Par Gilles Buna, vice président du Grand Lyon en France, responsable de l urbanisme et des grands projets Conférence prononcée le 7 octobre 2008

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1 Projet Confluence Par Gilles Buna, vice président du Grand Lyon en France, responsable de l urbanisme et des grands projets Conférence prononcée le 7 octobre 2008 Mise en contexte Lyon est la deuxième ville placée sur l axe majeur du développement européen. L agglomération lyonnaise compte 57 communes, et héberge 1.3 millions d habitants, sur une superficie de hectares. En 30 ans, l agglomération lyonnaise a pratiquement triplé sa superficie, avec une consommation énergétique globale qui a augmenté de 30% en 10 ans. La dynamique démographique lyonnaise est forte. Le territoire attire beaucoup. Près de personnes devraient être accueillis dans les années qui viennent. Le développement urbain, aujourd hui, est de réinventer une ville plus compacte et moins consommatrice d espace. A ce premier impératif de reconstruction de la ville sur elle-même, s ajoute une autre nécessité : Celle de renforcer le poids de la centralité, indispensable à toute ville qui a des ambitions européennes, et qui désire impulser une véritable dynamique vis-à-vis de ses voisines en Europe. Au sein de l agglomération, la taille de Lyon est relativement modeste au regard de son nombre d habitants qui totalise habitants. Et c est par la création de nouveaux équipements, de nouvelles activités, l arrivée de nouveaux habitants, que la ville pourra résoudre efficacement cette double problématique : La densité nécessaire et la centralité. Lyon a la chance de disposer de territoires non encore urbanisés, des territoires qui ont perdu leur vocation initiale et qui, compte tenu du déclin des activités industrielles, sont aujourd hui disponibles. Le projet de Lyon Confluence répond de manière globale, concrète et ambitieuse à la stratégie d agglomération. Histoire du projet Confluence 37

2 Situation géographique 150 hectares au centre de l agglomération lyonnaise Dans le prolongement de l hyper-centre, au sud de la presqu île, ce territoire de 150 hectares est profondément ancré dans l histoire, dans l imaginaire et la fierté des Lyonnais. Coupé du reste de la ville par deux fleuves, enclavé entre une autoroute et une voie ferrée, ce gigantesque morceau de terre a évolué radicalement depuis 2 siècles. D abord terre sans usages, marécageuse, inhospitalière, répulsive et dangereuse à cause des crues des deux fleuves, elle a fait l objet d innombrables projets à partir du XIXème siècle. Même Napoléon avait l ambition d y faire dresser un palais impérial. La naissance du territoire C est grâce à la construction des quais du Rhône et à l endiguement des crues potentielles que le confluent a pu être utilisable. On l a alors submergé pendant plus d un siècle d équipements que la ville ne pouvait, ou ne voulait pas accueillir. Des occupations polluantes, sales, malodorantes ou bruyantes, des occupations que l on voulait voir reléguées «hors de la ville», comme le Marché de gros, les prisons, les murisseries de bananes ou toutes les activités portuaires. Le développement de l industrie 38

3 Un passé industriel en reconversion Enclavé, ce gigantesque morceau de terre l est resté longtemps. Pendant une longue période au cours de laquelle il a fait l objet de rêves urbanistiques les plus fous, de fantasmes urbains les plus insensés Aujourd hui, l ambition du projet Confluence consiste donc à prolonger la ville par un nouveau quartier, qui répond aux aspirations de la société contemporaine, adaptée à nos modes de vie du XXIème siècle, avec toutes les fonctions de centralité d une métropole européenne. Le Rhône La Saône Le confluent Le projet Lyon confluence, un cœur de ville sort de terre : Lyon Confluence représente le plus grand projet urbain européen de centre ville aujourd hui. Pour une meilleure représentation de l échelle du projet, il s agit du double de la capacité actuelle du centre ville historique de Lyon. Première phase du projet : Cette phase concerne 41 hectares (sur les 70 au total), dits «mutables». Elle est aujourd hui en plein développement, et représente plus du tiers du projet global, avec un investissement évalué à 1.2 milliards d euros. 39

4 La première phase s appuie sur des qualités intrinsèques du site, et des atouts d exception : - Une situation géographique centrale, dans le prolongement direct du centre historique lyonnais. - Un accès facilité par la présence de la gare TGV, d un réseau TER, du métro, du tram (qui fut le premier des équipements réalisés), de l autoroute. - 5 kms de quais de fleuve (aucun point de Lyon confluence n est éloigné de plus de 400 mètres de l eau). - Un paysage exceptionnel avec les berges douces de la Saône, les collines environnantes et cette rare magie offerte par le confluent La première phase s achèvera en En conciliant le développement économique, l équité sociale et la préservation des ressources naturelles, elle s inscrit de fait dans une démarche globale de développement durable. La mixité fonctionnelle et sociale : Une diversité des fonctions affirmées Le maître mot de cette opération pourrait être «continuer la ville». Mais la continuer avec une identité de véritable quartier, dans lequel tous les usages et toutes les fonctions sont réunis. En faire un lieu à la fois d habitation, de travail, de détente et de loisirs, d activités tertiaires et d espaces commerciaux. Des espaces publics généreux C est la raison pour laquelle nous avons prévu une diversité économique et sociale, pour un quartier animé et vivant, avec pour exemple : - La création d un pôle de loisirs et de commerces (cinémas, activités récréatives, galeries marchandes) - La réalisation de parcs et d espaces de proximité, mais aussi de deux espaces de vie d envergure : le Parc de Saône et la Place nautique. - Des constructions emblématiques consacrées à la culture : Les docks du Port Rambaud, le Musée des confluences ou les archives municipales. - La réalisation de logements, commerces, bureaux, équipements publics de proximité (groupe scolaire, Maison des Jeunes et de la Culture, centre aéré pour les enfants, terrains de sport) 40

5 Le parking des archives La place des archives La place nautique Fernand Braudel a souvent dit de Lyon qu elle tournait maladroitement le dos à ses fleuves. Avec la Place Nautique, qui sera achevée à la fin de l année, et qui représente une surface équivalente à celle de la Place Bellecour, c est un nouveau bras de fleuve qui pénètre à l intérieur de la ville, remisant à jamais ce vieux dicton dans les affres du passé. Le parc de Saône 41

6 Voiries Bayard-Denuziere Espaces publics Rambaud Cette mixité des usages, cible tous les publics. En témoigne notamment le programme dédié à l habitat, avec 1500 logements au total, composé de 20% de logements sociaux. 42

7 La mixité fonctionnelle et sociale des îlots ABC, Mixité fonctionnelle et sociale Cet objectif sera renforcé lors de la 2ème phase, qui comprendra plus de 50% de logements, soit 2500 supplémentaires, et dont la moitié sera du logement social. Le rapport à la nature : Il s agit de la nécessité d offrir, au centre ville, à la fois la densité, mais également un rapport privilégié au paysage. Ce qui d ailleurs a fait dire à Michel Desvigne, paysagiste du projet Lyon Confluence que «chaque bâtiment vivra en relation avec un jardin ou une promenade». Cette part réservée au végétal et aux lieux de 43

8 vie est éloquente : Sur les 41 hectares de cette première phase d aménagement, 29 hectares sont des espaces publics, et 17 hectares des espaces verts. Saone Park Lyon Islands Le Monolithe Au cœur de la transformation progressive, c est un paysage insulaire qui se dessine petit à petit. Paysage dans lequel la place du végétal et de l eau est prépondérante. Du Nord au Sud, nature et espace urbain combinent un équilibre subtil entre minéral et végétal, et font naitre une trame verte qui irrigue tout le quartier, et fait du Parc de Saône une véritable épine dorsale de la confluence, en faisant entrer la nature au cœur même de l espace urbain. Pôle de loisirs Unibail / JP Viguier Docks Rambaud Rsd / Jakob & mac Farlane, Ricciotti, Decq Avec les Docks du Port Rambaud, et grâce à un partenariat de grande qualité avec Voies Navigables de France, propriétaires des quais, c est une ballade urbaine et culturelle inédite qui va être très prochainement proposée aux lyonnais. Pendant cette période transitoire de travaux, d anciens bâtiments 44

9 industriels en bord de Saône, tels que la Sucrière, ont d ores et déjà accueilli, avec un immense succès, les biennales d Art contemporain. Demain, grâce à un concours d architecture de belle envergure, ce seront des architectes comme Jakob et MacFarlane, Rudy Ricciotti, Odile Deck, ou des paysagistes comme Latz-Seralp qui construiront les futurs pavillons, le long de ce nouveau port, en bordure immédiate de l eau. Développement durable Plusieurs gestes ont été posés au cours de ce projet : - Organiser une concertation de très grande ampleur afin d engager des citoyens de la ville et d adapter la collectivité et le projet aux besoins et attentes des usagers. - Réunir les conditions d une mixité sociale et fonctionnelle forte pour favoriser l accès à toutes les populations. - Favoriser les modes de déplacements doux (vélo) et les transports en commun (tramway, bus) afin de limiter la place de la voiture en ville. La Haute Qualité Environnementale : L une des applications les plus couramment évoquées de la politique de développement durable de Lyon Confluence est la Haute Qualité Environnementale des bâtiments. Créer des espaces publics généreux, «éco densité» afin de permettre à plus d habitants de vivre en centre-ville et d accéder à des espaces naturels en ville. Exiger une haute qualité environnementale et des performances énergétiques pour tous les projets d espaces publics et construits. L identité du quartier ne passe pas par de grands ensembles bâtis uniformes, mais par la force des espaces publics, autour desquelles les constructions s organisent, avec une certaine liberté de forme, et une grande exigence de qualité environnementale. Les bâtiments en cette première phase ont fait l objet d une consultation originale, innovante, et volontariste au regard du développement durable. Une importante consultation de promoteurs s est déroulée en 2004, pour la cession des charges foncières (80% d habitat et fonctions tertiaires, bureaux ou commerces en pieds d immeubles). Cela a été l occasion pour la communauté urbaine, (et pour la première fois) d un choix politique fort en faveur de la qualité architecturale et environnementale : Celui de geler de la charge foncière, c'est-à-dire de fixer le prix de vente à un niveau donné pour faire porter la compétition sur la qualité des projets et non sur leur prix. De grands noms de l architecture ont pu ainsi s exprimer et être choisis : Manuelle Gautrand, Massimiliano Fuksas, Combarrel et Marrec ou Tania Concko pour n en citer que quelques uns. Ces projets et ces choix innovants ont d ailleurs été soutenus et récompensés par la Commission Européenne dans le cadre du 45

10 programme «Concerto». Ce soutien s est traduit par une aide financière conséquente. Cette distinction européenne a porté essentiellement sur deux aspects Une réduction des besoins énergétiques de 50% par rapport aux standards actuels, grâce à la conception bioclimatique du bâtiment, l isolation et la ventilation. Des besoins couverts à 80% par des énergies renouvelables (surtout chaufferies à bois à l échelle de l îlot et énergie solaire) Ce processus de consultation pour la première tranche résume à lui seul, les grandes dimensions de développement durable que l on a souhaité impulser : La qualité architecturale, les performances énergétiques, et les critères sociaux de mixité. Le respect de l environnement : Le choix d une gestion spécifique et innovante des eaux pluviales, pour améliorer la qualité des milieux naturels et protéger la ressource en eau. (les systèmes d assainissement intègrent l eau dans le paysage avec des dispositifs à ciel ouvert noues, fossés). Mettre l accent sur une incitation aux modes de déplacements doux et sur l offre de transports en commun. Cette exigence de développent durable a été prééminente lors de tous nos choix stratégiques, à chaque étape du projet. Et à terme, la Confluence deviendra une référence en la matière. Le processus mis en place a été d une efficience rare. La vitesse et l évolution de ces aménagements sont surprenantes. Une Société d Économie Mixte Ce processus s appuie sur une Société d Économie Mixte, outil d aménagement dans lequel les collectivités sont majoritaires, mais qui inclut le partenariat privé, et qui est maître d ouvrage du projet. Les premières études étaient lancées en Un an après, il y eu la création la Société Anonyme d Economie Mixte Locale, (SAEML) Lyon Confluence pour amener le projet au stade opérationnel. En 2003, la SAEML devient officiellement l aménageur du projet pour le compte du Grand Lyon sous la présidence de Gérard Collomb, en raison de la signature d une convention publique d aménagement. Ses missions : - Conduire les études. - Maîtriser les terrains et commercialiser les charges foncières. - Assurer la maîtrise d ouvrage des travaux inscrits au PEP. - Organiser les concours de MOE pour la conception des espaces publics. - Communiquer et concerter. Les attentes exprimées par la population lors des phases de concertation ont été entendues et le plus souvent satisfaites. Par ailleurs, la venue d architectes de renommée internationale, aussi bien que le niveau d ambition de ce projet urbain ont forgé la notoriété et l attractivité du site. 46

11 Un partenariat public/privé sans précédent dans l agglomération lyonnaise a porté ses fruits Effet levier des opérations d aménagement Total : 1 milliard d euros Aujourd hui, il s agit d une intense phase de chantier, qui voit passer quotidiennement plus de 25 grues et 1000 ouvriers. Deuxième phase L engagement prochain dans la 2ème phase (24 hectares) sera de travailler à la transformation du quartier populaire de Sainte Blandine en Éco Quartier. Ce quartier, aujourd hui peuplé de 7000 habitants, doit faire l objet d un travail conséquent sur les économies d énergie dans les bâtiments anciens. Phase de planification : 2007-février : Lancement de la consultation juillet : Choix des équipes de conception septembre : Lancement de la concertation «professionnelle et rapprochée» hiver : Ouverture de la concertation grand public automne : Bilan de la concertation. NB : 2008-été : Libération foncière du MIN : Création d une ZAC et début de l aménagement opérationnel de la 2 ème phase. 2 ème phase : 24 hectares m2 SHON Objectifs - Renforcer les fonctions de centralité de l agglomération. - Offrir, au plus grand nombre, un projet de ville. - Favoriser la mixité. - Permettre l innovation et la créativité. L urbanisation au sud sera poursuivie, avec un quartier plus dense ( m2 de SHON), avec une circulation douce et une place plus limitée pour l automobile, et sans doute un pont, qui reliera au quartier de Gerland, lui aussi en plein développement et qui a connu une histoire comparable. 47

12 La création d un grand parc urbain, qui fera la liaison entre le Parc des Berges et le sud de la Confluence est probable. Le conférencier Gilles Buna est Conseiller Général, Adjoint au Maire de Lyon en charge de l aménagement et de la qualité de la ville, et Vice Président de la Communauté Urbaine de Lyon. Son implication permanente dans la vie de la cité l a conduit à la fonction de conseiller du 1 er arrondissement lors du mandat , avant d être élu Maire du 1 er arrondissement de Lyon en Gilles Buna, s attache particulièrement à la mise en œuvre dans tous les projets d aménagement et de construction et à la prise en compte des exigences du développement durable (mixité sociale, Haute Qualité Environnementale architecturale et urbaine, déplacements collectifs etc.) 48