La grande guerre et les hommes

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1 La grande guerre et les hommes Présentation Deux organes à l origine de cette exposition : La DMPA qui est une émanation du Ministère de la Défense ; L ONAC Témoignage original de trois anciens combattants par leurs citations, dessins et caricatures. Henry ARNAULT : Pendant toute la guerre, il écrit beaucoup à sa famille et en particulier sa femme. Jean Constant Raymond FONTANET dit RENEFER : Quand la guerre éclate, c est déjà un artiste reconnu. Pendant la guerre, il a conservé ses crayons et ses carnets de croquis, il réalisera un carnet pour sa fille «Belle Petite Monde, histoire d un poilu raconté aux enfants». Olivier TOUZEAU : Il est gravement blessé à un pied lors de combat. Il est soigné à l hôpital de la Salpetrière et pendant sa convalescence, il dessine les caricatures présentées dans l expo. Les causes de la guerre Au début du XXème siècle, l Europe domine le monde. Mais les intérêts économiques et les nationalismes se heurtent. Il y a deux blocs : Triple Alliance ou Triplice : Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie Triple Entente : France, Angleterre et Russie. En France, depuis la défaite de 1871 et la perte de l Alsace-Lorraine, un esprit de revanche envers l Allemagne est cultivé dans tous les milieux. C est la course aux armements dans le but «de maintenir la paix». 1

2 Dans les Balkans, la situation est explosive car l Autriche veut étendre son influence mais se heurte à la Russie. Le 28 juin 1914, avec l assassinat de l archi-duc François-Ferdinand, héritier du trône d Autriche-Hongrie, le jeu des alliances se met en place. Le 3 août, l Allemagne déclare la guerre à la France pour un conflit que tout le monde espère court. Triple entente et triple alliance (triplice) La Triple Entente : La France entre en guerre le 3 août 1914, il y aura environ 8 millions de soldats mobilisés. Au début leur uniforme est un pantalon rouge garance. Progressivement les Fantassins recevront un pantalon bleu horizon. En 1914, on appelle les soldats les Pious-Pious et Poilus en La Grande-Bretagne : elle entre en guerre le 4 août. 9 millions de soldats seront mobilisés. Les soldats anglais (les Tommies) sont les premiers à porter un uniforme kaki La Russie entre en guerre le millions de soldats seront mobilisés. La Triple Alliance ou Triplice : L Autriche-Hongrie : elle est la première à entrer en guerre le 28 juillet 1914 et son armée mobilisera 9 millions de soldats en uniforme bleu-gris dont une cocarde métallique sur la casquette distingue les régiments autrichiens des Hongrois. L Allemagne déclare la guerre le 1 er août. 13 millions de soldats sont mobilisés en uniforme vert de gris qui se caractérisent par leur casque à pointe en cuir bouilli et en métal à partir de L Italie : situation particulière, le pays fait savoir à l entrée de la guerre qu il se placera du côté de ceux qui peuvent lui être le plus utile. Elle entre en guerre le 23 mai 1915 aux côtés des Alliés après avoir dénoncé ses accords avec la Triplice. 2

3 1914 : l échec des stratégies La crise de juin 1914 entre la Serbie et l Autriche-Hongrie plonge le continent européen dans le premier conflit mondial. L objectif des Allemands est de vaincre rapidement la France pour pouvoir se retourner contre la Russie avant que cette dernière ait le temps de mobiliser son armée. Les Allemands déclenchent leur offensive par la Belgique et peuvent ainsi atteindre les frontières françaises dès le 15 août. Le 25 août, la retraite générale des armées françaises ramène le front jusqu à la Marne et la doctrine de l offensive à outrance provoque d énormes dégâts dans les troupes françaises. Alors que les Allemands sont à 40 km de Paris, le gouvernement quitte la capitale pour se réfugier à Bordeaux. A ce moment, les Allemands décident de contourner la capitale par le Nord- Est. La bataille de la Marne du 6 au 13 septembre permet aux alliés de stopper l avancée allemande. Chaque adversaire tente de contourner l autre par le nord : c est ce qu on appelle «La course à la mer». Cette stratégie aboutie à la fixation d un front continu des Vosges à la Mer du Nord sur 800 km. C est le début de la guerre des tranchées et la fin de l espoir d une guerre courte :La guerre de position Bloqués sur le front occidental, les Alliés tentent d ouvrir de nouveaux fronts en Orient : la guerre devient mondiale. Les différentes offensives françaises en Champagne, Lorraine et en Artois provoquent des pertes énormes pour des gains territoriaux peu importants. Et même une consolidation des positions ennemies. 3

4 En février, l Allemagne tente de contourner le blocus économique mis en place par les Alliés par l utilisation des sous-marins U-Boots. Au mois d avril, pour la première fois, les Allemands utilisent les gaz asphyxiants. Le 2 juillet 1915 est créée la mention «Mort pour la France» pour les soldats tombés au front : La guerre d usure Au début de l année, les Alliés veulent frapper un grand coup pour user les forces allemandes sur le front de l Ouest. L attaque doit avoir lieu sur la Somme. Les Alliés sont pris de vitesse par les Allemands qui déclenchent une offensive en février sur Verdun Commence alors la bataille de Verdun qui durera jusqu en décembre 1916 : Français et Allemands vont mourir à Verdun dans des attaques et des contreattaques. C est un gouffre en matériel et en homme. Devant l échec initial de leur offensives, les Allemands veulent couper le front en deux pour séparer les Français des Britanniques. Le général Pétain organise l acheminement des renfort par la Voie Sacrée entre Bar-le Duc et Verdun. En juillet, les Alliés tentent d ouvrir un 2 ème front sur la Somme pour soulager la pression allemande sur Verdun. Mais l arrivée de l automne transforme les tranchées en bourbier et la guerre s enlise. En octobre et novembre, les troupes françaises reprennent les forts de Douaumont et de Vaux et repoussent ainsi les Allemands sur leurs bases : l année incertaine Durant cette année, de nombreux appels en faveur de la paix sont lancés. C est aussi l année de l entrée en guerre des États-Unis et des victoires anglaises au Proche-Orient. 4

5 Il y a une crise à la tête de l armée française. Le général Nivelle remplace Pétain, le vainqueur de l enfer de Verdun. En Avril, Nivelle lance une grande offensive dans l Aisne, au Chemin des Dames. Mais les combats répétés sans résultat minent le moral des soldats et on voit apparaître les premières mutineries. Nivelle est limogé, remplacé par Pétain qui jugule les mutineries : 49 soldats sont fusillés pour l exemple. Il prend aussi des mesures pour améliorer le quotidien des soldats. En Russie, le régime impérial est renversé et Lénine prend le pouvoir en novembre. Immédiatement des négociations sont ouvertes avec les Allemands pour conclure un traité de paix, à Brest-Litosk. Ce traité est signé en mars Les Allemands ne se battent plus que sur le front occidental : l année décisive Les Allemands savent que cette année sera décisive. En particulier avant l arrivée en masse des troupes américaines, avec l abandon du front russe, les Allemands sont en supériorité numérique. Le général Ludendorff lance des offensives en Picardie, en Flandres et en Champagne. Le front est percé et c est la reprise de la guerre de mouvement. Paris est menacé. Pour une meilleure cohésion à la tête des armées, le général Foch est nommé généralissime des armées alliées sur le Front Ouest. En manque de réserves d hommes, les Allemands ne peuvent pas tirer avantage de leurs succès d autant plus que l arrivée des troupes américaines renversent la supériorité numérique en faveur des alliés. En septembre, une offensive générale est lancée et les Allemands reculent. A l Est, les Autrichiens et le Bulgares s effondrent dans les Balkans et les Ottomans en Syrie et en Mésopotamie. Conscient de la défaite, Ludendorff démissionne en novembre et Guillaume II abdique le 9 novembre. La République d Allemagne est proclamée et ce sont ces représentants qui signeront l armistice à Rethondes le 11 novembre. 5

6 La guerre est terminée mais après pratiquement 5 ans de conflit, l Europe est épuisée et ruinée. Le bilan de la guerre Cette première guerre mondiale est une tragédie, les combattants ont été traumatisé et tout le monde espère que se sera «la Der des Der». Le 12 janvier 1919 s ouvre à Paris, la conférence entre les Alliés pour déterminer les modalités de la guerre. Et déjà des désaccords apparaissent. Les États-Unis et la Grande-Bretagne veulent instaurer un nouvel ordre mondial. La France et l Italie veulent surtout punir l Allemagne. Le Traité de Versailles du 28 juin 1918 est un compromis entre les vainqueurs : reconnue responsable de la guerre, l Allemagne est affaiblie militairement et économiquement. Elle doit verser des sommes exorbitantes aux Alliés. Les mesures de ce traité de paix sont vécues comme un «diktat» par le peuple allemand et portent en germe les rancœurs qui amèneront au deuxième conflit mondial. La France a été particulièrement touché : 1,4 millions de soldats sont morts ou disparus. Il y a eu plus de 4 millions de blessés. Et ce bilan humain catastrophique est alourdi par l épidémie de grippe espagnole qui frappe le pays durant l hiver Différents traités règlent la paix avec les autres pays alliés de l Allemagne. Ces traités ouvrent l Europe sur une période d instabilité et de ressentiments. Malgré les bonnes volontés des Alliés de préserver la paix en particulier avec la création de la Société des Nation. La participation de l Empire Avant la première guerre, la France était à la tête d un grand empire colonial qui a fournit des soldats, des matières premières et de la main d œuvre pour les usines. 6

7 On distingue : l Armée d Afrique, composée de tirailleurs et de Spahis (indigènes originaires d Afrique du nord), de zouaves et de chasseurs (soldats français d Afrique du nord). L Infanterie coloniale : hommes de la métropole, d Afrique Noire, d Indochine et de Madagascar. Les plus redoutés sont les tirailleurs sénégalais qui viennent en fait de toute l Afrique Noire. Il y a eu d énormes pertes parmi ces soldats à cause de la difficulté des combats mais aussi dues aux conditions climatiques qu ils ont eu à supporter. A l arrière, l Empire apparaît comme un réservoir économique de denrées alimentaires et de matières premières. Mais aussi un réservoir de main d ouvre pour remplacer les soldats dans les usines et dans l agriculture. La vie dans les tranchées. Les tranchées apparaissent dès 1914 pour se protéger de la mitraille. Mais dès qu il pleut ces abris se transforment en bourbier. Au fur et à mesure du conflit, les soldats les consolident et elles sont reliées les unes aux autres. Le quotidien du soldat est ponctué par des corvées : celle de la soupe en particulier qui consiste à amener la nourriture de l arrière aux soldats restés au front. Quand il n y a pas d assaut, les soldats écrivent à leur famille ou confectionnent des objets. Les mauvaises conditions de vie et l éloignement conduisent à l épuisement physique et moral des soldats. Mais se créée aussi une mixité sociale inédite puisque quelque soit le milieu social dont sont issus les soldats, ils partagent tous le même quotidien. Les armes Dès le début du conflit, il apparaît que le vainqueur sera celui dont l armement supplantera l adversaire. En France toute l industrie nationale est tournée vers l effort de guerre. 7

8 Une artillerie puissante est mise en place : les bombardements avant les assauts provoquent des dégâts énormes. Cela représente 70% des blessures infligées aux soldats. De plus les obus permettent aussi de lancer les gaz asphyxiants qui causent de véritables psychoses auprès des soldats qui n avaient pas de protections appropriées. L aviation : au début les avions sont utilisés pour des opérations de repérage. Ensuite apparaissent des avions de chasse et des bombardiers. Les premiers blindés apparaissent en Ce sont des chars anglais qui sont amenés sur le front en train. Les chars français vont leur apparition en 1917 et ils joueront un grand rôle dans la victoire finale en Les sous-marins sont l arme d élite des Allemands qui les utilisent pour lutter contre le blocus économique imposé par les Alliés. Les progrès de la médecine Devant la violence des combats, les médecins doivent gérer l afflux des blessées et traiter des pathologies nouvelles. Les hôpitaux de campagne se rapprochent des zones de combat pour une prise en charge plus rapide des blessés. Des salles d opérations et des laboratoires sont mis en place à proximité du front. Pour permettre de localiser les éclats d obus dans les corps, on crée l automobile radiologique. On note aussi des progrès de la médecine en matière d appareillage et de rééducation pour permettre aux amputés de se réinsérer dans la vie civile. Pour la première fois, on se penche sur les traumatismes psychologiques : les conditions de vie au front et les chocs causés par les bombardements entraînent de nombreuses névroses. Les terribles blessures de la face entraînent des progrès considérables dans la chirurgie esthétique. 8

9 Des combattants à la plume et au pinceau Les écrivains ont été mobilisé comme les autres en Une littérature de guerre fondée sur le témoignage et affirmant la nécessité de se souvenir se développe. Les mouvements picturaux du moment comme le fauvisme inspirent le service des armées qui s en servent pour le camouflage. Dans la peinture apparaît des nouveaux codes fondés sur l émotion, il s agit d exprimer la violence des combats, la souffrance, le doute et la proximité avec la mort. Parallèlement à la littérature officielle, les Poilus tiennent des carnets de guerre pour relater leur quotidien : textes, dessins et lettres. La guerre de l information Dès le début de la guerre, la censure contrôle l information. En réaction, les Poilus créent leurs propres journaux de tranchées. Les pacifistes fondent un journal satirique : «Le Canard Enchaîné» en La censure est maintenue jusqu en 1919 pour éviter les troubles sociaux et la contagion des événements de Russie. A l arrière le discours officiel envahit tous les supports : affiches, caricatures, manuels scolaires. Il ne faut pas affaiblir le moral des familles et au contraire exalter le patriotisme des familles. Au front la propagande soit servir à soutenir le moral des Poilus. Les enfants dans la guerre A l école depuis la défaite de 1871, toute l instruction publique et la littérature enfantine véhiculent un discours patriotiques. Durant la guerre, les leçons de morale mettent en parallèle le courage des Poilus et la réussite scolaire des enfants. Dans les familles, en l absence des pères, les aînés doivent prendre des responsabilités au côtés de leur mère. Ils doivent aussi participer à l effort de 9

10 guerre : les garçons dans les champs et les filles font des travaux de couture pour les soldats. A la fin de la guerre, on dénombre orphelins et c est pour cette raison qu en 1917 est créée le statut de «Pupille de la Nation» pour une prise en charge par l État des enfants ou orphelins de guerre ou enfants de soldats blessés. Les femmes dans la guerre Les femmes participent pleinement à l effort de guerre en suppléant la population masculine dans les champs et dans les usines en particulier dans les usines d armement où la main d œuvre féminine a augmenté de 20%. Elles réconfortent les soldats par leurs lettres et par les colis offerts par les marraines de guerre. Elles s occupent du foyer où elles sont investies de l autorité parentale et où elles assurent seules l éducation des enfants. Elles doivent subvenir aux besoins de la famille malgré les rationnements. Le 5 août 1914, le gouvernement met en place une allocation journalière pour les épouses des mobilisés. A la fin de la guerre, la politique nataliste du gouvernement renvoie les femmes dans leurs foyers alors que dans plusieurs pays européens, elles obtiennent le droit de vote. Il faudra attendre 1944 en France. L effort de guerre ne constitue pas une avance dans le mouvement d émancipation des femmes. La solidarité à l arrière Les 5 ans de guerre ont éprouvé les populations civiles, en particulier dans les zones de combat et les zones occupées. La solidarité s organise. L aide aux réfugiés : 2 millions de Français fuient les régions du Nord- Est, elles ont une allocation journalière comme les familles de mobilisés. Mais leurs conditions de vie difficiles sont parfois accentuées par des difficultés d intégration dans les régions d accueil. La France a aussi eu des réfugiés étrangers dont la plus grande part venait de Belgique. 10

11 Les appels à la générosité : de nombreuses œuvres caritatives se mettent en place pour aider les soldats et les victimes du conflit : prisonniers, blessés et réfugiés. Des journées de bienfaisance sont organisées. L aide internationale : l Agence des prisonniers de guerre de la Croix Rouge aide de nombreuses familles a retrouver leurs prisonniers et à leur transmettre des colis. A la fin de la guerre, le principe du droit à réparation des victimes est le fondement d une solidarité nationale. L héritage de la Grande Guerre 1918 : aucune famille française n a été épargnée par le conflit. Le souvenir : après la guerre, la France entame une longue période de deuil. Les corps des soldats sont rassemblés dans des cimetières militaires ou des nécropoles nationales. Des ossuaires regroupent des corps non identifiés. A partir de 1922, le 11 novembre est dédié à l hommage aux morts du conflit. C est le moment où les monuments aux morts sont érigés pour se souvenir collectivement de cette atrocité. Le 10 novembre 1920, le soldat Auguste Thin est chargé de désigner le soldat inconnu parmi 8 cercueils de soldats français non identifiés. Ce soldat sera inhumé sous l Arc de Triomphe où à lieu tous les soirs à 18h30 la cérémonie du ravivage de la Flamme. Les associations d anciens combattants : la fraternité des tranchées est reconstituée dans ces associations. Très puissantes, elles interviennent auprès des pouvoirs publics pour que le sacrifice des soldats soit reconnu et réparé. Ce droit à réparation sera mis en œuvre au sein de l Office National des Anciens combattants : établissement public créée pour gérer, au sein d une structure paritaire, les droits à reconnaissance et à réparation obtenus par les anciens combattants : OFFICE NATIONAL DE MUTILES ET REFORMES 1917 : OFFICE NATIONAL DES PUPILLES DE LA NATION 1926 : OFFICE NATIONAL DES COMBATTANTS. 11

12 Ces trois structures sont regroupées en 1946 dans l OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS ET VICTIMES DE GUERRE. 12