SEQUENCE PÉDAGOGIQUE. HISTOIRE 3 e -1 ère TITRE : BATAILLE DE MORHANGE (1914), UNE DÉFAITE TRAVESTIE EN VICTOIRE

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1 SEQUENCE PÉDAGOGIQUE HISTOIRE 3 e -1 ère TITRE : BATAILLE DE MORHANGE (1914), UNE DÉFAITE TRAVESTIE EN VICTOIRE DOCUMENT : (1). «Le Panorama de la guerre de 1914 A Morhange près de Nancy (tableau d Eugène Chaperon)». Puzzle publié par Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, vers PLACE DANS LES PROGRAMMES 3 e : thème 1 du programme d Histoire sur «La Première guerre mondiale et sa dimension de guerre totale». 1 ère L-ES-S : thème 2 consacré à la «Guerre au XXème siècle». Le conflit est étudié au travers de «l expérience combattante dans une guerre totale». 1 ère STI : thème 3 sur «Vivre et mourir en temps de guerre» OBJECTIFS Les programmes scolaires invitent les enseignants à étudier la première guerre mondiale du point de vue de l expérience concrète des combattants et des civils. Ce document présente l avantage de pouvoir étudier toutes ces facettes du conflit puisqu il s agit d une scène de combat, mais aussi d une peinture de propagande, utilisée pour un jeu à destination d un large public. En outre il représente une phase du conflit (la guerre de mouvement) qui est moins souvent étudiée que la guerre de tranchées. Il montre que, dès 1914, sont en place les principales caractéristiques du conflit : la violence des combats, une guerre totale qui implique à la fois les militaires et les civils, enfants compris, et le «bourrage de crâne» qui investit l information et les représentations de la guerre. 1

2 ACTIVITES A- Contexte historique : Août Que se passe-t-il sur le front Ouest en août 1914, au tout début du conflit? 2- Où a eu lieu la bataille de Morhange? B- Analyse de l image : B1) Ce que vous voyez: 1- Décrivez la scène représentée dans son ensemble (de quoi s agit-il? où sont les Français? les Allemands?) 2- Décrivez l équipement des soldats des deux camps (uniformes, armement) 3- Quelle tactique de guerre est ici utilisée? Ce type de bataille est-il nouveau par rapport aux conflits précédents? 4- Que fait l officier allemand à cheval? Pourquoi? B2) Ce que vous pouvez en déduire : 1- Quel uniforme vous semble le plus adapté à une guerre moderne? Pourquoi? 2- L image décrit-elle une victoire ou une défaite française? Justifiez votre réponse. C- Étude critique de l image 1- Quand ce tableau a-t-il été réalisé? Pourquoi est-ce important? 2- Faites des recherches sur Eugène Chaperon et présentez-le brièvement. 3- Faites des recherches sur la bataille de Morhange (19-20 août 1914). L image proposée correspond-elle à la réalité de ce qui s est passé dans cette bataille? Justifiez votre réponse. 4 - Quel était à votre avis le but du peintre? D- Un jouet sur la guerre > la guerre et les enfants Cette image a été utilisée pour un jeu pour enfant (puzzle de 48 pièces). Elle appartient à une série qui comprend une dizaine de reproductions de tableaux patriotiques sur le début du conflit. 1- Dans quels buts, à votre avis, les éditeurs de jouets utilisent-ils le conflit en ? 2- Pourquoi les enfants étaient-ils visés par la propagande de guerre? 3- Par quels autres moyens les enfants pouvaient-ils être impliqués dans la guerre? CONCLUSION Montrez comment ce document illustre bien l aspect «guerre totale» du conflit dès 1914? 2

3 PISTES DE RÉPONSES A- Contexte historique : Août Que se passe-t-il sur le front Ouest en août 1914, au tout début du conflit? 2- Où a eu lieu la bataille de Morhange? Quand la guerre est déclarée le 3 août 1914 entre la France et l Allemagne, tout le monde pense que la guerre sera courte. L état-major français prend le parti d une «offensive à outrance» sur la frontière de 1871, en Alsace et en Lorraine, pour récupérer les «provinces perdues» (Plan XVII). LA BATAILLE DE MORHANGE A LIEU EN LORRAINE, du 14 au 20 août Une offensive concomitante est lancée sur Sarrebourg. Pendant cette offensive française, l armée allemande, dans le cadre du plan Schlieffen, a commencé son attaque de la Belgique pour sa vaste manœuvre d encerclement des adversaires. B- Analyse de l image : B1) Ce que vous voyez: 1- Décrivez la scène représentée dans son ensemble (de quoi s agit-il? où sont les Français? les Allemands?) 2- Décrivez l équipement des soldats des deux camps (uniformes, armement) 3- Quelle tactique de guerre est ici utilisée? Ce type de bataille est-il nouveau par rapport aux conflits précédents? 4- Que fait l officier allemand à cheval? Pourquoi? La scène représentée est une bataille de la «guerre de mouvement». On y voit des troupes françaises lancées à l assaut d un bataillon allemand. Le lieu n est pas précisément représenté mais c est un terrain découvert. Les Allemands sont au premier plan et à gauche, les Français à l arrièreplan et à droite. Les deux armées s opposent bien par leurs uniformes : les Allemands portent casque à pointe, vareuse et pantalon kaki (Feldgrau ou «vert-de-gris») et bottes. Les deux soldats couchés au premier plan portent en outre une cuirasse de métal sur le torse (cuirassiers de cavalerie lourde prussienne). Les fantassins français sont en képi et capote bleu marine, pantalon rouge («garance»), guêtres et brodequins. Les deux armées sont, par contre, comparables dans le paquetage qu elles obligent leurs fantassins à porter (il peut contenir jusqu à 15 kg d équipement : gamelle, couteau, gourde, effets personnels, vivres ) et dans leurs armes (fusil à baïonnette : fusil Mauser modèle 1889 pour les Allemands, fusil Lebel modèle 1886/1893 pour les Français). Ces armes et ces uniformes, qui ont peu évolué depuis le XIX e siècle, montrent une conception traditionnelle de la stratégie, au moins du côté de l état-major français. La tactique utilisée est celle de l «offensive à outrance» : les fantassins sont lancés en rangs serrés à l assaut des troupes ennemies et le combat devient rapidement un corps-à-corps où la vaillance et le courage des combattants s avèrent décisifs. On peut noter qu aucune des armes modernes pourtant utilisées dans ces combats de 1914 (artillerie légère, mitrailleuse), n est représentée ici. Le rôle des officiers est d entraîner leurs troupes vers l avant, ou, pour l officier allemand à cheval représenté à l arrière plan, de les empêcher de fuir ou de reculer B2) Ce que vous pouvez en déduire : 3

4 1- Quel uniforme vous semble le plus adapté à une guerre moderne? Pourquoi? Les uniformes des Français s avèrent les moins adaptés aux conditions de la guerre nouvelle avec des armes déjà très destructrices (artillerie, mitrailleuses...) : pas de casque sur la tête, uniformes très voyants, surtout le pantalon rouge, contrairement aux uniformes gris-vert des Allemands. D autant que les combats se font le plus souvent à découvert, sans que les soldats puissent se protéger. Les longues capotes des Français doivent être relevées sur les côtés pour permettre aux soldats de courir, mais elles restent moins pratiques que les vareuses courtes et larges des Allemands. Ceci dit, le casque des Allemands n est encore que peu protecteur (en cuir bouilli recouvert de tissu et peu couvrant, il pouvait tomber facilement, comme on le voit au centre de l image). 2- Cette image décrit-elle une victoire ou une défaite française? Justifiez votre réponse. Cette peinture illustre une scène de victoire française. La scène centrale qui oppose deux combattants en est la parfaite allégorie : le soldat français est pleine action, plantant sa baïonnette dans le ventre d un soldat allemand, qui, lui, subit passivement le coup de son adversaire et part à la renverse en lâchant son fusil et son casque. Autour d eux, les soldats français sont représentés en une masse déterminée et active, pendant que les Allemands sont soit blessés et mourants (premier plan) soit en fuite (arrière-plan) C- Étude critique de l image 1- Quand ce tableau a-t-il été réalisé? Pourquoi est-ce important? 2- Faites des recherches sur Eugène Chaperon et présentez-le brièvement. 3- Faites des recherches sur la bataille de Morhange (19-20 août 1914). L image proposée correspond-elle à la réalité de ce qui s est passé dans cette bataille? Justifiez votre réponse. 4 - Quel était à votre avis le but du peintre? Ce tableau a été peint vers C est donc une œuvre réalisée «à chaud», à un moment où le conflit est loin d être terminé. La censure s exerce largement sur les représentations qui en sont donnée à «l arrière». Eugène Chaperon ( ) s était fait connaître avant-guerre comme un des nombreux peintres «militaires» qui, comme Édouard Detaille ou Ernest Meissonier, s étaient spécialisés dans la représentation idéalisée de l armée et des batailles. Il donne une image de bataille qui peut être considérée comme violente d un premier abord (cadavres au premier plan, corps-à-corps central), mais notons qu il n y a pas de sang ni de représentation des ravages que pouvaient provoquer les armes modernes (notamment les mitrailleuses). Cette bataille aurait tout aussi bien pu se dérouler sous le 1 er ou le 2 nd Empire Cette image peut aussi être considérée comme mensongère. S il est vrai que les fantassins français ont été lancés en rangs serrés sur les lignes allemandes, selon la tactique de «l offensive à outrance» en vogue dans l état-major, ils se sont heurtés à la ferme résistance des troupes allemandes, chargées de contenir les Français au centre pendant que l'aile droite de l'armée allemande, conformément au plan Schlieffen, envahissait la Belgique pour une grande manœuvre d encerclement. Et les mitrailleuses allemandes infligèrent de lourdes pertes aux soldats français en capotes bleues et pantalons rouges. La Bataille de Morhange, livrée du 19 au 20 août, fut une défaite pour la II armée, qui fut contrainte de reculer vers Nancy. 4

5 Ce tableau est donc bien un tableau de propagande, destiné à maintenir le moral des Français de «l arrière», qui ont sans doute entendu parler des lourdes pertes des premiers combats et du recul des troupes françaises, puisque l armée allemande a envahi tout le Nord du pays pendant les mois d août-septembre 1914 et menacé un temps de prendre Paris. Un texte sur la bataille de Morhange pour comparer Une offensive française qui ne porte par ses fruits en Lorraine (19 au 20 août 1914). Alors que la VII armée combattait en Alsace, la I Armée et la II Armée (commandée par le général de Castelnau), avaient pour mission de marcher sur Sarrebruck sur deux axes, Sarrebourg et Morhange, puis de s installer sur la Sarre en attendant le succès de l offensive française de débordement sur le Luxembourg (opérée par les III et V Armées.). A la mi-août, la I Armée marcha sur Sarrebourg, alors que la II Armée se dirigeait vers Morhange. Après une semaine de marche, et ayant pénétré d une vingtaine de kilomètres en territoire allemand, la II armée rencontra les troupes ennemies, commandées par le kronprinz Rupprecht, fils aîné de Louis III, roi de Bavière. Les mitrailleuses allemandes, repérant de loin les soldats français équipés de pantalons garance, causèrent d importants dégâts. La Bataille de Morhange, livrée du 19 au 20 août, fut une défaite pour la II armée, qui fut contrainte de reculer vers Lunéville, Saint-Nicolas-de-Port et le Grand-Couronné (une hauteur située à l est de Nancy.). L on estime que les deux camps perdirent hommes lors de l affrontement. Pierre Monteil [ ] D- Un jouet sur la guerre > la guerre et les enfants Cette image a été utilisée pour un jeu pour enfant (puzzle de 48 pièces). Elle appartient à une série qui comprend une dizaine de reproductions de tableaux patriotiques sur le début du conflit. 5

6 1- Dans quels buts, à votre avis, les éditeurs de jouets utilisent-ils le conflit en ? 2- Pourquoi les enfants étaient-ils visés par la propagande de guerre? 3- Par quels autres moyens les enfants pouvaient-ils être impliqués dans la guerre? Les jouets guerriers figuraient en bonne place, depuis le 19 e siècle, parmi les cadeaux offerts aux petits garçons. Durant la guerre de , les références au conflit sont encore plus nombreuses. Pour les éditeurs, il s agit sans doute d un argument commercial : attirer le plus large public par une référence à l actualité. Les enfants, parce qu ils avaient un parent sur le front ou qu ils entendaient leurs parents ou leurs maîtres parler de la guerre, ne pouvaient qu être intéressés par une représentation des batailles «héroïques» qui se déroulaient alors. Mais on peut penser également que les éditeurs étaient influencés par l atmosphère de mobilisation ultrapatriotique qui était entretenue dans la presse ou les autres médias. Les enfants étaient une cible privilégiée de la propagande patriotique : plus faciles à convaincre, ils servaient d intermédiaires pour mieux atteindre leurs familles et rappeler les adultes à leur devoir. Cette propagande était d autant plus efficace qu elle ne faisait qu amplifier celle entretenue en France depuis la défaite de Les enfants de , ont été impliqués dans le conflit de bien des manières. Certains, bien sûr, l ont subi directement : ceux qui vivaient sur la zone de front et dans les régions occupées par les Allemands, ainsi que tout ceux qui ont perdu un parent dans les combats. Mais les enfants ont été aussi mobilisés à «l arrière» pour soutenir l effort de guerre : quêter pour le soutien aux soldats ou aux victimes civiles, écrire des lettres aux combattants, leur tricoter des vêtements chauds, participer à des cérémonies patriotiques, etc. CONCLUSION Montrez comment ce document illustre bien l aspect «guerre totale» du conflit dès 1914? La première guerre mondiale apparaît bien, dès le début, comme une «guerre totale» omniprésente, engageant à la fois les militaires du front et les civils de l arrière, y compris les enfants, une des cibles privilégiées de la propagande patriotique, à l école comme dans leurs jeux... POUR EN SAVOIR PLUS Jean-Jacques BECKER, Les Français dans la Grande Guerre, Paris, Robert Laffont, 1980 Pierre MIQUEL, La Grande Guerre, Paris, Fayard, 1983 Stéphane AUDOIN-ROUZEAU, La guerre des enfants, , Paris, Armand Colin, 1993 Pierre VALLAUD, 14-18, la Première Guerre Mondiale, Paris, Fayard, 2004 Annie HULLIN, agrégée d Histoire, professeur au Lycée Thomas Corneille de BARENTIN, chargée de conservation et de recherche au MNE. 6