L impact des particules fines sur la santé

Transcription

1 Forum ARPEA Lausanne, 21 sept 2007 L impact des particules fines sur la santé Jean-Pierre Zellweger Policlinique Médicale Universitaire, Lausanne

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3 La brume impressioniste de Londres: «Et qu est-ce d autre qu un nuage infernal et déplaisant de charbon, mélangé à l air normalement pur, de sorte que les habitants de cette région respirent un épais brouillard contenant des fumées impures.» John Evelyn: The inconvenience of the Aer and Smoake of London dissipated 1661

4 Londres, 6 dec 1952: «Days of toxic darkness»

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6 «London Fog» (5-10 Dec 1952) 4000 décès supplémentaires immédiats Augmentation du risque de décès par bronchite x 9 ««par asthme x 4.4 ««par maladie cardiaque x décès supplémentaires au cours des semaines suivantes Causé par l accumulation de fumées de charbon riches en soufre lors d une inversion prolongée de température

7 Que contient l air? (qu il ne devrait pas contenir) Gaz: Oxydes d azote, Oxyde de soufre, Ozone Particules: Particules naturelles, inertes: terre, poussière, sable Particules naturelles, organiques: pollens, poussières Particules artificielles: particules fines, suies, fumées Les deux polluants les plus importants sont les particules fines (PM10 et PM2.5) et l ozone

8 Les dangers pour la santé Généralisés: Touchent la population entière Spécifiques: Touchent des groupes particulièrement exposés ou particulièrement sensibles

9 Que signifie une baisse de 3% de la fonction pulmonaire? Déplacement de la moyenne de 3% Impact: doublement du nombre de cas en dessous de la limite Un abaissement de 3% de la moyenne des valeurs de capacité vitale (FVC) conduit à un doublement du nombre de personnes situées en dessous du seuil inférieur (<80% de la moyenne)

10 Impact possible de la pollution atmosphérique sur la santé Irritation aiguë (transitoire) Symptômes respiratoires et consultations en urgence Exacerbations de l asthme et de la bronchite chronique Infarctus / décès Irritation persistante (chronique) Influence sur la sensibilité aux allergies Influence sur la croissance et la fonction pulmonaires Influence sur les affections cardio-vasculaires (athérosclérose) Augmentation de la fréquence des cancers Impact sur la mortalité par affections cardio-respiratoires

11 Effet des particules fines

12 Que contiennent les poussières fines? Poussières de routes (goudron, asphalte, gomme des pneus, garnitures de freins) Suies et gaz d échappement Poussières naturelles Pollens Poussières industrielles Fumée de cigarettes Sable

13 Sources des émissions de poussières fines Source: Dept Fed Env Transp Energ Comm

14 Provenance des émissions de poussières fines Source: Dept Fed Env Transp Energ Comm

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16 Emissions de suies diesel Source: Dept Fed Env Transp Energ Comm

17 Lieu de déposition des particules fines: Nez, trachée: PM10 Bronches: PM2.5 Alvéoles, sang PM1.0

18 Poussières fines et maladies respiratoires Effets documentés sur: Symptômes respiratoires Tendance à l asthme chez l enfant Consultations en urgence pour asthme Fonction pulmonaire de l adulte Absentéisme au travail Décès par maladie cardio-vasculaire

19 Concentration en particules fines et bronchites chez l enfant

20 Particules fines et croissance pulmonaire L effet est comparable à celui du tabagisme du tabagisme maternel, moindre que celui du tabagisme actif chez les jeunes Gauderman WJ, NEJM, 2004

21 Effets des particules fines sur le système cardio-vasculaire Augmentation du stress oxydatif, inflammation des parois vasculaires Augmentation de la viscosité sanguine Activation plaquettaire Vasoconstriction Augmentation de la tendance à l athérosclérose (épaississement de la paroi vasculaire) Rem: Les effets semblent particulièrement marqués chez la femme >50 ans et chez les sujets à risque (hypertension, inactivité, diabète, tabagisme)

22 Pollution de l air due au trafic et risque de décès par affection cardio-vasculaire moyenne grands axes fumées NO2 Hoek G, Lancet 2002

23 Impact des particules fines sur la mortalité cardio-respiratoire Une augmentation de 10 ug/m3 de la concentration en particules fines (PM2.5) est associée à une augmentation de 6% de la mortalité globale 9% de la mortalité par affection cardiovasculaire 14% de la mortalité par cancer pulmonaire Dockery DW et al, New Engl J Med 1993;329:1753

24 Risque relatif d accident cardio-vasculaire aigu associé à une augmentation de 10 ug/m3 de la concentration en PM2.5 (suivi de femmes entre 1994 et 1998 dans 36 villes US) Miller KA, NEJM 2007;356:447-58

25 Taux de PM2.5 et risque de décès cardio-vasculaire (suivi de femmes entre 1994 et 1998 dans 36 villes US) Miller KA, NEJM 2007;356:447-58

26 Poussières organiques (agriculture)

27 Pollution de l air par des allergènes naturels Barcelone: entre 1981 et 1984, 25 «épidémies» d asthme d une durée de 1-2 ont été observées Les épidémies suivaient les périodes de déchargement de farine de soja dans 4 silos du port, dont l un comportait un filtre défectueux. Disparition des épidémies après la réparation du silo défectueux

28 Exposition à la poussière des agriculteurs grisons Parmi 81 patients insuffisants respiratoires sous oxygène, 50 avaient travaillé dans l agriculture Les concentrations en particules fines dans les fermes des malades atteignaient µg/m 3 en été et µg/m 3 en hiver Cathomas R-L. SMW 2002

29 Les données Suisses

30 L étude SAPALDIA Swiss Study on Air Pollution and Lung Diseases in Adults Etude de la prévalence des symptômes respiratoires et de la fonction pulmonaire des adultes résidents dans 8 centres d étude à climat et charge polluante différente.

31 L étude SAPALDIA 9651 participants Début en 1991 Observation prolongée d un sous-groupe en (symptômes et maladies) 2 e examen en

32 SAPALDIA- 8 centres Aarau Wald SAPALDIA Genf Montana

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35 SAPALDIA 1 (1991) 1. L exposition prolongée à des taux élevés de polluants atmosphériques est associée à une augmentation des symptômes respiratoires 1Leuenberger Ph., SMW 1998

36 Fréquence des plaintes respiratoires chez les participants selon l exposition aux particules fines Leuenberger Ph, SMW 1998

37 SAPALDIA 1 (1991) 2. La prévalence de la toux est associée à la concentration en particules fines Zemp E et al. Am J Respir Crit Care Med 1994;150:1221

38 Toux chronique et particules fines 15 Adjusted Prevalence of chronic cough or expectoration (%) 10 5 M D P W B A G L PM10 annual mean concentration (mg/m 3 (Zemp et al, Am J Respir Crit Care Med 1999; 159: )

39 SAPALDIA 1 (1991) 3. Une augmentation de la concentration en particules fines, oxydes d azote et ozone est associée à une diminution de la fonction pulmonaire 2 Schindler C et al. Epidemiology 1998;9:405

40 Concentration en particules fines et fonction pulmonaire Leuenberger Ph., SMW 1998

41 SAPALDIA 1 (1991) 4. L exposition à la fumée passive est associée à une augmentation des plaintes respiratoires. La prévalence est liée à la durée et à l intensité de l exposition. 4Leuenberger Ph et al. Am J Respir Crit Care Med 1994;150:1221

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48 Exposition au tabagisme passif dans l enfance et troubles respiratoires à l âge adulte

49 Concentration des particules dans l air La concentration en particules fines (PM10) est jusqu à 2o fois plus élevée dans l air des locaux fumeurs (300 ug/m3) que dans celui des locaux non fumeurs (15 ug/m3) L irritation des voies respiratoires des sujets sensibles se manifeste déjà à des taux non détectables à l odeur La ventilation diminue l odeur, mais pas la concentration en particules fines Pour diminuer la fumée d une cigarette en dessous du seuil irritant, il faut 3000 m3

50 Taux de poussières fines à la cafeteria de l Hôpital de l Ile, Berne Salle fumeurs (203 m 3 ) le , 1200 PM-10 PM-2.5 PM Belastung in Mikrogramm/m Uhrzeit 9:43 9:45 9:47 9:49 9:51 9:53 9:55 9:57 9:59 10:01 10:03 10:05 10:07 10:09 10:11 10:13 10:15 10:17 10:19 10:21 10:23 10:25 10:27 10:29 10:31 10:33 10:35 10:37 10:39 10:41 10:43 Valeurs limites pour l air ambiant = 50 µg/m 3 Fachstelle Rauchen, S. Büchler

51 Pollution de l air due au trafic et risque de décès par affection cardio-vasculaire fumées NO2 fumeur moyenne grands axes Hoek G, Lancet 2002

52 Pollution de l air et risque de cancer pulmonaire NO2 <9 NO NO NO2 30+ NF F 1-9 F F 20+ Nafstad P, Thorax 2003

53 La situation est-elle désespérée?

54 Pollution de l air par des suies et par le dioxyde de soufre, avant et après l interdiction de chauffage au charbon à Dublin Clancy L, Lancet 2002;360:

55 Evolution du nombre total de décès à Dublin, avant et après l interdiction du chauffage au charbon (taux/1000 habitant, standardisé pour l âge): < 60 ans: - 7.9% ans: - 6.2% >75 ans: - 4.5% Clancy L, Lancet 2002;360:

56 Evolution du nombre de décès par affection cardio-vasculaire, respiratoire et autres, avant et après l interdiction du chauffage au charbon à Dublin (taux/1000 habitants, standardisé pour l âge) Clancy L, Lancet 2002;360:

57 Evolution de la concentration des principaux polluants atmosphériques entre SAPALDIA 1 et SAPALDIA 2: NO ( g/m3) Lugano Genf Basel Aarau Payerne Wald Davos Montana Grenzwert LRV

58 Evolution de la concentration des principaux polluants atmosphériques entre SAPALDIA 1 et SAPALDIA 2: particules fines (PM10) - 50 Lugano 40 Genf Aarau ( g/m3) Basel Payerne Wald Davos 10 Montana Grenzwert LRV

59 Effet de la baisse de la charge polluante sur la fonction pulmonaire La baisse de la concentration en PM10 entre SAPALDIA 1 et SAPALDIA 2 (en moyenne 5%) s accompagne d un ralentissement du déclin naturel de la fonction pulmonaire

60 Modifications de la charge en PM10 et nombre de personnes exposées dans les 8 centres SAPALDIA, % 90% 80% 70% % 50% 40% 30% 20% 10% Geneva Aarau Payerne Montana Lugano Davos Wald Basel 0% < >=0 Change in PM 10

61 Symptômes respiratoires chez les employés avant et après l interdiction de fumer dans les restaurants et les bars de Californie % wheeze dyspnea cough phlegm ENT irritation before ban after ban Eisner MD JAMA 1998;280:

62 Conclusions (1) La pollution de l air est associée à des risques faibles mais mesurables pour la santé Les risques les plus importants sont les effets à long terme (cancers, diminution de la fonction respiratoire et mortalité cardiorespiratoire) Les particules fines (PM2.5) sont le polluant le plus important

63 Conclusions (2) L exposition à la fumée passive est la forme la plus dangereuse de pollution par les particules fines La diminution de la pollution atmosphérique observée au cours des 12 dernières années a des effets positifs La protection des non fumeurs de l exposition passive est la mesure la plus urgente

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