Une nuit magique dans l hiver

Transcription

1 Patrick ALLEN Une nuit magique dans l hiver A magic night in Winter Conte pour le temps de Noël 2009

2 ne nuit magiqu dans l hive 1 Il était une fois, dans une lointaine province située au nord d un immense pays, où l hiver, chaque année, était bien long et fort rigoureux, une petite ville, si petite d ailleurs, que les cartographes oubliaient souvent de la mentionner sur les cartes et les atlas. Pour ses habitants, elle existait belle et bien, puisqu ils y vivaient tout au long de l année, y avaient leur travail, leur école, leurs bureaux et commerces et même une petite usine qui fabriquait des meubles. Tout autour de cette petite ville, poussaient de profondes et belles forêts de sapin, qui fournissaient ainsi tout le bois nécessaire pour l usine de meuble mais également pour les habitants, qui construisaient leur maisons en bois, se chauffaient avec le bois 9

3 Ainsi, depuis de nombreuses années, la si petite ville, joliement nommée Neige-Blanche *, vivait paisiblement à l écart du reste du monde, sans se soucier plus que ça des lointains événements mais ne demandait rien, non plus, au reste du pays, qui ignorait tant d ailleurs l existence de cette si petite ville. Chaque hiver, l usine de meubles écoulait sa production chez un grand négociant possèdant de nombreuses enseignes dans les grandes villes du pays, et même au-delà de la frontière. Celuici venait avec plusieurs camions et emportait la plupart des meubles fabriqués durant l année. Cet achat était à chaque fois si important, qu il suffisait en fait à faire vivre l entreprise Rabeau et ses employés pour le restant de l année. Et grâce à cette vente, la petite usine assurait la prosperité de Neige-Blanche qui, sans cela, n aurait guère de ressources suffisantes. Et si cette usine venait à fermer alors que deviendraient les ouvriers qui y travaillent? Que * Little White-Snow. 10

4 deviendraient les rares commerces de la ville? Et l école? Et le bureau de poste? Mais pourquoi penser au pire puisque depuis fort longtemps, l usine vendait sa production et la qualité des meubles qui y étaient fabriqués était telle que la réputation de l entreprise de Monsieur Rabeau ne cessait de grandir. * Cette année-là, qui restera longtemps gravée dans la mémoire locale, l hiver s annonçait particulièrement rude, bien que les habitants de ce comté étaient accoutumés à ce climat extrème. De plus, dans le sud du pays, où était située la grande cité, d où venait le principal client de l usine locale, les nouvelles économiques n étaient pas très fameuses C était le quinze décembre Les employés municipaux installaient les décorations pour les fêtes de Noël. Les vitrines des commerces s animaient de jouets et d automates, de crèches animées et de guirlandes multicolores. À l école, 11

5 les enfants sentaient venir cette période où tout était différent., où le monde basculait dans la sérénité et le rêve * Le téléphone trépidait sur le bureau de Monsieur Rabeau, directeur de la petite fabrique de meubles de Neige-Blanche. Il venait tout juste de donner ses instructions à ses employés afin que la neige, qui tombait drue depuis quatre jours, n encombre pas le quai de chargement, afin que les camions attendus puissent venir prendre livraison des meubles. Monsieur Rabeau était seul dans son bureau, sa secrétaire était partie à la poste. Il décrocha le combiné Monsieur Rabeau? questionna l interlocuteur, à l autre bout de la ligne Oui, c est moi-même Oh! je reconnaît votre voix, monsieur vous êtes Oui, c est bien moi! Je souhaiterai vous appeler pour vous annoncer ma venue, comme 12

6 chaque année à cette époque, mais hélas, aujourd hui il m est impossible, impossible» Monsieur Rabeau écouta, et ne put immédiatement répondre. Il demeura un bref instant la bouche ouverte sans pouvoir prononcer un seul mot. Vous savez, la conjoncture économique a été très mauvaise ces derniers mois, repris le négociant sur un ton désolé, je n ai pas eu beaucoup de clients cette année, trois fois moins que l an dernier et il me reste suffisamment de stock à écouler pour tenir mon commerce pendant plusieurs mois. Ce sera donc pour l an prochain, j espère pouvoir venir au début de l été.» Le client termina la conversation par un souhait de bonnes fêtes, que Monsieur Rabeau n entendit pas. Ce dernier raccrocha le combiné du téléphone et regarda tristement, par la fenêtre de son bureau, l entrepôt où s agitaient les employés pressés d achever l emballage des meubles qui devaient partir. 13

7 C était fini! Monsieur Rabeau savait que sans cette ultime livraison, l usine devrait cesser son activité. Il n avait plus, en cette fin d année, assez d argent pour payer ses employés et ses fournisseurs. L entreprise était condamnée et sans doute avec elle, Neige-Blanche, la si petite ville ignorée de tous 14

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