L ÉVALUATION ET LE CLASSEMENT

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1 L ÉVALUATION ET LE CLASSEMENT Corina Borri-Anadon, professeure Département des sciences de l éducation Université du Québec à Trois-Rivières Colloque La réussite des élèves issus de l immigration au Québec: stratégies à privilégier 17 mars 2015

2 Cette présentation reprend certains éléments du livre La réussite éducative des élèves issus de l immigration. Dix ans de recherche et d intervention au Québec Marie Mc Andrew Alhassane Balde Mahsa Bakhshaei Kristel Tardif- Grenier Geneviève Audet Françoise Armand Sylvie Guyon Jacques Ledent Georges Lemieux Maryse Potvin Jrène Rahm Michèle Vatz Laaroussi Alain Carpentier Christian Rousseau Paru aux Presses de l Université de Montréal en 2015, où l on trouvera aussi les références exhaustives des ouvrages cités.

3 PLAN DE LA PRÉSENTATION Les travaux nationaux et internationaux: les grands constats Principaux enjeux relevés dans la recherche québécoise Quelques pratiques gagnantes

4 LES TRAVAUX NATIONAUX ET INTERNATIONAUX: LES GRANDS CONSTATS

5 L importance du processus d évaluation et de classement Une fonction diagnostique qui vise à apprécier les caractéristiques d un sujet et de l environnement pédagogique, de même que leurs influences positives ou négatives sur le cheminement scolaire. Une fonction pronostique qui vise à déterminer les étapes d apprentissage ultérieures et les mesures à mettre en place.

6 La nécessité de mettre en place des pratiques adaptées à divers moments du cheminement, notamment lors de l entrée dans le système ou de transitions Réalisation d une cueillette d informations sur l élève Recours à des outils formels ainsi qu à des stratégies informelles Établissement d une conclusion évaluative Formulation de recommandations de classement scolaire

7 Deux dangers à éviter La suridentification (overpolicing) L élève est identifié comme ayant des difficultés d adaptation ou d apprentissage alors que celles-ci sont plutôt liées à son intégration linguistique, scolaire et sociale. L intégration linguistique, scolaire et sociale est peu considérée ou indûment reconnue comme aggravant les difficultés. Conséquences négatives Sur le plan identitaire et de l engagement scolaire Sur la qualité de l instruction reçue et les attentes des intervenants scolaires à l égard de l élève Sur la ségrégation vécue À plus long terme, sur la persévérance scolaire et les perspectives d emploi, dû au caractère souvent irréversible du classement scolaire spécialisé

8 La sous-identification (underprotection) L élève présente effectivement des difficultés d adaptation ou d apprentissage alors que celles-ci ne sont pas identifiées. L intégration linguistique, scolaire et sociale est indûment considérée comme expliquant les difficultés de l élève. Conséquences négatives Une offre de services inappropriée aux besoins de l élève Une aggravation des difficultés scolaires une fois identifiées

9 PRINCIPAUX ENJEUX RELEVÉS DANS LA RECHERCHE QUÉBÉCOISE

10 Selon la recherche québécoise, les problèmes liés à l évaluation et au classement touchent particulièrement: Les services d accueil et de soutien à l apprentissage du français destinés aux élèves nouveaux arrivants allophones (Armand, 2011a, De Koninck et Armand, 2012) Les services d accueil, de référence, de conseil et d accompagnement à l éducation des adultes (Potvin et Leclercq, 2012; Potvin et al., 2014a) Les services complémentaires destinés aux élèves ayant fait l objet d une évaluation orthophonique (Borri-Anadon, 2014).

11 Concernant la collecte d informations sur l élève, les recherches font état de difficultés à: Recueillir certains renseignements pertinents à la compréhension de la situation de l élève: Antécédents scolaires et réalité migratoire Répertoire linguistique Résultats aux évaluations antérieures Consigner l information (absence d un dossier de l élève) Transmettre l information (d un secteur, ordre, commission scolaire, établissement à un autre)

12 Concernant le recours à des stratégies d évaluation formelles ou informelles, les recherches ont documenté des difficultés liées à: La disponibilité et la continuité des outils (d un secteur à un autre, par exemple) La connaissance et l appropriation des outils disponibles La passation des outils formels La présence de biais linguistiques et culturels: Le contenu des épreuves tient peu compte du niveau de connaissance de la langue du test Le contenu des épreuves tient peu compte du processus d acculturation (expériences antérieures et référents culturels) de l élève

13 Concernant l établissement de la conclusion évaluative et la formulation de recommandations, les recherches mettent en lumière des difficultés quant à: L harmonisation des pratiques L organisation des services La transmission des résultats du processus aux parents

14 QUESTIONS NÉCESSITANT UN APPROFONDISSEMENT Comprendre les écarts de représentation de certains sous-groupes d élèves dans la population ÉHDAA en fonction des: Catégorie de difficultés Classes fréquentées et services obtenus Territoires scolaires Moments dans le cheminement scolaire. Approfondir la question des transitions comme moments-clés du processus d évaluation et de classement des élèves issus de l immigration. S intéresser aux pratiques et décisions des acteurs scolaires en tant que dynamiques systémiques.

15 QUELQUES PRATIQUES GAGNANTES

16 POUR LES INTERVENANTS Concevoir les habiletés évaluées comme étant en continuel changement, correspondant davantage à des processus qu à des produits cognitifs. Documenter les difficultés et les forces de l élève dans les différentes langues et contextes auxquels il est exposé.

17 Considérer les différents facteurs et expériences pouvant influencer ses apprentissages, dont le processus d acquisition du français, langue d enseignement. Recourir à une variété de stratégies évaluatives (par exemple, évaluation dynamique) et de ressources (par exemple, interprètes).

18 POUR LES GESTIONNAIRES ET DÉCIDEURS Privilégier le travail en équipe entre acteurs (actuels et antérieurs), incluant les professionnels des services complémentaires, l enseignant, l élève et sa famille de même que des membres de la communauté. Favoriser l accès aux ressources humaines et matérielles nécessaires. Adopter des modalités d organisation des services souples. Améliorer la formation des intervenants.