CHALEUR ET EXERCICE PHYSIQUE : PRESERVER SON CHEVAL DE LA DESHYDRATATION IMPORTANCE DE L EAU ET DES ELECTROLYTES

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1 CHALEUR ET EXERCICE PHYSIQUE : PRESERVER SON CHEVAL DE LA DESHYDRATATION IMPORTANCE DE L EAU ET DES ELECTROLYTES EXERCICE PHYSIQUE ET PRODUCTION DE CHALEUR Le muscle est une machine capable de convertir l énergie chimique (carburant issu de la dégradation des aliments) en énergie mécanique produisant le mouvement. Cette conversion s effectue avec un rendement plutôt faible (20 à 25%), ce qui signifie que 75% de l énergie dépensée est libérée sous forme de chaleur. Le résultat est une élévation de la température centrale de l organisme. Ainsi, pour un cheval de course il n est pas rare d atteindre des températures supérieures à 40 C après un effort maximal. L élévation de température est un phénomène naturel, physiologique - tout au moins dans certaines limites - qui va amener l organisme à mettre en place un ensemble de mécanismes adaptatifs. Ceux-ci ont pour but d éliminer l excèdent de chaleur produit par l exercice musculaire. ACTIVITE PHYSIQUE DEPENSE ENERGETIQUE ENERGIE MECANIQUE 20 à 25% CHALEUR INTERNE 75 à 80% DE LA TEMPERATURE CORPORELLE En relation avec : Intensité de l exercice Conditions climatiques

2 COMMENT LE CHEVAL ELIMINE LA CHALEUR Pour assurer le maintien de son propre équilibre thermique et réguler les flux de chaleur, l organisme dispose d un véritable thermostat.

3 1. Modification des débits sanguins La chaleur produite par les muscles est amenée à la surface de la peau par la circulation sanguine. Si l air ambiant est plus frais que la peau du cheval et qu il y a un courant d air alors la chaleur s évacue par convection. 2. Sudation Le rôle de la sueur est de refroidir l organisme. L évaporation de la sueur maintient la température cutanée suffisamment basse pour que le sang puisse se refroidir au contact de la surface de la peau et dissipe la chaleur. C est le seul mécanisme efficace quand la température ambiante est supérieure à la température cutanée. 3. Respiration L augmentation de la fréquence respiratoire permet aussi de lutter contre l élévation de la température centrale. L objectif est de faire circuler un fort débit d air sur la muqueuse nasale richement vascularisée mais cela n est vraiment efficace que si la température de l air ambiant est plus fraîche d au moins 5 degrés par rapport à la température du corps du cheval. La thermorégulation se fait essentiellement par la sueur. Dès lors que la température s élève, la thermorégulation repose de plus en plus sur l efficacité de la sudation. Ainsi 80% de l élimination de la chaleur corporelle se fait grâce à la sueur, 15% par la respiration. LES PERTES SUDORALES Le cheval est 10 fois plus sensible à la chaleur et à ses effets négatifs que l être humain. Il suffit de 17 minutes d un exercice modéré dans un environnement humide et très chaud pour amener la température corporelle d un cheval à un niveau dangereux. C est trois à dix fois plus vite que chez l homme. A cela différentes raisons : Une masse corporelle plus importante. Un plus grand pourcentage de muscles en activité lors de l exercice. La nécessité d une quantité importante de sueur pour se refroidir. Seule 25% de la sueur produite sert efficacement à refroidir le cheval par évaporation. Le reste s égoutte et tombe sur le sol. En comparaison, chez l être humain c est 50% de la production de sueur qui s évapore durant l exercice pour rafraichir le corps. Une sueur 4 fois plus concentrée (= hypertonique) en sels minéraux (= électrolytes) que la sueur humaine. COMPOSITION DE LA SUEUR : COMPARATIF CHEVAL/HOMME En gramme par litre CHEVAL HOMME EAU 99% (hypertonique) 99% (isotonique) SODIUM (Na) 3,1 1,0 POTASSIUM (K) 1,6 0,15 à 0,20 CHLORE (Cl) 5,3 1,0 MAGNESIUM (Mg) +/-0,4 0,015 CALCIUM (Ca) +/-0,2 0,010

4 La sudation, principal moyen d élimination de la chaleur excédentaire s accompagne de pertes hydriques considérables et d une fuite de sels minéraux (électrolytes) très importante. Ainsi, 10 litres de sueur, correspondant à une perte de 2% du poids du corps pour un cheval de 500 kg, vont entrainer une fuite en électrolytes de 31g de sodium, 16g de potassium, 53g de chlore, 4g de magnésium et 2g de calcium. Exemples : Exercice modéré : 5 à 10 litres par heure en fonction de différents facteurs (température ambiante, humidité) Exercice intense : jusqu à 15 litres par heure. Evaluation des pertes sudorales par une température extérieure de 30 C : travail au pas = 1l/h, travail au trot=15l/h, canter=20l/h, galop=50l/h. Pour un cheval d endurance de 450kg qui, à l issue d un raid a perdu 24kg de poids on peut estimer les pertes hydriques à 90% de la perte de poids soit 22 litres. Au total ce cheval aura perdu : - Sodium (Na) 65g. - Potassium (K) 47g - Chlore (Cl) 160g. - Calcium (Ca) et Magnésium (Mg) 5 à 10g chacun. Il faut savoir que plus un cheval travaille longtemps, plus dur est l effort, moins bonne est la condition physique, plus le climat est chaud et humide, plus le cheval sue. Par contre un cheval très déshydraté sue moins qu un cheval correctement hydraté (comme si l organisme s efforçait de conserver autant de liquides possible) ce qui va altérer les mécanismes de refroidissement. CONSEQUENCES DE LA DESHYDRATATION ET DES PERTES EN ELECTROLYTES L eau et les sels minéraux (électrolytes) et tout particulièrement LES TROIS ESSENTIELS que sont le Chlore, le Sodium et le Potassium ont une importance capitale et interviennent dans de multiples mécanismes complexes : Survie et bon fonctionnement de toutes les cellules Régulation de la distribution de l eau corporelle dans les différents secteurs de l organisme Régulation de la température corporelle Transmission de l influx nerveux Contraction et relaxation musculaire au sens large c.à.d. aussi bien les muscles de la locomotion que les muscles respiratoires, cardiaques et ceux du système digestif. L équilibre en sels minéraux a une relation directe avec la fonction neuromusculaire, la baisse de performance, la fatigue et la régulation de la soif. Le déséquilibre hydrominéral, dans les cas extrêmes, va conduire à des situations pathologiques sévères.

5 CONSEQUENCES DE LA DESHYDRATATION SUR L ORGANISME % de déshydratation Conséquences 1 % Capacités sportives diminuées de 10 % 2 à 3 % Baisses de performances significatives 4 à 5 % Fatigue importante 6 à 8 % Epuisement, altérations du fonctionnement cérébral et des différents organes. Situations pathologiques sévères : Coup de chaleur, Troubles métaboliques : myosite, fibrillation cardiaque, flutter 10% diaphragmatique, insuffisance rénale, fourbure, colique. Le pronostic vital peut être engagé. Relève du traitement médical intensif et de la réhydratation massive. 15 % Mort. GARDER UN CHEVAL BIEN HYDRATE : DE L EAU ET DES SELS : RECOMMANDATIONS 1. Au quotidien : Le premier point à considérer est de fournir une alimentation équilibrée couvrant les besoins de base et de s assurer que le cheval ingère suffisamment de Sodium, Chlore et Potassium pour conserver un taux adéquat d électrolytes. Le tractus digestif est un important réservoir de fluides et d électrolytes qui peuvent être libérés en cas de besoin. Cependant il ne peut remplir intégralement son rôle de réservoir que si l alimentation régulière du cheval est suffisamment riche en ces éléments. Foins et grains ont tendance à être carencés en Sodium et contiennent des quantités variables de Chlore. Par contre les fourrages ont un taux élevé en Potassium et vont couvrir les besoins s ils sont absorbés en quantité adéquate. Les concentrés du commerce contiennent de 0,1 à 1% de Sodium. Ceci peut être suffisant pour des chevaux au repos en complément de leur foin. Mais, dès que les chevaux commencent à travailler et à suer, une complémentation est nécessaire (sel dans la ration - pierre à sel) afin de couvrir les besoins et maintenir le désir de boire. Cependant l alimentation ne peut remplacer les pertes chez un cheval qui a sué abondamment.

6 2. Durant et après l effort. Il faut restaurer le plus rapidement possible l équilibre hydrique et en sels minéraux de l organisme, surtout si le cheval doit refaire des efforts soutenus à court terme. L objectif est de supplémenter en eau et en sels (électrolytes). a. L eau : Il faut amener le cheval à boire très précocement, ce qu il n a d ailleurs pas toujours tendance à faire naturellement. Il n est pas rare de voir des chevaux déshydratés refuser tout abreuvement. Boire de l eau pure ne suffit pas. Un cheval qui boit de l eau pure sans électrolytes dilue la concentration et l équilibre des sels dans l organisme et aggrave les déficits, tout particulièrement en Sodium. b. Les sels minéraux : Les trois électrolytes essentiels sont le Chlore, le Sodium, le Potassium. Par rapport à eux, les pertes en Calcium et en Magnésium sont cent fois moins importantes. Le Sodium est essentiel pour commander les centres de la soif. La sensation de soif dépend surtout de la concentration sanguine en Sodium. Un cheval qui a perdu beaucoup de sodium dans la sueur n aura pas soif et sa consommation volontaire d eau ne sera pas suffisante pour compenser les pertes. Un abreuvement initial d eau salée (150g de sel pour 12l d eau) améliore la récupération des pertes sudorales car le cheval boit ensuite une plus grande quantité d eau quand elle lui est offerte quelques minutes après. Par contre les chevaux qui reçoivent d abord de l eau pure ne reboivent pas durant la première heure de récupération malgré le fait qu ils soient toujours partiellement déshydratés. Il est très important de familiariser progressivement les chevaux avec le goût et l odeur des solutions d électrolytes pour éviter les refus et de les habituer à boire régulièrement de petites quantités d eau supplémentée en électrolytes. Une alimentation équilibrée et un apport de sel dans la nourriture suffisent lors de travail léger, entrainement ou compétition de courte durée sans sudation excessive. La supplémentation en électrolytes est impérative en cas de travail soutenu à intensif et de fortes pertes sudorales.

7 composition recommandée d'un mélange d'électrolytes chlorure de sodium chlorure de potassium chlorure de magnesium chlorure de calcium L adjonction de sucres (dextrose) dans un mélange d électrolytes, si elle peut améliorer l appétence n augmente pas l assimilation des électrolytes. La présence de bicarbonate est à exclure pour les chevaux pratiquant des disciplines de longue durée et fournissant des efforts prolongés. L ESSENTIEL La chaleur et l exercice physique entrainent automatiquement une élévation de la température du corps qui peut être considérable (jusqu à 40 C). Pour éliminer cette chaleur, l organisme met en place une série de mécanismes adaptatifs, dont le principal est la production de sueur Le cheval est 10 fois plus sensible à la chaleur que l être humain La quantité de sueur produite doit être très importante pour le refroidir : de 5 à 20 litres par heure en fonction de l intensité de l activité La sueur du cheval est très concentrée en sels minéraux (= électrolytes) Cette sudation s accompagne de pertes en eau et en sels minéraux considérables La fonction neuromusculaire, la baisse de performance, la fatigue et la régulation de la soif sont en relation directe avec la concentration et l équilibre en sels minéraux du corps Dans les cas extrêmes, un déséquilibre marqué va conduire à des conditions pathologiques sévères, parfois irréversibles et même à la mort Pour garder un cheval bien hydraté, il faut lui apporter de l eau et des sels minéraux, en particulier les «TROIS ESSENTIELS» que sont le CHLORE (Cl), le SODIUM (Na) et le POTASSIUM (K) Le premier point à considérer est de fournir au quotidien une alimentation équilibrée. Cependant l alimentation ne peut pas remplacer les pertes chez un cheval qui a sué abondamment. Durant et après l effort il faut restaurer rapidement l équilibre hydrique et en sels minéraux. Boire de l eau pure ne suffit pas. La supplémentation en sels minéraux (Cl, Na, K) est impérative. Il est très important de familiariser les chevaux avec le goût et l odeur des solutions d électrolytes pour éviter les refus.