La Castille, 18 novembre 2011 LUMEN GENTIUM PRESENTATION DE L ECCLESIOLOGIE DOGMATIQUE CONCILIAIRE

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1 La Castille, 18 novembre 2011 LUMEN GENTIUM PRESENTATION DE L ECCLESIOLOGIE DOGMATIQUE CONCILIAIRE INTRODUCTION «Chers frères et soeurs, quelles richesses le Concile Vatican II ne nous a-t-il pas données dans ses orientations! [ ] À mesure que passent les années, ces textes ne perdent rien de leur valeur ni de leur éclat. Il est nécessaire qu'ils soient lus de manière appropriée, qu'ils soient connus et assimilés, comme des textes qualifiés et normatifs du Magistère, à l'intérieur de la Tradition de l'église. Alors que le Jubilé est achevé, je sens plus que jamais le devoir d'indiquer le Concile comme la grande grâce dont l'église a bénéficié au vingtième siècle : il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence» 1. Ainsi, le bienheureux pape Jean-Paul II nous parlait-il en l an 2000 hier dans sa lettre apostolique pour le nouveau millénaire. Ces paroles résonnent d autant plus fortement que l Eglise catholique s apprête à célébrer l automne prochain le cinquantième anniversaire de l ouverture du Concile. Dans les déserts de l indifférence religieuse, dans les chaos des fondamentalismes violents, sous le spectre de la crise qui hante tous les vieux pays riches, le Concile demeure pour nous «une boussole fiable». Il me revient de vous présenter, ou plutôt sans doute de vous re-présenter la Constitution dogmatique sur l Eglise Lumen Gentium. La visée de mon propos consistera donc en une présentation des grandes lignes théologiques de Lumen Gentium et non pas en une discussion sur les questions encore disputées, ni même en une évaluation de la réception conciliaire. Une présentation générale de l ecclésiologie conciliaire nous conduira à mettre en relief l architecture dynamique de Lumen Gentium (I) qui déterminera les trois moments suivants de notre exposé : l Eglise-mystère et l Eglise mariale (II), le primat de la vie théologale (III), et enfin, la complémentarité des ministères et des états de vie (IV). I. PRESENTATION GENERALE DE L ECCLESIOLOGIE CONCILIAIRE 1. Vatican II et la question de l Eglise «Eglise de Dieu, que dis-tu de toi-même?» Voici la question fondamentale que l Eglise s est posée au Concile Vatican II ( ). Si l ecclésiologie est toujours une réflexion de l Eglise (sujet) sur elle-même (objet), guidé et encouragé par les papes Jean XXIII 2 et Paul VI 3, le Concile s est particulièrement impliqué pour préciser la nature de l Eglise. La célébration du Concile fut un événement d Eglise, une expérience de communion et d action de grâce. Il faudrait lire les témoignages les journaux d évêques, de théologiens pour mesurer l ampleur de cet événement de grâce, ampleur souvent étouffée par des querelles stériles post-conciliaires ou par les travaux d interprétation des textes conciliaires. Vingt ans après Vatican II, le Synode des évêques de 1985 a résumé cette visée ecclésiologique dans son document final en une phrase qui rassemble les quatre 1 JEAN-PAUL II, Novo millenio ineunte, 2000, n Cf. JEAN XXIII, «Ecclesia Christi, lumen gentium», Documentation Catholique (DC) 1385, 1962, col Cf. PAUL VI, «Discours prononcé par S. S. Paul VI lors de l ouverture de la deuxième session du Concile», DC 1410, 1963, n 17, col

2 constitutions conciliaires, et dans laquelle l Eglise est l unique sujet : «L Eglise (Constitution dogmatique sur l Eglise Lumen Gentium), sous la Parole de Dieu (Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum), célèbre les mystères du Christ (Constitution sur la sainte liturgie Sacrosanctum Concilium) pour le salut du monde (Constitution pastorale sur l Eglise dans le monde de ce temps Gaudium et Spes)» 4. Lumen Gentium, qui nous occupera plus spécialement ici, est le premier grand document conciliaire de l histoire traitant de l Eglise sous tous ses aspects. Ainsi s ouvre la Constitution : «Le Christ est la lumière des peuples (Lumen Gentium) ; réuni dans l'esprit-saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes créatures la bonne nouvelle de l'evangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l'eglise (cf. Mc 16,15). L'Eglise [ ] se propose de préciser davantage, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l'enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa mission universelle» (LG 1). Le Concile Œcuménique Vatican II a-t-il changé la doctrine antérieure sur l Église? A cette question la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a répondu dans un texte de 2007 : «Le Concile n a pas voulu changer et n a de fait pas changé la doctrine en question, mais a bien plutôt entendu la développer, la formuler de manière plus adéquate et en approfondir l intelligence» 5. Ce développement, ces précisions, cet approfondissement doivent être discernés selon «l herméneutique de la réforme, du renouveau dans la continuité de l unique sujet-eglise» 6. Pour mesurer l apport ecclésiologique considérable, il faut donc replacer le texte conciliaire dans son histoire. 2. Brève histoire de la Constitution dogmatique sur l Eglise Le texte définitif de la Constitution dogmatique sur l Eglise est le fruit d un long processus de maturation préparé d une certaine façon depuis Vatican I, inachevé à cause de la guerre de 1870 et largement retravaillé durant les années Le schéma De Ecclesia de la Commission préparatoire constitue le point de départ de la réflexion. Il renvoie au schéma II De Ecclesia de Vatican I. Finalement, Vatican I s était limité à traiter de la primauté et de l infaillibilité pontificale dans la première constitution dogmatique sur l Eglise Pastor Aeternus (1870). Le texte se présente encore dans une perspective juridique (Eglise comprise à partir de sa constitution hiérarchique), selon les catégories de la théologie pré-conciliaire des manuels (théologie enseignés aux futurs prêtres, héritée de la théologie de la Contre-Réforme catholique). L Eglise est une société visible, hiérarchique, pyramidale, monarchique. Dès la première session, le texte est largement critiqué. Il n a pas vraiment intégré le renouveau ecclésiologique initié au 19 ème s. par des théologiens comme Mölher et Newman, prolongé au 20 ème s. par Mersch, Tromp, Lubac, Congar, Journet, Balthasar, Ratzinger pour n en citer que quelques uns. Lumen Gentium se voudra héritier du ressourcement biblique et patristique. Avec l encyclique Mystici Corporis (1943) de Pie XII, le magistère lui-même se libérait de certaines limites ecclésiologiques héritées des derniers siècles. Le pape Jean XXIII 4 «Synthèse des réponses au questionnaire préparatoire», DC 1909, 5 janvier 1986, p CONGREGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Réponses à des questions concernant certains aspects de la doctrine sur l Eglise, 29 juin 2007, 6 BENOIT XVI, «Discours à la Curie romaine», 22 décembre 2005, 2

3 demande donc l élaboration d un tout nouveau schéma. Parmi les cinq propositions, on choisit le schéma Philips qui deviendra le rédacteur principal. Après de nombreux débats, de nombreuses modifications (notamment autour du chapitre VIII sur la Bienheureuse Vierge Marie dans le mystère du Christ et de l Eglise) qui imposeront pas moins de quatre étapes de rédaction poursuivant les schémas préconciliaires, la proposition prit la structure définitive de Lumen Gentium en octobre Le texte définitif est promulgué le 21 novembre 1964 par Paul VI. 3. Architecture dynamique de Lumen Gentium La Constitution comprend huit chapitres. Si l ordre de ses chapitres nous dit quelque chose de sa théologie, une structure plus cachée peut être mise en relief pour mieux comprendre son contenu dogmatique. Philips considère les chapitres en binômes. L architecture dynamique proposée par F.-M. Léthel 7 nous semble plus éclairante. Elle peut être décrite en trois plans. Le premier, formé des chapitres I (Le mystère de l Eglise) et VIII (Marie dans le mystère du Christ et de l Eglise) constitue comme l axe de Lumen Gentium. Cette grande inclusion théologico-symbolique devra être explicitée. Le second plan rassemble trois chapitres concernant tous les baptisés dans leur marche vers le royaume : II. Le Peuple de Dieu ; V. L appel universel à la sainteté ; VII. La dimension eschatologique de l Eglise. Enfin, le troisième plan se réfèrent aux différents ministères et états de vie dans l Eglise : III. La hiérarchie, en particulier l épiscopat ; IV. Les laïcs ; VI. Les religieux. Ce qui est égal vient avant ce qui est différent : la vie théologale et non les fonctions, la vie chrétienne avant les ministères. Cette «nouveauté» de Vatican II n enlève rien au caractère apostolique de l Eglise et à sa structure sacramentelle. Le cinquième chapitre (sur huit) sur l appel universel à la sainteté est quasi-central. On pourrait parler d une structure en chiasme. Architecture dynamique de Lumen Gentium Plan 1 Plan 2 Plan 3 I. Le mystère de l Eglise VIII. Marie II. Le Peuple de Dieu V. Appelé à la sainteté VII. En pèlerinage (vers le Ciel) III. La hiérarchie IV. Les laïcs VI. Les religieux Approfondissons maintenant successivement ces trois plans. 7 Nous n avons eu à disposition que des notes prises lors d une conférence donnée à Notre Dame de Vie (Venasque) le 9 décembre

4 II. EGLISE-MYSTERE ET EGLISE MARIALE 1. Le mystère de l Eglise Si Vatican II fut un concile sur l Eglise, il ne fut pas seulement un Concile ecclésiologique. Dans une conférence importante pour l interprétation de Lumen Gentium, le cardinal Ratzinger disait en l an 2000 que «Vatican II a clairement voulu inscrire et subordonner le discours sur l Église au discours sur Dieu : il a voulu proposer une ecclésiologie au sens proprement "théo-logique", mais la réception du Concile a jusqu ici négligé cette caractéristique qualificative en faveur des seules affirmations ecclésiologiques particulières ; elle s est jetée sur des paroles particulières qu il était facile de rappeler et, ainsi, elle est restée en deçà des grandes perspectives des Pères conciliaires» 8. Voilà justifié le projet d étudier à nouveau les textes conciliaires! Les numéros 2 à 5 de Lumen Gentium explicitent l origine et la destination trinitaires de l Eglise. L Eglise est le projet du Père éternel : «Tous ceux qui croient au Christ, il a voulu les appeler à former la sainte Eglise» (LG 2). Ils «se trouveront rassemblés auprès du Père dans l'eglise universelle» (LG 2). Ce même paragraphe nous offre un admirable condensé de théologie de l histoire du salut. L Eglise «annoncée en figure dès l'origine du monde, merveilleusement préparée dans l'histoire du peuple d'israël et dans l'ancienne Alliance, établie enfin dans ces temps qui sont les derniers, s'est manifestée grâce à l'effusion de l'esprit-saint et, au terme des siècles, se consommera dans la gloire». C est la conception biblique et patristique de l Eglise qui comprend les anges et tous les justes de l histoire sauvés par le Christ, la récapitulation de tout dans le Christ. La mission du Fils abordée dans le numéro 3 renvoie au titre de la Constitution (cf. LG 1). «Lumen Gentium (Lumière des peuples)» est bien un titre du Christ (cf. Lc 2,32). Le Christ a pour mission de réaliser le dessein de salut du Père. LG 3, 5 et 8 affirment à plusieurs reprises que le Christ a fondé l Eglise, principalement à la Croix. Question trop débattue depuis le 19 ème s. qui trouve ici sa réponse définitive. La Commission Théologique Internationale l explicitera : il faut considérer que «toute l action et toute la destinée de Jésus, constituent d une certaine manière la racine et le fondement de l Eglise. L Eglise est comme le fruit de toute la vie de Jésus. La fondation de l Eglise présuppose l ensemble de l action salutaire de Jésus dans sa mort et sa résurrection ainsi que la mission de l Esprit» 9. LG 4 parle du Saint-Esprit qui sanctifie l Eglise. Même si le texte est bref, il signe le retour décisif d une ecclésiologie pneumatologique. L Esprit est à l œuvre à chaque étape de fondation de l Eglise ; à Pentecôte, il la manifeste pleinement (cf. Ad Gentes 4). Ce même numéro 4 se conclut par une citation de S. Cyprien : «Ainsi l'eglise universelle apparaît comme un "peuple qui tire son unité de l'unité du Père et du Fils et de l'esprit-saint"». Une grande inclusion trinitaire caractérise la Constitution du n 4 à la dernière phrase du n 69. Le mystère de l Eglise renvoie au mystère de Dieu ; l Eglisemystère est l Eglise de la Trinité. Le père de Lubac commentera en disant : «L Eglise est donc mystère, mais mystère dérivé. Elle est mystère, parce que, venant de Dieu, et toute au service de son Dessein, elle est organisme de salut. Elle l est, plus précisément, parce 8 J. RATZINGER, «L'Ecclésiologie de la Constitution conciliaire Lumen Gentium», DC n 2223, 2000, p COMMISSION THEOLOGIQUE INTERNATIONALE, «Thèmes choisis d ecclésiologie à l occasion du vingtième anniversaire de la clôture du Concile Vatican II (1984)», in Textes et Documents ( ), Cerf, 1988, pp

5 qu elle se rapporte tout entière au Christ, n ayant d existence, de valeur et d efficacité que par lui» 10. B.-D. de la Soujeole montre que traditionnellement, le mot mystère s entend en deux sens, ordonnés l un à l autre, toujours de l ordre de la révélation : vérité accessible seulement par la foi, et réalité présente en ce monde du don de Dieu qui se communique. Lumen Gentium fait aussi référence à ces deux aspects du mystère comme révélation-vérité et révélation-réalité 11. L aspect du mystère «révélation-réalité» est ici à mettre en lien avec le mot sacrement (sacramentum ayant été souvent en Occident la traduction du grec mysterion), où une réalité divine salvifique est révélée (signe) et manifestée (présence réelle et efficace). Notons que généralement, tandis que la notion de mystère est plutôt «descendante», la notion de sacrement est plutôt «ascendante» : c est le visible qui conduit à l invisible mystère qu elle porte en elle. Portée partout par le concept «mystère», la sacramentalité de l Eglise est exprimée explicitement à trois reprises dans Lumen Gentium. Selon LG 1, l Eglise est «dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l union intime avec Dieu et de l unité de tout le genre humain». LG 48 dit que l Eglise est «comme le sacrement universel du salut». La catégorie de sacrement n était pas la seule ou la plus immédiate pour décrire la continuité entre Christ et l Eglise. De nombreux Pères avaient craint une certaine confusion entre les sept sacrements et la sacramentalité de l Eglise. Les promoteurs de cette catégorie furent essentiellement : Rahner, Schillebeeckx, Semmelroth, Lubac, Balthasar. Ils parlaient du Christ comme sacrement originaire, primordial, fondamental, ou sacrement-source (Ur-Sakrament), et de l Eglise comme sacrement second, «originé», dérivé. «Qui m a vu a vu le Père», disait Jésus à Philippe (Jn 14,9). Jésus est bien la manifestation visible et tangible de la miséricorde du Père, le visage de Dieu, communicant sa vie et sa puissance. Il est «le sacrement de la rencontre avec Dieu» (Schillebeeckx) 12. Dans le mystère pascal, le Christ est soustrait à la sphère visible. L Eglise ne le substitue pas, ne le remplace pas, mais le rend visible. Elle est «signe et instrument» du Christ, du salut, à condition qu elle soit «in Christo» (LG 1). Elle est «en quelque sorte le sacrement» (veluti sacramentum), car c est analogiquement (avec la conception classique des sept sacrements) qu elle est sacrement du Christ. L Eglise contient et communique la grâce invisible qu elle signifie. En particulier grâce à la reconsidération de l analogie de l Eglise Corps du Christ, chère aux Pères de l Eglise et à saint Thomas d Aquin notamment, la vision mysterico-sacramentelle patristique de l Eglise re-proposée par Lumen Gentium refuse de se limiter à la dimension visible de l Eglise, impasse dans laquelle était tombée la Contre-Réforme catholique cherchant à s opposer aux thèses protestantes de l Eglise essentiellement invisible (et donc non-institutionnelle). «Le Christ unique médiateur, crée et continuellement soutient sur la terre, comme un tout visible, son Eglise sainte, communauté de foi, d'espérance et de charité, par laquelle il répand, à l'intention de tous, la vérité et la grâce. Cette société organisée hiérarchiquement d'une part et le Corps mystique d'autre part, l'assemblée discernable aux yeux et la communauté spirituelle, l'eglise terrestre et l'eglise enrichie des biens célestes ne doivent pas être considérées comme deux choses, 10 H. DE LUBAC, Paradoxe et mystère de l Eglise, Aubier-Montaigne, Paris, 1967, p Cf. B.-D. DE LA SOUJEOLE, Introduction au mystère de l Eglise, Parole et Silence, 2006, p E. SCHILLEBEECKX, Le Christ, sacrement de la rencontre avec Dieu, Cerf, Paris, 1997 (original en hollandais, 1957). 5

6 elles constituent au contraire une seule réalité complexe, faite d'un double élément humain et divin» (LG 8a). L Eglise dans sa modalité terrestre est toujours plus que ce que je vois ; et ce que je vois ne me garantit pas toujours que la grâce ecclésiale soit présente. LG 8b et son fameux «subsistit in» mérite un mot de commentaire : «Cette Eglise (l unique Eglise du Christ) comme société constituée et organisée en ce monde, c'est dans l'eglise catholique qu'elle se trouve (subsistit in) gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures, éléments qui, appartenant proprement par don de Dieu à l'eglise du Christ, appellent par eux-mêmes l'unité catholique». Vatican II choisit la formule «subsistit» plutôt que la formule «est» (est, en latin, pour une identification stricte) qu on trouvait encore dans l encyclique Mystici Corporis de Pie XII. Ici se cache toute la question œcuménique. Le cardinal Ratzinger commente ainsi : «Le Concile veut nous dire que l Église de Jésus-Christ, comme sujet concret en ce monde, peut être rencontrée dans l Église catholique» 13, et pleinement seulement dans l Eglise catholique, «bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures» (LG 8b). Le relativisme ecclésial qui rendrait inutile tout œcuménisme est exclu. 2. Le caractère marial de l Eglise On a parlé du «virage mariologique» du Concile Vatican II. Le traité de mariologie a été intégré au traité d ecclésiologie. Le rapport entre Marie et l Eglise avait été beaucoup étudié dans les années précédant le Concile, notamment par les patrologues H. Rahner, A. Müller, R. Laurentin. Lors de la deuxième session, le 29 octobre 1963, l intégration du De Beata est acceptée par un vote très serré (placet 1114/ non placet 1074 / 5 nuls : 40 voix de différence! 14 ). L unanimité sera retrouvée un an plus tard, le texte final de Lumen Gentium étant approuvé à 2096 voix contre 23. Comme J. Ratzinger l a écrit, «l insertion de la mariologie dans l ecclésiologie que le Concile a entreprise, pourrait sembler plutôt occasionnelle. D un point de vue historique, il est vrai que, de fait, une majorité très réduite de Pères décida de cette insertion. Mais, d un point de vue plus intérieur, cette décision correspond parfaitement à l orientation de l ensemble de la Constitution» 15. Ce chapitre VIII de Lumen Gentium est bien loin d être «un simple chapitre sur Marie» selon la position minimaliste, mais il en est le «sommet et couronnement» 16, selon l interprète autorisé par excellence qu est le pape Paul VI. Le chapitre sur la Vierge Marie est situé à l intérieur de la Constitution dogmatique sur l Eglise ; Marie appartient radicalement à l Eglise, comme «membre suréminent et absolument unique» (LG 53). Lumen Gentium reprend le thème ambrosien de Marie, type de l Eglise (cf. LG ), c'est-à-dire non pas seulement modèle extérieur à imiter, mais «modèle premier sur lequel sera conformé ce qui viendra ensuite : réalisation initiale et parfaite, qui commande les réalisations 13 J. RATZINGER, «L'Ecclésiologie de la Constitution conciliaire Lumen Gentium», p Cf. CONGREGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Dominus Iesus, 2000, nn Cf. R. LAURENTIN, La Vierge au Concile, Lethielleux, Paris, 1965, p J. RATZINGER, «L'Ecclésiologie de la Constitution conciliaire Lumen Gentium», p Cf. PAUL VI, «Discours prononcé par S. S. Paul VI lors de la clôture de la troisième session du Concile», DC 1437, 6 décembre 1964, col

7 ultérieures» 17. Un débat assez tendu a eu lieu aussi autour du titre de Marie, Mère de l Eglise. Finalement, le pape Paul VI décide personnellement de proclamer ce titre au moment de la promulgation de la Constitution le 21 novembre Titre acclamé unanimement par les Pères, extrêmement riche sur le plan théologique mais encore assez mal reçu en ecclésiologie ; il faudrait montrer qu «il synthétise admirablement la place privilégiée reconnue par ce Concile à la Vierge dans la sainte Eglise» 18, selon les paroles de Paul VI. A quarante ans de la clôture du Concile, Benoît XVI disait dans son homélie du 8 décembre 2005 que «Marie reflète l'eglise, elle l'anticipe dans sa personne. [ ] En Marie, l'immaculée, nous rencontrons l'essence de l'eglise d'une manière qui n'est pas déformée» 19. Nous pourrions dire que ce chapitre VIII nous propose une vision symbolique de l Eglise au sens fort du «symbole». Elle représente l Eglise en en portant réellement et personnellement le mystère. Au caractère ecclésial de Marie répond le caractère marial de l Eglise. S il y a eu un virage mariologique à Vatican II, il y a eu aussi un «virage ecclésiologique». Mais ce dernier est moins bien compris et intégré, notamment par de nombreux ecclésiologues. Dans le chapitre VIII, l Eglise est contemplée à travers Marie car, en Marie, l Eglise est vraiment toute sainte et immaculée, parfaitement vierge et mère. L importante première phrase du n 65 est assez rarement commentée. Tandis que les fidèles sont en chemin vers la sainteté, «l Eglise en la personne de la bienheureuse Vierge, atteint déjà à la perfection qui la fait sans tache ni ride». En Marie, le mystère de l Eglise s accomplit personnellement parfaitement ; l Eglise a alors besoin de Marie pour se connaître vraiment. Une certaine dépendance de l ecclésiologie à la mariologie correspond ainsi à l intégration de la mariologie dans l ecclésiologie. Après Lumen Gentium, il nous semble qu on ne devrait plus parler de l Eglise en son mystère sans parler de Marie. Le cardinal Ratzinger l exprimait en ces termes : «l'eglise a besoin du mystère marial, et elle est elle-même mystère marial» 20. Revenons un instant sur l architecture de Lumen Gentium proposée. La double flèche I/VIII manifeste l ouverture parfaite de Marie au mystère de l Eglise et son accomplissement parfait personnel en Marie. Les chapitres I et VIII forment un axe, un socle à toute la Constitution. La flèche horizontale dirigée vers cet axe manifeste que tous les états de vie dans l Eglise forment un peuple en marche, appelé à la sainteté, sainteté possible car réalisée de façon éminente, unique et exemplaire en Marie. L expression de Paul VI qui voyait dans le chapitre VIII «le sommet et le couronnement» de la Constitution est ici bien illustrée. Ainsi, l axe I VIII soutient l édifice théologique qui a pour centre l appel universel à la sainteté. L architecture dynamique pointe vers Marie, comme type et mère de l Eglise. En elle, le mystère de l Eglise se réalise déjà parfaitement personnellement. Marie a un «visage ecclésial» ; l Eglise a un «profil marial». Elles sont dans un rapport d immanence mutuelle. Les éléments de LG VIII qui suggèrent la dimension mariale de l Eglise sont corroborés et intégrés dans toute la dynamique de la Constitution sur l Eglise, elle-même saisie dans une grande inclusion trinitaire, car l Eglise a sa source et sa destination dans la Sainte Trinité. 17 R. LAURENTIN, La Vierge au Concile, p PAUL VI, «Discours prononcé par S. S. Paul VI lors de la clôture de la troisième session du Concile», DC 1437, 6 décembre 1964, col BENOIT XVI, «Homélie du 8 décembre 2005», 20 J. RATZINGER, Marie première Eglise, Mediaspaul/Paulines, Paris, 1987, p

8 III. LE PRIMAT DE LA VIE THEOLOGALE Le second plan de l architecture est formé des chapitres II, V et VII. Il manifeste ce qui est commun aux membres de l Eglise. La position du chapitre II sur le Peuple de Dieu a constitué ce que Philips a appelé une «révolution copernicienne». Il concerne non pas seulement les laïcs, mais tous les fidèles, les baptisés, tout ce qui est commun aux baptisés ; situé avant les chapitres sur les différents états de vie, et notamment avant le chapitre sur la hiérarchie. Il signe donc la fin d une vision pyramidale de l Eglise et manifeste la fondamentale égalité de tous les membres de l Eglise, fondée sur la dignité baptismale. Lumen Gentium affirme le primat de la vie théologale (vie de foi, d espérance et de charité vie chrétienne sainteté) sur les différentes fonctions dans l Eglise liées au ministère ordonné. De même, le chapitre V sur l appel universel à la sainteté est désormais distinct du chapitre VI sur les religieux. La sainteté est l appel de tous les baptisés. Le chapitre VII provient du souhait de Jean XXIII de voir intégré un texte sur la dévotion aux saints ; il vient comme manifester l élan de l Eglise en sa modalité terrestre, peuple en marche vers le Ciel. 1. Le Peuple de Dieu Scrutant son propre mystère (cf. Nostra Aetate, n 4), l Eglise a approfondi et exprimé clairement à Vatican II son lien avec le Peuple de la première Alliance, Israël au sens théologique du monde juif. Lumen Gentium aborde ce thème sur le plan biblique au n 9 ; Nostra Aetate et le Magistère post-conciliaire développeront largement. L Eglise fut «merveilleusement préparée dans l'histoire du peuple d'israël et dans l'ancienne Alliance» (LG 2) ; le texte évoque aussi assez maladroitement l image paulinienne de l antique olivier (cf. Rm 11,17.24). Le «nouveau Peuple de Dieu» (LG 9 ; expression non-biblique comme le «nouvel Israël») qu est l Eglise ne se substitue pas à Israël pour qui «les dons et les appels de Dieu sont sans repentance» (Rm 11,29). Les racines de l Eglise sont juives ; la permanence d Israël lui aussi ordonné à l Eglise fait partie du dessein divin de salut car il est mystérieusement lié à la mission de l Eglise vers les païens (cf. Rm 11,11-26). Aux numéros 10 à 12, le Concile regarde les membres individuels de l Eglise en ce qu ils ont de commun. Le «sacerdoce commun» (cf. LG 10-11) ou baptismal est la capacité que tous les chrétiens possèdent de par leur baptême de s offrir et d offrir toute chose au Père par le Christ dans l Esprit, et de rendre par leur vie témoignage à l Evangile. Le sacerdoce ministériel consiste à représenter sacramentellement le Fils unique à l Eglise pour rendre présent son unique offrande salvatrice. Participations à l unique sacerdoce du Christ, les deux sacerdoces sont ordonnés l un à l autre. Le sens de la foi (sensus fidei) abordé au n 12 est une capacité, donnée par l Esprit Saint au croyant, de percevoir la vérité de la foi et de discerner ce qui lui est contraire. Plus largement, c est un charisme de tous les membres de l Eglise, qui leur permet de reconnaître l objet de la foi, de le confesser et d en vivre en vérité. LG 13 dit qu «à faire partie du nouveau peuple de Dieu, tous les hommes sont appelés». L Eglise est catholique car destinée «à se dilater aux dimensions de l univers entier». La nécessité de l Eglise pour le salut est affirmée fortement à plusieurs reprises par LG 14. Les déviances du régnocentrisme post-conciliaire chez certains théologiens (comme Dupuis, Boff) qui relativisaient la nécessité de l Eglise au profit du Royaume 8

9 furent dénoncées par le Magistère. Si l Eglise en sa modalité terrestre est bien «germe et commencement» (LG 5), «signe et instrument du Royaume» (Dominus Iesus 18), c'està-dire sacrement du Royaume, réciproquement «appartenir au Royaume ne peut pas ne pas constituer une appartenance au moins implicite à l Eglise» 21. Le dernier paragraphe du chapitre II traite du caractère missionnaire de l Eglise, présent tout au long de la Constitution, et largement développé dans le décret sur l activité missionnaire de l Eglise Ad Gentes. 2. L appel universel à la sainteté et la dimension eschatologique de l Eglise «L orientation vers la sainteté est identique à l orientation eschatologique et, de fait, à partir du message de Jésus, elle est désormais fondamentale pour l Église. L Église existe pour qu elle devienne la demeure de Dieu dans le monde et qu ainsi elle soit elle-même "sainteté"» 22. Les chapitres V et VII de Lumen Gentium concernent eux aussi l ensemble du Peuple de Dieu en marche. L Eglise est la Communion des saints (cf. CEC 946). Présentée dans son mystère comme le fait Vatican II, elle «est aux yeux de la foi indéfectiblement sainte» (LG 39). H. de Lubac écrivait que ««de même qu elle est toute dans le sacrement, l Eglise est tout entière dans un saint. [ ] L Eglise entière a passé dans un saint» 23. L appel à la sainteté concerne tous les membres de l Eglise «qu ils appartiennent à la hiérarchie ou qu ils soient régis par elle» (LG 39). Le mystère de l Eglise sainte qui est mystère d union et donc de fidélité au Christ vie théologale effective -, vient se réaliser personnellement progressivement en chacun comme il l a fait parfaitement en Marie. L Eglise est sainte, mais en sa modalité terrestre sa sainteté est véritable mais encore imparfaite (cf. LG 48) ; ce chemin de sainteté implique conversion de ses membres pécheurs, purification, effort de pénitence et renouvellement continuel (cf. LG 8). Le chapitre VII de la Constitution décrit finalement la même chose en mettant l accent sur la dimension eschatologique, sur l horizon des fins dernières. Il nous rappelle qu en sa modalité terrestre, l Eglise est en marche, en pèlerinage vers sa consommation plénière au jour de la Parousie. Sur ce chemin, elle demeure unie à l Eglise du Ciel déjà dans la vision de la Sainte Trinité, car il n y a qu une seule Eglise du Christ! L Eglise Peuple de Dieu en marche est considérée dans sa réalité historique. A travers ces trois chapitres formant le second plan de l architecture de Lumen Gentium proposée, nous avons pu mettre en évidence le primat donné par Vatican II à la vie théologale. Il nous reste à aborder brièvement le troisième plan constitué des chapitres concernant les différents états de vie dans l Eglise. IV. LES DIFFERENTS ETATS DE VIE DANS L EGLISE 1. La constitution hiérarchique de l Eglise L important chapitre III de Lumen Gentium traite donc de la constitution hiérarchique de l Eglise, mais plus spécialement de l épiscopat, sur lequel nous nous arrêterons. LG 21 affirme la sacramentalité de l épiscopat. C est une déclaration non solennelle, mais qui 21 COMMISSION THEOLOGIQUE INTERNATIONALE, «Thèmes choisis d ecclésiologie à l occasion du vingtième anniversaire de la clôture du Concile Vatican II (1984)», p Le texte donne à la p. 362 les conditions d une juste compréhension de l expression «Eglise, sacrement du Royaume». 22 J. RATZINGER, «L'Ecclésiologie de la Constitution conciliaire Lumen Gentium», DC n 2223, 2000, p H. DE LUBAC, Paradoxe et mystère de l Eglise, p

10 utilise le vocabulaire d une définition dogmatique. «Le saint Concile enseigne que, par la consécration épiscopale, est conférée la plénitude du sacrement de l'ordre». Il fallait compléter l œuvre commencée à Vatican I qui s était concentré à définir la primauté et l infaillibilité pontificales. Dans l Eglise, l autorité vient du Christ et s exerce par ceux qui représentent sacramentellement l unique Pasteur. Voilà la raison du gouvernement «monarchique» de l Eglise au plan local par l évêque, comme au plan universel par le Souverain Pontife. L évêque est principe et fondement de l unité de son Eglise particulière qui trouve en lui la représentation plénière (toutes les fonctions et tous les pouvoirs) du sacerdoce du Christ. Avant d exposer les différentes fonctions de l évêque selon les trois charges d enseignement, de sanctification et de gouvernement, Lumen Gentium approfondit les rapports du collège épiscopal avec son chef, le pape, résumés dans l heureuse expression de «communion hiérarchique» (LG 22). Les relations à l intérieur du collège renvoient en fait à la question délicate et encore discutée du rapport entre Eglise universelle et Eglises particulières qui se situent dans une forme d immanence réciproque : les Eglises particulières «sont formées à l'image de l'eglise universelle, c'est en elles et à partir d'elles qu'existe l'eglise catholique une et unique» (LG 23). Ce chapitre III, mais aussi l ensemble des textes conciliaires, présentent la hiérarchie qui structure le Peuple de Dieu dans son caractère fonctionnel (sans le réduire à cela) et sa nature de service. 2. Les laïcs «Sous le nom de laïcs, on entend ici l'ensemble des chrétiens qui ne sont pas membres de l'ordre sacré et de l'état religieux sanctionné dans l'eglise» (LG 31). Ils sont appelés à la sainteté en vivant dans le monde et en le sanctifiant par leur témoignage authentique. Ils jouissent de la même dignité baptismale que tous les fidèles, pasteurs ou religieux. Il n est plus possible de construire une ecclésiologie sur la différence (cléricale), mais seulement sur la radicale égalité de ses membres. La condition de l égalité détermine les différentes fonctions comme service de tous. Une certaine théologie du laïcat une forme de cléricalisme laïque s est parfois imposée comme une contre-réception de Vatican II. La vraie nouveauté du Concile n est pas dans la promotion des laïcs, mais dans l affirmation de la radicale égalité des baptisés appelés à se sanctifier et se servir dans la complémentarité des états de vie et des ministères. 3. La vie religieuse Le chapitre VI précise que ce n est pas un état de vie qui se situe entre celui du clerc et celui du laïc, car il entend la vie religieuse au sens le plus large, concernant tous ceux qui professent les conseils évangéliques. Certains sont aussi clercs, beaucoup demeurent laïcs (laïcs consacrés) car ils ne rentrent pas dans l état religieux sanctionné par l Eglise. Voilà pourquoi la vie religieuse n est pas traitée juste avant ou juste après les laïcs. La spécificité des religieux ne consiste plus aujourd hui sur l appel à la sainteté, mais sur la particularité du charisme de l institut comme mode de manifestation du Règne. On distingue entre spiritualité (caractéristique christologique, mode particulier de relation et d imitation du Christ) et charisme (caractéristique ecclésiologique, grâce et donc appel pour l édification du Corps). Il est clair cependant que puisque «cet état imite de plus près et représente 10

11 continuellement dans l'eglise cette forme de vie que le Fils de Dieu a prise en venant au monde pour faire la volonté du Père et qu'il a proposée aux disciples qui le suivaient» (LG 44), il manifeste, de façon toute spéciale, à tous les chrétiens mais aussi au monde, l appel universel à la sainteté. Il est essentiel à la vie de l Eglise et à sa sainteté. CONCLUSION A la fin de ce rapide parcours, j ai bien conscience de laisser en chemin des thèmes et des développements ecclésiologiques importants de Lumen Gentium. L ecclésiologie postconciliaire a critiqué certaines limites du texte ; elle s est investie sur des questions disputées. Aujourd hui, le cinquantième anniversaire de l ouverture du Concile se prépare déjà, et pourtant, une synthèse partagée d ecclésiologie est toujours attendue. Le travail d interprétation des théologiens a été fécond mais la réception d un tel événement ecclésial demande toujours du temps. Les papes de l après-concile n ont pas pu encore publier d encyclique sur l Eglise. «Communion» et «mission» seraient peut-être les deux concepts qui résumeraient le mieux l ecclésiologie de Lumen Gentium. Le Synode des évêques de 1985 a parlé d «ecclésiologie de communion» : l Eglise est communion avec Dieu dans la rencontre personnelle et communautaire du Christ, et communion entre les hommes dans le service et la charité, autre nom de la sainteté. Les autres textes ecclésiologiques de Vatican II, le Magistère post-conciliaire jusqu au défi actuel de la Nouvelle Evangélisation le confirment, l Eglise de Lumen Gentium, sacrement universel du salut et donc signe visible et efficace pour le salut de tous, semble aussi essentiellement missionnaire. L expression d une «ecclésiologie eucharistique» chère à Benoît XVI et à de nombreux théologiens catholiques et orthodoxes, peut tenir ensemble les deux concepts complémentaires de communion et de mission. 11