Convergence des suites monotones et applications.
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- Marie Léger
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1 Université Paris Est Marne-la-Vallée L Sciences Physiques Compléments en Analyse Convergence des suites monotones et applications.. Quelques définitions Ce chapitre est consacré à la convergence des suites monotones, c est-à-dire croissantes ou décroissantes. Rappelons qu une suite (u n ) n N est dite croissante si pour tout n N, u n u n+. Elle est dite décroissante si pour tout n N, u n u n+. Quand ces inégalités sont strictes, on parle de suites strictement croissantes ou strictement décroissantes. Définition.. Une suite (u n ) n N à valeurs réelles est dite : majorée s il existe M R tel que pour tout n N, u n M. minorée s il existe m R tel que pour tout n N, u n m. bornée si elle est à la fois majorée et minorée. 2. Convergence des suites monotones Le théorème suivant est le résultat principal de ce chapitre. Théorème 2. (Convergence des suites croissantes). Soit (u n ) n N une suite croissante. () Si la suite est majorée, alors elle converge vers l = sup{u n : n N}. (2) Si la suite n est pas majorée, alors elle tend vers +. Autrement dit, une suite croissante admet toujours une limite finie ou infinie. Démonstration. () Supposons d abord que la suite est majorée par un nombre M R. Il en résulte que l ensemble U = {u n : n N} R est non vide et majoré par M. Par conséquent, il admet une borne supérieure, notée l. Le nombre l est par définition le plus petit des majorants de U. Comme l est un majorant de U, on a tout d abord n N, u n l. Prenons ε > 0 ; puisque l est le plus petit des majorants de U, le nombre l ε n est pas un majorant de U. Par suite, il existe N N tel que Comme la suite est supposée croissante, on a l ε < u N. n N, l ε < u N u n. Finalement, si n N, on a ε < u n l 0 < ε et donc u n l < ε.
2 2 On a donc montré : c est-à-dire que (u n ) n N converge vers l. ε > 0, N N, n N, u n l < ε, (2) On suppose maintenant que la suite n est pas majorée. Cela signifie que pour tout M R +, il existe au moins un N N tel que u N > M. Comme la suite est croissante, on a donc n N, u n u N > M. On a donc montré : M R +, N N, n N, u n M, c est-à-dire que la suite tend vers +. Théorème 2.2 (Convergence des suites décroissantes). Soit (u n ) n N une suite décroissante. () Si la suite est minorée, alors elle converge vers l = inf{u n : n N}. (2) Si la suite n est pas minorée, alors elle tend vers. Démonstration. Appliquer le théorème précédent à la suite u n qui est croissante. Exemples : () On considère la suite S n = n i= /i2, n N. La suite est strictement croissante, car S k+ S k = (k + ) 2 > 0, k N. Montrons que cette suite est majorée. Pour cela, remarquons que (k + ) 2 k(k + ) = k k +. Par conséquent, Or, et n (S k+ S k ) = k= On en déduit que n k= n k(k + ) k= n (S k+ S k ) = S n S k= n ( k ) = k + n. k= n 2, S n 2 n 2. ( k ). k + En conclusion, la suite (S n ) n N est croissante et majorée, donc elle converge. Attention, le raisonnement précédent ne permet pas de déterminer la valeur de la limite l de (S n ) n N. On peut montrer que l = π 2 /6, mais il faut utiliser pour cela des techniques plus élaborées.
3 (2) Considérons maintenant la suite H n = n i= /i, n N. Il s agit encore d une suite croissante, mais cette fois ci non majorée. En effet, pour tout i N Donc, pour tout n N H n = i n i= i+ i i dt = ln(i + ) ln(i). t n (ln(i + ) ln(i)) = ln(n + ). i= Comme la suite u n = ln(n + ) tend vers +, le théorème des gendarmes entraîne que H n tend aussi vers Suites adjacentes. 3. Applications Définition 3.. On dit que deux suites (u n ) n N et (v n ) n N sont adjacentes si l une est croissante, l autre est décroissante et v n u n 0 lorsque n +. Théorème 3.2. Si (u n ) n N et (v n ) n N sont deux suites adjacentes, alors elles convergent vers la même limite l. De plus, dans le cas où (u n ) n N est la suite croissante et (v n ) n N est la suite décroissante, on a pour tout n N, on a u n l v n. Démonstration. On suppose que u n est croissante et que v n est décroissante. Par hypothèse, la suite w n = v n u n 0 lorsque n. Comme w n est décroissante, on a inf{w n : n N} = 0, ce qui prouve que u n v n pour tout n N. Comme la suite v n est décroissante, on a v n v 0 pour tout n N. Par conséquent, u n v 0 pour tout n N. La suite u n est donc croissante et majorée, donc convergente. On voit de la même manière que la suite v n est décroissante et minorée, donc convergente. Notons l la limite de u n et l celle de v n. Comme 0 = lim v n u n = l l, on conclut que u n et v n ont la même limite. On a donc sup{u n : n N} = l = inf{v n : n N}, ce qui entraîne que u n l v n, pour tout n N. Exemples : Montrons d une autre manière que la suite S n = n k= /k2, n N est convergente. Posons T n = S n + n. On a T n+ T n = S n+ S n + n + n = (n + ) 2 n(n + ) < 0. Par conséquent, la suite T n est décroissante. Comme S n est croissante et T n S n = /n 0 lorsque n +, les suites S n et T n sont adjacentes. D après le théorème précédent, on conclut que les deux suites convergent vers la même limite Le théorème de Bolzano-Weierstrass. Définition 3.3. Soit (u n ) n N une suite à valeurs réelles et φ : N N une fonction strictement croissante. Une suite (v n ) n N de la forme n N, v n = u φ(n), est appelée suite extraite (ou sous suite) de (u n ) n N. 3
4 4 Exemples : Les applications φ suivantes sont strictement croissantes : φ (n) = 2n, φ 2 (n) = 2n +, φ 3 (n) = 2n 2, φ 4 (n) = 2 n. Considérons la suite (u n ) n N définie par u n = ln(n) + ( ) n + /n 2, et déterminons les suites extraites obtenues à l aide des applications φ ci-dessus : a n = u φ (n) = ln(2n) + + 4n 2. b n = u φ2 (n) = ln(2n + ) + c n = u φ3 (n) = ln(2n 2 ) + + 4n 4. d n = u φ4 (n) = n ln(2) n. (2n + ) 2. Théorème 3.4 (Bolzano-Weierstrass). De toute suite bornée on peut extraire au moins une soussuite convergente. Démonstration. Nous allons construire une application φ : N N strictement croissante de telle sorte que la suite extraite v n = u φ(n) soit monotone. Puisque la suite de départ u n est bornée, la suite v n sera aussi bornée et par conséquent convergente. Pour mieux comprendre la construction qui suit, on dessine le graphe de la suite (u n ) n N {(n, u n ) : n N} R 2 et l on joint en pointillé les paires de points consécutifs de la forme (n, u n ) (n +, u n+ ). On interprète le schéma ainsi obtenu comme la représentation d une chaîne de montagne et on imagine une petite fourmi se déplaçant sur cette chaîne de montagne de la gauche vers la droite en regardant droit devant elle. Nous dirons que la vue est dégagée au point n N si m n, u m u n. Quand la fourmi se trouve au point (n, u n ) elle peut regarder jusqu à l horizon, aucun sommet ne vient lui boucher la vue. On note N l ensemble de tous les entiers où la vue est dégagée. Au contraire, nous dirons que la vue est bouchée au point n N si m n, u m > u n. Cette fois, si la fourmi se trouve au point (n, u n ), elle ne pourra pas voir au delà du point (m, u m ) qui se trouve à une altitude plus élevée qu elle. On note N 2 l ensemble des entiers où la vue est bouchée. Les ensembles N et N 2 forment une partition de N : N N 2 = N et N N 2 =. Supposons que l ensemble N soit infini. On peut énumérer ses éléments de manière strictement croissante : N = {n 0 < n < n 2 < n 3 <...}. On pose alors φ(k) = n k (le k ème élément de N par ordre croissant), ce qui définit une application strictement croissante. Comme la vue est dégagée au point n k et n k+ > n k, on a u nk > u nk+, c est-à-dire u φ(k) u φ(k+). Par conséquent la suite v k = u φ(k) est décroissante. Supposons maintenant que l ensemble N soit fini et notons M son plus grand élément (si N est vide, on pose par convention M = ). Il en résulte que {M +, M + 2, M + 3,...} N 2.
5 Autrement dit au delà du point M, la vue est toujours bouchée. Posons n 0 = M + ; en ce point la vue est bouchée, donc il existe n > n 0 tel que u n > u n0. La vue est aussi bouchée en n, donc il existe n 2 > n tel que u n2 > u n, etc... On construit de la sorte une suite strictement croissante d entiers n 0 < n < n 2 <... telle que u n0 < u n < u n2 < u n3 <... En posant φ(k) = n k on obtient une application strictement croissante telle que la suite v k = u φ(k) soit strictement croissante. Dans tous les cas, nous avons bien extrait de la suite (u n ) n N une sous suite monotone, ce qui achève la preuve. 4. Exercices 5 Exercice. Déterminer la borne inférieure de { } A = + n 2 ; n N. Exercice 2. Montrer que les suites (u n ) n N et (v n ) n N définies par n u n = et v n = u n + k! n!, k=0 sont adjacentes. On admet que la limite commune de ces deux suites est le nombre e = exp(). Montrer que e est irrationnel. Exercice 3. Montrer que toute suite extraite d une suite convergente est également convergente et a la même limite que la suite de départ. En déduire que la suite u n = ( ) n ne converge pas. Exercice 4. Soit (u n ) n N une suite à valeurs réelles. On suppose que les suites extraites (u 2n ) n N et (u 2n+ ) n N convergent et ont la même limite l. Montrer que la suite (u n ) n N converge aussi vers l. Exercice 5. Soit (w n ) n N la suite définie par n N, w n = n ( ) k. k Montrer que les suites u n = w 2n et v n = w 2n+ sont adjacentes. Que peut on en conclure sur la suite (w n ) n N? k=
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