DOSSIER DE PRESSE. L art belge. Entre rêves et réalités. Chefs-d œuvre du Musée d Ixelles, Bruxelles

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1 DOSSIER DE PRESSE L art belge. Entre rêves et réalités. Chefs-d œuvre du Musée d Ixelles, Bruxelles Exposition du 9 mars au 1er juin 2014 Vernissage le samedi 8 mars 2014 à 17h PRÉSENTATION DE L'EXPOSITION... 2 VISITE DE L'EXPOSITION... 3 VISUEL POUR LA PRESSE INFORMATIONS PRATIQUES CONCEPT ET RÉALISATION AUTOUR DE L'EXPOSITION ANNEXE: BIOGRAPHIES D'ARTISTES

2 PRÉSENTATION DE L EXPOSITION Constituées de plus de 10'000 œuvres datant du XVI e au XXI e siècle, les collections du Musée d Ixelles (Bruxelles, Belgique) sont particulièrement riches en œuvres d'art belge des XIX e et XX e siècles, une période qui correspond à celle de l histoire de la Belgique moderne autant qu à celle couverte par les collections du Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds. Le Musée d Ixelles devant fermer pendant une année ses salles d exposition permanente pour cause de travaux, une occasion exceptionnelle s offre de présenter à l étranger les chefs-d œuvre de sa collection. Le thème retenu pour cette exposition, qui sera également présentée à l Espace Muséal Bellevue de la Ville de Biarritz du 28 juin au 4 octobre 2014, est un panorama de l art belge des 150 dernières années, à travers la présentation d ensembles représentatifs des principales tendances de son histoire. Un prêt d une telle importance n est possible que dans les circonstances actuelles, et offre donc une occasion exceptionnelle de découvrir en Suisse cette remarquable collection, où figurent notamment des œuvres de Pierre Alechinsky, Paul Delvaux, Jan Fabre, René Magritte ou Théo van Rysselberghe. L exposition prend pour fil rouge la question du rapport au réel, un problème essentiel pour l art belge, qui lui a donné des réponses extrêmement diverses, du réalisme social au fantastique en passant par diverses formes d expressionnisme ou d humour. Organisé en sections thématiques destinées à mettre en évidence les constantes et les spécificités de cette histoire, ce parcours permet au visiteur d en découvrir les épisodes majeurs, du réalisme à l abstraction et à l art contemporain, en passant par l impressionnisme, le néo-impressionnisme, le symbolisme, le fauvisme, l expressionnisme ou le surréalisme. L exposition propose une véritable découverte de l art belge, depuis la création du pays en 1830 jusqu à nos jours, un art entretenant, d une part, un attachement constant à la réalité et à la matérialité de la peinture et, d autre part, une sensibilité aiguë pour des voies chimériques : un art entre rêves et réalités. Avec la participation exceptionnelle du Musée d Ixelles, Bruxelles, Belgique En partenariat avec la Ville de Biarritz, France Commissaire scientifique : Claire Leblanc, conservateur du Musée d Ixelles Co-commissaires : Lada Umstätter, conservatrice directrice du Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds ; Alain Fourgeaux, directeur des Affaires culturelles, Mairie de Biarritz 2

3 VISITE DE L EXPOSITION Salle 8 Introduction Salle 9 Réalisme, Paysagisme Salle 10 Art social Salle 11 Cabinet d art contemporain Salle 12 Symbolisme Salle 13 Symbolisme, Impressionnisme et Néo-impressionnisme Salle 14 Fauvisme, Expressionnismes, Surréalisme, Héritage surréaliste Salle 15 L Abstraction géométrique et lyrique, CoBrA Salle 15 Épilogue : Art contemporain 3

4 SALLE 9 RÉALISME, PAYSAGISME RÉALITÉS SUBLIMÉES Réalisme L année 1851 constitue un moment charnière dans l évolution artistique en Belgique. Gustave Courbet expose alors ses Casseurs de pierres au Salon de Bruxelles, ébranlant la critique et le public. Son choix thématique bouleverse les conventions établies : il ne s agit plus de représenter ni de mettre en scène des héros mythologiques ou historiques, de traiter des scènes de genre mais de dépeindre une scène quelconque relatant la vie «vraie», dans un style pictural franc et assumant sans complexe la matérialité de la peinture et une gestuelle libre. Courbet introduit et nourrit activement, au gré de séjours successifs en Belgique, une donnée fondatrice de la modernité qui se déploiera tout au long de la seconde moitié du XIX e siècle : l aspiration au réalisme. L art n est plus le reflet d un idéal mais l expression de l ici et maintenant, le prolongement direct de l expérience de l artiste dans le monde. Premiers peintres réalistes belges, ils introduisent des thématiques du quotidien, notamment des milieux populaires, ou des paysages de proximité. A l heure de l essor du médium photographique, la pratique artistique s ouvre à des perspectives inédites : la libre représentation et interprétation de la vie telle qu elle se donne à voir mais aussi telle qu elle est ressentie par l artiste. Paysagisme Dans le sillage direct de ces préoccupations réalistes, les artistes réinvestissent également le genre du paysage. L art du paysage issu d une longue tradition occupe d ailleurs une place honorable au Salon officiel. Désormais les artistes sortent de l atelier et peignent sur le motif, en plein air. Durant la première moitié du XIX e siècle, notamment avec Constable et Turner, les paysagistes approfondissent les voies de la liberté d expression et d interprétation de la nature. Au gré des paysages explorés et des variations atmosphériques captées, leurs peintures se libèrent dans le traitement de la lumière, de la couleur et des techniques picturales qui se font plus déliées, souples et spontanées. Progressivement, le caractère pittoresque, narratif et anecdotique du paysage s éclipse au profit d une recherche d expression des sentiments, de contemplation, ou de prouesses techniques visant à rendre la fugacité et l évanescence des lumières, des couleurs et des matières des paysages et des ciels observés. L Ecole de Barbizon, en France, scelle ces aspirations. Dans leur sillage, une importante vague paysagiste se déploie en Belgique autour de l Ecole de Tervueren et des artistes privilégiant les sujets inspirés de la côte belge, en bord de Mer du Nord. 4

5 C est à partir de 1863 qu Hippolyte Boulenger, Joseph Coosemans et Alphonse Asselbergs se retrouvent à l orée de la forêt de Soignes, à Tervueren, afin d arpenter les sentiers des sous-bois et les plaines environnantes de Bruxelles. En 1866, Hippolyte Boulenger «officialise» leur filiation au groupe français en faisant apposer à son nom, dans le catalogue du Salon officiel, «Ecole de Tervueren». Durant plus d une décennie, à l aube de l impressionnisme, prolifèrera une production paysagiste mettant au cœur de ses préoccupations les jeux de lumières, de couleurs, de matières et les effets souvent dramatiques traduisant l émotion individuelle suscitée par le paysage dépeint. Les atmosphères enveloppantes, changeantes et subtiles de la côte belge inspirent également nombre d artistes, tels Louis Artan ou Guillaume Vogels. L attachement et la sensibilité à la nature, à la réalité, se nourrissent également, en Belgique, d une tradition spécifiquement locale, issue de l époque des primitifs flamands. La prédilection pour la matière, les transparences et les effets plastiques ainsi que l inclination réaliste pour les sujets dépeints perpétuent les pratiques picturales locales anciennes et confirment l existence d un art spécifiquement belge. SALLE 10 ART SOCIAL RÉALITÉS SUBLIMÉES L aspiration à rééquilibrer les relations entre l art dans ses manifestations les plus larges et la vie réelle est une constante depuis le réalisme. Dans un contexte d essor industriel fulgurant et de mutations profondes dans l ensemble de la société (urbanisation massive, essor de la classe ouvrière, modernisation de la vie quotidienne ), les artistes ne peuvent rester indifférents. Constantin Meunier ou Eugène Laermans offrent une vision lucide de la vie ouvrière et rurale de l époque, témoignant d ailleurs de leur engagement, tout comme de leur fascination, à l égard des conditions de travail et de vie du prolétariat. Entre naturalisme tendant à une description objective du sujet et idéalisation visant à sublimer, sur le mode esthétique, les valeurs d effort, de travail et de collectivité le réalisme social de la seconde moitié du XIX e siècle peut être considéré comme l une des expressions les plus symptomatiques de cette époque. SALLE 11 CABINET D ART CONTEMPORAIN L œuvre d Edith Dekyndt (née en 1960) illustre l élargissement de la palette de médiums utilisés par les artistes d aujourd hui. Elle met en lumière le caractère éphémère des phénomènes naturels ou artificiels, de même que leur dimension impalpable, dont elle capture la charge poétique. Un objet dans le vent, un rayon de soleil, la fumée d une cigarette, voici ce qui émeut l artiste. L espace interagit également en permanence avec les composantes de ce travail. Edith Dekyndt balade le regard du spectateur, à qui il incombe un rôle actif. Ses sens sont sollicités par cette œuvre à la fois immatérielle et tellement substantielle. Wim Delvoye (né en 1965) est sans doute l un des artistes belges vivants les plus connus sur la scène internationale. Son œuvre «Cloaca» reproduit un système digestif humain et livre en direct des matières fécales, coulées ensuite dans du plexi et vendues comme œuvres d art. Une critique radicale 5

6 du marché de l art qui a largement contribué à sa réputation de trublion. Provocateur, il aime sans cesse mêler choses triviales et objets sacrés dans des «émulsions» joyeuses vitraux d église obscènes et christs tordus mais réalisés selon la meilleure tradition artisanale, cathédrales de métal ciselées au laser et bétonnières en porcelaine de Delft. Au lieu de se battre contre la culture populaire, il faut la prendre et la mâcher, revendique l artiste. «Kiss» ravale le thème immémorial de l amour au plan médical et dentaire : c est à travers deux radios de crâne que nous voyons un couple s embrasser. SALLES SYMBOLISME RÉALITÉS RÊVÉES Le mouvement symboliste fait son apparition en France en 1886 et acquiert rapidement une dimension européenne touchant tant le domaine des arts plastiques que celui de la littérature ou de la musique. Récusant le réalisme et l impressionnisme, le mouvement entend substituer au réel un ordre supérieur. À la réalité moderne désacralisée, les symbolistes préfèrent le royaume de l intériorité, privilégiant ainsi la dimension onirique et énigmatique. Ils trouvent refuge dans l ésotérisme et le mysticisme, notamment par le recours au mythe, au sacré. Les thèmes exploités sont essentiellement hérités de la Renaissance, du Moyen Âge et de l Antiquité. Parmi les œuvres phares du symbolisme belge, se compte celle de Fernand Khnopff. «Chimère» réunit les sujets de prédilection de l artiste : les créatures fantastiques et la figure féminine, à l apparence de femme fatale et inaccessible. «Intérieur d atelier» de Léon Frédéric est également symptomatique du courant, riche en symboles aux significations diverses. Moins amateurs de sujets mythologiques et légendaires, certains favorisent plutôt les paysages brumeux ou les environnements quotidiens auxquels ils joignent une dimension de mystère. Parmi eux Léon Spilliaert, féru de scènes d intérieur et d extérieur empreintes de poésie et de silence évocateur. Dans un style néanmoins plus obscur, «Après la prière du soir» de Xavier Mellery s inscrit dans la même tendance. SALLE 13 IMPRESSIONNISME ET NÉO- IMPRESSIONNISME RÉALITÉS SUBLIMÉES Impressionnisme À partir des années 1880, la Belgique artistique se tourne résolument vers la modernité avec la création du groupe des Vingt ( ) et de La Libre Esthétique ( ). Sous la houlette de l esthète Octave Maus, ces deux groupements d artistes encouragent l innovation. Par le biais d expositions, ils favorisent l ouverture vers les Arts décoratifs et la découverte des artistes étrangers d avant-garde. En 1903, les participants offrent à Octave Maus l une de leurs œuvres à l occasion des 6

7 10 ans de La Libre Esthétique. Œuvres que Maus lèguera au Musée d Ixelles en 1906 et qu on retrouve aujourd hui exposées au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds. Les Impressionnistes Renoir, Monet, Pissarro, Morisot exposent à Bruxelles et influencent les Vingtistes comme Théo Van Rysselberghe. La peinture en plein air qui capture l instant, la lumière qui dissout les formes, les touches de couleur qui font vibrer la toile : autant d éléments adoptés maintenant par les jeunes artistes belges. L impressionnisme belge affiche une richesse et une variété remarquables avec les vibrations lumineuses et subtiles d un Théo Van Rysselberghe, la touche ferme et empâtée d un Willy Finch ou les frémissements de la touche de Juliette et Rodolphe Wytsman. Le courant culmine dans les années 1890 avec l œuvre luministe d Emile Claus. Par une touche méticuleuse et contenue, évitant l éclatement du sujet dans la matière picturale, Claus équilibre ses jeux de couleur et de lumière de manière telle qu il aboutit à une vibration et une irradiation d une intensité exemplaire. Sans fougue ni débordement, dans un certain respect des propensions réalistes locales, Claus illumine et sublime les campagnes flamandes des bords de la Lys ainsi que la vie villageoise, les travaux des champs ou la vie au bord des cours d eau pour livrer l une des œuvres les plus puissantes de l impressionnisme belge. Néo-impressionnisme Tandis que les manifestations impressionnistes se développent en Belgique, le néo-impressionnisme émerge simultanément. Captivé par les expériences divisionnistes découvertes à Paris, Octave Maus invite aussitôt les maîtres du pointillisme Georges Seurat, Camille Pissarro et Paul Signac à exposer à Bruxelles dès Ainsi, dans le sillage de l impressionnisme quant au choix des thèmes et des recherches relatives à la relation lumière-couleur, les néo-impressionnistes développent leur vision de manière plus scientifique et systématique et l appliquent grâce à la technique divisionniste. Fascinés par ces nouvelles perspectives offertes à la peinture, stimulés par les aspirations positivistes sous-jacentes au courant, des artistes belges emboîtent le pas à la mouvance néo-impressionniste : Willy Finch, Théo Van Rysselberghe et Georges Lemmen sont les premiers à s adonner au pointillisme. SALLE 14 FAUVISME, EXPRESSIONNISMES RÉALITÉS RÉINVENTÉES Fauvisme Au début du XX e siècle, de jeunes artistes belges réagissent, d une part, à un impressionnisme tardif, devenu systématique et, d autre part, au symbolisme au contenu littéraire trop intellectuel. Il s agit 7

8 pour eux de trouver une autre voie picturale sans sacrifier la spontanéité de l émotion. Rik Wouters ouvre la voie avec une simplification des formes, des plans et des couleurs plus tranchées. Soutenu par la Galerie Giroux, fondée en 1912, il influence, malgré sa brève existence, Willem Paerels, Ferdinand Schirren, Louis Thévenet et Auguste Oleffe. Ceux qu on appellera les «Fauvistes brabançons» s inspirent de sujets simples : bonheur domestique, tâches de la vie quotidienne, portraits des proches dans une vision optimiste de la vie. L emploi de couleurs vives entraîne l abandon des jeux classiques de clair-obscur et donne une intensité expressive à ce style. Les Belges restent fidèles à un espace en trois dimensions et sont plus influencés par la composition structurée de Cézanne que par les aplats colorés sans relief de Matisse. Ils n en prennent pas moins des libertés avec la perspective classique. Dans le tableau «Après la messe» de Louis Thévenet la large table semble rabattue vers le spectateur. Ce style ouvre la voie à l expressionnisme et à l abstraction, et prend fin après la Première Guerre mondiale. Expressionnismes Dans l entre-deux-guerres, l expressionnisme flamand occupe le devant de la scène artistique belge. Il est représenté par Gustave De Smet, Constant Permeke et Fritz Van den Berghe, qui forment la seconde École de Laethem- Saint-Martin, village de Flandre où plusieurs générations d artistes en quête de tranquillité s exilent. Le trio est soucieux de rendre compte des conditions de vie modestes des villageois flamands et de mettre l accent sur la dignité de leur labeur quotidien, comme le montre le «Grand paysage aux vaches» de De Smet. Outre la puissance d expression, l expressionnisme flamand est caractérisé par un trait pictural épais, des modèles aux corps imposants et une palette terreuse. Par ses formes schématiques, le «Portrait de Permeke» signé Van den Berghe évoque par ailleurs l influence significative du cubisme sur le mouvement expressionniste. Si l expressionnisme flamand a un plus grand rayonnement, le courant est également représenté sur le territoire wallon, au sein du groupe Nervia ( ) qui affirme, quant à lui, son identité latine. Amoureux de la Première Renaissance, ce groupe à l idéal humaniste prône harmonie et intimité. Bien que les sources d inspiration se situent également dans les scènes populaires, les silhouettes des personnages sont davantage élégantes et délicates, ce dont témoigne le «Nu» de Louis Buisseret. Autre membre majeur, Anto Carte affectionne les scènes aux allures à la fois paysannes et religieuses tel «L Homme au coq», inscrivant son œuvre entre expressionnisme et symbolisme. 8

9 SALLE 14 SURRÉALISME, HÉRITAGE SURRÉEALISTE RÉALITES MAGIQUES Héritier du mouvement d avant-garde Dada, le surréalisme voit le jour en France en 1924 avec la rédaction de son «Manifeste» par André Breton. Il trouve très vite d autres terres d accueil comme l Espagne ou la Belgique. À travers toute l Europe et par l intermédiaire de toutes les disciplines artistiques, les artistes ont l ambition de faire table rase des conventions et des tabous de la classe bourgeoise dirigeante. Ils partagent une volonté de renouveler le langage réaliste pour faire place à l absurde et au subconscient. Le monde onirique est privilégié, au détriment du bon sens. Davantage en France qu en Belgique, les surréalistes mettent leur travail au service de la révolution socialiste. René Magritte réinvente les formes du réel avec un rendu néanmoins hyperréaliste, ce qui procure un sentiment de malaise. Paul Delvaux, quant à lui, n affirme pas son appartenance au courant mais use malgré cela de nombreuses caractéristiques surréalistes. Quelquefois il se contente de nourrir ses œuvres d une atmosphère surréelle et associe fréquemment des motifs sans liens apparents. À certaines occasions encore, il peint des situations qui vont littéralement à l encontre de la logique, comme dans «La Fenêtre». Le surréalisme en Belgique, dont le rayonnement mondial assure sa large renommée encore à ce jour, s étiolera naturellement au fil des années, notamment au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Cependant, l ouverture au rêve et au surréel offerte par le mouvement connaît une pérennité tout au long de la seconde moitié du siècle notamment, par exemple dans l univers du singulier et caustique Marcel Broodthaers ou de l œuvre fantasque et poétique de Panamarenko et, d une certaine manière, aujourd hui encore. L esprit surréaliste, dont nombre de Belges se plaisent eux-mêmes à revendiquer comme symptomatique de l identité nationale, est entretenu par une certaine frange de l art actuel travaillant autour du rêve, de l humour, de l ironie et d une aspiration à éviter les codes consensuels, tel Wim Delvoye par exemple. SALLE 15 L ABSTRACTION GÉOMÉTRIQUE ET LYRIQUE, COBRA RÉALITÉS CHIMÉRIQUES L abstraction, entre «raison et sentiments» A l instar des mouvances internationales, deux principales phases et deux grands types d abstraction géométrique et lyrique se succèdent en Belgique. La «première abstraction» se développe à la sortie de la guerre C est alors une abstraction constructiviste également évoquée comme «Plastique Pure» qui se déploie durant l entre-deux-guerres. Dans ce contexte de crise et de doute, les principes de représentation réaliste, mis en cause tout au long de la seconde moitié du XIX e siècle, sont radicalement battus en brèche. Sous l impulsion du groupe hollandais De Stijl, cette première abstraction belge naît à l aube des 9

10 années 1920, sous le nom de Plastique Pure. Malgré les efforts d artistes tels que Victor Servranckx, elle s essouffle rapidement, faisant place à des courants plus conservateurs. Une alternative contrastée, au destin tout aussi prolifique, émergera toutefois après la Deuxième Guerre mondiale : l abstraction lyrique. Dès 1945, un groupe est fondé au nom de la liberté d expression : La Jeune Peinture belge. Progressivement, Louis Van Lint, Anne Bonnet et d'autres atteignent l abstraction par une déconstruction du monde visible. Ces artistes, à l instar d un Antoine Mortier, représentent l abstraction lyrique, qui garde le souvenir de la réalité. Les expériences du cercle donneront également naissance à l abstraction géométrique, plus radicale et, quant à elle, totalement détachée du réel. Jo Delahaut fait figure de chef de file et signe «Rumeurs», œuvre empreinte de mesure et de structure à l image du mouvement, dans la continuité du travail des premiers abstraits. CoBrA Mais c est aussi au sein du groupe CoBrA que l abstraction lyrique trouvera sa forme la plus épanouie. Né en 1948 du rassemblement de trois groupes développant des recherches comparables Host au Danemark, Reflex aux Pays-Bas et le Surréalisme révolutionnaire (fondé par Christian Dotremont en 1947 à Bruxelles) l appellation du groupe est issue de la synthèse des premières syllabes des trois capitales (Copenhague, Bruxelles, Amsterdam) dont sont originaires ces artistes. Animée par Pierre Alechinsky, Christian Dotremont, Asger Jorn, Karel Appel et Serge Vandercam, l association ancre explicitement ses orientations et ses objectifs dans la voie de l abstraction lyrique. À leurs yeux, la création artistique doit dépasser les querelles réductrices autour de l opposition entre abstraction et figuration et doit retrouver une fraîcheur, une naïveté, une spontanéité et une liberté d expression. «CoBrA» de transmission du Belge Pierre Alechinsky et «Obscurité illuminée» du Danois Asger Jorn illustrent notamment la philosophie du groupe qui entend revenir aux sources de la création, puisant ses sujets d inspiration dans les dessins d enfant et les arts primitifs ou populaires. À l inverse de l art construit, guidé par des principes de rigueur, CoBrA suggère une totale spontanéité créatrice et une libération du geste pictural. Révoltés, les membres se veulent en marge de la culture occidentale. Christian Dotremont s inspire ainsi de la calligraphie orientale et fait de ses poèmes illustrés, appelés «Logogrammes», une marque de fabrique. 10

11 SALLE 15 Épilogue: art contemporain L épopée de l art libéré au fil de nombreuses révolutions esthétiques se déploie avec constance de 1850 à l avènement de l abstraction au milieu du XX e siècle. C est au cours de ces deux siècles que les axes et les orientations de l art moderne se sont définis et ont ouvert la voie aux expérimentations postérieures foisonnantes et singulières œuvres de Panamarenko, Michel François, Edith Dekyndt, Wim Delvoye, Jan Fabre, Xavier Mary Ces artistes laissent entrevoir la pérennité des orientations prises par la Belgique depuis 150 ans : un art, empreint d humour et de dérision, exprimant tout à la fois son attachement et son détachement à l égard du réel, honorant la factualité de la peinture pour elle-même et cultivant sa liberté et sa fraîcheur par rapport aux courants internationaux pour, finalement, perpétuer avec originalité cette habileté si fructueuse à jouer librement l entre-deux : entre rêves et réalités. 11

12 VISUEL POUR LA PRESSE 1. Éric DE VILLE (1956) La Tour de Bruxelles en automne, 2009 Photographie couleur digitale montée sur forex Acquis en GUILLAUME VOGELS (1836/ ) Les Œufs sur le plat, vers 1875 Huile sur toile Don Fritz Toussaint, LOUIS VICTOR ANTOINE ARTAN ( ) Dunes, 1872 Huile sur toile Collection Fritz Toussaint 12

13 4. EUGÈNE LAERMANS ( ) L'Enterrement, 1902 Huile sur toile Acquis à l'artiste, GEORGES MINNE ( ) L'Agenouillé à la fontaine Sans date Bronze Acquis en FERNAND KHNOPFF ( ) La Défiance, 1893 Crayon de couleur sur base photographique Don J. Vanden Branden,

14 7. FERNAND KHNOPFF ( ) La Chimère, vers 1910 Huile et fusain sur toile Acquis en GEORGES LE BRUN ( ) La Salle à manger, 1906 Pastel sur carton Acquis en LÉON SPILLIAERT ( ) Intérieur, sans date Aquarelle et pastel sur papier Acquis en

15 10. JEAN DE LA HOESE ( ) Le Mannequin, 1886 Huile sur bois Legs Auguste Maquet, GEORGES MORREN ( ) Femme épinglant son chapeau, 1901 Pastel sur papier Don Octave Maus, JULIETTE WYTSMAN ( ) Cerisiers en fleurs, sans date Huile sur toile Don J.Vanden Branden,

16 13. OMER COPPENS ( ) Automne à Bruges, 1922 Huile sur toile Don de Louis Solvay, EMILE CLAUS ( ) Ferme en Flandre, 1894 Huile sur toile Don Octave Maus, WILLY FINCH ( ) Barques échouées, sans date Huile sur toile Don Madeleine Maus,

17 16. GEORGES CRETEN ( ) La Femme au piano, 1915 Essence sur papier Acquis à l'artiste, WILLEM PAERELS ( ) Portrait de femme - Hiver 1912 Huile sur toile Acquis à l'artiste, LOUIS THÉVENET ( ) Après la messe, 1912 Huile sur toile Acquis en

18 19. GUSTAVE DE SMET ( ) Grand paysage aux vaches, 1928 Huile sur toile Legs Max Janlet, GUSTAVE DE SMET ( ) De Zeearend, 1926 Huile sur toile Acquis en LOUIS BUISSERET ( ) Nu, 1928 Huile sur toile Acquis en

19 22. PAUL DELVAUX ( ) Trois Femmes dans un décor surréaliste Vers 1936 Encre de Chine et aquarelle sur papier Collection privée en dépôt au 23. PAUL DELVAUX ( ) La Fenêtre, 1936 Huile sur toile Legs Max Janlet, RENÉ MAGRITTE ( ) L'Été, 1932 Huile sur toile Legs Max Janlet,

20 25. RENÉ MAGRITTE ( ) L'Éloge de la dialectique, 1937 Gouache sur papier Legs Max Janlet, MARCEL BROODTHAERS ( ) Casserole de moules, Photo sur toile sensibilisée Acquis en LOUIS VAN LINT ( ) Algues marines, 1960 Huile sur toile Acquis en

21 28. ASGER JORN ( ) Obscurité illuminée, 1967 Huile sur toile Acquis en PIERRE ALECHINSKY (1927) CoBrA de transmission, 1968 Acrylique sur toile, (prédelle: lithographies marouflées sur la toile) Acquis en PANAMARENKO (1940) Paradox, Acquis en

22 Le dossier de presse et les illustrations libres de droits sont disponibles à partir du 6 mars 2014 sur le site du Musée ( et sur demande. INFORMATIONS PRATIQUES Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 17 heures (gratuit chaque dimanche de 10 à 12 heures) Rue des Musées 33, CH La Chaux-de-Fonds mba.vch@ne.ch Tél (Secrétariat, ma-ve 8h30-12h00) Tél (Réception, ma-di 10h00-17h00) Fax

23 CONCEPT ET RÉALISATION Commissaire : Claire Leblanc, conservateur du Musée d Ixelles. Co-commissaires : Lada Umstätter, conservatrice directrice du Musée des beaux-arts de La Chauxde-Fonds et Alain Fourgeaux, directeur des Affaires culturelles de la Ville de Biarritz. Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds : Sophie Vantieghem (coordination, recherches); Nicole Hovorka, Mathieu Amstutz, Léa Marie d'avigneau, François Henry (régie d œuvres, gestion administrative, recherches) ; Alexandra Zuccolotto, Joël Rappan (relations publiques, site web) ; Anouk Gehrig Jaggi (constats d état) ; Gabriel Umstätter (relecture des textes, dossier de presse) ; Maria Walhström (documentation) ; onlab, Thibaud Tissot, Nicolas Polli (graphisme) ; Pierre Bohrer (photographie) ; Tatiana Armuna, Francine Barth, Irène Brossard, Wolfgang Carrier, Stéphanie Chambettaz, Ivana Gvozdenovic, Priska Gutjahr, Daniel Hostetteler, Marikit Taylor (médiation culturelle) ; Tatiana Armuna, Florestan Berset, Priska Gutjahr, Daniel Hostettler, Beat Matti, Daniela Moretti, Jean-Pablo Mühlestein, Romi Cattin, Joël Rappan, Yves Regamey, Jean-François Tissot, Thomas Trippet, Bruno Wittmer, Alexandra Zuccolotto (accueil / surveillance). Equipes techniques : Mathias a Marca (responsable), Lélia Bouille, Jonas Chapuis, Yannick Lambelet, Yann Leu, Beat Matti, Jean-François Tissot, Victor Savanyu (accrochage, encadrement, montage) ; Cédric Brossard (responsable), Maryvonne Kolly, Laurence Schmid, Vanni Stifani (régie et entretien du bâtiment). REMERCIEMENTS Ixelles: Willy Decourty, Bourgmestre et Yves de Jonghe d Ardoye, Échevin de la Culture et des membres du Collège des Bourgmestre et Échevins d Ixelles. Biarritz: Didier Borotra, Sénateur(H) Maire et Marie Contraires, Adjointe déléguée aux Affaires culturelles et au Patrimoine. La Chaux-de-Fonds: Jean-Pierre Veya, directeur du dicastère et conseiller communal, Xavier Huther, administrateur du dicastère ; Angelo Melcarne et Valérie Mathez, co-présidents (Société des amis du Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds). Musée d Ixelles: Anis Benkacem, Anne Carre, Bérénice Demaret, Débora Leleu, Stéphanie Masuy, Laura Neve, Marc De Moor, Aïda Bahtit, Thierry Charpentier, Marco Cohen, Laurent De Bluts, Jérémy De Leener, Saïd D Khissi, Abdel El Boti, Sergio Gualini, Danielle Joye, Nadine Machtelinckx, Vincent Marganne, Rachid Uarda, Mohammed Zebti, Tullia Teucci, Sarah Aucremane, Patricia Baes, Carine Klein Espace Muséal Bellevue de la Ville de Biarritz: Pascaline Serenari, Marie-Hélène Labasse, Hélène Girard, Gérard Gostisbehere, Claire Ripert. Prestataires externes : Via Mat Artcare AG, Suisse (transport) ; A.DC., Fine Art Business Partner, IC-Verzekeringen Mme Régina Stappers, Belgique (Assurance) ; Mixed Media ; Vincent Everarts (photographies des œuvres) 23

24 AUTOUR DE L EXPOSITION PUBLICATION L'art belge. Entre rêves et réalités. Chefs-d'œuvre du Musée d'ixelles, Bruxelles, sous la direction de Claire Leblanc, Silvana Editoriale, CHF VISITES COMMENTÉES Dimanche 9 mars à 11h15 par Claire Leblanc, conservateur du Musée d Ixelles et commissaire scientifique de l exposition et Lada Umstätter, conservatrice directrice Visite réservée aux membres de la Société des amis du Musée des beaux-arts (SaMba) Dimanche 23 mars à 11h15 par Lada Umstätter, conservatrice-directrice Dimanche 11 mai à 11h15 par Sophie Vantieghem, conservatrice assistante Entrée libre ATELIERS POUR ENFANTS (6-12 ANS) Fritz, frites et les moules Animés par Priska Gutjahr Mercredi 26 mars, 14h00 15h30 Mercredi 9 avril, 14h00 15h30 Mercredi 7 mai, 14h00 15h30 Sur réservation. Prix : CHF 12.- VISITES COMMENTÉES AUTOUR DE LA COLLECTION Pour les adultes et les enfants. Programme détaillé sur le site du musée. SAVE THE DATES! 17 mai 2014 (19h00 24h00) : Nuit des musées 18 mai 2014 (10h00 17h00) : Journée des musées 7-8 juin 2014 : Fête du 150 ème anniversaire du musée, visites, ateliers, diverses manifestations pour tous 5 juillet 2014 (17h00) : Vernissage de l exposition «AES+ F. The Liminal Space Trilogy. Au seuil du paradis et de l enfer» 24

25 ANNEXE : BIOGRAPHIES D ARTISTES ALECHINSKY, Pierre (1927) De renommée internationale, l œuvre de Pierre Alechinsky s inscrit dans la démarche du groupe CoBrA, nommé d après les villes d origine de ses membres : Copenhague, Bruxelles et Amsterdam. Actif de 1948 à 1951, celui-ci ouvre une voie qui sera poursuivie bien au-delà de ces limites temporelles, offrant de nouvelles perspectives à l esprit surréaliste. L art de CoBrA révèle les profondeurs de l inconscient, puisant par ailleurs son inspiration dans le dessin d enfant, l imagerie populaire et primitive. L écriture tient également une place de choix dans l imaginaire des artistes de CoBrA. L œuvre de Pierre Alechinsky renvoie ainsi à sa fascination pour la calligraphie japonaise, qu il découvre lors d un voyage en L écriture occidentale occupe tout autant ses travaux, ne fut-ce que par le biais de papiers administratifs de récupération dont il se sert comme support, ou à travers les textes qu il se plaît à illustrer. La production de l artiste se situe entre figuration et abstraction, conservant l empreinte du monde végétal et animal dans ses compositions aux volutes informelles. ARNOULD, Marcel ( ) D abord élève à l École des Arts et Métiers de la Ville de Bruxelles et à l Université libre de Bruxelles où il suit un cursus en physique nucléaire, Marcel Arnould se découvre tardivement une passion pour la sculpture. Son travail sculptural est abstrait, dominé par des formes aux allures surnaturelles. Explorant dans un premier temps le plexiglas, l ébène et l aluminium, l artiste travaille en fin de compte essentiellement l acier, dans lequel les vides occupent autant de place que les pleins. De la base sculpturale se déploient de minces excroissances, qui dialoguent avec l espace où elles s inscrivent. De 1960 à 1966, l œuvre de Marcel Arnould évolue vers un post-surréalisme singulier, nourri par la littérature d hommes de lettres tels que le Comte de Lautréamont, Gérard de Nerval ou Antonin Artaud. ARTAN DE SAINT-MARTIN, Louis ( ) Après une formation militaire suivie par tradition familiale, Louis Artan se tourne vers la peinture sans toutefois rentrer à l Académie. Sa formation commence à Spa auprès des paysagistes E. Delvaux et H. Marcette. L artiste se rend ensuite à Paris et à Barbizon où il rencontre Corot et Courbet. Puis il passe une année en Bretagne et en Normandie où il est fasciné par la mer et affirme son talent de peintre de marines. En 1869, de retour à Bruxelles, il participe à la création de la Société Libre des Beaux-Arts avec Louis Dubois et Théodore Baron. Celle-ci a pour but de rompre avec l académisme de l époque prôné par les Salons officiels où la peinture d histoire constitue encore un sommet. «Faire de la peinture saine et forte, sans jus ni recette», selon l expression de l écrivain Camille Lemonnier, devient leur crédo. Pour saisir avec plus de vérité la mouvance de l eau et de la lumière de la mer du Nord, Artan décide de s installer à La Panne, petite ville côtière, et d y aménager une cabane-atelier sur la plage pour étudier inlassablement les variations marines. Louis Artan rompt avec la tradition anecdotique et pittoresque des marines et devient, avec Hippolyte Boulenger, le précurseur de l impressionnisme en Belgique par sa facture spontanée dont l intention est de suggérer les jeux atmosphériques sur les éléments de la nature. BARON, Théodore ( ) Théodore Baron étudie à l Académie de Bruxelles puis est élève de Guillaume Van der Hecht et de Louis Dubois, le promoteur du réalisme en Belgique. Attiré par le paysage, il se rend en Ardennes mais aussi dans la Campine anversoise où de vastes étendues de bruyères violacées contrastent avec des ciels nuageux. Il y fréquente des artistes, bientôt réunis sous le nom d École de Kalmthout. Ces peintres rompent avec la tradition du pittoresque romantique idéalisé pour peindre sur le motif. Dans ses paysages, Baron appose des empâtements très épais pour créer des harmonies grises avec une palette d ocres qui préfèrent les lumières automnales. Son attachement au plein air et sa volonté du rendu atmosphérique en font un précurseur de l Impressionnisme. Il deviendra directeur de l Académie de Namur. BAUDEWIJNS ou BOUDEWIJNS, Adriaen Frans I ( ) Ce Bruxellois aurait été formé par Ignace Van der Stock. A l âge de 21 ans, il est déjà nommé maître de la corporation des peintres. Il part ensuite à Paris où il s établit de 1670 à Au service de Louis XIV, il réalise des cartons de tapisserie pour la manufacture des Gobelins ainsi que des gravures d après les œuvres d Adam François Van der Meulen, peintre des batailles du Roi Soleil. De retour à Bruxelles, il obtient, en 1682, la place de doyen de la corporation des peintres. Il se spécialise dans les paysages, ceux de la campagne flamande ou ceux plus imaginaires de ports méditerranéens. Il est parfois confondu avec son neveu, qui fut son apprenti, et qui porte le même prénom. BERTRAND, Gaston ( ) À l issue de la Jeune Peinture belge une association d artistes qui, de 1945 à 1948, permet le retour de la liberté d expression après-guerre, Gaston Bertrand accède à une abstraction qui découle d une lente déconstruction des éléments du réel. Celle- 25

26 ci est de type géométrique quoique modérée, dans le sens où elle conserve un lien avec la réalité environnante. Les formes figuratives ne sont d ailleurs pas bannies de sa production, qui comprend de nombreux portraits aux silhouettes schématisées. Si le paysage inspire Gaston Bertrand, notamment les dunes et vues de bords de mer, la source d inspiration majeure de ses travaux abstraits est sans conteste l architecture, dont il s imprègne essentiellement lors de voyages en Italie, en Espagne et en France. Il en livre une interprétation sensible et toute personnelle, le sujet n étant plus que prétexte à l exploration plastique. BOGART, Bram ( ) Hollandais d origine, Bram Bogart se forme aux Pays-bas puis voyage en Europe. Il vit 10 ans à Paris avant de s installer à Bruxelles et d obtenir la nationalité belge. Ses premières œuvres révèlent une parenté avec l expressionnisme et l influence de Van Gogh et Permeke. Au début des années 50, les formes sont stylisées et découpées en plans géométriques. Puis, sa peinture s oriente vers un tachisme ponctué de signes. «Il ne cessera d être vigilant au signe, à l écriture ; et ce qu il nomme écriture est tout à la fois le trait, la touche et le sillon.» À partir des années 60, la peinture en tant que matière s affirme et la couleur triomphe. L artiste mélange pigment et huile avec du sable ou plus tard avec du ciment. L épaisseur de cette couleur-matière l obligera à travailler à plat. Cette masse colorée, très lourde, est creusée de sillons, de signes. Il confronte également verticalité et horizontalité, se référant au jeu constructif de Mondrian et prouvant ainsi que sa peinture n est pas qu une expression matiériste et sensuelle. BONNET, Anne ( ) Dans le cadre de sa participation au groupe La Route libre, qu elle co-fonde en 1939, et aux Salons Apport, qui se déroulent de 1941 à 1945, Anne Bonnet démarre sa carrière picturale au moyen d une peinture de type animiste, marquée par l influence d Henri Evenepoel. Elle puise alors son inspiration dans la vie quotidienne domestique de l être humain. L artiste suit un chemin similaire à celui de ses confrères Louis Van Lint et Gaston Bertrand, avec qui elle étudie à l Académie de Saint-Josse-ten- Noode, dans le centre de Bruxelles. Elle évolue ensuite, dans le contexte de la Jeune Peinture belge, vers une abstraction qui oscille entre géométrie et gestualité, prenant racine dans le réel, dont l artiste révèle sa vision personnelle. Les aplats de couleurs vives, qu elle privilégie dès sa rencontre avec les œuvres de Jean Bazaine et de Maurice Estève, lui sont inspirés de paysages urbains, qu elle découvre principalement au cours de voyages répétés en Méditerranée, de la France à la Turquie, en passant par l Espagne. Sa peinture se rapproche de celle d un Paul Klee, tant par sa composition que par ses nuances de textures. BOULENGER, Hippolyte ( ) Orphelin à l âge de seize ans, il décide de venir à Bruxelles et travaille chez l ornemaniste Colleye. Boulenger suit également des cours du soir à l Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, notamment chez le peintre Navez. L artiste séjourne trois années à Paris, entre 1850 et 1853, où il reçoit une formation en dessin. En 1864, il fait une rencontre importante : le peintre Camille Van Camp va l encourager et l aider financièrement, ce qui lui permet de s installer à l Auberge du Renard à Tervueren. Là, il fait la connaissance notamment des peintres Joseph Coosemans et Alphonse Asselberghs qui, comme Boulenger, aiment peindre des paysages de la forêt de Soignes. Vers 1866, pour faire allusion à l École de Barbizon, il fonde l École de Tervueren (village à l Est de Bruxelles). La même année, il est reconnu comme un paysagiste réaliste et ses premiers paysages sont exposés au Salon de Bruxelles. Au départ, son œuvre est marquée par un réalisme détaillé. Elle évolue ensuite vers une facture spontanée avec des couleurs fluides et une sensibilité à la lumière qui préfigurent l impressionnisme. BROODTHAERS, Marcel ( ) Admirateur de René Magritte, Marcel Broodthaers interroge lui aussi la fonction du langage, remettant en question son hégémonie. En 1947, l artiste est notamment signataire du texte surréaliste révolutionnaire La cause était entendue. En 1963, il plâtre l un de ses recueils de poésie, en une série qu il intitule Pense-Bête. Marcel Broodthaers amorce dès lors une réflexion sur le statut de l œuvre d art. Il porte également un regard critique sur le domaine muséal et son fonctionnement, allant jusqu à imaginer, en 1968, un musée fictif : le Musée d Art moderne, Département des Aigles. Dans un esprit contigu à celui du Pop Art, qu il découvre en 1963 lors d un voyage à Paris, l artiste se sert d objets de récupération de la société de consommation, typiques de la culture populaire belge, qu il élève au rang d œuvres d art. Il est ainsi particulièrement connu pour la réalisation de ses casseroles de moules, proches des ready-mades de Marcel Duchamp. Ces dernières apparaissent en outre sous forme de photographies imprimées sur toile, à la manière des sérigraphies d Andy Warhol, dont l esthétique est néanmoins bien plus brute et dérisoire. BRUSSELMANS, Jean ( ) Jean Brusselmans débute comme graveur-lithographe. Il se réoriente ensuite vers la peinture, qu il pratique sous l ascendant de personnalités aussi variées que Pierre Bruegel, Edouard Manet ou Gustave Courbet. En 1907, partageant un atelier avec Rik Wouters, il fait la connaissance de ceux que l on a appelé les «Fauvistes brabançons» Edgard Tytgat, Auguste Oleffe, etc. qui, dans le sillage du courant français, accordent une nouvelle importance à la couleur. Cette rencontre marque un tournant 26

27 dans sa carrière. Aux thèmes de la vie quotidienne, Jean Brusselmans préfère néanmoins le paysage, auquel il apporte peu à peu une touche résolument personnelle. Il schématise les formes, stylise la composition, adopte une palette subjective. L artiste participe à de nombreux cercles artistiques, L Effort, L Art vivant, Les Compagnons de l Art, où il côtoie certains membres de l expressionnisme flamand, avec qui son art partage nombre de caractéristiques. BUISSERET, Louis ( ) L œuvre de Louis Buisseret est symptomatique du groupe Nervia, qui fédère les expressions francophones de l expressionnisme belge. Le groupe manifeste un goût pour la vie intime de l être humain, révélée dans sa plus grande simplicité. Comme ses confrères de Nervia, Louis Buisseret subit l influence des maîtres du Quattrocento, qui lui dictent son approche paisible et harmonieuse de la réalité. Les nus empreints de classicisme et de pudeur constituent avec les portraits et les architectures italiennes l essentiel de son répertoire. L isolement de certains personnages ne passe néanmoins pas inaperçu, ceci dévoilant leur intériorité sujette à la mélancolie. Le dessin, à la ligne sinueuse et délicate, occupe, à l image du groupe wallon, une importance de taille dans les créations de Louis Buisseret. Une figuration qui tend vers un idéal formel et une composition aussi réfléchie qu équilibrée, aux tonalités suaves. CARTE, Anto ( ) En 1928, Anto Carte fonde le groupe Nervia, qui rassemble les représentants de l expressionnisme wallon, se démarquant de son homologue flamand à de nombreux égards. Les deux tendances partagent un intérêt pour l être humain et ses valeurs originelles. Le caractère naïf de Nervia fait également écho à l art d un Constant Permeke ou d un Gustave De Smet. Néanmoins, les membres de Nervia, et Anto Carte le premier, s orientent vers une finesse toute différente de la facture épaisse des flamands. La gamme chromatique d Anto Carte est passée, à l image de l atmosphère sereine et apaisée de ses toiles. Ses multiples maternités, scènes paysannes ou champêtres témoignent des conceptions humanistes du peintre, de même que de son attachement à la nature et aux thématiques religieuses. L œuvre hésite ainsi entre symbolisme et expressionnisme, ceci participant à sa singularité, à son paroxysme entre 1928 et Après cette date, l artiste se découvre un nouvel intérêt pour les personnages de la Commedia dell arte. CHARLET, Emile (1851-?) Nous possédons peu d informations sur ce peintre qui resta dans l ombre de son frère Frantz Charlet, proche du Groupe des XX. Après des études à l Académie de Bruxelles, il peint des paysages et des portraits. Son réalisme fera place à un style plus libre, marqué par des coups de brosse et un éclaircissement des couleurs. CLAUS, Emile ( ) Sa vocation de peintre naît très tôt : dès l âge de vingt ans, il s inscrit à l Académie des Beaux-Arts d Anvers où il suivra les cours du paysagiste Jacob Jacobs. Ses premières peintures sont marquées par un réalisme traitant de sujets anecdotiques, à tendance sociale ou sentimentale. En 1879, il voyage en Espagne, au Maroc et en Algérie, et revient fasciné par la lumière. Dès 1883, il s installe dans la campagne gantoise, au bord de la rivière la Lys, dans une maison baptisée Zonneschijn. Celle-ci deviendra le refuge des amis peintres, sculpteurs et écrivains. Sa rencontre avec Camille Lemonnier, écrivain belge rompu à l avant-garde française, sera déterminante. Ce dernier le poussera à quitter son atelier pour le plein air et à se libérer des contraintes académiques. Lors de son séjour à Paris, entre 1890 et 1892, il entre en contact avec la peinture de Monet et évolue vers un impressionnisme personnel. Sa touche se fait plus déliée, parfois même pointilliste. Il joue avec les effets de la lumière sur les paysages. Cependant, ses personnages continuent d être définis par des contours, contrairement aux impressionnistes français dont les formes se dissolvent sous l effet de la lumière. Il deviendra le chef de file d une version belge de l impressionnisme : le luminisme. Sous sa houlette, le groupe Vie et Lumière, fondé en 1904, réunira des peintres adeptes de son esthétique. Sa peinture est hantée par des thèmes récurrents : la vie de village, les travaux des paysans, les paysages de la Lys Il est une des figures majeures de la peinture belge de la deuxième moitié du XIX e siècle. COPPENS, Omer ( ) Coppens se forme d abord à l Académie de Gand, puis s installe à Bruxelles. Grand voyageur, il séjourne et peint en France, en Italie et au Maroc. Mais sa production artistique la plus importante reste centrée sur sa Flandre natale. Il aime décrire l atmosphère des ports, de la région côtière ainsi que de villes flamandes comme Bruges, surtout au crépuscule. Il pratiquera un style impressionniste qui, désormais loin d être révolutionnaire, deviendra à son tour académique. Il est membre de l Essor et Pour L art. CREPIN, Louis ( ) Après une formation en sculpture, il prend des cours de peinture à Bruxelles, puis auprès d Eugène Boudin en France. De retour en Belgique, et souhaitant s affranchir de l Académisme, il est un des cofondateurs de la Société Libre des Beaux-Arts. 27

28 Inspiré comme Boulenger par Tervueren et ses environs, sa peinture abandonne les contours nets du réalisme pour une touche plus large, sensible aux effets de la lumière. DAEYE, Hippolyte ( ) Hippolyte Daeye, qui doit son goût pour la peinture à son ami peintre Gustave Van de Woestijne, fait incessamment de la figure humaine son iconographie de bienveillance. Ses proches, et principalement ses trois enfants, sont ses modèles les plus courants. L art qui en résulte est intimiste et humaniste : un art de la modération. Au début des années 1920, l artiste quitte le domaine du réalisme pour embrasser le style expressionniste, schématisant peu à peu les formes de ses compositions, qui baignent dans une lumière chaude et rassurante. Le parti pris est celui de la sobriété, l artiste parvenant à rendre l expression et l intériorité de ses personnages avec une grande économie de moyens. Une efficacité plastique qu il apprend notamment de Diego Vélasquez, Amedeo Modigliani, Henri Matisse ou encore André Derain. DE BIE Erasmus ( ) Fils et père de peintres anversois, Erasmus De Bie devient, en 1641, l élève de David III Ryckaert, lui-même disciple de David II Teniers, connu pour ses scènes de vie anecdotiques. Cinq ans plus tard, il acquiert le titre de maître de la gilde de Saint-Luc, à Anvers. Inspiré par cette ville, son œuvre dépeint des vues urbaines, des kermesses populaires, des fêtes et des marchés. Ses compositions sont équilibrées avec des détails traités méticuleusement, même s il n atteindra pas la maîtrise de son maître David Ryckaert. DE BOECK, Félix ( ) Félix De Boeck s initie à la peinture par le fauvisme et l expressionnisme. L artiste aboutit ensuite, dès le début des années 1920, à la Plastique Pure, qui constitue la première vague constructiviste belge. Par l intermédiaire du Cercle d Art, il fréquente les milieux modernistes et, en 1920, assiste à une conférence donnée par Théo Van Doesburg, représentant du groupe hollandais De Stijl, qui ne le laisse pas indifférent. Il voit dès lors en la revue 7 Arts un appui non négligeable à son abstraction de type géométrique. Cependant, quelques années plus tard, il délaisse cette voie hostile car incomprise du public belge, pour entamer une œuvre cette fois figurative, empreinte de mysticisme. Tout en conservant quelques références à la géométrie, Félix De Boeck cultive une œuvre dès lors porteuse d un message spirituel, voire cosmique, qui contraste avec son activité parallèle de fermier et d agriculteur. DE GEETERE, Georges Formé à l Académie de Bruxelles chez Portaels, De Geetere fait partie du groupe l Essor, de 1881 à Il a réalisé des peintures religieuses, des peintures murales et des portraits voilà le peu de renseignements que nous possédons à son sujet. Le Portrait de sa femme que possède le Musée d Ixelles démontre cependant une belle maîtrise artistique. Il alterne traitement lisse, pour la carnation du visage, et peinture vive et hachée au couteau, pour les drapés de la robe. A l arrière-plan, un miroir reflète la silhouette de l artiste. Il réalise, par ce biais, un portrait de couple à la fois élégant et original. DEGOUVE DE NUNCQUES, William ( ) De formation autodidacte, William Degouve de Nuncques est avant tout reconnu pour sa production symboliste, qui s étend de 1892 à Les paysages nocturnes ou crépusculaires qu il signe, inspirés de ses voyages à travers l Europe, revêtent un caractère mystérieux et insolite. L atmosphère vaporeuse et la tendance à la monochromie des tons l artiste a une préférence pour le bleu amplifient le sentiment onirique qui se dégage de ses compositions. William Degouve de Nuncques privilégie la poésie des lieux, qui appellent à la mélancolie, ne laissant aucune occasion à la présence humaine de venir troubler la précieuse quiétude qui y règne. Par l intermédiaire de son beau-frère poète Émile Verhaeren, il fréquente les milieux de la littérature symboliste de la Jeune Belgique, ce qui enrichit son travail. L artiste s exprime à l huile mais s épanouit davantage encore dans l usage du pastel, qui lui permet d atteindre un degré d irréalité supérieur. DEGROUX Charles, ( ) Elève à l Académie de Bruxelles avec, comme professeur, Jean-François Navez, peintre néo-classique. Il commence sa carrière comme peintre d histoire avec des compositions religieuses. En 1853, il présente l Ivrogne, œuvre dénonçant la vie miséreuse. Il continuera ensuite à être un fer de lance du réalisme à forte connotation sociale. Membre fondateur de la Société Libre des Beaux-arts, en 1868, ses œuvres témoignent des conditions de vie précaires et tragiques des classes paysannes et ouvrières. Son réalisme se situe plus dans la lignée de Millet par la religiosité présente dans certaines œuvres que dans le sillage de Courbet. Il dessinera des cartons pour les vitraux de la Collégiale Sainte Gudule de Bruxelles. Constantin Meunier subira son influence. 28