J usqu à ce jour, le jeûne préopératoire débutait la veille d une intervention. Cependant, bien
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- Fabienne Brunet
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1 «Le jeûne préopératoire : qu en est-il aujourd hui?» BAZIN Emilie, BIALOBRZESKI Mélissa, Service Diététique - CHU de Charleroi INTRODUCTION J usqu à ce jour, le jeûne préopératoire débutait la veille d une intervention. Cependant, bien que le précepte rien par la bouche après minuit soit toujours une pratique courante, une nuance est à apporter entre l ingestion de solides et de certains liquides. Qu en est-il aujourd hui? POURQUOI INSTAURER UN JEÛNE? E n 1946, les travaux de MENDELSON [9] ont mis en évidence le risque d inhalation du contenu gastrique chez les patients inconscients ou anesthésiés. Depuis lors, le principe de prudence «nihil per os» la veille d une intervention était de rigueur. Aujourd hui, ce principe est toutefois à nuancer car il ne tient pas compte d éléments essentiels : la vitesse de la vidange gastrique est différente selon les aliments. Une distinction est à établir entre les aliments solides et les liquides clairs [16] (cf. figure 1). Plusieurs situations cliniques peuvent influencer la vitesse de la vidange gastrique : l âge du patient (enfants, personnes âgées), les troubles digestifs (tels que achalasie, sténose du pylore, antécédents de chirurgie digestive haute,..), les troubles neurologiques (tels que maladie de Parkinson, tétraplégie, ), le diabète, le tabagisme, la médication importante, la prise de boissons alcoolisées, [1,2,4,6,10,15] RMC
2 RISQUES PRE- OU POSTOPERATOIRES LIES AU JEÛNE Q uel que soit l âge du patient, le jeûne préopératoire prolongé ne peut pas garantir la vacuité gastrique [17]. Associé à des perturbations physiologiques et psychologiques, il a souvent des effets délétères sur l état de santé des patients, aura des conséquences avant et après l intervention et il entraîne certains inconforts pour le patient. [2,3,12,14] En effet, le jeûne préopératoire prolongé influence plusieurs paramètres. Il diminue le bien-être général du patient en augmentant la sensation de faim, de soif, de sécheresse buccale et en favorisant la survenue de nausées et vomissements en postopératoire. [4,8] Des études [11,12] ont démontré qu il n y a pas de différence significative concernant le résidu gastrique et le ph du liquide gastrique entre un groupe de patients pratiquant le jeûne préopératoire classique et un groupe de patients recevant des liquides clairs sans restriction jusqu à 2 heures avant l opération. En plus du risque de déshydratation et de dénutrition en période pré- et postopératoire, il entraîne des perturbations métaboliques, telles que l insulino-résistance, la mobilisation du glycogène hépatique ou musculaire pour maintenir la glycémie, des hyperglycémies en phase postopératoire, [2,6,14] Tous ces facteurs seront amplifiés par l intervention. LE JEÛNE EN PRATIQUE A ctuellement, un consensus semble établi autour de recommandations pratiques [2] dont les lignes directrices sont reprises dans le tableau de la page suivante (cf. tableau I). En outre, d autres données existent quant à la composition des liquides clairs pris en préopératoire. En effet, les liquides clairs, contenant des glucides, consommés avant une intervention semblent avoir une action positive sur l insulino-résistance, la sensation de soif et la balance azotée. [1,5,6,7,10] Fortes de ces observations, certaines firmes commercialisent des produits adaptés aux besoins préopératoires (liquide contenant uniquement du glucose) à consommer jusqu à 2 heures avant l intervention. Mais ces solutions peuvent également être préparées artisanalement (mélange d eau + sucre) en respectant la dilution recommandée de 12,5% de glucose. Cette charge glucidique induit une réponse insulinique identique à celle d un repas et permet d éviter une hyperglycémie. [1,5,6,10,13] Nous pouvons aussi avoir recours à certaines boissons sucrées non gazeuses du commerce. RMC
3 Il existe également des recommandations spécifiques à l enfant selon les différentes tranches d âge. [11,14] De manière générale, le lait maternel permet une vidange gastrique plus rapide que les préparations pour nourrissons [7] (cf. tableau II). RMC
4 A u vu des parutions scientifiques, les méfaits d un jeûne préopératoire prolongé sont clairement établis. Au final, il est donc conseillé de poursuivre l alimentation et l hydratation du patient le plus longtemps possible avant l intervention en suivant ces précautions d usage : - 6 heures pour les repas solides et liquides - 2 heures pour les liquides clairs. Ceci permet d améliorer le confort des patients et de réduire les effets métaboliques délétères d un jeûne prolongé. BIBLIOGRAPHIE 1. Brock-Utne JG. Clear fluids, not breakfast, before surgery. Acta Anaesthesiol Scand May;40(5): Chambrier C., Stark F., Recommandations de Bonnes Pratiques Cliniques sur la Nutrition Opératoire. Actualisation 2010 de la conférence consensus de 1994 sur «la Nutrition Artificielle préopératoire en Chirurgie Programmée de l Adulte», Nutr Clin Metab, 2010, 24, ). 3. Coti-Bertrand P., Bachman P., Petit A., Sztark F., Prise en charge nutritionnelle périopératoire, Nutr Clin Metab, 2012, 24, Engelhardt T, Strachan L, Johnston G. Aspiration and regurgitation prophylaxis in paediatric anaesthesia. Paediatr Anaesth Mar;11(2): Hausel J, Nygren J, Lagerkranser M, Hellström PM, Hammarqvist F, Almstrom C, Lindh A, Thorell A, Ljungqvist O. A carbohydrate-rich drink reduces preoperative discomfort in elective surgery patients. Anesth Analg 2001;93: RMC
5 9. Mendelson CL. The aspiration of stomach contents into the lungs during obstetric anesthesia. Am J Obstet Gynecol 1946;52: Nygren J, Thorell A, Jacobsson H, et al. Preoperative gastric emptying. Effects of anxiety and oral carbohydrate administration. Ann Surg 1995 ; 222 : Phillips S, Daborn AK, Hatch DJ. Preoperative fasting for paediatric anaesthesia. Br J Anaesth Oct;73(4): Review. 12. Phillips S, Hutchinson S, Davidson T. Preoperative drinking does not affect gastric contents.br J Anaesth Jan;70(1): Practice guidelines for preoperative fasting and the use of pharmacologic agents to reduce the risk of pulmonary aspiration : application to healthy patients undergoing elective procedures: a report by the american society of anesthesiologists task force on preoperative fasting. Anesthesiology 1999;90: Veall GR, Floor K, Dorman T. Prolonged starvation in paediatric surgery. Anaesthesia May;50(5): Sakai T, Planinsic RM, Quinlan JJ, et al. The incidence and outcome of perioperative pulmonary aspiration in a university hospital: a 4-year retrospective analysis. Anesth Analg 2006 ; 103 : Soreide E, Eriksson LI, Hirlekar G, et al. Pre-operative fasting guidelines: an update. Acta Anaesthesiol Scand 2005 ; 49 : Soreide A, Fasting S, Raeder J. New preoperative fasting guidelines in Norway. Acta Anaesthesiol Scand 1997 ; 41(6) :799 RMC
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