L emploi salarié lié au tourisme en Bretagne
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- Marie-Paule Rivard
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1 L emploi salarié lié au tourisme en Bretagne Photo : OLIVIER Marie
2 SOMMAIRE SALARIÉS DU TOURISME EN BRETAGNE Synthèse générale L a Bretagne est l une des principales régions touristiques françaises. Ses espaces naturels préservés et son patrimoine culturel attirent chaque année près de 9 millions de visiteurs, réalisant une centaine de millions de nuitées touristiques sur le territoire. Acteur essentiel au développement économique et social de la région, le tourisme génère, en moyenne, près de emplois salariés soit 4,8% de l ensemble des salariés que compte la région, tous secteurs confondus. Si l activité demeure discrète lors de la période hivernale, elle bat son plein d avril à septembre. Durant le mois d août, au plus fort de la saison touristique, ce sont près de salariés qui se consacrent à l accueil et à la satisfaction des visiteurs dans des secteurs d activité aussi divers que variés. Bien sûr, il y a d abord le cœur de l activité touristique bretonne : ses hébergements (hôtels, campings, villages de vacances, ), ses restaurants, ses activités de loisirs (nautisme, thalassothérapie, golf,...), ses équipements de loisirs (aquariums, zoos, parcs d attraction, ), mais toutes ces activités ne concentrent cependant que 60% des emplois salariés du secteur. Autour de cette clé de voûte de l offre touristique, c est l ensemble du tissu économique qui s adapte et répond aux besoins de la demande touristique. Ainsi, près de 40% des salariés du tourisme de la région se retrouvent disséminés dans les commerces et activités de tous genres : les supérettes, les boulangeries, les supermarchés ou encore même dans les agences bancaires ou les salons de coiffure. A l instar de la fréquentation touristique, plus des deux tiers de ces emplois se concentrent sur le littoral et ils ont la particularité d être principalement occupés par des jeunes actifs, 40% des salariés ayant moins de 26 ans. On observe également une large majorité de femmes (61,8%) et une très forte surreprésentation des employés parmi l ensemble des catégories socioprofessionnelles (67%). Les activités touristiques mobilisent aussi chaque année de nombreux emplois saisonniers, plus de la moitié des contrats de travail étant souscrits pour une durée inférieure à 6 mois. Les employeurs ont également largement recours au temps partiel : seule la moitié des emplois salariés liés au tourisme sont à temps complet.
3 SALARIÉS DU TOURISME EN FRANCE La place de la région Bretagne Avec en moyenne emplois salariés liés au tourisme sur l année, la Bretagne se classe à la 6 ème place des régions françaises. L ème a Bretagne se classe au 6 rang des régions métropolitaines en nombre de salariés liés au tourisme. En 2007, l activité touristique a généré près de emplois salariés directs en moyenne annuelle ( en Equivalent Temps Plein) soit 4,8% de l ensemble des salariés de la région. Si c est au sud de l hexagone que l on retrouve les régions où la part des emplois salariés liés au tourisme est la plus importante (12,1% pour la Corse, 7,5% pour la région Provence Alpes Côte d Azur et 6,9% pour le Languedoc Roussillon), on observe cependant que la Bretagne compte, à peu de choses près, le même nombre de salariés liés au tourisme que le Languedoc Roussillon ou l Aquitaine. En volume, c est naturellement l Ile de France qui comptabilise le plus d emplois salariés liés au tourisme ( salariés en moyenne annuelle) suivi des régions Provence Alpes Côte d Azur ( salariés) et Rhône Alpes ( salariés). Sur le Grand Ouest, la comparaison de la Bretagne à ses deux régions limitrophes montre que, si la part des emplois salariés liés au tourisme en Basse-Normandie est légèrement plus élevée qu en Bretagne, on compte cependant deux fois plus de salariés du tourisme en Bretagne qu en Basse- Normandie. D autre part, les salariés du tourisme dans les Pays de la Loire représentent 3,5% de l emploi salarié de cette région (tous secteurs confondus). Cette part est donc inférieure à celle observée en Bretagne, qui s élève, pour rappel, à 4,8% en moyenne sur l année. *ETP : Équivalent Temps Plein
4 SAISONNALITE DE L EMPLOI TOURISTIQUE De à salariés Entre l hiver et le cœur de l été, le nombre de salariés liés au tourisme dans la région fait plus que doubler, passant de en janvier à au mois d août. L a saisonnalité de l activité touristique est particulièrement marquée en Bretagne à l image des autres régions touristiques littorales. A titre d exemple, les mois de juillet et août concentrent à eux seuls plus de la moitié des nuitées touristiques annuelles de la région. L offre à destination des touristes s ajuste naturellement à cette demande saisonnière et le nombre de salariés liés au tourisme double entre le mois de janvier et le mois d août. La part de l emploi salarié qui est lié au tourisme passe ainsi de 3,5% en janvier à près de 7% au mois d août. Au plus fort de la saison estivale, ce sont donc près de salariés qui s affairent à répondre à la demande touristique en Bretagne. Le tourisme devient alors l un des principaux employeurs de la région au même titre que l industrie agroalimentaire dont une partie des emplois est indirectement issue de l activité touristique puisque liée au gonflement de la population présente sur le territoire. Cette forte saisonnalité n est pas sans conséquence sur la pérennité des emplois touristiques. Pour répondre au mieux à la demande, les employeurs du secteur ont très largement recours à une main d œuvre saisonnière. Ces emplois saisonniers à durée déterminée sont difficiles à fidéliser et à professionnaliser car ils ne s inscrivent pas dans un cadre annualisé. Conséquence directe de cette saisonnalité, chaque année, dans les destinations les plus touristiques, nombre de travailleurs saisonniers rencontrent des difficultés pour accéder au logement.
5 HÉBERGEMENT & RESTAURATION La moitié des salariés du tourisme Clé de voûte du tourisme, les activités d hébergement et de restauration concentrent la moitié des salariés du secteur, l autre moitié étant disséminée dans l ensemble du tissu économique. L es activités d hébergement et de restauration constituent le cœur de l offre touristique. Il n y a donc rien de surprenant à ce que la moitié des salariés du tourisme de la région se concentre au sein de ces deux seules activités. Les premiers employeurs du secteur sont les restaurateurs qui comptent plus de emplois liés au tourisme au sein de leurs effectifs salariés. Viennent ensuite les hôteliers avec près de emplois salariés auxquels s ajoutent près de salariés exerçant dans les autres types d hébergements touristiques (campings, résidences de tourisme, villages de vacances, ). Cependant, si la moitié des salariés du tourisme de la région exerce une activité dans l hébergement ou la restauration, l autre moitié se retrouve beaucoup plus dispersée parmi l ensemble des autres secteurs d activité. Chaque saison, c est l ensemble du tissu économique de la région qui s adapte à l arrivée des visiteurs. Des emplois salariés liés au tourisme sont ainsi créés dans la plupart des secteurs d activité. On estime ainsi que le tourisme génère en moyenne plus de emplois salariés dans les supermarchés et hypermarchés, près de emplois salariés dans les commerces de détail non alimentaires, plus de dans les boulangeries et près de 860 dans les boucheries, les poissonneries et les primeurs. * Les ratios de saisonnalité qui mesurent le rapport entre le nombre de salariés en pleine saison et le nombre de salariés durant la période creuse varient entre 1,2 et 3,5 selon les secteurs.
6 SEXE & ÂGE DES SALARIÉS DU TOURISME Une majorité de jeunes et de femmes Aux antipodes des constats habituellement dressés sur l emploi, les activités du tourisme composent avec une majorité de femmes et de jeunes actifs. P lus de 40% des emplois salariés du tourisme de la région sont occupés par des jeunes de moins de 26 ans. C est trois fois plus que dans l ensemble de l économie régionale où la part des moins de 26 ans est estimée à 13,7%, tous secteurs confondus. Cet écart est encore plus accentué avec certaines activités très caractéristiques du tourisme, comme l hôtellerie où la part des effectifs salariés de moins de 26 ans s élève à 43,6%, les autres hébergements touristiques où elle passe à 54,4% ou encore la restauration où elle atteint les 57%. À contrario, la part des salariés de plus de 45 ans est largement sous représentée par rapport à la moyenne régionale : elle représente 17,5% des salariés dans le tourisme contre 32,4% dans l ensemble de l économie. Autre spécificité des emplois salariés liés au tourisme : ils sont majoritairement occupés par des femmes (61,8% contre 39,2% d hommes), alors qu en moyenne, celles-ci représentent 49% des emplois salariés de la région. Le taux de féminisation le plus élevé est observé dans les centres de thalassothérapie avec 82,9% des emplois occupés par des femmes. Vient ensuite l activité hôtelière (63,7%), suivie des autres hébergements touristiques (61,1%). Certaines activités caractéristiques du tourisme comptent, au contraire, une majorité d hommes dans leurs effectifs salariés. C est notamment le cas des parcs d attraction et casinos (taux de féminisation de 44,6%) et des activités sportives et récréatives (taux de féminisation de 45,2%).
7 CATÉGORIE SOCIOPROFESSIONNELLE Prédominance du statut d employé Plus de 80% des effectifs salariés dans les activités liées au tourisme de la région ont un statut d employé ou d ouvrier. E n s intéressant à la catégorie socioprofessionnelle des salariés du tourisme, on observe une forte disparité par rapport à l ensemble des autres secteurs économiques de la région. Les employés et ouvriers, qui constituent la catégorie socioprofessionnelle où les niveaux de formation et les salaires sont les moins élevés, représentent 83,7% des salariés du tourisme de la région contre 61,7% dans l ensemble des autres activités. À l inverse, les chefs d entreprise, les cadres et les professions intermédiaires qui constituent la catégorie socioprofessionnelle où les niveaux de formation et les salaires sont les plus élevés, représentent 15,2% des salariés du tourisme contre 38,3% en moyenne dans l ensemble des secteurs économiques de la région. Cet écart se creuse davantage avec certaines activités caractéristiques du tourisme, puisque la part des ouvriers et employés passe à 88,2% dans l hôtellerie et à 94,1% dans la restauration. Quels métiers du tourisme retrouve-ton dans les différentes catégories socioprofessionnelles? Les «professions intermédiaires» regroupent les métiers comme guide de musée, animateur, maître d hôtel, chef de rang, gérant d hôtel, de camping ou de restaurant. Les «employés» correspondent aux métiers d hôtesse d accueil, guide interprète, réceptionniste, serveur,... Les «ouvriers» regroupent les métiers de cuisinier, de commis de cuisine, de jardinier, de boulanger,
8 NATURE & DURÉE DES CONTRATS Contrats courts et temps partiel Soumis à la forte saisonnalité de leur activité, les employeurs du secteur ont largement recours aux contrats saisonniers de courte durée et au temps partiel. L a saisonnalité de l activité joue un rôle important sur la durée des contrats de travail des salariés du tourisme. Un quart des contrats de travail du secteur ont une durée inférieure à un mois et, d une manière générale, la majorité d entre eux (55%) ont une durée inférieure à 6 mois. Encore une fois, ce constat est plus ou moins marqué selon le secteur d activité. Dans les «autres hébergements touristiques», 44,5% des contrats de travail sont souscrits pour une durée inférieure à un mois et près de 80% d entre eux ont une durée inférieure à 6 mois. A l inverse, dans le secteur de la thalassothérapie, les contrats longs (CDD de plus de 6 mois et CDI) représentent plus de la moitié des contrats de travail (54,5%) et les contrats saisonniers de moins d un mois ne représentent que 26,6% des contrats. Le recours au travail à temps partiel est également monnaie courante dans les activités touristiques puisqu il concerne près de la moitié des contrats de travail (47,8%). Dans les activités sportives et récréatives, les contrats de travail à temps plein ne représentent guère plus d un tiers de la totalité des contrats (34,2%) alors que dans la restauration, on compte approximativement autant de contrats à temps partiel que de contrats à temps plein. A contrario, dans les hôtels, les parcs d attraction, casinos et les centres de thalassothérapie, la part des contrats de travail à temps plein est significativement plus élevée que dans la moyenne des activités touristiques (respectivement 60,0%, 62,1% et 57,1%).
9 GÉOGRAPHIE DES EMPLOIS TOURISTIQUES Des disparités territoriales Si l Ille-et-Vilaine comptabilise le plus grand nombre de salariés du tourisme en moyenne sur l année, au cœur de la saison, ils sont plus nombreux dans le Finistère et dans le Morbihan. A vec emplois, c est le département de l Ille-et- Vilaine qui comptabilise le plus de salariés liés au tourisme en moyenne annuelle. Le dynamisme économique de l agglomération rennaise engendre un tourisme d affaires qui lui assure une activité touristique beaucoup plus régulière tout au long de l année, et donc une saisonnalité bien moins marquée que les autres départements. Cependant, au plus fort de la saison, c est le département du Finistère qui recense le plus de salariés liés au tourisme ( au mois d août) suivi du Morbihan (20 900), de l Ille-et- Vilaine (20 000) et enfin des Côtes d Armor (11 900). Par contre, si l on s intéresse au poids du tourisme dans l emploi salarié, c est le département du Morbihan qui compte la plus grande proportion d emplois liés au tourisme sur son territoire, avec 6,0% des emplois salariés du département contre 5,2% pour le Finistère, 4,5% pour les Côtes d Armor et 4,3% pour l Ille-et-Vilaine. À un niveau infra départemental, les pays Voynet (ou regroupement de pays Voynet) de Bretagne où le poids du tourisme dans l emploi salarié est le plus important correspondent naturellement aux principaux bassins de fréquentation touristique de la région. On distingue ainsi le pays de Saint- Malo où 10,1% de l emploi salarié est lié au tourisme, le regroupement des pays de Vannes et d Auray où cette part est de 9,0%, le pays de Trégor- Goëlo où elle s élève à 8,0% et enfin le pays de Cornouaille où le tourisme représente 6,2% de l emploi salarié.
10 L EMPLOI LIÉ AU TOURISME DANS LES DÉPARTEMENTS
11 L EMPLOI LIÉ AU TOURISME DANS LES PAYS VOYNET
12 FOCUS SUR LES SAISONNIERS Des salariés difficiles à fidéliser Au sein des principales activités touristiques de la région, seulement 15% des salariés saisonniers reviennent, d une année sur l autre, dans le même établissement. D urant la saison estivale 2007, contrats de travail saisonniers ont été conclus dans la région. Fidéliser cette main d œuvre saisonnière constitue un véritable enjeu pour le secteur afin, notamment, de faciliter les recrutements et la gestion des ressources humaines et surtout d améliorer la qualification de ces salariés. Cependant, force est de constater que le statut éphémère de saisonnier ne correspond pas aux attentes de la majeure partie de ces salariés. D une année sur l autre, dans les principales activités touristiques, seulement 15% des saisonniers restent fidèles au même établissement, seulement 15,8% restent fidèles au même secteur d activité et seulement 16,5% exercent à nouveau dans une activité en lien avec le tourisme. Des différences subsistent, là encore, entre les secteurs d activité puisque près d un quart des saisonniers de l hôtellerie de plein air restent fidèles au même établissement d une année sur l autre alors qu ils ne sont que 11,5% dans l hôtellerie traditionnelle et 13,3% dans la restauration. Rester fidèle peut pourtant représenter un avantage pour le salarié saisonnier. Ainsi, on observe une légère augmentation du salaire net horaire des saisonniers fidèles par rapport aux nouveaux arrivés (8,21 net de l heure contre 7,99 en moyenne pour les principales activités du tourisme). Cependant, être un salarié saisonnier fidèle ne permet pas, pour autant, de prétendre au même salaire qu un salarié non saisonnier dont le salaire horaire net moyen s élève à 8,41 au global dans les principales activités touristiques de la région.
13 SOURCE & MÉTHODOLOGIE Estimation de l emploi touristique La méthode d'estimation des emplois salariés liés à l'activité touristique de l INSEE s'appuie sur deux critères : la localisation de l'établissement et son secteur d'activité. Le niveau d'équipement touristique de chaque commune est déterminé à partir de six indicateurs : l'emploi dans la restauration, la capacité en restaurants, la capacité d'hébergement dans les hôtels, la capacité d'hébergement dans les campings, le nombre de résidences secondaires rapporté à celui des résidences principales et la présence d'un site touristique. Le niveau d'équipement touristique du bassin de vie auquel appartient la commune est pris en compte dans un deuxième temps. Au final, chaque commune est soit bien, soit moyennement, soit peu équipée pour le tourisme. Un classement des activités des établissements est établi par ailleurs, en fonction de l'intensité de leur lien avec le tourisme. Chaque activité est alors considérée comme totalement, fortement, moyennement, faiblement ou pas du tout touristique. Dès lors, suivant le classement de la commune et le classement de l'activité, l'emploi salarié des établissements est attribué intégralement, en partie ou pas du tout à la fréquentation touristique suivant le tableau de décision présenté sur la page suivante. La méthode utilise une exploitation des DADS (Déclarations Annuelles de Données Sociales) de Cette source n'est pas appropriée aux études longitudinales. Les DADS couvrent toutes les catégories de salariés, pour tous les établissements et pour toutes les activités économiques à l'exception de l'agriculture, des services domestiques et des services de l'état. Source : Insee Bretagne - OCTANT Analyse n 18 - Juillet 2011 Source : Insee - Méthodologie
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