Amphibiens et Reptiles de Wallonie

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1 Salamandres, tritons, crapauds, grenouilles, lézards et serpents composent le monde des amphibiens et reptiles de Wallonie. Plusieurs espèces sont remarquables, comme le spectaculaire escaladeur qu est le Lézard des murailles, ou l Alyte accoucheur dont le mâle transporte la ponte sur son dos. Au total, 21 espèces indigènes, presque toutes confrontées à une dégradation de leur situation, au point que deux amphibiens ont récemment disparu. En regard, la récente multiplication de quelques grenouilles exotiques et les nombreux lâchers de tortues aquatiques sont source d inquiétude, compte tenu de leurs interactions potentielles avec le reste de la faune indigène. «Amphibiens et Reptiles de Wallonie» est le fruit d un vaste travail collectif. L ampleur de la collaboration (plus de 800 contributeurs) est en soi un signal de l intérêt croissant porté à cette petite faune, encore souvent méconnue et parfois honnie à tort, notamment dans le cas des serpents. L enquête de terrain a permis de rassembler plus de trente mille données et de dresser un bilan précis pour ce groupe faunique reconnu pour sa sensibilité aux agressions environnementales. L état des connaissances, l analyse des problèmes et des pistes pour une meilleure conservation sont détaillés dans cet ouvrage. Il dépasse donc le simple atlas de répartition des espèces au fil d un ensemble de petites monographies qui abordent l identification, le cycle de vie, les déplacements, le régime alimentaire, les habitats, la répartition wallonne et dans les régions alentour, les effectifs et les tendances perceptibles pour chaque espèce, y compris celles introduites dans notre environnement naturel. Aves a.s.b.l. Raînne Natagora Rue Fusch, 3 Rue du Wisconsin, 3 B-4000 Liège B-5000 Namur Ministère de la Région wallonne Direction générale des Ressources naturelles et de l'environnement Avenue Prince de Liège, 15 - B-5100 Jambes (Namur) - Tél. (081) Amphibiens et Reptiles de Wallonie Amphibiens et Reptiles de Wallonie > Aves - Raînne Centre de Recherche de la Nature, des Forêts et du Bois (C.R.N.F.B.) Avenue Maréchal Juin, 23 B-5030 Gembloux P ISBN: X Série «Faune - Flore Habitats» n o 2

2 Amphibiens et Reptiles de Wallonie Jean-Paul Jacob Christiane Percsy Hellin de Wavrin Eric Graitson Thierry Kinet Mathieu Denoël Marc Paquay Nicolas Percsy Annie Remacle Avec la collaboration de plus de 800 observateurs 2007 Publication d Aves Raînne et du Centre de Recherche de la Nature, des Forêts et du Bois (Ministère de la Région wallonne - Direction Générale des Ressources naturelles et de l Environnement) Série «Faune Flore Habitats», n 2 Gembloux

3 Citation recommandée de l ouvrage, please cite this book as follows, Zitiervorschlag : Jacob, J.-P., Percsy, C., de Wavrin, H., Graitson, E., Kinet, T., Denoël, M., Paquay, M., Percsy, N. & Remacle, A. (2007) : Amphibiens et Reptiles de Wallonie. Aves Raînne et Centre de Recherche de la Nature, des Forêts et du Bois (MRW - DGRNE), Série «Faune - Flore - Habitats» n 2, Namur. 384 pp. Citation recommandée d un texte signé, for part of this book, Zitiervorschlag : de Wavrin, H. & Graitson, E. (2007) : La Salamandre tachetée, Salamandra salamandra (Linnaeus, 1758). Pages in Jacob, J.-P., Percsy, C., de Wavrin, H., Graitson, E., Kinet, T., Denoël, M., Paquay, M., Percsy, N. & Remacle, A. (2007) : Amphibiens et Reptiles de Wallonie. Aves Raînne et Centre de Recherche de la Nature, des Forêts et du Bois (MRW - DGRNE), Série «Faune - Flore - Habitats» n 2, Namur. 384 pp. Photos de couverture : Couleuvre à collier (Jean Delacre); carrière de Bossimé (Jean-Paul Jacob). Conception graphique : Christophe Collas, Jean-Paul Jacob et Thierry Kinet Mise en page : Groupe graphique Chauveheid Stavelot Imprimerie Chauveheid Editeur responsable : Claude Delbeuck, Directeur général du Ministère de la Région wallonne Distribution : Librairie Aves, Maison Liégeoise de l Environnement, 3 rue Fusch, B-4000 Liège, librairie@aves.be, ISBN : X Dépôt légal : D/2006/5322/39 Aves Raînne Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays. Aucune partie de cet ouvrage ne peut être reproduite par un quelconque procédé, photocopie, ou tout autre moyen. En outre, l utilisation des informations contenues dans les cartes de distribution, les tableaux et les figures est interdite pour un usage commercial sans l autorisation écrite de l éditeur. No part of this book may be reproduced in any form, by print, photoprint or any other means, nor is it permitted to use data from maps, tables or figures in the book for commercial use, without written permission from the publisher. Das Werk ist einschließlich aller seiner Teile urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechts unzulässig. Das gilt insbesondere für Vervielfältigungen, Übersetzungen, Mikroverfilmungen oder anderen Möglichkeiten. Der Gebrauch der Informationen zu kommerziellen Zwecken (Karten, Tafeln und Abbildungen) ist ohne schriftliche Genehmigung des Herausgebers nicht gestattet. 2

4 Jean-Paul Jacob Protée anguillard Proteus anguinus (Laurenti, 1768) ; Spélerpès italien Hydromantes italicus (Dunn, 1923) et Euprocte des Pyrénées Euproctus asper (Dugès, 1852) L élevage de ces espèces eut lieu dans deux grottes : le Trou Benoît à Dieupart (Aywaille) et la grotte de Ramioul (Delhez, 1966 ; Kersmaeckers, 1976 ; Parent, 1979 ; Goffin & Parent, 1982). L Euprocte fut ramené de la grotte de Saurat (Ariège) et son élevage tenté au début des années 1970 au Trou Benoît (M. Dethier, in litt.). Le maintien de cette espèce de torrents de montagne est peu vraisemblable. Le Protée est une espèce trogloxène* endémique des eaux souterraines des Alpes dinariques. Six exemplaires ont été ramenés de Yougoslavie en 1965 et installés dans un aquarium de la grotte de Ramioul, dans l ignorance de leur besoin d eau courante ; il n y pas eu de reproduction et le dernier est mort en 1988 (soit un âge très vénérable pour ce genre d espèce). Le Spélerpès est une petite salamandre rupicole et cavernicole endémique des Appenins ; son introduction locale n est pas documentée (Goffin & Parent, 1982 ne la citent d ailleurs plus). Triton marbré Triturus marmoratus (Latreille, 1800) Ce grand triton occupe une aire limitée qui couvre une partie de la Péninsule ibérique et l ouest de la France au sud de la Seine. Cette espèce très prisée des aquariophiles n a pratiquement jamais été signalée à l état libre en Wallonie : une observation de 1936 en Brabant wallon (carré F P.Yernaux in Parent, 1979), un exemplaire collecté en 1978 avec des Tritons crêtés dans une mare répondant peu aux exigences de l espèce en Ardenne (carré K Parent, 1979). D autres mentions ne semblent pas fondées. En Forêt de Soignes, Boulenger introduisit en 1877 des Tritons marbrés provenant de Fontainebleau dans une mare proche du chemin de fer, entre Boitsfort et Groenendael ; ils y survécurent une vingtaine d années (Boulenger, 1922). Plus récemment, des Tritons marbrés ont été introduits et se reproduiraient dans des étangs de jardin en Flandre (Jooris, 2002c). Sonneur à ventre de feu Bombina bombina (Linnaeus, 1761) Ce sonneur remplace notre Sonneur à ventre jaune en Europe centrale et orientale. Les anciennes citations Stéphane Vitzthum Thierry Kinet 313

5 de Schreitmüller (1935) en Ardenne portent le sceau de la confusion avec notre sonneur indigène (de Witte, 1948). Un individu attribué à cette espèce a été trouvé à Harchies en juin 2000 et 3 ex. aux barrages de l Eau d Heure en La possibilité de confusions avec Bombina orientalis, une espèce commercialisée, n est pas exclue, les observateurs n ayant examiné que l éventualité de trouver un des deux sonneurs européens. Tortue d Hermann Testudo hermanni (Gmelin, 1789) Cette tortue méditerranéenne menacée ne peut plus être détenue (Annexe CITES II, Annexe Euro A). Elle fut observée en liberté à Baisy-Thy (P. Yernaux in Parent, 1979) et à Arlon en 1982 (Parent, 1984a). Des Tortues d Hermann continuent d être recueillies en très petit nombre par les Centres de revalidation de la LRBPO (25 exemplaires en Belgique de 1990 à 2002). L espèce fait l objet d élevages et, à ce titre, de transferts intracommunautaires autorisés (par exemple, 416 individus en 2001 en Belgique - L. Grolet, in litt.). La collecte dans la nature par des touristes pour devenir animal de compagnie a malheureusement toujours lieu, notamment dans le Var où se trouve la dernière population française (B. Livoreil, com. or.). Les individus récupérés en Belgique (particuliers, saisies) sont toutefois presque tous des T. h. boettgeri du sud-est du continent (données Carapace). Tortue grecque Testudo graeca (Linnaeus, 1758) Cette tortue terrestre a fait l objet d un commerce considérable avant son interdiction. Quelques individus ont jadis été vus en liberté : Gérouville, Loupoigne (Parent, 1979), Wolkrange 1980 (Parent, 1984a) et à la gare de Treignes dans les années 1990 (J.Y. Baugnée, com. pers. et Graitson, 2002a). Comme pour la Tortue d Hermann, des importations par des touristes ont encore lieu, comme en témoigne la trouvaille d un individu de la sous-espèce ibera dans la vallée du Geer en Ce cas n est pas isolé puisque 13 Tortues grecques récupérées par l association Carapace en Belgique de 1996 à 2001 appartenaient à cette sous-espèce menacée, pour 39 T. g. graeca orientales. Emyde lépreuse Mauremys leprosa (Schweigger, 1812) Cette tortue d eau douce est limitée en Europe à la Péninsule ibérique et à quelques stations du Languedoc ; plus au sud, elle occupe le nord du Maghreb et peut-être encore l Afrique de l ouest. Elle a jadis été introduite dans le bois de Villers-la- Ville (P. Yernaux in Parent, 1979) et trouvée en juillet 1969 dans la vallée de la Haine (Havré, Le Roeulx - Parent, 1979). Aucune donnée récente n est connue. Tortue d Hermann du sud de la France (T. h. occidentalis) trouvée en Wallonie. Christiane et Nicolas Percsy Stéphane Vitzthum 314

6 Lézard vert Lacerta viridis (Laurenti, 1768) ; Lacerta bilineata (Daudin, 1802) Les populations occidentales du «Lézard vert» ont été élevées au rang d espèce (Lacerta bilineata). Elles occupent l Espagne, la France et l Allemagne. Ce grand lézard répandu en Europe méridionale s étend en France assez loin vers le nord, en colonisant de grandes vallées (Seine, Doubs, Rhin) mais, dans le nord de son aire, il est confiné dans des refuges xériques depuis la période Atlantique. Sa limite septentrionale suivrait l isotherme de 18 C en août (Naulleau, 1997). L espèce n atteint pas la Lorraine ni le bassin mosan (Castanet & Guyétant, 1989 ; Kern, 2004). Par contre, un noyau isolé subsiste en Rhénanie-Palatinat, dans la vallée du Rhin et les cours inférieurs de la Nahe et de la Moselle (Rykena et al., 1996). Des lâchers ont eu lieu, sans succès, dans les années 1940 dans la vallée de la Haine. Parent (1984a) signale son observation en deux endroits du carré E4.54. Couleuvre verte et jaune Coluber (Hierophis) viridiflavus (Lacépède, 1789) La Couleuvre verte et jaune est un serpent de taille moyenne, comme la Couleuvre à collier : elle peut néanmoins atteindre 1,5 à 2 m de long. Sa livrée mêle le jaune et le noir à des degrés divers selon l âge et les individus. Elle est active d avril à septembre dans le nord de son aire, où elle pond de fin juin à mi-juillet (Grangé, 1995 ; Kern, 2004). Les jeunes éclosent après 6-8 semaines. Cette belle couleuvre thermophile n occupe qu une aire limitée (Pyrénées, France, Suisse, Italie, partie de la côte dalmate) mais est abondante dans certaines parties de la France et de l Italie (Ferri, 2002). Elle atteint le nord-est de la France, en Champagne- Ardenne et en Lorraine, où elle fréquente les lisières, broussailles (fourrés de prunelliers notamment) et taillis secs, les rocailles et carrières. Sa distribution suit le réseau hydrographique où le microclimat des versants bien exposés des grandes vallées lui permet de subsister (Parent, 1979 ; Castanet & Guyétant, 1989). L espèce pourrait être indigène en Moselle luxembourgeoise, sur la base d un individu trouvé le 14 mai 1953 à Grevenmacher (Heuertz, 1957) ; cette hypothèse a été ensuite relayée par d autres auteurs, sans que de nouvelles données viennent la confirmer. Elle a été notée jusqu en 1975 dans la région de Sedan (Grangé, 1995). Actuellement, les stations les plus proches de la Wallonie se trouvent près de Bar-le-Duc (Kern, 2004). Cette couleuvre tend à progresser vers le nord en France, où elle a gagné 60 km en quarante ans dans le Centre-Ouest (Naulleau, 2003). En Belgique, quelques données d introductions proviennent de Loupoigne (1 ex. capturé en 1963 près de la maison d un éleveur de serpents Parent, 1974), des rochers de Champalle en Meuse namuroise (données Ph. Lebrun, in litt.) et de la région de Bruxelles : Uccle en 1894 à l Observatoire météorologique, Etterbeek en 1967 à la plaine des manœuvres, Uccle en 1967 dans un jardin privé proche du site de 1894 (de Witte, 1968). En juillet 2000, un exemplaire tombé d un lot de grumes de chêne arrivant de France a été observé à la papeterie d Harnoncourt (Lorraine belge) par un herpétologue-terrariophile connaissant l espèce (J. Offergeld, comm. or.). Ceci documente un cas d introduction par transport. La présence naturelle en Gaume est improbable, faute de milieux adéquats assez étendus et d un climat estival insuffisamment ensoleillé et chaud. Couleuvre tesselée Natrix tessellata (Laurenti, 1768) Ce serpent est répandu en Europe centrale et orientale, à l ouest jusqu en Rhénanie-Westphalie. L espèce a été trouvée à Bruxelles (Uccle, une capture en 1962) et dans sa banlieue flamande (Tervueren une 315

7 femelle adulte le 28 juin 1996 Meirte & Pauwels, 1999) mais pas en Wallonie, même si elle est assez régulièrement mise en vente dans des animaleries. En Belgique, elle est considérée comme échappée de captivité (Parent, 1974) ; la localisation périurbaine des deux mentions est typique de ce fait. Rien de sérieux n indique qu il puisse y avoir une population belge. 316