EXPÉRIENCES TRANSFORMATION LOGICIELLE

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1 EXPÉRIENCES TRANSFORMATION LOGICIELLE Innovation : les éditeurs peuvent-ils encore suivre le rythme? 10 éditeurs de logiciels partagent leur vision sur leurs enjeux actuels d innovation et témoignent de la manière dont ils font face à la transformation numérique généralisée et à l évolution permanente des usages. Collection " Les carnets d expériences " pour action! en partenariat avec

2 5 INTRODUCTION Dans un contexte économique français qualifié depuis des années de «difficile», les éditeurs de logiciel font régulièrement mentir les médias. Le Top 250 réalisé annuellement par le Syntec Numérique, vient à nouveau de nous rappeler le dynamisme du secteur. Avec un taux de croissance moyen supérieur à 6%, pour un chiffre d affaire cumulé d environ 9 milliards d euros, les éditeurs de logiciel dopent tout simplement l Hexagone. L optimisme est donc plutôt de mise, avec au moins emplois créés par ces acteurs depuis deux ans et 75% d entre eux déclarant vouloir continuer à recruter dans les mois à venir (soit plus qu en 2012). Au passage, l étude nous apprend que les éditeurs français consacrent en moyenne 15% de leur chiffre d affaires à leur R&D ; un chiffre qui approche les 20% pour ceux dont la taille est plus réduite. Ces données viennent confirmer la mise à jour estivale du baromètre éditeurs BVA/Syntec, qui avait souligné fin juin que 64% des acteurs du monde logiciel avaient confiance dans l avenir et que près de deux sur trois prévoyaient des investissements sur de nouveaux projets pour la fin de l année. solutions, sont de plus en plus grandes. Un véritable casse-tête, alors que personne ne peut décemment prétendre mesurer l ensemble des conséquences que ces métamorphoses vont avoir sur l économie et ses acteurs. Innover vite et mieux Les capacités d adaptation et d innovation sont donc questionnées quotidiennement. Bouleversés dans leurs business models, dans leurs méthodes de développement et leur approche du time-to-market, les éditeurs les plus traditionnels sont soumis à une forte pression. S il n est pas une fin en soi, le Software as a Service y est évidemment pour beaucoup, et les start-up l ont bien compris, elles qui ne pensent plus Répondre à la transformation numérique généralisée L industrie du software se repose-t-elle sur ses lauriers pour autant? Pas si sûr. Cette bonne santé économique se retrouve étroitement associée à une profonde remise en question des caractéristiques d un métier qui change. Elle doit également servir à innover, comme le rappelle Bruno Vanryb, président du collège des éditeurs du Syntec Numérique, en ouverture des interviews qui composent ce carnet. Il est vrai que les enjeux ne sont pas neutres. Le «Nexus of forces» (aussi connu sous l acronyme SMAC, pour Social, Mobility, Analytics et Cloud), mis en avant par Gartner et les autres sociétés de conseil, impacte les activités de toutes les entreprises, quels que soient leurs domaines historiques. Derrière cette transformation numérique généralisée, les attentes vis-à-vis des éditeurs de logiciel et des capacités de leurs

3 6 EXPÉRIENCES TRANSFORMATION LOGICIELLE le logiciel que comme un service dès leur création. La technologie étant partout, elle n est d ailleurs plus totalement le centre de l attention. Ce qui change le plus vite dorénavant, ce sont bien les usages des clients, dans la ligne directe des transformations que connaissent leurs métiers. Difficile pour un éditeur de pouvoir y répondre avec cohérence si ses propres cycles de changements, de réflexions et de développement, s étalent sur plus d une année. Bien sûr, il n y a pas de recettes miracles face à ces sujets complexes. Les éditeurs s appuient tour à tour sur l esprit d entreprendre de leurs dirigeants, sur des approches novatrices pour atteindre de nouveaux marchés ou de nouveaux acteurs de la chaine de valeur qu ils entendent adresser, ou encore sur des changements dans leurs organisations, dans leurs partenariats, pour pouvoir suivre le tempo. A chacun ses réponses, calquées sur la réalité quotidienne. La sélection d interviews qui composent ce carnet d expériences, met ainsi en avant des visions et des convictions diverses. Reste évidemment à ne pas cantonner l innovation aux discours, mais à en faire une réalité concrète, qui paye, pour l entreprise. Dans une économie changeante, la prime à l innovation n est rien de moins que la pérennité. Le physicien japonais et créateur de Sony, Akio Morita avait résumé cet enjeu il y a longtemps en affirmant : «Tout le monde peut innover si sa vie en dépend». Dorian Marcellin - Journaliste

4 23 EXPÉRIENCE D'ÉDITEUR «Ce sont les besoins clients qui nous ont éveillés» Anne-Sophie Kieffer Directrice Générale - Asys Asys, éditeur et intégrateur de solutions de gestion des temps a pris le taureau SaaS par les cornes il y a quelques années, avant que son marché ne se lance. Sa directrice générale explique les changements que cela a demandés à son entreprise. Qu est-ce qui a changé pour un éditeur spécialiste de la gestion des temps, ces dernières années? L évolution des architectures techniques a été le premier sujet. Le SaaS est arrivé dans le SIRH par le biais de la paie, de l externalisation et du BPO. Au départ, nous avons donc été moins impactés, mais aujourd hui, très clairement, nos solutions et leur architecture ont dû s adapter à cette nouvelle contrainte technologique. Ensuite, les nouvelles pratiques liées à la mobilité ont changé la donne pour nos utilisateurs. La génération Y parvient aujourd hui à des fonctions de management et nous devons proposer des solutions adaptées à tous les devices. Enfin, du côté fonctionnel, nous avons dû de plus en plus accompagner nos clients, confrontés à des contraintes budgétaires et d optimisation de la masse salariale. Nous avons donc fortement déplacé dans nos logiciels le curseur vers plus d Analytics, de Business Intelligence et d aide à la planification. A quel point le passage au SaaS vous a-t-il impacté? Depuis 2008, nous commercialisions notre solution Horsys* en mode hébergé, avec un contrat d abonnement à un service en ligne mais avec une duplication des programmes pour chaque client. D ici la fin de l année, nous lancerons une nouvelle version de la solution, où cette fois l architecture technique permettra au produit de supporter un nombre illimité d instances clients. L impact principal est une diminution importante de nos coûts de maintenance et donc des tarifs proposés à nos clients. Ce sont d ailleurs ces derniers qui nous ont montrés la bonne fenêtre de tir pour savoir «quand» passer au SaaS. Ils ont fait de nombreuses simulations pour comparer leurs options vis-à-vis du on-premise et nous avons pu anticiper précisément leurs besoins en fonction. Depuis 2013, 80% de nos projets font l objet d une proposition SaaS. Le sujet est-il avant tout économique ou technologique? D un point de vue commercial, c est surtout un équilibre à trouver. D un point de vue R&D, il faut assumer ses choix et son orientation en termes d innovation. Le SaaS demande de «penser» différemment. Quelle technologie utiliser pour rester réactif? Pour ne pas perdre de temps et tourner en rond? Il nous fallait être sûrs que nos choix pour les développeurs allaient leur permettre de garantir l ergonomie, la navigation, la performance obligatoires dans un environnement full-web. Le tout en capitalisant sur la caractéristique «multi-instance» propre au SaaS.

5 24 EXPÉRIENCES TRANSFORMATION LOGICIELLE Ces choix ont-ils remis en cause vos cycles de développement? Nous avons dû renforcer notre cycle d industrialisation pour sécuriser nos évolutions de version. C est une forte accélération, qui doit s associer à d autres réflexions sur les coûts de migration, l impératif de non-régression, les garanties de livraison d update.. Pour passer en SaaS, nous avons donc innové sur nos processus qualité interne, jusqu à notre documentation, en incluant du e-learning ou encore des modules d assistance en ligne. Et en termes de rythme? Pour permettre effectivement de gagner du temps, la réflexion doit avoir lieu très en amont. En verrouillant d abord les processus, nous avons remarqué que l on sécurise du même coup la commercialisation des produits. Le temps doit d ailleurs être gagné pour l ensemble des équipes. Il ne faut pas réfléchir uniquement en termes de processus de développement R&D : ce sont tous les deliveries qui doivent changer, dans tous nos départements. Une normalisation règlementaire est conseillée pour ensuite assurer les services et leur maintenance le plus rapidement possible, mais aussi de façon transparente. Est-ce suffisant pour faire face à de brusques accélérations des usages, comme vous l évoquiez pour la mobilité? Sur ce sujet, nous avons eu la chance d être challengé il y a 3 ans par un client avec des besoins précis, avant tous les autres. Cela nous a donné une bonne avance en la matière, car dans le domaine de la gestion des temps, l enjeu de la mobilité n était alors pas vraiment présent. En travaillant en commun avec notre client, dont les collaborateurs mobiles devaient accéder en permanence à leurs compteurs de congés ou aux validations d absences, nous avons pu réfléchir à toutes les réponses adéquates. Ces sont ces besoins clients qui nous ont «éveillés». A partir de là, nous étions préparés à l évolution rapide qu allait ensuite connaitre notre métier. «Il ne faut pas réfléchir uniquement en termes de processus de développement R&D : ce sont tous les deliveries qui doivent changer, dans tous nos départements» De manière générale, que peut faire valoir un éditeur de taille «médium» comme vous, en termes d innovation? Nous réalisons l intégration de nos solutions et nous pouvons donc analyser systématiquement la «vie quotidienne» de l entreprise, au-delà des appels d offres et des cahiers des charges. Tout ceci infuse notre veille et nos roadmaps pour les adapter rapidement. En ce sens, être une PME est un avantage. Nous sommes à un très bel équilibre entre capacité d industrialisation et manœuvrabilité, ce qui nous permet d agir rapidement. L agilité que nous avons dû acquérir au niveau du développement, nous mettons un point d honneur à la diffuser dans l ensemble de l entreprise, y compris à la direction générale, avec une importante implication tant auprès des clients que de notre R&D. *Ce logiciel de GTA et planification est packagé pour les PME, là où un second, Chronos, s adresse aux organisations de plus grandes tailles ASYS Création : 1987 Effectif : 70 personnes Chiffre d affaires 2013 : 7,5 M source Asys