Les religions orientales dans l'empire Romain. (Musée du Louvre 17 mars 2004)

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1 Les religions orientales dans l'empire Romain (Musée du Louvre 17 mars 2004) Salles des bronzes Statuettes de Lares. La période étudiée va du 1 er siècle ap. J.-C. à la fin du 4 e siècle. Généralement, le judaïsme et le christianisme sont exclus de ce que l'on appelle les cultes orientaux. Cette expression date du 19 e siècle: les savants ont eu l'idée de regrouper les cultes orientaux. Parmi eux on trouve: - Cybèle (Phrygie) - Isis (Egypte) - Mithra (Iran) Ces cultes ont été introduits à la période grecque: ils ont subi une hellénisation. Par cet intermédiaire ils ont été introduits en Occident. Robert Turcan utilise une autre terminologie, il parle de "religions gréco-orientales". Ces religions ne sont pas exclusives: un myste du culte d'isis peut trouver d'autres émotions dans les banquets de Sabazios, dans la crypte de Mithra. Ces cultes ne sont pas non plus exclusifs de la religion traditionnelle. Cicéron, dans les lois, définit la panthéon de Rome comme ouvert, mais il a un aspect politique important: la cité (le sénat) doit dire si un culte peut être introduit. Cicéron pratique une réaction nationaliste à l'arrivée des cultes orientaux. Lucien, dans l'assemblée des dieux se moque des cultes orientaux. Dans la religion romaine, les rites communautaires sont importants pour maintenir la pax deorum. En période de crise, de nouvelles divinités sont introduites. Les religions occidentales ne sont pas introduites dans le culte romain, sauf la déesse gauloise Epona, déesse des chevaux; à Rome elle se développe dans le milieu hippique (les cochers ) Au 6 e siècle av. J.-C., les rois étrusques installent la triade Capitoline. Les dieux sont tout de suite assimilés avec les dieux grecs.

2 Sous la République, une peste se déclenche à Rome, aucun culte ne fonctionne: Esculape (Asclépios, dieu d'epidaure) est introduit. Il est installé dans l'île tibérine. Lors de la 2 e guerre punique, les livres sibyllins sont consultés: ils préconisent d'aller chercher la déesse de Péssinonte: Cybèle. Son lieu de culte se trouve dans l'arrièrepays de Pergale, dans l'actuelle Turquie. Les Romains envoient une délégation à Attale 1 er, il accepte. Elle est installée hors du pomerium, puis en 191 elle reçoit son temple sur le Palatin. Des fêtes sont crées pour elle. Cybèle est une déesse de la fertilité. Les grecs lui ont donné une forme anthropomorphique. Elle arrive avec ses prêtres, les Galles, qui sont des eunuques. L'émasculation repose sur le mythe d'attis. Il est représenté sur le bronze Br 493. Sur cette statue, il tient dans la main droite le bâton des bergers et dans la main gauche une flûte (flûte de Pan). Il a un bonnet phrygien: c'est une convention de représentation des orientaux pour les romains. Il porte une tunique et des anaxérides (de petits pantalons collants orientaux). Son pantalon est ouvert pour montrer qu'il est émasculé. En effet, Cybèle lui a demandé de rester vierge pour s'occuper de son temple, mais il tombe amoureux d'une nymphe. Pour ne pas trahir Cybèle il s'émascule sous un pin et en meurt. Cybèle le métamorphose en pin. Sur une autre statue, visible dans la même salle, Attis est représenté étant enfant: c'est une erreur. Cette statue est en fait une reconstitution. L'erreur est due au fait que chez les Grecs et les Romains, il y a eu une tendance au rajeunissement des dieux dans l'iconographie. Mais le culte d'attis n'est pas introduit tout de suite. Son vrai culte, avec des fêtes est créé par Claude. Le culte se fait autour d'un pin, qui symbolise la renaissance de la vie. Les romains répugnent à la castration: pour le culte on pratique la castration sous forme de symbole: le criobole ou le taurobole, lors des rites d'initiation. Les testicules du bélier ou du taureau sont offerts à la déesse. Le culte se pratique jusqu'à la fin du 4 e siècle. Les mystères de Dionysos sont introduits à l'époque hellénistique. Les cultes initiatiques n'existent pas en Grèce classique.

3 Sur la statue Br 189, le dieu est représenté portant une peau de chevreau, il tient un vase à boire. Il s'appuie sur un thyrse (baguette surmontée d'une pomme de pin). Après l'affaire des Bacchanales, à Rome, en 186 av. J.-C., un sénatus-consulte a été promulgué afin d'interdire son culte. Après le 1 er siècle, le culte est réintroduit. Il offre une possibilité de salut après la mort. Sabazios est un dieu thraco-phrygien. Les mains de Sabazios: Ce sont des mains panthées (avec les symboles de plusieurs dieux). Il porte le bonnet phrygien. Dans la légende, il est fils de Zeus et de Perséphone. Peut-être qu'il est né dans une grotte (sur certaines mains, il semble qu'une grotte soit représentée). Les rites sont assez orgiastiques. Aux 5 e et 4 e siècles av. J.-C., ses dévots sont l'objet de procès à Athènes. Puis il pénètre à Rome: on le trouve mentionné sous le nom de Jupiter-Sabazios. Les mains font le geste de la benedictio latina: le geste de la parole. Sur le pouce est posée une pomme de pin, symbole d'immortalité. Dans une catacombe de Rome, on a trouvé le tombeau d'un prêtre de Sabazios, avec une inscription. Les statuettes Br 836 et Br 4310 le représentent. Chez les grecs, Hélios est un dieu secondaire. A Rome il prend une importance plus grande. Son nom est traduit en Sol, ou Sol invictus. Il est très présent dans les milieux militaires: il est représenté cuirassé. Son culte se développe surtout après 215 ap. J.-C.: Caligula est assassiné, une crise politique a lieu. Son cousin germain, Bassianus prend le pouvoir (Elagabal). Il est prêtre du culte d'héliogabale à Emèse: ce dieu est une émanation du soleil. Il rassemble un grand nombre de fidèles, cette divinité générale est souvent associée à Jupiter. Elle est officiellement introduite par Aurélien. Constantin, sur sa colonne, à Istanbul, est représenté en Hélios au sommet. Un de ses petits neveux, Julien, compose un hymne au Soleil roi vers 350. Hélios est proche d'une tendance au monothéisme. Voir le bronze, Br 344. Isis, en Egypte puis à Rome, peut être représentée comme Isis Myrionyme "aux 1000 noms". Cela commence à la Basse Epoque (1 er millénaire av. J.-C.), sous les pharaons grecs, les Lagides. Isis a les caractéristiques de plusieurs dieux. Par

4 exemple, on trouve des statuettes avec Isis-Aphrodite (Br 442). Ce sont des statuettes pour offrir aux femmes au moment de leur mariage en Orient, elles servent à favorise la fécondité. Isis est représentée sous les traits d'une Aphrodite pudique, ses vêtements formant une draperie mouillée, elle a avec elle un vautour (une déesse égyptienne) et un disque solaire, le cobra et les épis de blé (qui représentent la fécondité). Elle est aussi assimilée à Déméter. Le bronze Br 4415 représente Isis panthée, avec une surcharge d'attributs (le gouvernail, par exemple, est l'attribut de Fortuna). L'Iseum de Rome a été construit par Caligula. Par sa grand-mère il descend d'antoine: on peut dire qu'il a été élevé avec l'idée de l'empereur-pharaon. Apulée décrit une initiation dans son roman les métamorphoses ou l'âne d'or. Osiris est le parèdre d'isis dans un contexte funéraire. Dans le contexte romain et syncrétique, son parèdre est Sérapis. Sérapis est souvent représenté avec un modius servant à mesurer le grain. Exemple: Br 511. Il a un aspect de divinité de la fécondité. Il est une création lagide ex nihilo. Les généraux d'alexandre, après sa mort de partagent son empire. Lagos prend l'egypte, il a un fils: Ptolémée 1 er Soter. Il a comme capitale Alexandrie, mais il y a une séparation entre les cadres grecs et les égyptiens de la chora. La nuit, il fait un rêve et ensuite consulte les prêtres. Ils lui disent qu'il doit aller chercher le dieu de Synope (sur les bords de la mer Noire). Il le reconnaît: c'est Hadès-Pluton. On a traduit son nom en Egyptien, ce qui donne Sérapis. Selon R. Turcan, il a créé une divinité syncrétiste pour avoir un dieu de référence. Selon Françoise Dunand, Ptolémée avait besoin d'un dieu dynastique et tutélaire. Cette création est un grand succès à l'époque romaine. Peut-être que Septime Sévère y a été initié à Alexandrie. A la suite de son voyage il apparaît habillé en Sérapis pour regrouper les habitants de l'empire qui ont des cultes très différents. Sa femme Julia Domna appartient à la famille des rois-prêtres d'emèse. Septime Sévère est représenté (salles de la sculpture romaine) avec trois mèches de cheveux sur le front (comme le dieu Sérapis) à partir de 204. Voir les sculptures Ma 1119 et Ma Horus est présenté sous une nouvelle version: Harpocrate, ou Horus enfant.

5 Il est associé à Isis et Sérapis. Il est représenté nu, avec un symbole égyptien sur la tête, un doigt devant la bouche (signe conventionnel: faire silence devant les mystères). Il est associé à la fertilité (corne d'abondance). Exemple: Br 632, Br 335 Harpocrate apparaît dès la Basse Epoque. Cybèle est la mère des dieux. Dès le 4 e siècle av. J.-C., elle a un culte à Athènes. Elle est anthropomorphisée, représentée sous les traits d'une femme assise, souvent associée à des lions (origine orientale). Elle a souvent avec elle un instrument de musique, un grand tambour qui fait référence à la musique de ses fêtes. Antinoüs a été le favori bithynien d'hadrien. En 130 il se noie dans le Nil: Hadrien le divinise, il institue un culte. Il est représenté en Osiris, exemple le buste Ma 433 L'iconographie d'osiris se modifie: il est représenté sous forme de canope (vase à eau surmonté de sa tête) en rapport avec l'aspect revitalisant des eaux du Nil. Le culte de Mithra est d'origine iranienne. Les plus anciennes occurrences du dieu se trouvent dans la religion védique: en 2000 av. J.-C., il est le dieu du contrat. Puis on n'arrive pas à la suivre, jusqu'à ce qu'il apparaisse à Rome. Son nom apparaît dans l'onomastique Mède (Mithridate). Il n'est mentionné par aucun texte. Le relief Ma 3441 est biface. Dans d'autres mithraea, des cycles de peintures ont été retrouvés. Il est tauroctone (il accomplit le meurtre du taureau). Un chien et un serpent s'abreuvent du sang du taureau. Un crabe ou un scorpion pince les testicules du taureau: Mithra s'occupe de la régénération du vivant. Dans la légende, l'humidité ayant quitté la terre, il doit tuer le taureau pour la lui redonner. Beaucoup d'hypothèses ont été faites sur le scorpion. Pour certains nous sommes dans un contexte astrologique: dans les mithraea le zodiaque est souvent représenté, où le scorpion est à l'opposé du taureau. Ou alors il représenterait la création qui serait souillée. Le serpent est peut-être une représentation d'aion (le temps). Ici, le relief est pédagogique, il est posé normalement sur un cercle tournant. Le culte se fait dans un milieu uniquement masculin. De l'autre côté le dieu est associé au soleil. La lune est du côté gauche. Il partage un banquet avec le soleil. Mithra est en quelque sorte une hypostase du soleil. En bas il y a ses deux acolytes Cotès et Cotopalès qui

6 tiennent chacun une torche: l'une est vers le bas, l'autre vers le haut. Un des acolytes allume un bûcher avec le caducée de Hermès. Ce relief représente une iconographie de synthèse et une surcharge attributive. A Rome il y a plus de 100 mithraea. En réalité de petites communautés s'y réunissent: de 10 à 20 personne si on en juge par leur taille. Lors des repas, des adeptes partagent le pain et le vin. Ce culte disparaît, il est pris pour cible par les premiers chrétiens. Sur le relief, on voit des traces de peintures. Peut être que le culte est apparu au moment des guerres de Pompée contre Mithridate. Les cultes voyagent grâce aux marchands et aux esclaves.