L évolution de l écoute selon les formes urbaines

Transcription

1 L évolution de l écoute selon les formes urbaines Olivier Balaÿ Architecte à Lyon, Professeur HDR à l Ecole Nationale Supérieure d Architecture de Lyon CRESSON (Centre de Recherche sur l Espace Sonore et l environnement urbain), Laboratoire MCC, UMR CNRS 1563 Conférence VAD, décembre 2012

2

3 Lyon début XIX e siècle, 1809

4 Lyon milieu XIX e siècle, 1863

5 Les rues sont courbes et étroites

6 Les rues sont droites et larges

7 Lyon XVIII e siècle. Les rues sont longues, étroites et les extrémités pincées

8 Lyon XIX e siècle. Les rues sont courtes larges et les extrémités ont une forme d entonnoir ouvert

9 Quand on marche dans la rue du XVIIIème siècle, les pas et les voix sont très présents à l oreille. Les sons sont contenus dans la rue longue, étroite, qui se termine en pince aux carrefours. Les sons humains circulent entre le domaine public et le domaine privé. Les activités sonores sont étroitement liées les unes aux autres. Chaque rue est un univers sonore en soi. Au XIXème siècle l ambiance sonore de la rue est beaucoup plus neutre et plus perméable aux sons venant des autres rues.. Les sons humains s y propagent avec moins d intensité et le bruit de fond provenant des autres rues est plus présent. Le temps de réverbération est plus court. Le logement est moins lié aux bruits de la rue. L écoute du voisinage a totalement changé : le voisinage est distancié.

10 Le paysage sonore est fondé sur les rythmes humains. Les fréquences aiguës sont dominantes. Les effets sonores (coupure, réverbération, parenthèse, irruptions ) sont efficaces. Le fond sonore est continu. Les fréquences graves passent mieux dans la rue élargie. Plus tard les bruits technologiques seront dominants. Les sons proviennent du lointain.

11 Ainsi, chacune des formes construites et chacune des configurations «logement rue» issues du XVIII e et du XIX e siècle définissent un environnement spécifique à entendre et réciproquement, les formes d appropriation y sont particulières. La circulation des sons d usage dans l espace construit, la cataphonique, produit une perception sonore beaucoup plus contrastée au XVIII e qu au XIX e siècle, où elle est beaucoup plus homogène et continue. Le paysage sonore de la rue du XVIII e émane du construit et est tenu par lui, alors Le paysage sonore de la rue du XVIII e émane du construit et est tenu par lui, alors que le paysage sonore de la rue du XIX e est lié aux activités produites dans les rues voisines.

12 Dans l'appartement du XVIIIème siècle, la chambre est en connexion avec les pièces principales qui elles mêmes sont très liées à l environnement sonore de la rue. L'insonorisation est faible. L appartement du XIXème siècle permet de moduler l écoute entre les pièces, entre une isolation efficace, quand elle est nécessaire, et une circulation, quand elle est utile dans le fonctionnement domestique. Les habitants utilisent les doubles portes à cet effet.

13

14

15 1 / Le XIXème siècle introduit à une nouvelle écoute de l homme et de l espace. Du fait de la pérennité du bâti et du tissu urbain, les aménagements architecturaux et urbains porteurs des représentations de cette époque, contribuent toujours à modeler notre environnement sonore contemporain. 2 / Les concepteurs de l'habitat observaient les mœurs sonores de leur époque. Leur savoirfaire consistait à traduire cette observation en espaces. 3/ L intérêt acoustique de ces principes de la composition architecturale et urbaine est très actuelle, comme les plans ci-contre, rue de Meaux à Paris (Renzo Piano architecte) et ZAC des Hautes Bruyères à Villejuif (Yves Lion architecte), l attestent.

16 Biblio sur ce thème de la conception de la ville comme un art de la circulation des sons. L espace sonore de la ville au XIXème siècle La conception sonore de l habitat Tous accessibles par le site CRESSON

17 SARL BBP Saint Fons 1992

18

19

20

21

22