Après midi avec Patrice JUIFF

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1 Lycée Auguste et Louis LUMIERE > L actualité des classes > Secondes > Seconde Freinet > Après midi avec Patrice JUIFF Après midi avec Patrice JUIFF vendredi 5 février 2010, par Administrateur

2 Après midi avec Patrice JUIFF Prise de notes : Kris, Gaël, Marie Au programme : - Critique du livre par Laura. - Questions - Conférences Anaïs BARTHELEMY Anaïs LUCCI Marie Manon - Questions Laura fait la critique du livre La taille d un ange est un recueil de nouvelles, écrit par Patrice JUIFF paru aux éditions Albin Michel. Le thème du conflit familial est très présent. Il y a des personnages complexes. Ce sont des histoires très fortes, notamment la nouvelle «Mourir aussi». Pour les personnages, ce sont des femmes et des hommes de tous âges. Une petite fille, un vieillard, une jeune maman. On se met facilement à leur place car ils n ont pas de prénom, on rentre dans leur tête. Dans la première nouvelle, c est une mauvaise mère qui veut donner un meilleur avenir à son enfant. Chaque nouvelle fait environ 30 pages, cela se lit vite. Elles sont toutes chargées d émotions très fortes et elles sont toutes très sombres. C est un livre d espoir, à la fin de chaque nouvelle il y une note d espoir. Côté écriture, ce sont des phrases courtes sans ponctuation. Questions : Amélie : Dans une de vos nouvelles, vous décrivez une histoire d amour entre deux personnes âgées, est ce que vous avez choisi ce thème parce que c est un tabou? Patrice JUIFF : Pas du tout. Dans la littérature on peut tout se permettre, l écriture c est un moment de liberté. Dans mon premier roman, il était question d inceste et cela a choqué certaines personnes. Je n avais pas la volonté de provoquer. J essaie de comprendre le mode de fonctionnement des gens. Le tabou fait partie de la vie. Nicolas : Chaque nouvelle transmet différentes émotions, cela est il fait exprès? P.J : Non, je ne cherche pas à transmettre d émotions, je raconte juste. Je me mets dans la tête des personnages pour réagir à la situation, être au plus juste avec leur réactions. Sarah : Dans la première nouvelle, la jeune femme part, on est dans sa tête, elle n a aucune responsabilité, on ressent ce qu elle vit. Elle n a pas de problème, pas de souci, elle part sur un coup de folie sans inquiétude. P.J : Effectivement, c est le parcours d une jeune femme qui a subi beaucoup de choses, c est de l inconscience juvénile, elle laisse son enfant, seul dans un parc et elle va boire et fumer dans un bar. Elle découvre le fait d avoir un enfant. C est comme si elle était dans un rêve. Elle prend du recul, ouvre les yeux et décide de changer de comportement pour que son enfant ait la meilleure vie possible. Anaïs B : Pourquoi est ce que l image de couverture représente une jeune fille, cela fait il allusion à une nouvelle? P.J : Pas du tout, c est l éditeur qui a choisi. Il m a présenté deux photos et j ai choisi celle-ci mais il n y a aucun rapport avec une nouvelle. C est difficile de trouver une

3 couverture, elle me plaisait bien et en plus, elle attire l œil. Conférence Anaïs B : Patrice JUIFF Voir feuille conférence Conférence Anaïs L : 9ème nouvelle Voir feuille conférence Alexandre : Je voulais savoir, la première nouvelle, c est du vécu ou totalement inventé? P.J : J étais avec ma femme dans le bus pour aller sur l île de Raie et ma compagne s asseoit à côté d une femme, âgée d environ 40 ans, qui rend visite à son mari en prison depuis 10 ans et me retranscrit son histoire. Son mari disposait d une permission de sortie mais il leur était interdit d aller dans des bistrots (rires) alors elle ne savait vraiment pas où aller. Je me base sur le vécu des personnes pour construire l histoire autour. Claudine : Est ce que cela vous arrive de vous inspirer des faits divers dans les journaux? P.J : Tout à fait. Mais la plupart du temps, il n y a rien de nouveau, je n ai pas grand chose à inventer. Par exemple, dans le journal Libération, je me rappelle, c était en Cathy, jeune fille de 18 ans, abandonnée à la naissance veut retrouver sa famille et lorsqu elle les retrouve, ils vivent en autarcie, certains sont consanguins. Elle fut battue et violée par son père puis tuée, coupée en morceaux et jetée dans la rivière. Cette histoire m a beaucoup marqué, malgré qu elle subit toutes ces horribles choses, elle continue à vivre là-bas alors qu elle n était pas retenue, elle était libre et je voulais comprendre pourquoi. Je lis beaucoup, cela me permet de m évader, la semaine dernière j étais en Afghanistan, maintenant je suis au Japon, c est passionnant. On a tous une vie très intéressante. Une vie comme celle de Brad Pitt ne m intéresse pas du tout, les vôtres sont toutes autant intéressantes. Chacun trimbale l histoire de sa propre famille, c est d une richesse incroyable, on pourrait faire un livre sur chacun de vous. Laura : Pourquoi avoir choisi ce titre, La taille d un ange? P.J : C est très difficile de trouver un titre et donc avec mon éditeur on a choisi le nom de la première nouvelle. Margaux : La première et la dernière nouvelle parlent toutes les deux d une mère, est ce que cela a t-il été fait exprès de les mettre au début et a la fin? P.J : Je n avais même pas remarqué. Au début, ce n était pas cet ordre là, mais voilà, je le découvre maintenant. Laura : Est ce que c est dur de se mettre dans la peau des personnages parfois ou est-ce que vous y arrivez facilement? P.J : Tout acquis d humain est humain. Camille : Beaucoup de vos histoires parlent de difficulté entre les enfants et leur mères, est-ce que vous avez eu des soucis avec votre mère? P.J : Non je n ai eu aucun souci, mes parents étaient vraiment adorables. J ai d ailleurs commencé a écrire lorsque mon fils est né, ce qui montre les échanges, les transmissions qui se font entre l enfant et sa mère ou ses parents. A-L : Donc en fait c est vraiment la naissance de votre fils qui vous a donné envie d écrire? P.J : Oui ça y a vraiment contribué mais depuis tout petit c était vraiment un rêve d écrire. Romain : un écrivain vend-t-il bien ses livres?

4 P.J : Ça dépend vraiment des livres, moi je ne vends pas beaucoup. CONFERENCE DE MANON Margaux : avez-vous fait exprès d écrire avec des mots durs et lourds à enttendre? P.J : Non je ne l ai pas fait exprès, je me mets juste à la place des personnages et j écris en fonction des relations qu il y a entre la mère et l enfant. Ce n est pas facile d avoir une enfant à 20 ans. Ce n est pas facile pour la mère ainsi que pour la fille. Anaïs : J ai plus accroché à ce livre car c était moins drôle que dans les autres, je trouve que l on accroche plus dans l histoire dure et émotive que dans l histoire où il n y a que du bonheur. Mme Pontgelard : quels sont les auteurs que vous aimez vraiment et qui écrivent un peu dans le même style que vous? P.J : Il y en a beaucoup mais principalement il y en a un qui est américain et qui s appelle Larry Brown. CONFERENCE DE MARIE Alex : Est-ce que cette histoire est complètement inventée ou est ce que c est tiré dune histoire vraie? P.J : C est une histoire vraie, cela vient de ma tante. Je me suis inspiré des relations entre ma tante et ses parents. Son père est mort depuis et elle regrette de ne pas s être expliquée avec lui pour pouvoir comprendre. Je ne comprends pas comment on peut être comme ça avec ses enfants. *Raconte film espagnol violence conjugale* Pourquoi la femme accepte cette violence en quelque sorte. A-L : Domination masculine dans le film militant. Partent de jeux de garçons, de livres de filles («Martine») on montre qu on est culturellement formaté : la dînette pour les filles, les soldats pour les garçons Claudine : Perversion imposée à la petite fille comme «Le choix de Sophie» P.J : C est les mêmes actes à des niveaux différents, au niveau de l intimité ou pas. Je m intéresse beaucoup à la vie de famille, au groupe. B : C est un cadre fermé, c était un groupe tranquille P.J : Dans le rapport familial, toutes les manières d être. Malgré les histoires personnelles, dans notre cadre à nous, on a le choix de s en sortir, il y a des possibilités de faire que ça change. Toujours un choix possible j ai envie d y croire. On a la force en nous, il faut aller la chercher, et il y a des rencontres qui nous aident à s en sortir. Pas avoir peur de se faire aider. On n est jamais seul. Margaux : Comment un père en arrive là? A-t-il des remords? Comment réagirons nous à la place de cette fille? On se pose plein de questions. P.J : Je ne sais pas non plus cmt j aurais réagi, ça dépend de votre entourage, il faut essayer d en parler. On est trop dans le jugement, du coup on a peur de se confier, d avouer certaines choses. Mme Pontgelard : Je trouve que Marie a comparé problème conjugal et la violence envers un enfant. Je pense que ce n est pas le même problème. Par rapport au choix, pour un enfant c est plus dur. Et deuxièmement dans cette nouvelle, on ne peut pas s identifier exactement, cela doit être dur d écrire du point de vue du père. On ne pourrait pas avoir d empathie pour le personnage. P.J : J aurais pu écrire de son point de vue. D ailleurs dans un mon prochaine livre j écris du point de vue de l homme qui a tué sa femme. J essaie d être sincère avec lui, de ne pas juger C est vrai que ce n est pas forcément facile. A-L : Vous écrivez toujours à la première personne? P. J : Non, mes premiers romans sont à la 3 ème personne. Pour mes nouvelles, elles sont assez longues et se finissent avec une phrase en quelque sorte, qu on ne reste pas sur sa fin. On reproche souvent ça aux nouvelles. J aime bien qu il y ait une cohérence dans le livre. Il y a une certaine unité car elles sont écrites toutes à la 1 ère personne. Alex : Votre support de travail? P.J : Ordinateur. Je suis très faignant et désordonné, ça me permet de faire un travail assez structuré. Je préfère. Mélissa : Je pense qu on ne peut pas s identifier vraiment à quelqu un qui frappe ses enfants P.J : Ce n est pas s identifier, c est essayer de comprendre pourquoi de tels actes? C est chercher. Elise : Je préfère la nouvelle c est Mourir aussi, la dame elle meurt C est elle qui m a le plus touchée, je trouve que ça change car... P.J : c est une nouvelle que j ai inventée. Philosophe : Andrè Gordz il vivait avec sa femme qui était

5 gravement malade, il ne s imaginait pas vivre sans elle alors ils se sont suicidés tous les deux vers 80ans. P.J : Je fais lire mes livres à ma femme pour qu elle me donne son avis. Mon fils veut lire mes écrits mais je pense qu il est un peu trop jeune.