Histoire du grain de riz. Histoire racontée aux enfants pendant le culte des récoltes et jouée par Jean, Pierre et Sarah :

Transcription

1 Histoire du grain de riz Histoire racontée aux enfants pendant le culte des récoltes et jouée par Jean, Pierre et Il était une fois, dans un petit village de montagne, un pauvre homme, pauvre, pauvre... Si pauvre que le dernier jour de l'année, quand il est allé dans sa petite cuisine, il n'a rien trouvé à manger : pas le moindre morceau de pain, plus de carottes, ni de pommes de terre, ni pâtes, ni haricots. Rien. Rien. Rien. Tout de même, à force de chercher, il a fini par trouver, coincé dans la fente d'un tiroir, un grain de riz, un unique grain de riz. "Un grain de riz, c'est mieux que rien du tout. Je vais le faire cuire pour passer le temps, puis le sucer lentement, lente.ment. " Mais pour faire cuire le grain de riz, il lui fallait une casserole. Il n'en avait plus, ayant dû vendre toute sa vaisselle. Du coup il eut l idée d aller toquer chez son voisin (enthousiaste) «Bonjour cher voisin!» (méfiant) : «Bonjour voisin, quel bon vent t amène?» «J'ai du riz à faire cuire ce soir, peux-tu me prêter une casserole?» «Bon, si ce n est que ça tu veux laquelle? la grande ou la petite?» «Et bien La grande! On m'a toujours dit que pour faire cuire du riz et pour qu'il n'attache pas, il faut le faire cuire dans beaucoup d'eau!» «Bon écoute, si déjà je te prête ma casserole, je viens manger ce riz avec toi ce soir!»

2 Notre pauvre était un peu gêné, mais comme il avait bon cœur il répondit : «Euh Bon, d accord. Quand il y en a pour un, il y en a pour deux. A ce soir!» En ce temps-là, il n'y avait pas l'eau courante dans le petit village de montagne. La fontaine était loin, l'hiver froid. Notre pauvre homme, plein de rhumatismes, grelotait. Après bien des hésitations se décida à toquer chez sa vieille voisine : «Bonjour vieille voisine!» «Bonjour vieux voisin» «Je mange du riz ce soir, avec le voisin. Peux-tu me donner un peu d'eau pour le faire cuire?» «Je te donne de l'eau mais au jour d'aujourd'hui on n a rien pour rien. Je viens manger le riz avec vous! Notre pauvre vieil homme était de plus en plus gêné «Oui, mais Enfin, bon, d'accord! Quand il y en a pour un, il y en a pour deux ; quand il y en a pour deux, il y en a pour trois». Puis il lui fallu du bois, du papier, et des allumettes pour allumer le feu. Et oui, je vous rappelle que ce pauvre homme n avait plus rien Il se décida à toquer chez Pierre, chez Jacques, chez Michel. L'un lui donna du bois, l'autre du papier, le troisième des allumettes, mais à chaque fois ils s'invitèrent. L heure avançait et il ne restait visiblement plus qu'à faire cuire le grain de riz. Mais un grain de riz à partager en six! L homme commença à se faire beaucoup de soucis. "Oh! Mais j'y pense, j'ai une idée!"

3 Il se précipita chez le fermier. «Bonjour fermier!» «Bonjour pauvre homme» «Ce soir, on est six à manger du riz. Il y a Pierre, Jacques, Michel, le voisin et la voisine et moi. On s'est dit que, si tu venais manger avec nous, toi qui es tout seul, ce serait bien. Bien sûr, on est des pauvres gens, on n'a que du riz tout sec, on n'a pas de poule avec. Mais tu seras le bienvenu quand même.» «Et tu crois que je vais venir les mains vides? Le dernier jour de l'année! Je viens manger votre riz, mais je vous donne une de mes poules. Tiens... prends celle-là». Sur le chemin du retour, notre pauvre homme commença à pleurer «Une poule pour sept! (pause) C est quand même mieux qu'un grain de riz pour six : mais quelle andouille je suis! Au lieu de lui parler de poule, j'aurais dû lui parler de dinde...» Et vous savez quoi? Notre pauvre homme, et bien il eut une idée géniale! «Oh! Mais j'y songe». Vite, il court chez une vieille, une très vieille villageoise qui élevait des dindes. «Bonjour vieille dinde! Euh non, pardon, vieille qui élève des dindes!» «Bonjour jeune homme!»

4 «Ce soir, on est sept à manger une poule au riz. Il y a Pierre, Jacques, Michel, le voisin, la voisine, le fermier et moi. On a pensé que seule tu devais t'ennuyer. Bien sûr, une poule pour huit, ce n'est pas très gros, mais enfin, on a ce qu'on a... «Et moi, j'apporterai une dinde. Depuis le temps que je vends des dindes sans même en connaître le goût! Toujours seule, je ne peux quand même pas me faire cuire une dinde, c est beaucoup trop! Tiens, choisis la toi-même cette dinde!» Voyant que cela marchait si bien, notre pauvre homme est allé inviter l'épicier, le jardinier, le pâtissier, le marchand de vin. Et le soir quel magnifique repas : riche ragoût, vins à foison, pâtisseries fines, fruits... Tout le monde était autour de la table : le voisin, la voisine, le fermier, le pâtissier, le jardiner, le marchand de vin (Sarah montre du doigt les enfants qui sont assis devant elle pour écouter l histoire et qui font office de personnages) Mais au milieu du repas, l'un des quinze convives s'exclame : «Eh, dis, ce matin tu nous as invités à manger du riz. On se régale, mais ce riz, il est où? Oh le riz! mince! J'ai complètement oublié de le mettre! Mais vous n'avez rien perdu». Et ce disant, il va chercher le grain de riz dans sa cuisine, revient, et le montre à ses convives, en racontant toute l'histoire. Alors, ce soir là, en voyant ce petit grain et bien tous les invités ont forcément bien... ri.

5 Prédication 6 octobre 2013, fête des récoltes Après avoir entendu l histoire de ce pauvre homme j ai envie de vous poser cette question : «et vous c est quoi votre grain de riz?» Oui, c est quoi ce petit quelque chose que vous portez en vous enfoui dans la fente d un tiroir? Ce petit quelque chose enfoui peut-être dans le fond de votre cœur ou de votre esprit, ce tout petit quelque chose dont vous avez-même oublié l existence tellement il est loin et bien caché. Un petit quelque chose au fond de nous-même qui nous ramène peut-être à un peu de bonheur où à de la souffrance, mais ce petit «truc» qui un jour fera toute la différence. Nous les avons tous au fonds de nous ces petites choses, c est petits grains de riz; parfois il faut juste une bonne dose d audace pour les sortir. Oui, il en fallait une bonne dose d audace à ce pauvre homme pour aller demander une casserole à son voisin, je pense que la plupart d entre nous auraient tout de suite laissé tomber! Faire cuire un grain de riz franchement, c est une perte de temps! Et puis c est quand même très culoté d aller inviter des voisins alors qu on a rien à leur proposer! Je ne sais pas si certains d entre vous ont vu un jour ce film qui s appelle «12 jurés en colères». C est un vieux film des années 60 de Sidney Lumet qui raconte le procès d un jeune hispano-américain accusé d avoir tué son père d un coup de couteau. Tout ce film se passe dans la chambre de délibération des jurés qui doivent statuer sur le sort du jeune homme. S ils le reconnaissent coupable, alors il sera condamné à la chaise électrique. On voit que ce jour là il fait chaud, tout le monde est très fatigué et a hâte d en finir. Premier tour de table, 11 jurés votent coupable, et le 12ème n y arrive pas, juste parce qu il a un doute. Un petit doute, il a juste une ou deux choses qui ne sont pas très claires dans sa tête et il faut qu il les exprime. Et bien tout le film raconte comment ce petit doute va commencer à se propager dans la tête de chaque juré, jusqu à ce que finalement il n y ait plus assez de preuves pour faire condamner l accuser ; On passe de un contre douze, à finalement douze personnes convaincues de l innocence d un jeune homme à la fin du film. Un petit doute Un petit quelque chose enfouis dans le fond d un tiroir mais qui va tout changer qui va même sauver une vie. Un petit quelque chose qui va faire qu on ira quand même sonner chez un voisin pour demander une casserole, un peu d eau, et au final c est quinze personnes qui se retrouvent autour d un repas.

6 Cette histoire nous ramène peut-être aujourd hui à notre vocation de chrétiens : «Car ce n'est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d'amour et de sagesse. «2ème lettre de Paul à Timothée. Frères et sœurs, à nous d oser encore aujourd hui, à nous de croire, à nous de nous laisser porter par l esprit de Dieu avec force! Car il y a encore tellement de personnes autour de nous, tellement de situations qui n attendent qu un élan et qu une petite intuition du cœur. Et en parlant de récoltes aujourd hui, vous comprendrez bien que nous avons beaucoup plus à amasser que des fruits et des légumes. L essentiel dans l histoire de ce pauvre homme, ce ne sont pas les poules, les dindes, le bon vin et les pâtisseries ; l essentiel c est bien cette récolte humaine. Avec ce petit quelque chose que j ai en moi et qui me pousse, je peux faire de ma vie un vrai festin où beaucoup d hommes, de femmes, d enfants se trouveront réunis dans cette joie du partage, dans cette joie qui célèbre Dieu et la vie. Que Dieu nous donne à présent son Esprit de force et de vérité, pour qu au delà de nos timidités, au delà de nos faiblesses, nous puissions annoncer sa justice. Une justice qui ne retranche personne, une justice qui ne condamne pas mais qui trouve son aboutissement dans le partage. Alors je vous le répète : «et vous, c est quoi votre grain de riz?». Amen