Les chauves-souris à Paris, espèces protégées et espèces cibles

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1 Les chauves-souris à Paris, espèces protégées et espèces cibles Christophe Rousseau Christian KERBIRIOU, Muséum National d Histoire Naturelle, CESCO Avec les contributions de Julie MARMET, Anne MIMET, Baptiste REGNERY, Aurélie LACOEUILHE, Jean François JULIEN Observatoire Parisien de la Biodiversité, 13 décembre 2013

2 Les Chiroptères en France

3 35 espèces = 1/3 des mammifères Rhinolophidés (4 espèces) Minioptéridés (1 espèces) Molossidés (1 espèces) Vespertillonidés (29 espèces)

4 Régime alimentaire : exclusivement de petits arthropodes (insectes et araignées) Hibernation en léthargie de novembre à mars Espèces longévives Accouplement en automne Mise bas au printemps 1 seul petit par an

5 Les Habitats utilisés par les chiroptères Les chauves-souris utilisent une grande diversité d habitats au cours du cycle annuel de leur activité journalière G. San Martin Gîte ou plutôt réseau de gîtes d hibernation Dietmar de Nill transit de reproduction En transit Territoire de chasse Structure et conditions du gîte (T, H ), Tranquillité Structure du paysage -Connectivité/barrière- Disponibilité en proies Structure du paysage

6 Les principales menaces: I Les polluants Effets des substances chimiques sur les chiroptères 1. Pesticides organochlorés 2. Pesticides organophosphorés et carbamates 3. Pesticides pyréthrinoides 4. Contaminants organiques industriels 5. Contaminants inorganiques: métaux lourds 6. Autres contaminants : Antiparasitaires du bétails

7 Les principales menaces: II Disparition des gîtes (hivernage, mise bas) Disparition des vieux arbres creux: Cas des Arbres Refuges de Biodiversité L âge depuis la dernière coupe explique le mieux la densité d arbres porteurs de microhabitats et la densité de microhabitats > 0/30 30/60 60/90 90

8 Les principales menaces: II Disparition des gîtes (hivernage, mise bas) Richesse spécifique crich Disparition des vieux arbres creux: Cas des Arbres Refuges de Biodiversité La richesse des communautés de chiroptères est corrélées positivement certains microhabitat (cavités de Cerambyx etc.) mais c est la diversité en microhabitat qui est le mieux corrélées! Diversité Diversity de microhabitats of tree d arbres

9 Les principales menaces: II Disparition des gîtes (hivernage, mise bas) 2. Rénovation des anciens bâtiments Des produits non toxique existent Aménager des issues

10 Les principales menaces: II Disparition des gîtes (hivernage, mise bas) 3. Fermeture de l'entrée des grottes, des carrières et des mines Des cavités fréquentées par une faune hétéroclite mise en sécurité des mines décidée par l'administration de l'équipement. Concilier fermeture qui se doit être définitivement défavorable à l'homme mais qui puisse assurer néanmoins le maintien d'un passage pour les chauves souris.

11 Les principales menaces : III Impacts des infrastructure de transport L impact de la circulation routière Durant 3 ans à Bourges, de Mai à Octobre, 1 km de route nationale prospectée chaque semaine : 79 cadavres. Mortalité estimée sur les routes départementales = 1 Chauve-souris par km et par an soient individus! Une autre étude réalisée sur près de Km de suivi, a mis en évidence une collision de chauve-souris par 1 véhicule tous les 400 Km.

12 Les principales menaces : IV Production éolienne «La connaissance des comportements et de la répartition des espèces de chauvessouris de même que la connaissance de l impact des éoliennes est très insuffisante» site Ministère Ecologie 2009 «On suppose que le problème est similaire à celui de l impact sur les oiseaux»

13 Les principales menaces : V Altération de la qualité des terrains de chasse: fragmentation, disparition, intensification agricole, urbanisation Etalement urbain Intensification sylvicole Intensification agricole

14 Les principales menaces : V Altération de la qualité des terrains de chasse: fragmentation, disparition, intensification agricole, urbanisation Taches Unités écologiques Matrice Élément dominant du paysage, le plus connecté, rôle majeur dans la dynamique du paysage Corridors Élément linéaire qui diffère de la matrice Peut jouer un rôle de couloir de dispersion ou de barrière

15 Les principales menaces : V Altération de la qualité des terrains de chasse: fragmentation, disparition, intensification agricole, urbanisation Cas de la pollution lumineuse Tolerant group Sensitive group: gleaning bats

16 Les Chiroptères, des espèces protégées

17 Un réseau d acteurs pour l étude et la protection des chiroptères SFEPM et les associations de protection de la nature Groupe chiroptères national Groupes chiroptères régionaux Deuxième Plan National d Actions en faveur des chiroptères ( , rédigé par la SFEPM, piloté par la FCEN) : PROTEGER - AMELIORER LES CONNAISSANCES - INFORMER ET SENSIBILISER

18 Statuts de protection en France : Code de l Environnement et AM avril 2007 Toutes les espèces Protection des individus mais aussi des sites de reproduction et des aires de repos I. - Sont interdits sur tout le territoire métropolitain et en tout temps la destruction, la mutilation, la capture ou l enlèvement, la perturbation intentionnelle des animaux dans le milieu naturel. II. - Sont interdites sur les parties du territoire métropolitain où l espèce est présente, ainsi que dans l aire de déplacement naturel des noyaux de populations existants, la destruction, l altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions s appliquent aux éléments physiques ou biologiques réputés nécessaires à la reproduction ou au repos de l espèce considérée, aussi longtemps qu ils sont effectivement en vigueur, utilisés ou utilisables au cours des cycles successifs de reproduction ou de repos de cette espèce et pour autant que la destruction, l altération ou la dégradation remettent en cause le bon accomplissement de ces cycles biologiques.

19 Statuts de protection en Europe : Rappel des statuts de protection Directive «Habitats Faune Flore n 92/43/CEE du Conseil du 21/05/92 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages Toutes les espèces en «annexe IV» : Annexe IV/a : espèces animales d intérêt communautaire qui nécessitent une protection stricte «Annexe II» : espèces animales d intérêt communautaire dont la conservation nécessite la désignation de Zones Spéciales de Conservation (R. euryale, R. ferrumequinum, R. hipposideros, R. mehelyi, M. bechsteinii, M. blythii, M. capacinii, M. dasycneme, M. emarginatus, M. myotis, B. barbastellus, M. schreibersii) + Listes rouges : plusieurs échelles, n a pas de valeur juridique

20 I. Les Gîtes Gites «artificiels» Gîtes «arboricoles» Greniers, combles, cave, fissures, volet... Fissures, trous de pics, sous écorce... Ponts, ponceaux Gîtes «cavernicoles» Eglises Photo : Michael Sol Grottes, carrières, souterrains, tunnels...

21 I. Les Gîtes Gites «artificiels» Greniers, combles, cave, fissures, volet... Ponts, ponceaux Eglises

22 I. Les Gîtes Gites «artificiels» Greniers, combles, cave, fissures, volet... Ponts, ponceaux Eglises

23 I. Les Gîtes

24 Les Chiroptères à Paris, des espèces cibles Christophe Rousseau Christophe Rousseau

25 Les études et les observations : 1988 : 10zaine de pipistrelles de Nathusius en hibernation, dans une branche coupée sur le Champ de Mars 1991 : découverte de la plus grosse colonie de Pipistrelle commune de France dans le tunnel de la petite ceinture 1996 : Premier inventaire des chiroptères dans Paris intra-muros 2005 : Inventaire des chiroptères du Bois de Boulogne; détection acoustique et captures (Tillon et Evin 2005) : 9 espèces contactées 2006 : Début du suivi Vigie-Chiro, programme de sciences participatives du MNHN, suivi continu 2009 : Inventaire des chiroptères à Paris; détection acoustique et captures (Lustrat et al, 2009) : 8 espèces contactées Evin A. et Tillon L., Inventaire des chiroptères du Bois de Boulogne, 2005 Lustrat P., Julien J.F. & Kerbiriou C., Inventaire des Chiroptères de Paris intra-muros et analyse de l incidence du climat local et du milieu urbain sur la dynamique des populations, 2009

26 I. Les Gîtes Les pipistrelles de la Petite ceinture

27 Les pipistrelles de la Petite ceinture Ancien réseau ferroviaire Tunnel désaffecté = 596 m Site découvert en 1990 par Alexandre Haquart, chiroptérologue et cataphile Site d hibernation Essentiellement des pipistrelles sp. : Pipistrelle commune et potentiellement Pipistrelle de Kuhl et Pipistrelle de Nathusius Majoritairement dans les disjointements des parois latérales SFEPM. Bulletin de liaison n 21. Mars 1991

28 Le tunnel, un gîte majeur Le seul gîte d hibernation connu sur Paris et la Petite Couronne pour les Pipistrelles Responsabilité régionale : Le plus grand rassemblement de mammifères sauvages de toute l IDF Individus qui ne proviennent pas que de Paris Tunnel de la Petite ceinture : gîte d hibernation majeur au niveau régional et national de par ses effectifs, reflétant le caractère grégaire de l espèce

29 I. Les Gîtes La colonie de Pipistrelle commune de la petite ceinture verte de Paris Le plus gros gîte d hivernage de France Taux d'accroissement

30 I. Les Gîtes Quelles variables influencent la dynamique de cette colonie - Température le jour du recensement - Température moyenne du mois précédent (Janvier le plus souvent) - Nombre de jours consécutif de gel - Température moyenne de l hiver (Décembre-Janvier-Février) Et des variables météorologiques qui auraient pu influencer la dynamique de reproduction : - Température moyenne du mois de Juin de l année précédente - Température du mois de Juillet de l année précédente

31 I. Les Gîtes Quelles variables influencent la dynamique de cette colonie - Température le jour du recensement - Température moyenne du mois précédent (Janvier le plus souvent) - Nombre de jours consécutif de gel - Température moyenne de l hiver (Décembre-Janvier-Février) Et des variables météorologiques qui auraient pu influencer la dynamique de reproduction : - Température moyenne du mois de Juin de l année précédente - Température du mois de Juillet de l année précédente Résultats : Aucune de ces 6 variables n influencent significativement les effectifs observés Les conditions météorologiques à elles seule ne peuvent expliquer l évolution des effectifs observés

32 0,50 0,55 0,60 0,65 0,70 0,75 0,80 0,85 0,90 I. Les Gîtes 0,95 Fecundity Taux Population d accroissement Growth rate 1,3-1,35 1,25-1,3 1,2-1,25 1,15-1,2 1,1-1,15 1,05-1,1 1-1,05 0,95-1 Adult survival 1,5 1,4 1,3 1,2 1,1 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 Taux d'accroissement

33 I. Les Gîtes L arrêt de l exploitation du tunnel, correspond à un fort accroissement de la population (1,4) Taux d'accroissement Arrêt de l utilisation de la ligne

34 I. Les Gîtes

35 I. Les Gîtes T. January A B 200 P. July Residuals

36 II. Les terrains de chasse Suivi acoustique au MNHN : Vigie-chiro Utilisation de l écholocation pour se déplacer et repérer ses proies Circuits pédestres dans Paris 2 passages / an : juin-juillet et août-septembre 10 points d écoute fixe 6 minutes d enregistrements Analyse des sons : détermination et nombre de contacts Détecteur à ultrasons

37 II. Les terrains de chasse Suivi acoustique au MNHN : Vigie-chiro 323 points d écoute, échantillonnés entre 1 et 5 fois entre 2008 et espèces contactées intramuros : Pipistrelle commune (Pispistrellus pipistrellus) Pipistrelle de Kuhl (Pipistrellus kuhlii) Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii) Noctule commune (Nyctalus noctula) 2 contacts Murin à moustache (Myotis mystacinus) 1 contact 21 espèces en IDF contacts de Pipistrelle pygmée (hors protocole)

38 II. Les terrains de chasse Suivi acoustique au MNHN : Vigie-chiro

39 II. Les terrains de chasse Suivi acoustique au MNHN : Vigie-chiro Milieux aquatiques Forêts Jardins public Zones avec batis dominant

40 II. Les terrains de chasse Suivi acoustique au MNHN : Vigie-chiro

41 II. Les terrains de chasse Suivi acoustique au MNHN : Vigie-chiro Paris Orléans

42 II. Les terrains de chasse Suivi acoustique au MNHN : Vigie-chiro Paris Orléans

43 II. Les terrains de chasse Suivi acoustique au MNHN : Vigie-chiro Favorabilité des espaces verts parisiens publiques et privés Essentiellement dépendante de variables liées à la végétation, Espaces verts les plus favorables : ceinture extérieure; le centre nord de la capitale étant nettement défavorable Les grands espaces verts publiques, Anne Mimet, Christian Kerbiriou, Jean-François Julien, Richard Raymond, Laurent Simon - La part des jardins privés et publiques dans la connectivité des pipistrelles à Paris. En préparation.

44 II. Les terrains de chasse Suivi acoustique au MNHN : Vigie-chiro Favorabilité des espaces verts parisiens publiques et privés Uniquement les espaces verts publiques La favorabilité des espaces verts parisiens publiques est beaucoup plus discontinue et principalement cantonnée aux grands espaces verts, fortement déconnectés les uns des autres Anne Mimet, Christian Kerbiriou, Jean-François Julien, Richard Raymond, Laurent Simon - La part des jardins privés et publiques dans la connectivité des pipistrelles à Paris. En préparation.

45 Les chiroptères en milieu urbain Peu d espèces présentes à Paris par rapport à l IDF Offre en gîtes fissuricoles énorme : ressource non limitante Offre en gîtes pour de grands regroupements (hibernation, reproduction) plus limitée Principales limites et menaces : Faible disponibilité alimentaire = espaces verts Peu de connectivité à petite (linéaires) et grande échelle (espaces verts, boisés) Prédation forte par les chats Pollution lumineuse

46 Contacts en IDF

47 Les contacts, le réseau En France, les coordinateurs régionaux SFEPM : En IDF : Jean-François Julien, jfjulien@gmail.com En Île-de-France, un réseau de bénévoles : Association pour l étude et la protection des chiroptères en IDF azimut230@yahoo.fr Animateur du PRA : biotope, Julien Tranchard, jtranchard@biotope.fr

48 Pour aller plus loin...

49 Crédit photo : Sylvain DEJEAN Merci de votre attention