Si je t oublie. Photographies de Luc Mary-Rabine Textes de Viviane Rabine

Transcription

1 Photographies de Luc Mary-Rabine Exposition proposée par la Maison d Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés MAISON D IZIEU mémorial des enfants juifs exterminés Tél : Fax : info@memorializieu.eu

2 Le projet «C est d abord une blessure, une béance, un vide. Un projet qui se cristallise à Berlin, au printemps 1999, au terme d une lente maturation. Les camps de Sachsenhausen, de Ravensbruck. La présence opaque, quasi-tangible, du mal et de la souffrance, dans les barbelés, les miradors, les ruines des crématoires, les tables de dissection aux carreaux blancs, qui semblent encore prêtes à l emploi. Je suis allé de camp en camp, sans itinéraire préétabli, seul. Je n avais pas l illusion d être exhaustif ni la naïveté de croire que les camps d aujourd hui sont ceux d il y a soixante ans. Je ne cherchais pas une reconstitution hollywoodienne mais au contraire cerner mon rapport au monde. Et répondre à la question lancinante : peut-on vivre après Auschwitz, peut-on trouver quelque forme de bonheur? De camp en camp, c était la même idéologie perverse et mortifère que j affrontais, celle qui nie l altérité et la responsabilité qu elle nous enjoint. Celle qui traite de schmattès, de vermine, de rat, d untermensch celui qui ne participe pas à la communion du sol, de la race et du sang. La volonté démente d exterminer, au nom d une épuration politico-raciale, les Juifs, les Tziganes, les malades mentaux, les prisonniers russes, les résistants. Au cœur du néant, la destruction des Juifs d Europe, de leur culture, de leur langue, de leur civilisation, les millions de morts partis en fumée et les millions de ceux qui ne naîtront jamais. Le livre, les photographies ne répondaient qu à la nécessité intérieure de dire le silence et l absence.» Luc Mary-Rabine 2/7 Exposition proposée par la Maison d Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés

3 L exposition La démarche artistique de Luc et Viviane Rabine interroge ce que sont aujourd hui les lieux de la déportation. Quels lieux de mémoire sont-ils? Que nous disent-ils de notre histoire et de notre présent? Luc Mary-Rabine a parcouru l'europe entre 1997 et 2000, muni d'un appareil photo. Viviane Rabine a accepté d écrire sur ses photos. En fixant sur pellicule et sur papier la mémoire des millions de victimes de la barbarie nazie, ils montrent une image contemporaine de lieux qui sont aujourd hui tant des lieux de mémoire que des lieux d oubli. Luc Mary-Rabine photographie les traces matérielles du mal nazi, de l idéologie qui tuait l autre, précisément parce qu il était autre : malade mental, résistant, juif, franc-maçon, tzigane, russe, homosexuel. Les photographies montrent les restes d une Europe où les millions de victimes de l idéologie et de la barbarie ont été englouties. «En Europe de l Est, ( ), il reste quelques traces. Et tant de noms. ( ) Comment photographie-t-on un nom sans lieu? ( ) Regardez. Les traces matérielles se raréfient.» Viviane Rabine dit les cicatrices subjectives d un être qui est né quand tout était fini, d un être qui n est pas une victime. Elle parle du malaise né d un legs trop lourd et d une exigence insatisfaite de réparation. Elle murmure les paroles que n osent dire ceux qui ne parlent qu au nom des morts d alors. Ses textes cherchent en elle les traces de cette histoire, pour dire et écrire que «le mal est un. Il n y a pas de degré ou de nuances à y distinguer, à excuser.» Les photographies sont classées géographiquement ; un critère arbitraire. Quatre archivages sont définis : l'europe occidentale, le Reich, le protectorat de Bohême-Moravie, et l'europe de l'est. 3/7 Exposition proposée par la Maison d Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés

4 NATZWEILER-STRUTHOF «Un mirador et des barbelés du camp de concentration et d extermination Natzweiler-Struthof, en France. Il a été ouvert en mai Les troupes alliées y ont pénétré le 23 novembre déportés morts. La photographie a été prise le 10 octobre Luc photographie au Hasselblad, un appareil lourd. Les conditions atmosphériques sont difficiles, le temps de pose long. Il stabilise l appareil sur un trépied. Une voix descend d un hautparleur. Elle énonce que l interpellé utilise un matériel interdit. Elle commande à l interpellé de se rendre immédiatement au poste de garde. Luc continue à photographier. Il ne se rend pas au poste de garde. Il reste dans les barbelés. Il choisit ses angles de vue et appuie sur le déclencheur en se citant la date, le 10 octobre La salle d expérimentation, comme neuve, le four crématoire. Il photographie, contre l oubli. Comme si c était loin. Comme s il avait des droits. Quand il veut sortir du camp, un homme en uniforme l en empêche. Il dit qu il est l autorité. Il veut les papiers. Les papiers d identité de Luc. Papieren. Un homme en uniforme. En Parce que Luc a photographié avec un trépied. La mémoire doit être autorisée. Préalablement.» 4/7 Exposition proposée par la Maison d Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés

5 BIRKENAU «Le camp d extermination de Birkenau, près de Cracovie, en Pologne, les restes de la chambre à gaz et du four crématoire n 3. Les chambres à gaz et crématoires n 2 et n 3 se font face. Au bout du quai, «Hauptstrasse, Voie 2». En toile de fond à l aire de triage. Une ligne droite de la descente des wagons aux entrées de ces deux crématorium. Les Allemands ont détruit les chambres à gaz et crématoires de Birkenau, le 26 novembre La photographie a été prise le 16 janvier Les derniers pas. Les Allemands choisissent parmi les déportés valides des équipes de travail affectées aux chambres à gaz et fours crématoires. Les travailleurs du Sonderkommando exécutent des ordres. Ils tirent les cadavres des chambres à gaz et les introduisent dans les fours crématoires. Avant d y entrer eux-mêmes, six semaines plus tard. Sans résistance. Les Sonderkommandos ne font pas partie des récits. Dans la conversation sans fin de mes parents, ils n existent pas. Comme si cette tâche était effectuée par les S.S. ou leurs chiens de garde volontaires, lettons, lituaniens, estoniens, ukrainiens, polonais. Comme s il n y avait pas eu de Sonderkommandos juifs. Je ne sais pas ce que mes parents connaissaient. Je ne dispose que des mots comme souvenirs. C est important, les mots. Maintenant, il y a le regard de Luc. Il photographie les traces du Reich à la surface de la terre. A German Legacy. Moi, j écris, enfin, j essaie encore d écrire, pour dire les traces qui sont en moi.» 5/7 Exposition proposée par la Maison d Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés

6 «Écoute Le mal est le seigneur de la terre. Le mal est un. Loué soit l homme qui dit non dans les siècles et les siècles. Loué soit l homme qui refuse le mal. Écoute Le mal est un. Il n y a pas de degré ou de nuances à y distinguer, à excuser. Le mal est un monolithe opaque à refuser. Il n est pas la condition du bien, ou d un bien, ou le moyen vers le bien. Il est ce à quoi l homme doit dire non, ce que l homme doit extraire de lui. Le refus du mal est une occupation de toute une vie. Il est la seule excuse au bonheur. Et le bonheur. Oh, le bonheur! Écoute» 6/7 Exposition proposée par la Maison d Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés

7 Luc Mary-Rabine Cardiologue belge, est membre de la Société Française de Photographie. Photographe passionné, il a réalisé de nombreuses expositions personnelles et est aussi l'auteur de plusieurs livres et portfolios, notamment L espace d un songe (1996), Un monde disparaît (1999), (2001) et De guerre en guerre (2007) Viviane Rabine Juge au Tribunal de Liège, a déjà publié un roman intitulé Quand le vent se lève..., saga d une famille juive de Lituanie étalée sur un siècle, et sur trois continents. Fiche Technique : L exposition se compose de : - 91 tirages originaux dit «vintage» sur papier baryté de 30 x 30, encadrés de bois noirs et sous verres, dimensions totales : 50 x 40 cm / valeur assurée : 400 euros x 91 = euros - 15 photographies sur papier baryté de 96 x 92 (marouflées sur aluminium en «cadre expo» qui reproduisent des photographies des tirages sous cadre 40 x 50) / valeur assurée : euros x 15 = euros Valeur assurée totale : euros Les textes de Viviane Rabine qui accompagnent les tirages sont fournis sur fichier pdf. L exposition est rangée pour le transport dans : - 5 caisses en bois, poids total de 330 kg : - 1 caisse de 90 kg : h 104, l 54, L 95-4 caisses de 60kg : h 61, l 46, L 71 Il est possible de moduler l exposition en fonction des capacités d accrochage du preneur. Catalogue :, photos Luc Mary-Rabine, Textes Viviane Rabine, Editions Luce Wilquin, Liège, 2002, 224 pages, 35 euros. Cette exposition est à la libre disposition des établissements scolaires, centres culturels, musées, etc en fonction des disponibilités. Une convention de prêt doit être signée entre le preneur et la Maison d Izieu. Le preneur s engage à assurer l exposition et à prendre en charge les coûts de transport de l exposition de son enlèvement à son retour à la Maison d'izieu. Contact : Stéphanie BOISSARD, T : , sboissard@memorializieu.eu 7/7 Exposition proposée par la Maison d Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés