André Lhote Musée des beaux-arts de Bordeaux Document d accompagnement pédagogique 1/ Observer et s interroger rétrospective

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1 André Lhote. Les langages de la modernité. Musée des beaux-arts de Bordeaux 6 avril septembre 2007 Document d accompagnement pédagogique Cette exposition temporaire nous présente un artiste bordelais qui fut à la fois peintre, théoricien, professeur, critique d art L exposition nous propose de découvrir, au travers de ces œuvres, des exemples de ses partis pris picturaux. 1/ Observer et s interroger Il s agit d une exposition rétrospective consacrée à artiste disparu aujourd hui. Les élèves vont découvrir tout un espace dédié à un seul homme. A l issue de la visite, on pourra faire réfléchir les élèves sur : ce qu est une vie d artiste, les raisons qui poussent un homme à créer sans cesse. sur ce que deviennent ces œuvres créées. ce qu est le cubisme. Une vie entière consacrée à l art Le travail de l artiste : L exposition commence par une présentation de l artiste : sa formation initiale, ses rencontres avec les artistes de son époque (Cézanne, Picasso, Chagall ), ses premières œuvres Les sujets de ses créations : Les œuvres exposées nous montrent souvent les mêmes lieux représentés (le port de Bordeaux, le bassin d Arcachon, l Espagne ). Ces lieux révèlent aux élèves à la fois l ancrage régional de ce peintre mais aussi les lieux de ces voyages. On découvre aussi les mêmes visages (Simone, Marguerite ), ses épouses successives. Les raisons de la création L artiste perçoit le monde : L artiste questionne sans arrêt le monde qui l entoure : Il l observe et s interroge, il en perçoit une vision et a envie de la faire partager, de la retranscrire Un art de conception et non de représentation : Les choix picturaux de Lhote posent la question de la représentation, du rôle de la couleur, de la composition peinte sur une surface plane, de la profondeur donnée à cette surface pour cela il a recours à : * différentes techniques : peintures de chevalet et murales, tapisseries, dessins * différents thèmes : le paysage urbain ou maritime, le sport, le portrait, les nus * différents partis pris picturaux : fauvisme, cubisme L artiste partage ses réflexions sur l art : Lhote a rédigé de nombreux écrits : des monographies, des essais, des traités, des articles Il a également animé des conférences, - 1 -

2 il a participé à des montages d expositions, il a même créé une Académie où il enseigna tout au long de sa vie La vie des œuvres Les œuvres d un artiste ont aussi leur vie propre : certaines sont exposées, sont achetées (par des collectionneurs, par des particuliers, par des établissements ), d autres sont données (à des amis, à des musées ). Aujourd hui, elles sont réunies au Musée des beaux-arts de Bordeaux grâce à une exposition temporaire. Une définition du cubisme A l issue de la visite, les élèves pourront tenter de définir ce qu est le cubisme : époque, mode de représentation, choix de composition, sujet traités 2/ Se cultiver André Lhote est un artiste bordelais Les lieux de Bordeaux qu il a peint > Port de Bordeaux, les grues, 1910 > Entrée du bassin à flot à Bordeaux, 1912 Des traces de Lhote à Bordeaux Le square André Lhote qui se situe cours d Albret, en face du Musée des beaux-arts. Lhote réalise pour l institut dentaire une toile de grandes dimensions 2.80 mètres de haut par 7 mètres de long > voir le travail préparatoire de cet oeuvre au sous-sol de l exposition >la gloire de Bordeaux, Les mouvements artistiques de l époque Les sources d inspirations d André Lhote Lhote retiendra du peintre Cézanne, l idée qu il faut traiter la nature «selon le cylindre, la sphère, le cône». Mais ce début du XX ème siècle est surtout marqué par le tableau de Picasso Les demoiselles d Avignon. Le peintre Braque s en inspirera pour réaliser ses Nus, mais également Lhote quand il peindra > Baigneuses, 1917 Lhote a également beaucoup d admiration pour des peintres comme Poussin et Watteau. > Hommage à Watteau, Arlequin démasqué, 1918 Les artistes de son époque L œuvre de Lhote nous renvoie à différents mouvements artistiques du XX ème siècle : le Fauvisme : Matisse, Dufy, Marquet l Expressionisme : Soutine, Kokochka le Cubisme : Juan Gris, Pablo Picasso, Braque, Henri Laurens, Fernand Léger l Abstraction : Robert Delaunay, Kandinsky, Mondrian Les éléments plastiques mis en évidence Lhote envisage avant tout la toile comme une surface plane sur laquelle sont posées les couleurs et abandonne toute recherche sur la profondeur. Lhote voudrait que le cubisme soit un art en continuité avec l histoire de la peinture ; il ne veut pas rompre avec les maîtres du passé. A l inverse de Braque et de Picasso qui, à force d analyse, aboutiront à une peinture presque abstraite, Lhote veut préserver une peinture intelligible et lisible avec toujours un ancrage dans le réel. Le cubisme : * définition générale : c est un mouvement artistique qui se propose de représenter la réalité des objets par une décomposition en plans, en éléments géométriques simples (rappelant le cube), par la présence simultanée de différents points de vues sans restituer leur perspective. Le cubisme est avant tout une question d espace et de rendu du volume. * définition selon Lhote : «le cubisme est un art basé, non sur la représentation littérale de l objet, mais sur la transposition volontaire de l objet à l aide de moyens strictement plastiques. C est un art qui a pour but de recréer des formes vivantes.» - 2 -

3 La schématisation des formes * La décomposition des volumes en plans permet au spectateur de reconstruire mentalement ces volumes, d imaginer dans l espace le corps ou l objet considéré. On obtient ainsi des reliefs sans modelé, des compositions sans profondeur. * Lhote puise dans la géométrie les équivalents plastiques des objets. Il décompose les éléments constitutifs des objets qu il veut représenter en formes géométriques simples : ronds, carrés, triangles, rectangles. Il élimine les détails, et dissout l objet pour l intégrer dans un tout. > Le pot rouge, 1917 * Lhote a le souci permanent de la lisibilité : «l art a été inventé afin de permettre aux hommes de communiquer entre eux». On relèvera cette volonté constante d une lisibilité du sujet mais qui n exclut pas l utilisation des traits et formes cubistes. Dans certaines œuvres il utilise à la fois des lignes courbes, des formes arrondies mais également des angles, des lignes droites. > Hommage à Watteau, 1918 La couleur, la lumière Dans ses premières œuvres, Lhote utilise des couleurs pures comme l on fait avant lui les peintres fauves. Il utilise des couleurs lumineuses et fait peu de mélanges. On remarque aussi qu il juxtapose des couleurs complémentaires. > La batteuse, 1910 Dans ses œuvres cubistes, la palette de Lhote peut être très contrastée ou jouer sur les camaïeux. > Rugby, 1917 > Trois femme nues, 1917 Il existe parfois un décalage entre les formes et leurs couleurs qui crée un effet de profondeur et qui modèle les visages et les corps. Ce «brouillage» se retrouve entre les fonds et les formes, entre les couleurs et les traits, entre les lignes nettes de séparation des couleurs des fonds et celles de séparation des formes. > Baigneuses, 1935 La composition * Lhote construit ses tableaux : Lhote découpe la réalité en facettes sans volume, la peinture devient un outil pour analyser la perception du réel. Au composition de Lhote peuvent être associés les mots suivants : construction, empilement, verticalité, échelonnement en hauteur, mis en équilibre fragile, puzzle > Séville, 1922 * Lhote donne du rythme à ses toiles C est la répétition de mêmes lignes, de même formes qui donne le rythme à ses œuvres et influence le parcours de notre regard sur la toile. > Bacchante, 1912 Parfois le rythme est donné par une opposition, un balancement entre des éléments qui se répondent ou qui s opposent. C est pourquoi il ne résulte jamais, dans les compositions très étudiées de Lhote une sensation de froideur intellectuelle mais au contraire un équilibre évident qui donne aux œuvres toute leur douceur. > Paysage français, 1912 > Rio de Janeiro, 1953 Les thèmes régulièrement abordés Le paysage : C est un genre récurrent tout au long de l histoire de l art, mais la façon dont Lhote traite ce genre est nouvelle à la fois par le choix des couleurs, par le mode de représentation et par la composition générale de ces toiles. > Bord de rivière, 1911 : une composition à deux niveaux : > les différentes vues du port de Bordeaux Puis les paysages de Lhote prennent une vigueur et une sonorité colorée qui peut être associée à l abstraction lyrique mais Lhote ne renoncera jamais à l ancrage dans le réel. > Pins et olivier, 1954 Le sport : Là encore, il s agit d un thème récurrent en histoire de l art. En effet, il pose le défi de la représentation d un corps humain en mouvement. Ce sujet se retrouve sur les céramiques grecques, les fresques étrusques, la statuaire romaine mais aussi chez différents artistes tels que : Degas, Fernand Léger, Raoul Dufy, De Staël, Francis Bacon. La réflexion sur la décomposition du mouvement apparaît encore au travers des photos de Muybridge > Rugby, 1917 Le nu : La représentation du corps féminin nu est là encore un sujet traditionnel en peinture

4 > La partie de plaisir, 1910/1911 > Bacchante > Le jugement de Pâris, 1912 > Les baigneuses 1935 Le portrait : Les portraits de Lhote permettent de confronter deux modes de représentation > Portrait de Marguerite, 1912 > Portrait de Madame Lhote, 1920 Les supports de ces peintures De la peinture de chevalet à la décoration murale : Un tableau décore juste une partie d un mur (pour Lhote, un tableau est une «fresque portative») alors que la peinture murale recouvre entièrement sa surface. André Lhote aimait peindre sur des grandes surfaces (tapisseries, panneaux muraux ) 3/ Expérimenter, tirer parti Différentes pistes de travail peuvent être proposées dans différents domaines : L espace : Avec un plan de la galerie, on pourra amener les élèves à réfléchir sur la façon dont ont été regroupées les œuvres dans les salles. En effet le parcours de l exposition est à la fois chronologique, thématique et plastique. Arts plastiques Les formes simplifiées : > Portrait de Simone, 1947 En classe on pourra expérimenter la représentation cubiste en : * isolant les éléments constitutifs d un objet ou d un sujet et en les interprétant avec uniquement des formes géométriques simples (carré, rectangle, demi-cercle, triangle ) * cherchant à mettre en valeur ces formes géométriques : en accentuant les lignes de contours de ces formes, en remplissant par une seule couleur la surface de ces formes. Les ombres et la lumière : > Pénélope, 1915 En choisissant une couleur unique comme base de travail, les élèves pourront rechercher toutes les nuances de cette couleur > du plus clair au plus foncé La couleur : > La batteuse, 1910 On peut travailler sur les couleurs complémentaires. L organisation de l espace * le fond et la forme : > Baigneuses, 1935 Succession de plans verticaux colorés traversant le sujet * le positif et le négatif: > Le pot rouge 1917 Le contour, l intérieur, l extérieur, le devant, le derrière * l empilement des formes : > Séville 1922 * l opposition des formes : > Bacchante 1912, Hommage à Watteau, 1918 ; > Rio de Janeiro, 1953 * Le rythme donné par la répétition : > Jeunes filles autour de la table, 1910 La géométrie Les élèves pourront identifier les différentes formes géométriques présentes dans les toiles et associer à chaque forme l outil nécessaire à son tracé (règle, compas, équerre). Maîtrise du langage Production écrite : A l issue de la visite de l exposition différents types d écrits peuvent être envisagés : rédaction d une biographie, compte-rendu de la visite, fiche descriptive d une œuvre, récit, poèmes Ils pourront réfléchir également sur les différents modes de communication autour et dans l exposition : affiches, photos, livres, cartel, citations en bas des murs Recherche documentaire : Les élèves pourront rechercher des mouvements artistiques qui se finissent en isme (Cubisme, Fauvisme, Expressionisme, Impressionnisme ) - 4 -

5 4/ Présenter, exposer Cette exposition montre aux élèves une façon d éclairer le travail d un artiste mais il en existerait d autres alors, pourquoi ne pas proposer à la classe, à partir des reproductions des œuvres de Lhote, de créer une autre exposition en choisissant d autres entrées (par ordre chronologique, par lieux représentés, par gestes employés, par taille des peintures ) et amener ainsi les élèves à s interroger sur la notion de parcours dans une exposition Contact enseignant mis à disposition : Jean-luc.destruhaut@mairie-bordeaux.fr