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- Nicolas Leduc
- il y a 7 ans
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1 ROLE ADJUVANT DE LA NUTRITION DANS LE TRAITEMENT DU CANCER ISABELLE HEYENS, DIETETICIENNE, UZ GENT Introduction Tous les jours, des cas de cancer sont diagnostiqués partout dans le monde. De nombreuses recherches portant sur l apparition, le développement et le traitement du cancer sont en cours. La nutrition occupe une place très importante dans la prévention, d une part parce que certains facteurs de risques sont liés à l alimentation et d autre part parce qu une nourriture saine a des effets protecteurs contre le cancer. En effet, les habitudes alimentaires peuvent favoriser l apparition de certaines formes de cancer ou, à l inverse, contribuer à la prévention du cancer. On parle moins du rôle de la nutrition dans le traitement du cancer. Dans cette maladie, il ne faut pas considérer la nutrition comme un traitement en soi. Toutefois, dans le traitement du cancer, l alimentation peut avoir un rôle adjuvant. Objectifs des conseils nutritionnels La diététicienne peut être impliquée dans toutes les phases du traitement : au moment du diagnostic, pendant le traitement proprement dit (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie), à la fin du traitement et au cours des soins palliatifs. À chaque phase, les objectifs seront les suivants : - maintien ou amélioration de l état nutritionnel, que l on ne laissera pas se détériorer inutilement ; - diminution des plaintes, qu on ne laissera pas s aggraver inutilement ; - information optimale du patient et/ou de l entourage sur le rapport entre l alimentation et le cancer. Il n existe pas de directive générale pour les conseils nutritionnels en cas de cancer. Les conseils nutritionnels doivent toujours être donnés de manière individualisée en tenant compte des possibilités psychologiques du patient. On tâche principalement de mettre l accent sur la qualité de vie. Symposium «Cancer et nutrition» Institut Danone 17/10/2009 1
2 Données médicales utiles pour la diététicienne Il vaut mieux rechercher les données médicales importantes avant de se rendre auprès du patient de manière à pouvoir déjà répertorier les problèmes alimentaires éventuels. Les données à obtenir sont les suivantes : - diagnostic : type de tumeur, emplacement, stade, diagnostics secondaires éventuels ; - symptômes, tels qu anorexie, aversions, modifications du goût et de l odorat, fatigue, dysphagie... ; - médicament / traitement : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie, immunothérapie, traitement endoscopique, nature du traitement (à visée curative, palliative ou symptomatique) ; - également : taille, poids, prise de compléments alimentaires ou traitement complémentaire alternatif... Après avoir réuni ces informations, il est plus facile d'aborder les questions nutritionnelles avec le patient et, ainsi, de déterminer son état nutritionnel, de connaître ses plaintes et, enfin, de pouvoir donner des conseils nutritionnels personnalisés. Détermination de l état nutritionnel Une perte de poids involontaire est un paramètre fiable de la détérioration de l état nutritionnel. On parle de perte de poids involontaire en cas de perte de poids de plus de 5% en un mois ou de plus de 10% en six mois. Déjà lors du diagnostic, il est question d une perte de poids significative dans 50 à 60% des cas. À un stade avancé du cancer, pratiquement tous les patients présentent une sérieuse perte de poids involontaire. Le cancer provoque donc une malnutrition, et pourtant, ce problème est encore sous-estimé. La malnutrition, à son tour, entraîne les conséquences suivantes : - augmentation de la morbidité et de la mortalité en cours de traitement, - diminution de l'immunité, - altération de la qualité de vie. Au stade terminal, la malnutrition prend une forme grave, et le patient devient cachectique. L aggravation de l état nutritionnel s explique par deux facteurs. D un côté, les apports alimentaires sont diminués, et d un autre côté, la tumeur produit des substances qui provoquent un dérèglement du métabolisme. Comme causes de la diminution des apports, citons : Symposium «Cancer et nutrition» Institut Danone 17/10/2009 2
3 - Le siège de la tumeur (dans la bouche, troubles de la déglutition, dysphagie, plaintes gastro-intestinales, douleur) ; - les effets secondaires du traitement (mycose, nausées, vomissements, constipation, diarrhée... ; - des problèmes psychosociaux (angoisse, dépression, infirmité croissante, difficultés financières). Détermination des plaintes «Une plainte est une plainte si le patient affirme que c est une plainte, et son ampleur est déterminée par le patient lui-même.» Cette citation montre qu il est important de noter le début et la durée de la plainte ainsi que les causes et l explication apportées par le patient lui-même. Parmi les causes et explications des plaintes, citons : l anorexie, les aversions, la fatigue, la constipation, une mycose/stomatite, des crampes intestinales, de la diarrhée, des nausées. Par ailleurs, certaines plaintes ne sont pas liées à l alimentation : la douleur, l oppression, l angoisse et la dépression, le hoquet, les démangeaisons, l insomnie Mais elles peuvent avoir une incidence sur la prise de nourriture, et il convient d y prêter attention. Le patient ne sera prêt à écouter des conseils nutritionnels que si le soignant tient aussi compte de ses autres plaintes. Malaises invalidants On appelle malaises un ensemble de plaintes qui s influencent mutuellement, se renforcent les unes les autres et/ou découlent les unes des autres et qui sont les suivantes : anorexie, aversions, modifications du goût et de l odorat, nausées et vomissements, fatigue. Le malaise survient fréquemment : environ 80% des patients présentant un cancer présentent ces plaintes. Elles se rencontrent dans tous les types de cancer et peuvent se présenter à tous les stades de la maladie. Le malaise est dû à l évolution de la maladie elle-même, à des modifications du métabolisme, au traitement (par exemple les effets secondaires de la chimiothérapie) et à des facteurs psychologiques. En présence de malaise, les conseils nutritionnels ont pour objectif principal de soulager les plaintes afin d améliorer la qualité de vie et de stabiliser voire améliorer l état nutritionnel. Le malaise ne peut jamais être tout à fait évité. Symposium «Cancer et nutrition» Institut Danone 17/10/2009 3
4 Anorexie L anorexie est un manque d appétit. Le plus souvent, cette perte de l appétit est liée au stade du cancer. Sur le plan physique, l anorexie entraîne une perte de poids (involontaire), avec risque accru de malnutrition, mais l anorexie est également pénible sur le plan émotionnel. En effet, l entourage met souvent beaucoup de bonne volonté à préparer les repas, mais le patient ne peut y faire honneur et il vit cette situation comme un isolement social. Conseils pour les personnes qui souffrent d anorexie : - manger fréquemment de petites quantités ; - éviter de grignoter tout le temps ; - boire suffisamment, au moins 1,5 litre par jour ; - éviter les repas très gras ; - éviter la présence excessive d air dans l estomac ; - éviter de prendre trop de fibres alimentaires. Aversions, modifications du goût et de l odorat On parle d aversion en cas de répugnance pour certains aliments. Les aversions varient très fort d une personne à l autre. Il est important que le patient sache qu il ne peut rien y faire et doit l accepter. Des aliments appréciés par le passé provoquent maintenant une répugnance, ou inversement. Les aversions peuvent s expliquer par une modification du goût ou de l odorat et par des éléments négatifs que le patient associe aux aliments. On peut conseiller au patient d éviter les aliments qui lui répugnent et de boire suffisamment pour éviter un mauvais goût. Certains patients supportent mieux un repas froid qu un repas chaud. Nausées et vomissementsles nausées et vomissements ont pour cause des modifications du goût et de l odorat, une déshydratation, le traitement lui-même, la tumeur et la douleur ou l angoisse du traitement. On conseillera de boire suffisamment, mais de préférence en petites quantités, en choisissant plutôt des boissons caloriques. Il vaut mieux que le patient évite d avoir l estomac trop vide. Il peut franchement prendre des en-cas. On conseillera de prendre fréquemment de petits repas aux heures où les nausées sont les moins pénibles. Symposium «Cancer et nutrition» Institut Danone 17/10/2009 4
5 Les nausées surviennent habituellement peu de temps après le traitement et persistent souvent pendant quelques jours. Il est important, pendant cette période, de limiter autant que possible la perte de poids. Il existe de nombreux médicaments contre les nausées. Si le patient n en prend pas ou s il les prend mal, on pourra faire appel au médecin. Fatigue La fatigue est la plainte la plus fréquente chez les personnes souffrant d un cancer. Elle est mentionnée par 78 à 96% des patients. Il s agit ici d une fatigue extrême qui ne disparaît pas avec le repos nocturne. Il n est pas possible d agir sur la fatigue par le biais de l alimentation. L importance de ce symptôme pour la diététicienne tient au fait que les repas sont affectés par l'état de fatigue du patient. Pour réduire l influence de la fatigue sur l alimentation, on conseillera au patient de laisser de temps en temps d autres personnes préparer les repas, de planifier les visites, de demander des plats d une consistance plutôt molle ou liquide, etc. Points importants lors de la consultation nutritionnelle La diététicienne peut établir l existence d une éventuelle déficience nutritionnelle grâce à une anamnèse détaillée et elle peut adapter l alimentation lorsque c est nécessaire. Souvent, le succès des conseils nutritionnels dépend de facteurs plutôt psychologiques. Il est important que le soignant ait acquis de bonnes connaissances de base en psychologie élémentaire. Mais il n est pas de son ressort de faire un travail de psychologue. Si elle met le doigt sur des problèmes psychologiques graves, elle doit absolument orienter le patient vers un spécialiste. L important, c est de bien s y prendre avec le patient et de savoir bien l écouter. Ce n est qu ainsi que pourra s établir une relation de confiance avec lui. La consultation nutritionnelle va du contact unique à un accompagnement fréquent durant parfois un an ou plus en cas de problème de la tête ou du cou, par exemple. Le patient, en contrôlant son poids, peut lui-même savoir si ses apports sont suffisants et s il a besoin de voir la diététicienne. Chaque type de cancer évolue d une manière qui lui est propre, et la durée du traitement anticancéreux dépend du type de traitement. De nouveaux traitements sont mis au point tous les jours. Certains provoquent des problèmes alimentaires. L accompagnement nutritionnel doit se faire en conséquence. Symposium «Cancer et nutrition» Institut Danone 17/10/2009 5
6 Conclusion À ce jour, la nutrition n a pas de rôle thérapeutique chez le patient cancéreux, mais l alimentation a un rôle adjuvant important. En cas de cancer, on donnera des conseils nutritionnels concrets personnalisés et l on accordera beaucoup d attention aux aspects sociaux et psychologiques. Ce n est qu ainsi que les conseils nutritionnels peuvent apporter un plus. REFERENCES De Winter Eva, Voedingsadviezen voor mensen met kanker, Nutrinews, juni 2001 Landelijke Werkgroep Diëtisten Oncologie (LWDO), algemene voedings- en dieetbehandeling, 2005 NVD- Artsenwijzer Diëtetiek, oncologie, 2004 Richtlijn: Kanker, Elversier gezondheidszorg, Maarssen, 2003 Symposium «Cancer et nutrition» Institut Danone 17/10/2009 6
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