Génocides et politiques mémorielles

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1 Génocides et politiques mémorielles

2 Sommaire Introduction 3 Génocides Et Politiques Mémorielles 5 La Pologne et le génocide des Juifs... 6 Par Jean-Charles Szurek 1 La RDA face au génocide juif ou la Shoah sous silence...11 Par Laure Billon Les politiques mémorielles de l Italie...18 Par Paola Bertilotti II. Commémorer la Shoah : une reconnaissance récente Mémoire du génocide et politique en République d Arménie Par Claire Mouradian Rwanda 43 Le génocide des Tutsi du Rwanda Par Jean-Pierre Chrétien Le malentendu culturel : Par Catherine Coquio Travail de mémoire en post-colonie Le tiers, la mémoire et le deuil Par Catherine Coquio Mémoriaux du Rwanda 94 Gizosi, Kigali : itinéraire de la mémoire et de l oubli Par Nathan Réra Bisesero, palimpseste mémoriel? Murambi, le livre des ossements Par Boris Boubacar Diop Nyamata et Ntarama : églises et mémoriaux, église mémorielle.117 par Françoise Blum Nyuarubuye, quelque part, entre les vivants et les morts Par Nathan Réra

3 Introduction Par Françoise Blum «Ils nous enlèveront jusqu à notre nom : et si nous voulons le conserver, nous devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, de ce que nous étions, subsiste» Primo Levi Le projet de cette exposition virtuelle est né après un voyage au Rwanda en 2008 voyage dicté par une empathie difficile à expliquer à l égard d un pays martyr, où les traces du dernier génocide du XXe siècle sont encore brûlantes, où les rescapés coexistent avec leurs bourreaux. La visite des sites mémoriaux était le moindre des hommages à rendre aux centaines de milliers de victimes du génocide de Cette visite, comme l écoute des dizaines de témoignages entendus de la part des rescapés a suscité, au-delà de l immédiate émotion, bien des interrogations, peut-être nécessaires mises à distance. Les grands mémoriaux rwandais, Gizosi, Murambi, Nyamata et N tarama, Bisesero, Nyarubuye ont chacun une place spécifique dans une partition mémorielle proposée par l Etat rwandais. Chacun joue un rôle bien particulier. Gisozi est en quelque sorte une «vitrine internationale», avec une réflexion et une mise en perspective du génocide rwandais par rapport aux autres génocides et massacres ethniques du XXe siècle [Rera]. Bisesero est le mémorial de la résistance tutsie [Martz-Kuhn]. Murambi offre aux regards du visiteur les corps conservés avec de la chaux vive, dans une terrible nudité [Diop]. A Nyamata, ce sont les vêtements des victimes qui constituent le «spectacle» en un tableau très boltanskien [Blum]. Et enfin, à Nyarubuye, ce sont les objets utilisés par les tueurs [Rera]. Derrière cette mise en scène fragmentée, il y a eu de multiples négociations, avec les rescapés, avec les proches des victimes, avec l Eglise, avec le processus de deuil d un pays tout entier.la politique mémorielle ellemême a évolué de 1994 à nos jours, et les mémoriaux avec elle, et avec elle les pièces à conviction de ce gigantesque massacre de «proximité» qui a provoqué, dans l indifférence quasi-générale de la communauté internationale, la mort en 3 mois de près d 1 million de personnes : pour reprendre le sinistre décompte de Jonathan Littell, assassinés par jour, 463 par heure et 7, 70 par minute, et ce, non point dans les immenses territoires de «la Shoah par balles» mais dans un tout petit pays

4 Bisesero, déjà en 2008, est à l abandon. Nyamata et N tarama reçoivent bien peu de visiteurs. Seuls Gisozi, où l on entend des pleurs, et où l on voit les marques d immenses douleurs, et Murambi, accueillent encore rescapés et visiteurs. Si l on pouvait essayer de comprendre quelque chose, modestement, c était bien la fonction et l histoire de ces mémoriaux, encore brève mais déjà riche de multiples transformations. Les photos prises en dont on voudra bien excuser l absence de professionnalismevont donc servir de trame à la présentation des lieux de mémoire rwandais. Boris Boubacar Diop, Nathan Réra, Emilie Martz ont accepté d écrire à propos de leurs visites des différents sites, nourries de leur savoir sur le Rwanda. Nathan Réra a également mis ses photos à disposition. Jean-Pierre Chrétien a retracé pour l exposition l histoire du génocide. Catherine Coquio a bien voulu inscrire les mémoriaux dans l analyse plus générale des enjeux de la construction d une mémoire des génocides. Ces textes et leurs auteurs ont des statuts très divers : littéraire avec Boris Boubacar Diop dont le Rwanda a fortement influencé les pratiques d écriture, et a marqué l œuvre d une profonde empreinte ; littéraire et historien à la fois avec Catherine Coquio ; historiens avec Jean-Pierre Chrétien et Emilie Martz ; historien des images et des manières de voir avec Nathan Réra. Nous les remercions toutes et tous de leur confiance et de leur contribution. A côté du cœur de l exposition, consacrée, on l aura compris, au Rwanda, nous avons voulu offrir, à titre comparatif, d autres lectures, qui puissent permettre de mieux dégager la spécificité de l expérience politique rwandaise, car il s agit bien ici de politique d Etat. En Allemagne de l Est, ce sont d ailleurs l Etat et/ou le Parti qui se considèrent comme seuls détenteurs légitimes de la vérité historique. Laure Billon analyse, en particulier à travers les expositions permanentes du mémorial de Ravensbrück, ouvert en 1959, les silences d un Etat est-allemand, qui a flirté souvent avec l antisémitisme. Silences aussi de la part de l Etat polonais, ce qui n a pas empêché le travail d enquête d instituts spécialisés. Jean-Charles Szurek nous conduit de l immédiat après-guerre jusqu au développement d une véritable école historique polonaise du génocide. Paola Bertilotti s intéresse à l évolution de la législation italienne, reflet d une lente prise de conscience d une spécificité du génocide des juifs, ainsi qu au passage de la «mémoire de la déportation» à la «mémoire de la Shoah». Et ce dans un pays «schizophrène» qui tout en promulguant à partir de 1938 une législation antisémite a pu relativement «protéger» les juifs dans les régions qu il occupait. Claire Mouradian historicise les pratiques commémoratives du génocide des Arméniens, de la frappe en 1915 d une première médaille à l inauguration en avril 1995 du musée du génocide à Tziternakapert en passant par les journées du «24 avril». Merci également à eux et à elles d avoir accepté de participer à ce projet. Une exposition virtuelle, ou, si l on préfère, une publication électronique, un objet web a le mérite de n être jamais close sur elle-même. Nous nous réservons de pouvoir compléter, enrichir l existant d autres expériences, d autres textes.

5 Génocides Et Politiques Mémorielles

6 La Pologne et le génocide des Juifs Par Jean-Charles Szurek 1 Longtemps, le génocide des Juifs, en particulier les relations judéo-polonaises sous l Occupation allemande, ont fait l objet d oublis ou de multiples occultations en Pologne, pays, pourtant, où il a été accompli par les nazis dans sa phase ultime. C est en Pologne que furent érigés les camps d extermination (ou «centres de mise à mort» selon la terminologie de Raul Hilberg) des Juifs européens, y compris des Juifs polonais. Il y a plusieurs raisons à ces oublis. La dimension inouïe du drame polonais d abord. L Etat polonais cesse d exister à la suite de la double agression allemande et soviétique de septembre Les pertes humaines et matérielles de la Pologne ont été immenses durant la Deuxième guerre mondiale. A la fin de la guerre, elle a perdu plus de cinq millions de citoyens (dont trois millions de Juifs), ses élites ont été massivement décimées, sa capitale, Varsovie, détruite. Dans ce contexte, l opinion polonaise, très durement éprouvée, n était pas prédisposée à distinguer les victimes : au regard des crimes perpétrés contre la nation polonaise, ceux commis contre les Juifs semblaient receler une différence de degré, non de nature. Cette perception n est d ailleurs pas propre à la Pologne. Le camp socialiste qui se met en place, URSS en tête, met d abord en avant, dans son écriture de l histoire de la guerre, une perspective antifasciste et nationale qui ne fait guère de place aux victimes considérées comme «secondaires», avant tout les victimes juives. L antifascisme d après-guerre n est plus le même que celui des mobilisations d avant-guerre : il sert avant tout au camp soviétique d instrument de propagande en faveur des Démocraties populaires naissantes et dénonce toutes les oppositions à la soviétisation. En Pologne, c est au nom de l antifascisme qu est combattu le Parti Paysan Polonais, principal parti d opposition dirigé par Stanislaw Mikolajczyk, ainsi que l Eglise. Et comme le fascisme avait agressé une partie importante des nations européennes, dont les Juifs étaient des citoyens, il en a résulté un message massif, diffusé dans les médias, les manuels scolaires et les musées qui indiquaient que les victimes de Hitler avaient été des Soviétiques, des Polonais, des Français, des Belges, des Grecs et d autres nations. Les victimes juives étaient à peine mentionnées : elles étaient présentes, dans les énumérations, en dernière position car le mot Juifs, en polonais commence avec un Z (Zydzi). Dans cette écriture dominante de l antifascisme il n est que de voir le dispositif muséologique du musée d Auschwitz de 1947 à , les raisons de l occultation du génocide des Juifs sont cumulées. En mettant en avant des victimes nationales, les autorités communistes polonaises parlent avant tout des Soviétiques et des Polonais, principales victimes de la guerre pour elles. En informant que les victimes 1 Cf. Jean-Charles Szurek, «Le camp-musée d Auschwitz», in A l Est, la mémoire retrouvée, co-dir., préface de Jacques Le Goff, éd. La Découverte, 1990, pp

7 des centres de mise à mort étaient des Grecs, des Français, des Polonais ou des Russes (cas d un manuel scolaire de 1949), les responsables omettaient tout simplement que ces victimes étaient juives. La volonté de promouvoir les résistants et les combattants prédominait également. Seule l insurrection du ghetto de Varsovie, en avril 1943, parce qu elle exprimait la résistance, était incluse dans l écriture nationale. Elle a été souvent même «polonisée», c est-à-dire incorporée dans les cycles historiques des insurrections nationales polonaises alors que la Résistance polonaise n avait apporté qu une aide très limitée aux insurgés. L écriture de l histoire du génocide des Juifs en Pologne n est cependant pas réductible aux messages de masse sus décrits. En fait, deux institutions, à caractère beaucoup plus restreint, diffusent des recherches qui font une large place à la destruction des Juifs sur le sol polonais. Il s agit d une part de la Commission d investigation des crimes allemands en Pologne et d autre part de l Institut Historique Juif. La Commission d investigation des crimes allemands en Pologne naît par décret du gouvernement communiste le 10 novembre Elle met au jour d innombrables crimes allemands et découvre plusieurs milliers de criminels de guerre nazis, alimentant, notamment, les procès en Pologne de Rudolf Hoess, commandant du camp d Auschwitz, Ludwig Fischer, gouverneur du district de Varsovie, et Arthur Greiser, gauleiter du Wartheland. Son premier bulletin, paru en 1946, établit avec une grande exactitude la différence entre camps d extermination, camps de concentration, camps de travail. Les descriptions très précises des camps d Auschwitz, de Treblinka et de Chelmno, ne laissent aucun doute quant au fait que ces camps ont exclusivement servi de centre de mise à mort pour les Juifs. L Institut Historique Juif se consacre principalement au recueil de témoignages de rescapés juifs. Par des protocoles d enquête appropriés, il élabore l un des fonds d archives les plus importants de la Shoah, le principal concernant la destruction des Juifs en terre polonaise. Il abrite aujourd hui plus de 6500 témoignages et 300 mémoires. Ces documents constituent l une des sources les plus importantes, sinon la plus importante, pour connaître le sort des Juifs en Pologne pendant la guerre, leurs conditions d (in)existence, leurs stratégies de survie, leurs relations avec le monde environnant 1. De ces documents, des ouvrages mondialement connus sont issus, tels la Chronique du ghetto de Varsovie d Emmanuel Ringelblum 2, les Archives d Emmanuel Ringelblum 3 ou le Journal de Calel Perechodnik 4. 1 Pour une description des conditions initiales du travail des historiens juifs, cf. Jean-Charles Szurek, «Etre témoin sous le stalinisme : les premières années de l Institut Historique Juif de Varsovie», in Bechtel D., Patlagean E., Szurek J.C., Zawadzki P., (dir.), Ecriture de l Histoire et Identité Juive. L Europe ashkénaze, XIXème-Xxème siècle, Paris, éd. Les Belles Lettres, 2003, pp Emmanuel Ringelblum, Chronique du ghetto de Varsovie, Robert Laffont, La version française mériterait d être intégralement reprise car la traduction en cours a été établie à partir de l anglais et ne constitue qu une sélection du texte initial. 3 Archives clandestines du ghetto de Varsovie, tome 1 : Lettres sur l anéantissement des Juifs de Pologne, tome 2 : Les enfants et l enseignement clandestin dans le ghetto de Varsovie, éd. Fayard-BDIC, Calel Perechodnik, Suis-je un meurtrier?, Liana Levi, 1995.

8 Malgré ces institutions, l oubli du sort des Juifs pendant la guerre et une écriture polonisée de leur extermination prédominent durant la période communiste. Au point que lorsque la revue de l intelligentsia catholique Znak, organe de l opposition légale au pouvoir communiste, organise, en 1970, un des tout premiers débats «entre catholiques polonais et protestants allemands, venus de RDA, sur la signification d Auschwitz, les Juifs n y sont tout simplement pas mentionnés. Comme l écrira en 1983 Stefan Wilkanowicz, l un des artisans du dialogue judéo-chrétien : Pendant de nombreuses années, Auschwitz fut pour nous avant tout un problème polono-allemand. Chez les uns, il provoquait de la haine, chez les autres, le besoin de la dominer et la nécessité de construire un avenir qui pourrait nous protéger d un recommencement. C est comme si le problème juif n existait pas. Les Juifs avaient été là, ils étaient morts on peut le regretter et compatir ou respirer avec soulagement mais que faire? Les Juifs aussi ne semblaient pas s intéresser à Auschwitz, si bien que le cercle paraissait se refermer.» 1 Au cours des années 1980, cet oubli est réparé par trois événements qui secouent l opinion polonaise : la diffusion en Pologne du film Shoah de Claude Lanzmann (1985), la publication de l article «Les pauvres Polonais regardent le ghetto» de Jan Blonski (1987), premier intellectuel polonais à poser la question de la coresponsabilité polonaise dans le génocide, et l affaire du carmel d Auschwitz qui, commencée en 1984, atteindra plusieurs points d orgue, notamment en août 1989 lors du discours du cardinal Glemp qui, dans une apostrophe aux «Juifs», établissait «une mémoire géographique» du site, puis dans les années Chacun de ces événements pose crûment et avec âpreté la question de l histoire refoulée. La discussion qui s engage autour de Shoah se révèle particulièrement féconde, dans la presse officielle comme dans la presse clandestine, où elle donne lieu à des prises de positions de générations qui n ont pas connu la guerre et dont les questionnements paraissent débarrassés du poids du passé 2. Il est remarquable qu en l absence de groupes porteurs de la mémoire juive, ce soient les milieux catholiques, regroupés autour de Znak, Wiez et Tygodnik Powszechny qui, par leurs publications et diverses actions, convoquent la présence juive en terre polonaise. Dans les conflits entre la mémoire juive et la mémoire polonaise des années 1980, ces milieux catholiques tentent de comprendre les arguments de l autre partie et, diffusant largement ses textes, se font les porteurs de la mémoire juive 3. Ainsi la revue Znak publie-t-elle en 1990 un numéro consacré au conflit lié à la présence des carmélites à Auschwitz, dans lequel les rédacteurs se livrent à une réflexion sur leur propre amnésie du fait juif. Le même Stefan Wilkanowicz écrit alors un article intitulé «Auschwitz, problème des Allemands, des Polonais et Juifs» 4. 1 Stefan Wilkanowicz, «Problem Oswiecimia» (Le problème d Auschwitz), Tygodnik Powszechny, 5 novembre Cf. Jean-Charles Szurek, «De la question juive à la question polonaise», in Au sujet de Shoah, le film de Claude Lanzmann, éd. Belin, 1990, pp Jean-Charles Szurek, «Les juifs et le judaïsme dans les revues catholiques polonaises Znak et Wiez», in Patrick Michel (dir.), Les Religions à l Est, Paris, éd. du Cerf, 1992, pp Stefan Wilkanowicz, «Auschwitz, problème des Allemands, des Polonais et des Juifs», Znak, n , avril-mai 1990.

9 Au cours de la dernière décennie ( ), l historien américain Jan Gross 1 a suscité en Pologne, avec trois ouvrages marquants, Les Voisins 2 (2000), La Peur 3 (2008) et Zlote zniwa 4 (moisson d or), des débats d ampleur nationale qui ont conduit à un réexamen global des relations judéo-polonaises sous l Occupation. Les Voisins est certainement l ouvrage qui a le plus marqué l opinion polonaise. Il porte sur un massacre perpétré par une partie notable des habitants polonais de la bourgade de Jedwabne (est de la Pologne) à l encontre de la quasi-totalité de leurs voisins juifs le 10 juillet Ce qui a choqué l opinion, c est que, en Pologne, pays-martyr de la 2ème guerre mondiale, pays sans Pétain ni Quisling, fort d une résistance clandestine de personnes (la fameuse Armia Krajowa, l Armée du Pays), il ait pu y avoir des tueries de Juifs dont le pillage constituait la motivation principale. L Institut de la Mémoire nationale, institution chargée d enquêter sur les crimes commis contre la nation polonaise par le régime communiste et les nazis (elle abrite les archives de la Commission d investigation des crimes allemands en Pologne), se chargea de vérifier les propos de Jan Gross en demandant à plusieurs historiens d examiner les faits. Un gros ouvrage de deux volumes en résulta qui établit qu une vingtaine de massacres antijuifs eut lieu à l est de la Pologne à la même époque 5. C était un acte d Etat, tout comme la repentance officielle que manifesta le président de la République, Aleksander Kwasniewski, qui se rendit à Jedwabne le 10 juillet 2001, pour demander pardon au nom du peuple polonais pour ce crime. Depuis lors, une nouvelle génération d historiens polonais est née, regroupée, sous la houlette de Barbara Engelking, chercheuse à l Académie des Sciences de Pologne, autour d une revue annuelle, Zaglada Zydow (Extermination des Juifs), excellente depuis son premier numéro paru en Ces nouveaux historiens abordent de façon frontale, décomplexée, les relations judéopolonaises sous l Occupation allemande, s interrogeant, à partir de nouvelles sources, sur les raisons du très faible taux de survie des Juifs en Pologne pendant la guerre : à Juifs ont survécu en Pologne même. En 2011, deux ouvrages issus de ce milieu, après de nombreuses autres publications (sur la délation, sur le ghetto de Varsovie notamment), ont mis en évidence le rôle de paysans polonais dans la chasse aux Juifs qui ont fui les ghettos, les trains de la mort ou qui ont tenté de se cacher 6. Des paysans polonais portent une responsabilité 1 Professeur à l Université de Princeton, Jan Gross a quitté la Pologne en Jan Gross, Sasiedzi. Historia zaglady zydowskiego miasteczka (Les Voisins. Histoire de l extermination d une bourgade juive), éd. Sejny, 2000, version française : Les voisins. 10 juillet Un massacre de Juifs en Pologne, Fayard, Jan Gross, Strach. Antysemityzm w Polsce tuz po wojnie. Historia moralnej zapasci (La Peur. L antisémitisme en Pologne dans l immédiat après-guerre. Histoire d une faillite morale), éd. Znak, 2008, version française : la peur. L antisémitisme en Pologne après Auschwitz, Calmann-Levy, Jan Gross, en collaboration avec Irena Grudzinska- Gross, Zlote zniwa (Moisson d or), éd. Znak, Pawel Machcewicz et Krzysztof Persak (dir.), Wokol Jedwabnego (Autour de Jedwabne), 2002, 2 volumes, 1700 pages. 6 Barbara Engelking, Jest taki piekny sloneczny dzien Losy Zydow szukajacych ratunku na wsi polskiej ( C est une si belle journée ensoleillée. Le destin des Juifs cherchant de l aide dans la campagne polonaise ), éd. Stowarzyszenie Centrum badan nad zaglada Zydow, 2011 ; Jan Grabowski, Judenjagd.Polowanie na Zydow Studium dziejow pewnego powiatu (Judenjagd. Histoire d une région), éd. Stowarzyszenie Centrum badan nad zaglada Zydow, 2011.

10 directe ou indirecte dans la mort de plusieurs dizaines de milliers de Juifs au cours de cette phase du génocide ( ). Ces travaux ont aussi fait l objet d un grand débat public. Les relations judéo-polonaises durant la Deuxième guerre mondiale sont désormais devenues l un des chantiers principaux des historiens polonais.

11 La RDA face au génocide juif ou la Shoah sous silence Par Laure Billon Tradition historique, mémoire officielle et relecture du passé Le nazisme a été l un des thèmes de conflit entre les deux Allemagne, donnant lieu, aussi bien à l est qu à l ouest, à des représentations historiques déformées. Dans les deux Etats, intérêts politiques, traditions historiques et principes idéologiques ont forgé un rapport au passé différent, à partir duquel s est mise en place une politique mémorielle propre à chacun. Histoire et politique à l Est En République Démocratique Allemande (RDA), l histoire est intimement liée à la politique et donc fortement influencée par elle : les représentations historiques sont subordonnées aux volontés de l Etat et du Parti, et le souvenir et la mémoire des événements passés sont organisés et contrôlés. L alignement de l histoire sur les exigences politiques n est certes pas quelque chose de nouveau, mais jamais le lien de subordination ne fut établi aussi ouvertement et systématiquement que dans les sociétés du «socialisme réel». Le Parti est le moteur de l écriture de l histoire. La direction du Parti communiste allemand, et de son successeur, le SED (Parti socialiste unifié d Allemagne), commencent à s intéresser aux questions historiques en Allemagne de l Est à partir du moment où les premiers communistes reviennent de leur exil de Moscou en 1945, équipés de projets pour réinterpréter l histoire allemande d après les perspectives marxistes. L objectif des démonstrations historiques est avant tout d insister sur les tendances progressistes et les aspects positifs de l histoire allemande. Au fil des années, le SED renforce sa mainmise sur les questions historiques, et les historiens sont encouragés à tourner leur attention vers les événements «glorieux» de l histoire allemande. Dès sa création en octobre 1949, la RDA se présente comme un Etat «antifasciste». Deux éléments viennent légitimer cette prédominance du mythe antifasciste : d une part la volonté de se présenter comme l «héritière» de l URSS, voire comme une puissance victorieuse aux côtés des Soviétiques ; d autre part, la présence, au sein des groupes politiques qui font autorité, d hommes politiques qui ont connu la lutte antifasciste et les camps. Aussi, du fait d une tradition politique incritiquable, la RDA n a-t-elle pas eu à intégrer le régime nazi, d autant plus que l Allemagne fédérale tentait de son côté de l assumer, avec la volonté de se présenter comme seule descendante légitime de l Empire allemand, intégrant de ce fait le lourd héritage national-socialiste. La RDA a donc pu présenter ses morts comme des martyrs de la lutte antifasciste et s afficher comme l «héritière» de l autre Allemagne, celle qui a résisté, à l opposé de l Allemagne de l Ouest, coupable des crimes du national-socialisme. La résistance antifasciste est donc le point de repère historique de l Etat est-allemand. Le rapport de l Allemagne de l Est au passé nazi est donc beaucoup moins complexe que celui de l Allemagne de l Ouest. Aucun travail de mémoire n est à faire : le passé est liquidé, totalement refoulé.

12 Dans ce contexte, la culture du souvenir reste toujours subordonnée à la politique historique des groupes dirigeants du SED. La RDA repousse ainsi une culture du souvenir spontanée et plurielle : celle-ci, organisée, instrumentalisée et unique, met en place une hiérarchie des groupes de victimes. Cette conception de la période se maintiendra pendant des décennies. La perspective historique sera exclusivement dirigée vers la résistance antifasciste, dont les victimes sont héroïsées, au détriment d autres groupes dont le sort est gommé de la culture du souvenir est-allemande. Poids du passé et travail de mémoire en République Démocratique Allemande Si les politiques mémorielles des deux Etats allemands se recoupent parfois (déformations ou lacunes communes), RDA et RFA diffèrent sur un point, essentiel pour comprendre la façon dont ces deux Etats se sont confrontés au génocide juif : la place donnée, au sein de la politique mémorielle et de la culture du souvenir, à la culpabilité individuelle et à la responsabilité collective face aux crimes du régime nazi. Aucun débat n existe sur ces sujets en RDA. Aucune analyse politique ou culturelle du génocide juif n a lieu ; celui-ci est tout simplement évincé de la mémoire collective, ou plutôt officielle, les deux étant intimement liées dans la dictature est-allemande. Cela ne signifie toutefois pas que la Shoah ait été totalement absente du discours historique est-allemand. L extermination des Juifs est souvent instrumentalisée, soit pour dénoncer une certaine complaisance de l Etat ouest-allemand vis-à-vis d anciens nazis, soit comme exemple universel de la barbarie nazie. Cette instrumentalisation est allée de paire avec une absence totale de travail de mémoire et de recherche historique pour tenter de comprendre l idéologie et la politique raciale nazies. La Shoah apparaît en RDA comme un non-événement et est réduite, dans le meilleur des cas, à n être qu une des composantes de la politique anticommuniste nazie. Il faut toutefois noter que le rapport de l Allemagne de l Est au génocide juif a été dicté à la fois par des considérations politiques internes, propres à cet Etat, et par des pressions externes, les directives de Moscou ayant fortement influencé la politique mémorielle. Dans les années qui suivent la fin de la guerre et la création de l Etat d Israël, les relations entre les deux nouveaux Etats sont quasi inexistantes. Israël prend en compte la responsabilité morale de tous les Allemands ; quant à la RDA, héritière de l Allemagne résistante, elle refuse toute réparation envers les survivants du Génocide. De plus, le régime est-allemand s aligne sur la politique anti-israélienne de l URSS. Il n y a donc aucune place, au sein de la politique mémorielle estallemande, pour les victimes juives du nazisme. Aussi étonnant que cela puisse paraître dans un Etat qui se définit comme antifasciste et qui souhaite à tout prix venir à bout d un passé difficile, l antisémitisme a été une composante momentanée de la politique officielle, ce qui a fortement influé sur l orientation mémorielle de l Etat. Avec le temps et l évolution du statut national et international de la RDA, certains infléchissements apparaissent. En effet dans la deuxième moitié des années 1980 se profile une modification de la position officielle de la RDA visà-vis d Israël. Dans un contexte de reconnaissance internationale de l Etat est-allemand par l Europe de l Ouest (l Allemagne de

13 l Ouest reconnaît la RDA en juin 1972, la Grande-Bretagne et la France en février 1973 et les Etats-Unis en 1974), les communautés juives obtiennent une nouvelle importance politique. La direction du SED tente alors d utiliser le «thème juif» pour se présenter de manière renforcée au sein de la communauté mondiale comme un Etat allemand antifasciste, et pour obtenir, avec l aide d organisations juives internationales, des concessions politiques et des avantages commerciaux de la part des Etats-Unis. Cette évolution résulte donc d intérêts politiques et économiques et en aucun cas d un changement de position idéologique. Cela se répercutera dans l historiographie est-allemande qui commencera progressivement à intégrer le génocide juif. Le camp de Ravensbrück Le territoire de la RDA comptait quatre anciens camps de concentration : Buchenwald près de Weimar, Dora- Mittelbau en Thuringe, Ravensbrück et Sachsenhausen au nord de Berlin. Chacun de ces camps possédaient des camps satellites ou kommandos dans lesquels les prisonniers étaient envoyés pour travailler dans des usines ou dans des lieux d extraction de matières premières. Le camp de concentration pour femmes de Ravensbrück ouvre ses portes au printemps Les femmes qui y sont détenues sont toutes considérées par la Gestapo comme «ennemies» de l Etat et sont, selon leurs fautes, réparties en différentes catégories («politiques», «asociales», «droit commun», «homosexuelles», «Juives» ). Entre 1939 et 1945, femmes, venant de toute l Europe, passent par Ravensbrück, dont au moins trouvent la mort. Ravensbrück est avant tout un camp de concentration où les prisonnières politiques, c est-à-dire des femmes de la résistance ou du mouvement ouvrier, étaient les plus nombreuses et où l on mourrait de «mort lente» due aux terribles conditions d existence. Toutefois, ce camp participe également de la politique d extermination des Juifs mise en place par les nazis à partir de puisqu à partir d octobre 1942, les prisonnières «indésirables» sont envoyées à Auschwitz pour y être gazées (le premier de ces convois est celui du 5 octobre 1942 qui compte 622 femmes parmi lesquelles 522 prisonnières juives et 90 Témoins de Jéhovah). Ce n est qu en janvier 1945 que le camp se dote d une chambre à gaz en bois, avant qu une en dur, plus perfectionnée, ne soit érigée en février-mars 1945, marquant ainsi un tournant dans l histoire du camp qui évolue vers un camp d extermination. De ce point de vue, il est donc intéressant d étudier la manière dont le souvenir des victimes juives en général, et de celles de Ravensbrück en particulier (qui représentent 15% des prisonnières en ), a pu être intégré à la politique mémorielle mise en place avec l érection du Mémorial de Ravensbrück. La place du mémorial dans le système politico-mémoriel est-allemand «Les mémoriaux jouent un rôle important dans le travail de formation et d éducation socialiste, surtout en ce qui concerne l évolution de la conscience historique des citoyens de notre Etat» (Ministère de la culture de RDA, 1978)

14 Le Mémorial de Ravensbrück est inauguré le 12 avril Deux ans plus tard, en 1961, ce mémorial, ainsi que ceux de Sachsenhausen et Buchenwald obtiennent le statut de Mémorial national qui définit de manière précise leurs missions : `«représenter la lutte de la classe ouvrière allemande et de toutes les forces démocratiques contre le danger fasciste menaçant ; ` montrer que le Parti communiste allemand était la force conductrice la plus importante dans la lutte contre le régime criminel nazi ; ` représenter la résistance antifasciste des années en Allemagne et dans les pays européens ; ` expliquer la terreur SS dans les camps et ses méthodes de mépris de la vie humaine ; ` représenter la lutte commune des prisonniers de tous les pays européens, en particulier la lutte des prisonniers soviétiques contre la terreur SS, l importance de la solidarité internationale dans cette lutte et les mesures qui ont conduit à la libération des camps ; ` montrer la survivance du fascisme et du militarisme en Allemagne de l Ouest ; ` expliquer le rôle historique de la République Démocratique Allemande». Un double constat s impose. D une part, les crimes nazis sont réduits à la seule «terreur SS» et n intègrent pas les crimes raciaux et notamment le génocide juif. D autre part, l exaltation de l antifascisme est le but ultime de ces mémoriaux. Comme tous les mémoriaux érigés à l emplacement d anciens camps de concentration, le mémorial de Ravensbrück est donc un instrument au service de l idéologie au pouvoir. Ce lieu est un outil à la fois politique et idéologique dans la mesure où il véhicule la tradition de la résistance antifasciste sur laquelle repose la légitimité de l Etat est-allemand. Cela se retrouve naturellement dans la manière dont est pensé et organisé le mémorial. Rien n est au hasard, tout est pensé et fait dans le seul but de véhiculer la vision de l histoire établie par les instances dirigeantes de la RDA et de légitimer le pouvoir en place. L implication de la politique dans le travail mémoriel est évidente. La mémoire officielle, qui véhicule une image positive, lénifiante et unificatrice de l Etat en exaltant la lutte unanime et le martyr des résistances antifascistes, dans le seul but de s autojustifier (principalement vis-à-vis de la RFA), est le fruit d un lien étroit entre mémoire et histoire. Les expositions permanentes du Mémorial de Ravensbrück : reflet des représentations historiques et de l interprétation du passé en Allemagne de l Est En 1959, en même temps que l inauguration officielle du Mémorial, un «Musée de la résistance» ouvre ses portes dans l ancien bâtiment cellulaire. Le culte voué au combat des déportés antifascistes et communistes, à leur martyre et à leur sacrifice domine. En 1984, l exposition permanente est réorganisée et ouvre en tant que «Musée de la résistance antifasciste». Les mêmes thèmes y sont développés, mais l ouverture

15 historiographique est plus large et de nouveaux sujets d étude sont introduits. L étude du discours historique des deux expositions permanentes qui ont été réalisées du temps de la RDA est riche d informations à la fois sur la façon dont est interprété le nazisme et sur la manière dont le génocide juif est perçu par l Etat estallemand et totalement évincé de la mémoire collective. De la représentation du nazisme Dans ces expositions, l interprétation du nazisme est tout à fait particulière. A aucun moment, dans ces deux expositions, le visiteur ne rencontre le terme «nazisme». La majorité du temps prévaut «fascisme», ce qui ne rend pas compte de la singularité et des particularités du nazisme. Le nazisme est certes un fascisme puisqu il possède des similitudes incontestables avec le fascisme italien (présence d un chef omniscient et toutpuissant, parti unique de masse, politique antisocialiste et anticommuniste, exacerbation du nationalisme ), mais un fascisme extrême aux caractéristiques propres qui ne peuvent être saisies que dans le cadre du développement national allemand (dynamique de l idéologie raciale, élévation du Volk au-dessus de l Etat, domination totale de l Etat et de la société par l ordre dictatorial ). L emploi étendu du terme «fascisme» réduit le nazisme à n être qu une forme allemande de fascisme. De plus, l interprétation du nazisme est limitée aux facteurs économiques (c est-à-dire un nazisme fabriqué de toute pièce et contrôlé dès l origine par les intérêts capitalistes) et néglige les aspects raciaux et antisémites. Pour les communistes est-allemands, la persécution et la destruction des Juifs (mais aussi des Tsiganes et des Roms) ne peuvent être comprises qu en fonction des intérêts économiques du Capital, puisqu ils nient la politique raciale nazie. Cette interprétation permet de faire abstraction du génocide des Juifs. Aussi n est-il pas étonnant, dans ce contexte, que la Shoah ne soit à aucun moment étudiée ou au moins citée dans la première des expositions. De la Shoah il ne peut être question, puisque dans la tradition historique est-allemande, la RDA et les Allemands de l Est sont les héritiers de l Allemagne résistante, antifasciste, contrairement à l Allemagne de l Ouest, héritière du Reich nazi et donc coupable de ses forfaits. Du fait de cette focalisation sur les rapports entre politique et économie sous le Troisième Reich, de nombreux aspects, voire les plus importants, sont passés sous silence. Aucune allusion n est faite à la volonté des nazis de créer une société et un homme nouveaux, projet social qui est pourtant une des causes directes de l arrestation et de la déportation de milliers d hommes et de femmes. De même, l idéologie raciale nazie et la politique d extermination n apparaissent nulle part : persécution, exil forcé, expropriation, expulsion et extermination des Juifs sont refoulés. Accorder une place spécifique aux victimes juives serait accorder moins de place aux victimes politiques, aux résistants antifascistes dont les valeurs et les idéaux fondaient le régime. Les victimes juives sont anonymes, victimes parmi les victimes. L histoire de l Allemagne entre 1918 et 1945 n est plus celle du nazisme, mais de son opposé, la résistance. La Shoah ne trouve donc aucune place dans ce lieu et dans cette exposition.

16 De la définition du système concentrationnaire nazi Les expositions développent le thème des camps de concentration mais laissent de côté des pans entiers de cette histoire. Ainsi, la définition des camps de concentration donnée durant l exposition exclut les prisonniers non politiques tels que les persécutés raciaux, les homosexuels, les Témoins de Jéhovah et les criminels de droit commun. Cet oubli est le fruit d un réel refoulement dans l historiographie est-allemande qui laisse de côté des groupes entiers de victimes au profit des seuls opposants politiques (et parmi eux des opposants communistes). De ce point de vue, la lecture d ouvrages à caractère scientifique parus en RDA est riche d informations. Dans l un d eux, consacré au camp de Ravensbrück et paru en 1973, on peut lire : «Ce que les fascistes avaient pratiqué en Allemagne pendant cinq années [c était] la persécution, l isolement et l assassinat d opposants politiques du régime nazi, et la discrimination d autres citoyens [ ].». Cet exemple est symptomatique de la façon dont la RDA réinterprète les persécutions menées par les nazis. Dans la politique mémorielle est-allemande, les opposants politiques et les autres groupes, ethniques et sociaux, eux aussi victimes du régime nazi et de sa politique concentrationnaire, ne sont pas mis au même niveau : les résistants politiques furent poursuivis, emprisonnés en camp de concentration pour y être assassinés, alors que les autres victimes ne connurent «que» la ségrégation. La politique raciale nazie est donc totalement passée sous silence. De la Shoah comme non-événement ou de l instrumentalisation du génocide juif La Shoah est indirectement présente dans les expositions permanentes, en particulier à travers l instrumentalisation d Auschwitz. En effet, à plusieurs reprises, des textes, des données chiffrées ou des photographies ayant trait au camp d extermination se retrouvent dans les expositions au côté d éléments propres à Ravensbrück. Se mêlent ainsi des éléments très différents dans une image commune de l horreur. En présentant des faits propres à Auschwitz pour illustrer certains points de l histoire de Ravensbrück, les expositions laissent penser que ces deux camps étaient semblables. Ainsi la spécificité du camp d Auschwitz, dans lequel mourut plus d un million de Juifs, est-elle diluée dans une comparaison impossible : Ravensbrück et Auschwitz sont deux camps totalement différents du point de vue de leur organisation et de leurs objectifs. Parler d Auschwitz, ce n est pas intégrer le génocide juif à l exposition permanente et donc indirectement au discours historique estallemand ; parler d Auschwitz, exemple universel de référence de l horreur des crimes nazis, c est souligner de manière plus forte l atrocité qui existait dans les camps de concentration et dont ont été victimes les opposants politiques, notamment les «antifascistes». Tout comme les prisonniers non politiques (Témoins de Jéhovah, homosexuels, «asociales»), les victimes juives sont oubliées. A aucun moment durant l exposition, le terme «juif» ou les expressions «extermination des Juifs», «Shoah» ou «Holocauste» n apparaissent, pas même dans un tableau récapitulatif des catégories de prisonnières.

17 Auschwitz et Birkenau ne sont évoqués qu indirectement, en légende. Ce fut d ailleurs une caractéristique des pays du bloc communiste, et de la Pologne en particulier, de chercher à «déjudaïser» Auschwitz pour en faire une catastrophe spécifiquement nationale, polonaise. Laisser de côté les victimes juives de Ravensbrück, c est une manière de faire disparaître la Shoah de l histoire. Certes les prisonniers juifs n étaient pas nombreux à Ravensbrück, mais leur présence au camp puis leur transport à partir d octobre 1942 vers Auschwitz participa de la politique d extermination des Juifs par les nazis. Dans les années 1980, les infléchissements de la politique extérieure est-allemande vis-à-vis d Israël, et l impact historiographique qui en découle (intégration progressive du génocide juif), se reflètent dans la conception de l exposition mise en place à partir de Toutefois, cette exposition ne présente que quelques aspects de la politique nazie de persécution des Juifs (boycott des magasins juifs, Pogrom de 1938). Elle ne touche jamais l extermination organisée et systématique des Juifs. C est là qu en réside la lacune majeure.

18 Les politiques mémorielles de l Italie Par Paola Bertilotti Introduction Il existe des «discordances entre la mémoire et l histoire» de l antisémitisme fasciste [Matard-Bonucci 1998]. Jusqu à une période récente, l Italie a largement bénéficié, dans l historiographie comme dans l opinion, de l image d un pays favorable aux juifs, qui aurait constitué une exception en matière d antisémitisme par rapport à ses voisins européens. Notamment en France, où le souvenir des quelques mois d occupation italienne dans les départements du Sud-est (novembre 1942-septembre 1943) a longtemps fait écran à une analyse approfondie de cet antisémitisme à l italienne. Certes, lorsque le fascisme arrive au pouvoir en 1922, il n est pas officiellement antisémite. L Italie dispose d une forte tradition d antijudaïsme catholique, mais n est pas marquée par la présence d un antisémitisme politique organisé. A partir de l été 1938, l Italie fasciste a toutefois procédé à la mise en place extrêmement rapide d un antisémitisme d Etat [Sarfatti 1994 ; Sarfatti 2000 ; Matard-Bonucci 2007]. L antisémitisme du fascisme n a toutefois pas au départ de visées génocidaires. Ainsi, l Italie en guerre adopte-t-elle une attitude apparemment «schizophrène» : «persécutés dans la péninsule, les juifs sont protégés dans les régions d occupation italienne» l Italie refusant de livrer les juifs présents dans ses zones d occupation de Yougoslavie, de Grèce et du Sud-est de la France [Matard-Bonucci, 2007, p. 392 ; Rodogno, 2003]. Le 8 septembre 1943 marque cependant le début de l occupation allemande en Italie de même que la mise en place, dans la Péninsule, d une politique antisémite de type génocidaire, avec la collaboration active de la République de Salo. Au total, entre 1943 et 1945, 322 juifs sont assassinés sur le sol italien et sont déportés parmi eux seulement 837 rescapés. Seuls 6000 Juifs environ sont parvenus à fuir l Italie pour se réfugier en Suisse et près de 500 ont pu gagner les territoires du Sud de la Péninsule aux mains des Alliés. Le bilan humain de la Shoah est en Italie, en chiffres absolus, l un des plus bas de toute l Europe. Il faut néanmoins garder à l esprit les dimensions extrêmement réduites de la communauté juive italienne d avant-guerre. En 1945, des Juifs présents en 1943 dans les territoires sous le contrôle de la République de Salo et de l occupant allemand soit près de 19% d entre eux ont trouvé la mort. [Picciotto]. Cette période dite de la «persécution des vies» des juifs [Sarfatti, 2000] s est achevée avec la libération progressive du territoire italien. La fin du second conflit mondial ne s est toutefois pas accompagnée, pour les victimes de la persécution, d un retour immédiat à la normale mais a ouvert un long processus de réintégration et de réinsertion dans la société italienne, entravé par les insuffisances de l épuration et les réticences de l Etat à reconnaître les responsabilités italiennes dans la mise en œuvre des politiques antisémites [Sarfatti 1998].

19 Abrogation de la législation antisémite, restitutions et réparations : une action à retardement? Le processus d abrogation de la législation antisémite et de l attribution aux anciens persécutés d indemnisations et de réparations s est ouvert en Italie en janvier Le décret n 9 du 6 janvier 1944 stipulait «la réintégration dans leur poste de travail des employés des administrations, des collectivités territoriales et des entreprises à participation étatique licenciés sous le fascisme pour des raisons politiques» (l article 2 étendant ces dispositions aux «persécutés raciaux»). De manière plus explicite, le décret n 25 du 20 janvier 1944 portait «réintégration dans leurs droits civils et politiques des citoyens italiens ou étrangers ayant été déclarés ou considérés de race juive». L essentiel des mesures d abrogation de la législation antisémite a été adopté entre 1944 et L Etat italien continue toutefois de légiférer dans ce domaine. Ce n est par exemple qu en 1997 qu a été adoptée une loi portant l attribution aux Communautés juives italiennes des biens spoliés pendant la persécution n ayant pas été restitués à leur légitime propriétaire (loi n 233 du 18 juillet 1997). En 2003 encore, une loi était adoptée pour permettre de retarder le départ à la retraite des anciens persécutés qui en feraient la demande (loi n 92 du 24 avril 2003). La lenteur de ce processus témoigne des insuffisances de la législation abrogative et réparatrice mise en place dans l immédiat après-guerre, mais également de la lenteur de la prise de conscience des difficultés spécifiques aux victimes de la persécution antisémite et de la profondeur des traces laissées par la persécution dont l ampleur n était pas nécessairement prévisible dans l immédiat après-guerre. Les lenteurs de la mise en place de la législation dans l immédiat après-guerre ( ) Suite au débarquement allié en Sicile, Mussolini est déposé le 25 juillet 1943 et remplacé à la Présidence du Conseil par le maréchal Pietro Badoglio. Cette révolution de palais, placée sous le sceau de la continuité, ne s accompagne pas d une remise en cause de la législation antisémite du fascisme [De Felice]. Pietro Badoglio luimême doit sa carrière au régime fasciste. Il en va de même pour la majeure partie de son entourage. Ainsi, son ministre de la Justice, Gaetano Azzariti, a-t-il occupé jusqu en juillet 1943 les fonctions de président du «tribunal de la race» [Sarfatti 2000]. Le Vatican, de son côté, s il fait pression sur le nouveau gouvernement pour obtenir la levée des interdictions concernant les mariages mixtes, se prononce en faveur du maintien d une politique discriminatoire. Après le 8 septembre 1943, dans le Nord et le Centre de l Italie occupés par l Allemagne nazie, Mussolini donne naissance à la République sociale italienne (RSI). Badoglio et le roi ont fui dans le Sud de la Péninsule sous contrôle allié et sont placés à la tête de ce qu il est convenu d appeler «le Royaume du Sud». Alors que le «long armistice», signé le 29 septembre 1943 avec les Alliés, engageait le Royaume du Sud à éliminer de la législation italienne toute «discrimination de race, de couleur,

20 de religion et d opinion politique» (art. 31), ce n est qu au mois de janvier 1944, et sous la pression alliée, que le gouvernement Badoglio promulgue les premiers décrets d abrogation de la législation antisémite. Le décret n 25 du 20 janvier 1944 stipule la «réintégration dans leurs droits civils et politiques» des victimes de la persécution antisémite. La promulgation de normes à caractère patrimonial est en revanche retardée [Toscano 1988] Au mois de juin 1944, la libération de Rome et le remplacement à la Présidence du Conseil de Badoglio par Ivanoe Bonomi un représentant de la classe politique préfasciste accélère le processus. Il faudra toutefois attendre le mois d octobre 1944 pour que soit adopté le premier décret stipulant la restitution des biens spoliés (décret 252 du 5 octobre 1944, portant abrogation des mesures de confiscation prévues par les décrets n 1728 du 17 novembre 1938 et n 126 du 9 février 1939). Les spoliations mises en œuvre par la République sociale italienne sont quant à elles annulées plus d un an après la Libération de l ensemble du territoire italien, par le décret n 393 du 5 mai 1946 [Toscano 1988]. Malgré l avènement, à partir de juin 1944, de gouvernements issus de l antifascisme, le processus d abrogation de la législation antisémite se caractérise, en Italie, par sa lenteur. La législation promulguée se situe, en outre, très en-deçà de celle adoptée par d autres pays européens. Seuls les employés du secteur public sont réintégrés dans leur poste de travail (décret n 301 du 19 octobre 1944). La cession ou la vente à des tiers de biens spoliés n est pas automatiquement annulée la législation italienne ne remettant pas en cause la bonne foi de l acquéreur (décret n 393 du 5 mai 1946, art. 1). Enfin l Etat est mis en droit de conditionner la restitution des biens spoliés au versement par leurs légitimes propriétaires de frais de gestion (décrets n 252 du 5 octobre 1944 et n 393 du 5 mai 1946). L administration en charge de conseiller les gouvernements en place semble se soucier moins des intérêts des victimes de la persécution antisémite que de ceux des acquéreurs de biens spoliés. [Pavan 2004 ; D Amico]. Dans le contexte chaotique de l immédiat après-guerre, la mise en œuvre de ces mesures de restitution n a pas été uniforme et a largement dépendu de la bonne volonté des autorités locales [Commissione Anselmi ; Villa]. D autre part, l Etat italien n accède pas à la demande de versement de réparations formulée par les communautés juives. Aucune loi ne reconnaît de statut spécifique ni de droit automatique à indemnisation aux victimes de la persécution antisémite. Seule la déportation ouvre le droit à l obtention d une aide financière ou de pensions (décret n 113 du 13 avril 1944 portant assistance aux familles des civils déportés ; décret n 467 du 4 août 1945 portant «extension des mesures en faveur des anciens combattants et des morts de la guerre aux vétérans et aux familles des morts de la guerre de libération» ; décret n 372 du 16 septembre 1946 portant «extension aux partisans combattants et aux victimes des forces nazi-fascistes des dispositions en vigueur en matière de pensions de guerre»). [Bertilotti 2009 (1), (2)] Si l on comprend aisément l attitude de l entourage d un Badoglio à l égard des victimes de la persécution antisémite, plusieurs facteurs peuvent permettre de rendre compte de

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