CHARTE DU «VIVRE ENSEMBLE» POUR LA PERSONNE ÂGÉE OU HANDICAPEE RESIDANT EN INSTITUTION. Projet de Charte
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- Aline Lamothe
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1 CHARTE DU «VIVRE ENSEMBLE» POUR LA PERSONNE ÂGÉE OU HANDICAPEE RESIDANT EN INSTITUTION Projet de Charte Cette charte a pour objectif de reconnaître les conditions du «vivre ensemble» en institution (lieu de vie) à l attention des personnes âgées ou handicapées. Elle s appuie notamment, en cherchant à la compléter sur des points spécifiques, sur la Charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante établie en 1997 par la Fondation Nationale de Gérontologie sous l égide du Ministère de l Emploi et de la Solidarité. PREAMBULE L homme est né pour vivre debout en dignité dans un esprit d égalité et de liberté. La vieillesse et le handicap sont des étapes pendant lesquelles chacun doit pouvoir revendiquer son épanouissement. Quand la vie rend difficile ce droit, pour des raisons matérielles, physiques ou morales, toute personne doit pouvoir trouver auprès d un lieu de vie un environnement propice à atténuer ses difficultés et renforcer son goût de vivre au contact des autres dans un esprit de «bien vivre ensemble». ARTICLE I LA LIBERTE DU CHOIX DE VIE ET LA FLEXIBILITE DU LIEU DE VIE Le lieu de vie doit offrir des parcours de vie flexibles répondant aux besoins et attentes des personnes âgées ou handicapées, car toute personne âgée ou handicapée doit garder la liberté de choisir son mode de vie. Chaque personne doit pouvoir avoir le choix de résider momentanément ou définitivement dans un lieu de vie qui deviendra son nouveau domicile, dans lequel elle sera respectée, et où elle pourra continuer à garder sa place dans la cité, au contact des autres générations, dans le respect de leurs différences. Le lieu de vie doit aménager des modes d accueil progressifs et souples, en permettant notamment aux personnes désireuses de venir y résider d effectuer un ou plusieurs séjours préalables afin de confirmer leur souhait et tester leur adhésion au mode de vie proposé. Le lieu de vie doit favoriser, si les personnes en expriment le souhait, des séjours temporaires ainsi que des aller-venues avec leur domicile, à une fréquence adaptée aux besoins de chacune. Toute personne doit pouvoir à tout moment exprimer le souhait de quitter le lieu de vie pour partir vivre ailleurs, que ce soit un retour à son propre domicile ou le départ vers un nouveau domicile, chez des proches, ou bien encore dans un autre
2 lieu de vie. Ce souhait doit être favorisé et accompagné. Ce départ n est pas forcément définitif, et un retour doit toujours rester possible. Le lieu de vie doit offrir, à l inverse, la possibilité d y résider définitivement, quel que soit l état physique ou mental de la personne (hors besoin d hospitalisation). Dans ce cas, toute personne, si tel est son choix, doit pouvoir y terminer sa vie naturellement et confortablement entourée de ses proches, dans le respect de ses convictions et en tenant compte de ses avis. Lors de l'entrée dans le lieu de vie, les conditions de résidence et du parcours de vie doivent être garanties par un contrat explicite, précisant notamment les engagements du lieu de vie ainsi que les droits et les devoirs de la personne âgée ou handicapée résidente. ARTICLE II UNE PRIORITE : VIVRE MALGRE L AGE OU LES HANDICAPS Le fonctionnement du lieu de vie doit être dirigé vers un but prioritaire : renforcer le goût de vivre pour les personnes âgées ou handicapées. La dispensation de soins appropriés est bien sûr une nécessité impérieuse en complément. Le lieu de vie doit porter des valeurs spécifiques de tolérance et respect de l autre, de solidarité, d ouverture vers l autre et d authenticité dans les relations, afin de permettre l émergence de ce goût de vivre et son maintien : la différence est une richesse Cette liberté doit être favorisée par un brassage de populations sur le lieu de vie, à la fois sous l angle intergénérationnel mais aussi en terme de mixité sociale : présence par exemple de vacanciers, de personnes en insertion, d étudiants, de jeunes couples avec enfants, etc. De même, le maintien des relations familiales ainsi que des réseaux amicaux doivent être privilégiés, avec notamment la possibilité de séjours à la carte des proches dans le lieu de vie. Une pédagogie d animation et d intervention spécifique doit être proposée pour soutenir ce brassage, afin de créer une ambiance propice à favoriser les rencontres spontanées aux côtés d activités plus organisées, et de rendre chacun acteur de sa vie. L ouverture du lieu de vie sur l économique et sur la cité doit constituer l un des facteurs clés sous-tendant le sentiment de vie. L activité économique et l ouverture sur la cité qui doivent irriguer le lieu de vie sont en effet source de flux de personnes et d échanges avec l environnement favorables à la vie : centre familial de vacances, appart-hôtel, activités artisanales, cinéma, installations sportives, etc. Chaque personne doit être considérée dans sa globalité, de manière à ce que les personnes âgées ne soient jamais «les vieux», que les jeunes ne soient pas «des cas sociaux», et que les handicapés ne soient pas réduits à un problème, en veillant à toujours s adresser en fait à des personnes sans étiquettes, dans leur globalité, leur problématique, leur singularité, leurs désirs et leur sensibilité.
3 ARTICLE III L IMPORTANCE DE LA QUALITE DU LIEU DE VIE ET DE L ENVIRONNEMENT L espace doit être organisé pour favoriser le plus possible les rencontres et la vie au contact des autres résidents ainsi que des visiteurs. Les chambres des différentes populations doivent être conçues pour répondre aux besoins de la vie privée. Par ailleurs, elles doivent le plus possible être mélangées et indifférenciées, de manière à favoriser le brassage. Des espaces communs à tous doivent être organisés afin de favoriser les échanges, que ce soit pour l accueil, les repas ou bien encore pour des loisirs ou activités variées comme par exemple le sport, les jeux, la culture, l artisanat, le cinéma. Ces espaces doivent être ouverts sur la vie de la cité, que ce soit aux résidents de passage de toute provenance, ou bien encore à la population environnante dont l accueil doit être favorisé. La beauté des lieux et la qualité de l entretien doivent être une préoccupation constante, afin de rendre la vie des résidents plus agréable mais aussi contribuer à attirer les personnes de l extérieur. ARTICLE IV LA NECESSITE DU DEVELOPPEMENT D'ACTIVITÉS OUVERTES AUX AUTRES Toute personne âgée ou handicapée doit être encouragée à conserver des activités en favorisant la participation à celles-ci de personnes de toutes origines : vacanciers, autres résidents de passage, population environnante, jeunes, enfants, etc. Le contact avec d autres populations dans la réalisation d activités est en effet un moteur puissant pour conserver le goût de la vie. L'activité ne doit pas être une animation stéréotypée, mais doit permettre l'expression des aspirations de chaque personne en sollicitant son initiative ainsi que ses compétences propres. Par exemple, l animation, par une personne âgée ou handicapée, d un atelier spécifique en liaison avec une compétence particulière, représente un type d action à favoriser. De même est à développer l attitude qui consiste à susciter l envie chez chaque personne de proposer d ellemême des idées de nouvelles activités, puis de favoriser la participation de ces personnes à leur mise sur pied. Le lieu de vie doit dans tous les cas veiller à créer une ambiance de partage et d échanges entre les différentes populations dans le cadre des diverses activités, en favorisant celles des activités qui sont les plus propices à un tel partage. Les personnes âgées ou handicapées doivent pouvoir donner leur opinion concernant les activités proposées par le lieu de vie et ainsi devenir des acteurs à part entière du pilotage de ces activités. Dans ce cadre, la participation au pilotage et au bon fonctionnement du lieu de vie dans le cadre du conseil de vie sociale est à favoriser. ARTICLE V UNE APPROCHE SPECIFIQUE POUR PRÉSERVER L'AUTONOMIE ET PRÉVENIR La prévention de la dépendance ainsi que le recul de son aggravation sont deux impératifs.
4 En parallèle de la démarche médicale préventive et curative, la participation à la vie ensemble doit être favorisée le plus longtemps possible, pour stimuler et dépasser certains moments de faiblesse passagers, contribuant ainsi à préserver l autonomie. Ceci passe notamment par les repas pris en commun avec l ensemble des résidents tant que cela est possible ou bien encore par la participation aux activités communes. Lorsque surviennent des moments nécessitant un alitement temporaire, des dispositions spécifiques doivent être prises pour encourager la vie, dans la mesure du possible et du souhait de la personne concernée. Il peut notamment s agir de favoriser les visites d autres résidents, ou bien encore de disposer dans la chambre de moyens technologiques spécifiques permettant une ouverture sur l extérieur. ARTICLE VI UNE EQUIPE D INTERVENANTS EFFICACE ET FORMEE L écoute, l accueil, l animation, ainsi que l accompagnement psychologique que requièrent une personne âgée ou handicapée au contact des autres doivent être le fait d intervenants formés, en nombre suffisant. Une formation en animation intergénérationnelle doit être dispensée à tous ceux qui ont une activité professionnelle qui concerne les personnes âgées et handicapées dans le lieu de vie, et cela aux côtés de qualifications propres aux problématiques des personnes âgées ou du handicap. ARTICLE VII L INNOVATION PERMANENTE : UNE PRIORITÉ ET UN DEVOIR Garder une attitude d innovation permanente concernant tous les aspects du lieu de vie est un devoir et une priorité face aux enjeux actuels du vieillissement et du handicap et pour répondre toujours mieux encore aux attentes des personnes concernées. Il peut s agir notamment de chercher à améliorer la qualité de vie, faire reculer la dépendance, atténuer les souffrances endurées, ou bien encore alléger les coûts de prise en charge. Pour cela, le lieu de vie doit se doter de dispositifs adéquats permettant de recueillir le point de vue des personnes âgées, handicapées et de tous les autres résidents et membres du personnel ainsi que favoriser l expression de leur créativité, par exemple au travers de boîtes à idées ou de groupes d expression. De même, l amélioration permanente des processus et modes de fonctionnement internes doit être organisée, dans l esprit des systèmes de management par la qualité totale. Enfin le lieu de vie doit savoir mettre en œuvre des espaces d expérimentation pour tester des idées nouvelles, en accord avec les instances concernées. Dans le cadre de lieux de vie ouverts sur l économique, les bénéfices engendrés par l activité économique doivent être en priorité réinvestis dans l innovation. ARTICLE VIII L EVALUATION, MOTEUR DU PROGRES Les conditions de vie pour les personnes âgées ou handicapées dans le lieu de vie doivent être régulièrement évaluées afin de pouvoir faire face aux dérives
5 éventuelles, juger de la pertinence des actions de progrès engagées, et également permettre au lieu de vie de se comparer à d autres afin de partager les meilleures pratiques. L évaluation doit viser à mesurer l efficience et l efficacité de l organisation et des dispositifs du lieu de vie, notamment en termes de niveau de satisfaction des résidents, de niveau de dépendance et qualité de vie de ceux-ci, et également en matière de moyens engagés pour atteindre ces résultats. Cette évaluation doit, dans la mesure où ceux-ci existent, utiliser les référentiels d usage en la matière, et notamment bien sûr ceux qui sont imposés par la réglementation.
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