*** Discours d Ouverture du Président de la Commission Mixte. M. Said Djinnit ** Yaoundé, le 25 avril 2013

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1 31 ème Session de la Commission Mixte Cameroun-Nigéria *** Discours d Ouverture du Président de la Commission Mixte M. Said Djinnit ** Yaoundé, le 25 avril 2013 Excellence Monsieur Amadou Ali, Vice-Premier Ministre, Ministre Délégué à la Présidence, chargé des relations avec les Assemblées, Chef de la Délégation du Cameroun, Excellence Monsieur Mohammed Bello Adoke, Ministre de la Justice et Chef de la Délégation du Nigéria, Messieurs les Représentants des Institutions, Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement, Mesdames et Messieurs les membres du Corps Diplomatique, et les Représentants des Organisations Internationales, Madame et Messieurs les Membres de la Commission Mixte, C est pour moi un honneur toujours renouvelé de venir à Yaoundé à l invitation des autorités du Cameroun et, en l occurrence, de présider cette trente et unième session de la Commission Mixte. Permettez-moi donc de remercier notre hôte, Son Excellence Monsieur Amadou Ali et, à travers lui, le Gouvernement de la République du Cameroun pour l hospitalité généreuse dont ma 1

2 Délégation et moi-même avons fait l objet depuis notre arrivée et pour les mesures prises afin d assurer le succès de cette réunion. Je tiens aussi à adresser mes chaleureuses salutations au Chef de la Délégation du Nigéria, le Ministre de la Justice Adoke, ainsi qu à tous les membres de sa Délégation. Je m associe tout naturellement aux propos pleins de sagesse que mes deux frères viennent de prononcer du haut de cette tribune. Il est long le chemin parcouru depuis que dans leur sagesse, les Chefs d Etat du Cameroun et du Nigeria, avec le soutien du Système des Nations Unies, ont décidé de marquer le processus de démarcation de la frontière commune entre les deux pays, optant ainsi courageusement pour une résolution pacifique de leur différend. Comme de coutume, je voudrais prendre le temps de mesurer le travail accompli avant de nous lancer de nouveaux défis. Je voudrais commencer par féliciter les trois délégations de l Equipe technique mixte qui viennent à nouveau de réaliser un exploit, celui d avoir mené à bien l évaluation des Monts Gotel, grâce à laquelle 62 kilomètres de frontière supplémentaires pourront être démarqués. Leurs efforts permettent désormais d étendre la distance de frontière terrestre sur laquelle le Cameroun et le Nigéria se sont accordés à kilomètres. Je mesure le courage et la détermination collective que leur entreprise a demandé, les deux tentatives précédentes d évaluer les Monts Gotel s étant révélées infructueuses en raison des 2

3 dangers particuliers encourus du fait de l escarpement des versants. Nous avons aussi réussi à nous accorder sur des questions difficiles, comme celles de l identification du Mont Tosso et du village de Mada. J ai été particulièrement heureux d apprendre que la distance sur laquelle il nous reste à nous entendre ne représente plus que 90 kilomètres sur une frontière entre les deux pays estimée à prés de 2100 km. Le moment se rapproche où nous en aurons terminé avec l évaluation de la frontière. Je voudrais donc engager notre réflexion sur les deux derniers défis restants : la cartographie finale et l accord de frontière. Concernant la première question, nos trois Délégations seront prochainement invitées à rencontrer la Section Cartographique des Nations Unies chargée de produire les cartes représentant le tracé des frontières terrestre et maritime entre le Cameroun et le Nigéria. Ces cartes sont appelées à être enregistrées formellement auprès de la Section des Traités des Nations Unies afin qu elles puissent devenir opposables à tous. Pour assurer la pérennité de cet effort de démarcation, il convient en outre de prévoir un accord de démarcation. Un comité de rédaction sera donc très prochainement établi à cet effet. Je voudrais aussi revenir sur le dossier d abornement de la frontière. Comme vous le savez, une première section recouvrant 3

4 le nord de la frontière a été abornée grâce au soutien de l UNOPS. Il a été mis fin à ce contrat à la demande du Cameroun et du Nigéria afin d attribuer aux Parties une plus grande responsabilité dans la conduite des travaux. Une réunion, tenue au début de cette année, a permis de formuler une série de recommandations visant à mettre en place un Comité de pilotage tripartite pour la reprise des travaux d abornement. Ces recommandations seront discutées au cours de cette session, et j ai bon espoir qu un prochain contrat permettra la reprise des travaux d abornement. Je dois aussi vous dire combien je suis heureux de faire part aujourd hui d une récente évaluation du projet de démarcation menée par une mission indépendante commandée par l Union européenne au mois de février. Le rapport loue la réussite exemplaire de notre entreprise autant que la réalité de l appropriation des résultats par les Parties concernées. Il note en particulier que le processus de la Commission Mixte est parvenu à développer entre le Cameroun et le Nigéria un climat de confiance difficilement imaginable en Le rapport mentionne également que (je cite :) «la patience et la résolution des Parties ont finalement eu raison des difficultés qui paraissaient insurmontables en , chacun ayant accepté d y accorder le temps qu il convient». La tâche n est toutefois pas terminée et j ose espérer que nous pourrons compter sur l appui de nos partenaires pour continuer de nous aider dans cette entreprise. Je voudrais donc conclure sur les initiatives à développer à plus long terme pour renforcer la confiance entre les deux pays et les populations frontalières. 4

5 Je ne crois pas nécessaire de devoir vous convaincre du bienfondé d une participation élargie aux mesures de confiance souhaitées par les deux pays. Le rapport d évaluation que je viens de mentionner salue l appropriation nationale et suggère des pistes pour le règlement des problèmes d accès au développement dans les zones frontalières. J ai donc pris l initiative, au cours des dernières semaines, d appeler l attention de l Union européenne, mais aussi des plus hauts responsables de la Banque mondiale, de la Banque africaine de Développement et du Programme des Nations Unies pour le Développement, afin de les associer au travail de la Commission Mixte pour que des moyens nouveaux nous soient alloués pour nous donner les chances de gagner l adhésion des populations concernées à l objectif de coopération et d amitié entre le Cameroun et le Nigéria. La présence à nos côtés de partenaires extérieurs qui partagent nos idéaux nous sera d un appui déterminant pour réaliser un programme de développement ambitieux et équilibré entre les deux pays. Sans doute faudra-t-il, pour mener à bien cet objectif, outre le temps et les moyens, adapter nos méthodes aux conditions de sécurité qui s imposent désormais de part et d autre de la frontière. Les événements des dernières semaines nous ont rappelé que les menaces qui pèsent sur les communautés n'ont jamais été aussi imbriquées et que nos libertés ne sont plus protégées par des frontières internationales. J encourage donc le Cameroun et le Nigéria à renforcer encore davantage leur coopération comme des partenaires. 5

6 Concernant la prise d otages dont une famille française en excursion dans l Extrême Nord du Cameroun a été récemment victime, je tiens à saluer les efforts des autorités des deux pays qui ont permis l issue heureuse intervenue la semaine dernière. C est dans ce contexte que la coopération frontalière entre le Cameroun et le Nigéria en matière de sécurité revêt une singulière acuité. Je me joins aux félicitations adressées au Président Paul Biya pour le rôle qu il a joué dans le dénouement de cette affaire et saisit cette occasion pour assurer les Chefs d Etat du Cameroun et du Nigéria de l appui des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme. Le développement d activités criminelles transfrontalières constitue une menace pour la paix et la sécurité internationale. Elles imposent une réaction appropriée. Le terrorisme se nourrit autant de l absence de perspective de développement que de l insuffisance des moyens que réclame la surveillance des frontières. Les demandes que j ai dernièrement adressées aux partenaires visent à favoriser l intégration sociale et économique des populations frontalières. Le programme proposé a l ambition d être compatible avec le développement de relations de bon voisinage et d une société ouverte, prospère et démocratique. Enfin, je souhaite saisir l occasion de la tribune qui m est offerte pour renouveler ma reconnaissance à l égard des Etats et Organisations Internationales qui se sont associés à un titre ou un autre aux efforts des Nations Unies dans le processus de la Commission Mixte, à savoir l Union Européenne, la Norvège, l Allemagne, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. Je vous remercie de votre attention et déclare ouverte la 31 ème Session de la Commission Mixte Cameroun-Nigéria. 6