle de Français à 9 heures, l idée de «sécher» les cours a fini par s imposer : «J aurai pu revenir à 10 heures en Français, mais j ai préféré rester chez moi parce que je ne voulais pas faire le contrôle», confie aujourd hui un des élèves. Et ceux qui se sont finalement déplacés se sont vite mis d accord pour ne pas passer la terrible épreuve, alors que les grilles du lycée étaient désormais grandes ouvertes : «à 9 heures, nous nous sommes dit que nous n allions pas rentrer dans le lycée parce que si nous évitions tous le contrôle, le prof n oserait pas mettre zéro à toute la classe», raconte un élève. Bref, le blocage du lycée pour cette classe de seconde s est transformé en boycott de l épreuve. Et > Février 2007, réel blocage à Feyder. dans un groupe, l effet d entraînement est difficile à enrayer : «Nous sommes allés rejoindre le reste de la classe. J ai demandé qui allait en cours. Personne n y allait, alors je suis rentré chez moi», explique ainsi un élève. Résultat, à l heure dite, ils étaient seulement trois à répondre présents pour passer l épreuve de Francais! «Ma décision a été influencée» «Je n ai pas de portable donc je n ai pas reçu de SMS disant qu il y avait un blocus. J ai du prendre le bus et aller voir. J ai demandé aux élèves de la classe s ils allaient en cours. Ils m ont dit non», raconte également une élève. «Ce n est que dans l après-midi que j ai appris que trois élèves de la classe avaient passé le contrôle alors que personne ne devait y aller. Je sais que j ai agi de mon plein gré, mais ma décision a été influencée par le nombre d élèves qui ont décidé de ne pas y aller». Parfois, les élèves ont joué des coudes devant les désaccords de certains : «Nous voulions aller au lycée, mais des QUAND LE LYCÉE ÉTAIT VRAIMENT BLOQUÉ Les matins des 17 et 18 décembre 2008, le lycée Feyder était sérieusement bloqué par des élèves, mais aussi par des adolescents extérieurs à l établissement. Les forces de police ont même dû intervenir car des jets de bouteille ont été constatés à l encontre des pompiers qui tentaient d éteindre des poubelles que les bloqueurs avaient incendiées. A chaque fois qu ils ont eu lieu, les blocages n ont jamais duré plus de deux heures. camarades de la classe, qui ne bloquaient pas l entrée, nous ont retenu physiquement». La plupart ont pourtant réagi avec passivité : «Je suis revenu pour voir si à 10 heures il y avait cours, le blocus était fini, mais personne de la classe n était entré. Donc je suis retourné chez moi». Ce matin-là, le «blocage» était peut-être dans les têtes de tous les élèves, mais il était bel et bien imaginaire Olivier Giro ce genre de rassemblements, les forces de l ordre ont «Devant deux missions : d un côté, nous avons à maintenir l ordre public, notamment la protection des passants, des pompiers, mais nous devons également assurer les libertés publiques. Concrètement, les élèves doivent pouvoir s exprimer dans de bonnes conditions de sécurité, en particulier au regard du danger que représente la circulation automobile. Nous sommes donc d une grande prudence. Quand nous avons affaire à un cordon d élèves devant un établissement scolaire, nous n intervenons que lorsqu il y a des violences, Jean-François Bourdon, proviseur du lycée Jacques Feyder et nous nous assurons que les élèves qui veulent aller en cours puissent le faire, car la liberté d aller et de venir est également une liberté fondamentale. En tout cas, nous ne sommes pas là pour casser le cordon si aucun problème de ce genre ne se présente. Nous veillons à prendre en compte l ambiance et l état d esprit général de la manifestation. Parfois les choses peuvent se compliquer, comme en décembre, lorsque les auteurs des jets de bouteille n étaient pas élèves au lycée Feyder. En tout cas, quand il n y a pas de danger, nous n intervenons pas, car la liberté d expression est fondamentale». «Intimidation d agitateurs» «E n fait, en Décembre, le lycée n a été réellement bloqué que deux matins, et pendant deux heures à chaque fois, généralement entre 8 heures et 10 heures. Les parents ont été souvent mal informés par leurs enfants. Ces blocages ont été organisés par quelques agitateurs qui usaient d intimidation verbale, et parfois physique. Résultat, de nombreux élèves avaient peur d apparaître comme étant les premiers à entrer au lycée, et beaucoup d entre-eux attendaient. Pourtant, les professeurs étaient tous présents au lycée et ont tous fait Etienne Buraud, enseignant lycée Jacques Feyder cours. Je tiens à souligner qu ils ont fait preuve d une attitude exemplaire : les professeurs savent en effet que lors de ce genre de mouvement, ce sont les élèves les plus faibles sur le plan scolaire qui en subissent principalement les contrecoups. C est pour cette raison que les professeurs ne se sont pas solidarisés avec les élèves manifestants. D ailleurs, mis à part quelques élèves qui savent pour quelles raisons ils se sont engagés dans ces blocages, leurs auteurs sont pour la plupart des perturbateurs qui sont en perdition au niveau de leur scolarité. «Au fait, pourquoi on bloque?» 17 janvier. Nous partons en Normandie avec la classe de «Jeudi 1èreCOM2 pour la journée. Sur le chemin du retour, les élèves me montrent les messages qu ils reçoivent : «Demain, dernier jour de blocus. Faut tenir jusqu à 13 h pour que le lycée ferme l après-midi. Amenez bonnets, écharpes et à manger». Une élève m interpelle : «Moi je bloque demain. Mais Monsieur, au fait, pourquoi on bloque le lycée?». Je suis consterné et lui réponds que c est à elle de me l expliquer. J aurais tellement aimé qu elle puisse défendre sa position. La mission éducative est d amener nos élèves à devenir des citoyens. L acquisition d une conscience politique en est l une des conditions. Cette conscience est alors amenée à se traduire dans des modes de contestation. Il n y a rien à redire, bien au contraire. Mais, quand les élèves agissent par simple mimétisme médiatique, ignorant pour la plupart la cause de leurs propres actes, nous sommes atterrés! Et encore, laquelle des deux attitudes est-elle la plus condamnable : faire barrage à trois sans savoir expliquer pourquoi, ou profiter passivement de ce soi-disant blocus pour rebrousser chemin, à 50 mètres des grilles, le sourire aux lèvres, en colportant la rumeur que «y a blocus»? // Page 6 > LA VIE D UN LYCÉE À ÉPINAY-SUR-SEINE N 11 FÉVRIER 2009 Page 7 //

5 // Rafik Khelladi (bac 1992) La volonté d abord À peine arrivé en France, à l âge de 17 ans, Rafik a réussi son bac au lycée Feyder. Autodidacte depuis toujours, il travaille aujourd hui dans le bâtiment. Sa prof d arabe en Algérie lui disait : «quand on veut, on peut». Depuis qu il est arrivé en France en 1989, Rafik Khelladi, originaire de Bejaïa, garde ces mots gravés dans sa mémoire. Car il en faut de la volonté quand on part à 17 ans dans un pays que l on connaît à peine, même si c est pour rejoindre ses parents : «C est dur, vous laissez tous vos amis, et une partie de votre famille! confie-t-il aujourd hui, heureusement qu il y a eu le lycée. Ça m a permis de tisser des liens». C est au lycée qu il rencontre la plupart de ses amis d aujourd hui : Jean-Christophe, Tawfik, et Hayat : «Nous faisions des chansons, des poèmes On se réunissait autour d un piano. Nous avions même participé à la dernière fête du lycée où nous avions chanté la chanson de Gainsbourg Bonnie and Clyde, moi je jouais de la guitare, se souvient-il. Nous avions des envies de révolte, nous participions à des manifestations. Moi, arrivant d Algérie, je découvrais cette liberté». Mais avant de devenir lycéen à Feyder, Rafik a dû «batailler pour trouver une classe», se rappelle-til. Finalement c est monsieur Leroy, l ancien proviseur de Feyder qui m a accepté, je dois lui rendre hommage, comme à l Éducation Nationale d ailleurs. Je leur dois beaucoup». Rafik, qui rappelle «qu il faut parfois des mentors dans la vie» a alors soif d apprendre. Et des rencon- // La vie d un lycée à Épinay-sur-Seine Directeur de la publication : J.F. Bourdon Conception/réalisation : Agence Acte Là! Coordonnateur de la rédaction : D. Sanchez Photographie : W. Vainqueur Imprimé à exemplaires sur papier recyclé. tres, au lycée, il en fait d autres. Notamment monsieur Labrune, son prof de Français : «Il m a beaucoup ouvert l esprit, il m a fait découvrir la philosophie, m a fait aimer la lecture. En fait, ce prof a compris que je venais d ailleurs, et que j avais besoin d être guidé». Car s il parlait français quand il est arrivé à Épinay, il n avait jusqu à présent jamais suivi de cours dans la langue de Molière : «Je venais d un autre cursus, arabisant, et je n avais pas l habitude de disserter comme mes petits camarades». Mais, malgré ses difficultés, et après un redoublement, Rafik réussit finalement un Bac C (ancien baccalauréat scientifique) «grâce au point délivré par le jury après les oraux», souligne-t-il. Après le Bac, il n en finit pourtant pas avec les épreuves : «ça a été la grande galère», confie-t-il. Un temps en fac, à Villetaneuse, il finit par enchaîner les boulots : «faire des études et travailler, c est deux choses qui ne se concilient pas, j ai donc abandonné». Il travaille alors comme chef d équipe dans la télésurveillance. Grâce à son enthousiasme, et sa capacité d organisation : «les patrons me font rapidement confiance. Et, en plus, je suis un fidèle», explique-t-il. Mais Rafik a besoin de découvertes, de continuer d apprendre. Il commence ainsi des cours du soir aux Arts et métiers à Paris. Son objectif : passer un DUT mesures physiques. Mais il se rabattra finalement sur une formation de technicien supérieur de physicien-chimiste à l AFPA (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes). «J ai fini cette formation le 10 octobre 2001, un mois après le 11 septembre, résultat j ai galéré pendant plus de quatre mois». Il trouve quand même dans le sud de la France un travail de «contrôle qualité» dans la préparation de médicaments. Mais après trois ans, il revient finalement à Paris pour aider un cousin dans sa brasserie. L occasion d apprendre encore : «ça m a permis de m ouvrir à la gestion». Autodidacte, et toujours volontaire Dernier exemple avec son travail actuel : conducteur de travaux dans une entreprise de bâtiment. «C est un métier que j exerce sans aucun diplôme. Mais je me forme tous les jours, avec l Internet notamment. Je me dois d être au niveau des architectes! En fait, le bâtiment, c est un rêve de gosse. Et ça me plaît tellement que parfois j en oublie de rentrer chez moi», raconte Rafik, devenu entre-temps papa d une petite fille et d un petit garçon. «Bien sûr, c est toujours bon d avoir un diplôme. Mais si c est nécessaire, ce n est pas suffisant. Si j ai un conseil à donner aux lycéens de Feyder, c est qu ils se donnent les moyens de faire ce qui leur plait le plus. Mais ça ne peut se faire que lorsque l on croit en vous». Sa confiance, Rafik la tient de sa mère. Et sa liberté, c est au lycée qu il la doit. Olivier Giro PRATIQUE Pour joindre le lycée Feyder par courrier : 10 rue Henri-Wallon Epinay-sur-Seine cedex par téléphone : par fax : par mail : lycee@feyder.fr Pour se connecter au site du lycée Le site est actualisé quotidiennement. Il contient des renseignements et des informations utiles aux élèves, aux professeurs et aux parents. Pour écrire au journal journal@feyder.fr Assistante sociale M me Delmas : Association des parents d élèves FCPE parents@feyder.fr // Page 8 > LA VIE D UN LYCÉE À ÉPINAY-SUR-SEINE