Délibération du jury. Le choix n était pas simple, et finalement le jury a décidé de décerner le premier prix ex æquo à deux artistes.

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1 Délibération du jury Avant de passer à la déclaration du lauréat de la 10 e édition du prix d art Robert Schuman, les membres du jury tiennent à exprimer leurs remerciements aux artistes qui ont participé au concours. Nous étions exaltés de la grande qualité et de la grande diversité artistique des œuvres présentées. De la peinture à la sculpture, de la photographie aux installations, tous les genres étaient représentés. Nous avons trouvé un bon équilibre plein de tension et équivalent entre des artistes éminents et établies et de jeunes artistes inconnu qu il vaut de découvrir. Tous les artistes participants ont fait preuve d une grande flexibilité, car les espaces historiques du Cercle, qui vient de rouvrir ses portes après des années de restauration, étaient un défi complémentaire et n ont pas rendu la tâche plus facile. Merci pour les compromis acceptés, merci aussi pour la recherche de nouvelles solutions pour le montage des œuvres et l acceptation d autres emplacements que celles prévus initialement. Un grand merci à tous, curateurs et artistes, pour avoir accepté ce défi. Tous les artistes participants au cru 2011 du Prix d Art Robert Schuman peuvent prévaloir une formation approfondie et présentent des currriculums riches et passionnants. Ils ont su mettre en œuvre leurs idées avec un grand professionnalisme et ils ont prouvé qu ils métrisent leur métier. Par contre les membres du jury regrettent que les artistes n aient pas pris plus de risques, en général ils constatent une absence d idées un peu plus révolutionnaires, un manque de hardiesse et de vaillance. C est pour cette raison, que le jury a tenu à honorer l audace et la bravoure et a décerné le prix à des œuvres qui justement montrent un certain engagement, et le goût du risque. Le choix n était pas simple, et finalement le jury a décidé de décerner le premier prix ex æquo à deux artistes.

2 Mathis Collins, Metz Un des deux lauréats est Mathis Collins, mis dans la course par la Ville de Metz. Le travail du plus jeune des artistes participants, Mathis Collins est né en 1986, se trouve dans le hall d entrée du Cercle. Il s agit d une installation qui représente bel et bien une scène. Une scène qui se compose de différentes couches de matelas mous, reposant sur une série de cannes fragiles. L escalier en bois sur le côté suggère que l on peut symboliquement monter sur scène. Bien que ce soit un lieu de parole potentiel, est-ce qu on a envie d y monter et de la prendre? Toute la construction a l air très fragile, très précaire. La mollesse de futons superposés et la fragilité des cannes ou béquilles impliquent fragilité, perte d équilibre et incertitude. Et pourtant la construction tient. Le jeu de Mathis Collins entre la fermeté et instabilité, entre l aspect hiératique et la dimension intime nous fascine. Il thématise les questions de la prise de parole publique, de la prise de pouvoir, mais aussi de la chute et de la perte de pouvoir. En parallèle l œuvre est flexible, elle peut être montée et démontée, sans restrictions dans l espace et dans le temps. Depuis 2006 Mathis Collins développe une œuvre évolutive, sous le titre générique de Scène, qu il présente sans cesse dans de nouvelles constellations, souvent en combinaison avec des performances en manifestant une certaine tendance de la mise en scène de soi-même. Sur les marches de l escalier en bois l artiste a disposé des photocopies d une image tirée d un livre d histoire. L image montre une foule de gens, devant une scène, une scène qui est vide. L image originale a été prise en 1920 et montre Lénin en tant qu orateur euphorique. Trotzki et Kamenev qui se trouvaient à côté de la scène ont été radiés ultérieurement sur l original. Dans la version de Collins, les trois personnages ont été effacés. La mise en relation de la scène vide de l œuvre de Collins et de la scène vide historique donne une connotation

3 politique à son œuvre, de même qu il thématise le temps, le changement et les mutations (dans l image et en réalité). Mathis Collins est un artiste très circonspect dans l interprétation de son œuvre. Ses installations bien qu esthétiquement de forme parfaite, sont radicaux. Mathis Collins a pu convaincre par la réflexion profonde qu on trouve dans son œuvre, cachée dan cette œuvre qui apparaît à première vue très simple. Il recourt à des matériaux banals et à caractère intime pour aborder des questions fondamentales d actualité. La concentration, et la densité des thèmes abordés est impressionnante et reconnaissable et a su convaincre les membres du jury. Mathis Collins présente ici une œuvre réfléchie avec caractère sculptural, c est probablement l œuvre la plus contemporaine du concours, ce qui lui vaut d avoir été retenu comme un des lauréats du prix d art Robert Schuman. Simon Rummel, Trèves Le deuxième lauréat est Simon Rummel, également un jeune artiste, proposé cette fois-ci par la Ville de Trèves. Simon Rummel est en même temps musicien et artiste plasticien. Il s intéresse à des phénomènes acoustiques qu il traduit sous forme d installations artistiques. Au premier étage vous pouvez découvrir son œuvre Harmonie-Lehre (Traité d harmonie), un travail qui se compose d une douzaine de tuyaux d orgue, installés sur des socles mobiles. L apport d air s effectue moyennant d un soufflet et produit des sons mats. Une manivelle permet de varier les sons et de passer de sons harmoniques à des accords dissonants, de nouveaux sons se créent, changent pour retrouver finalement des accords harmoniques. Comment faut-il comprendre la notion d harmonie en musique, ce qui est pour les uns un son mélodieux est pour d autres une dissonance et vice versa.

4 Le concept de cette machine à musique a été élaboré minutieusement et méticuleusement par l artiste. Il a une approche mathématique, à base des valeurs physiques des sons qui s expriment en chiffres et en courbes, il crée des suites de tons. C est seulement ensuite qu il a construit la machine spécifiquement pour cette exposition. La véracité de ses calculs théoriques et le fonctionnement de la machine ont pu être constatés au moment du montage de l installation dans l exposition, il y a quelques jours, un risque à prendre. Ce côté ludique se retrouve aussi dans la deuxième œuvre présentée par Simon Rummel dans la cage d escalier. La machine à dessiner enregistre le monde qui l entoure et, à la manière d un sismographe, transpose les mouvements de l air en dessins au moyen de crayons reliés à des ballons d hélium qui flottent dans l espace. Ainsi lorsqu un spectateur contourne la feuille de dessin, les ballons enregistrent une sorte de cercle et créent des dessins aléatoires. Simon Rummel met en question la forme traditionnelle du dessin, il englobe l incalculable. C est la manifestation d une critique culturelle à l égard de l idée poussiéreuse d un musée, mais aussi des machines à dessiner et des constructions techniques. Les deux travaux de Simon Rummel révèlent une note humoristique. A première vue ses œuvres semblent drôles ou plaisantins, des constructions ludiques interactives. Mais en réalité c est un discours spirituel, bien réfléchi, sérieux et calculé de l art. Le jury a aussi apprécié l interférence entre les sciences musicales et l installation artistique. Comme Mathis Collins, Martin Rummel a pris des risques, ce qui lui vaut d être le deuxième lauréat ex æquo du prix d Art Robert Schuman.

5 Composition du jury : Luxembourg: Danièle Wagener, Direktorin der Museen der Stadt Luxemburg Joost Declercq, Direktor des Museums Dhondt-Dhaenens, Deurle, B Metz: Antoine Fonte, adjoint au maire chargé de la culture, Metz Dominique Legin, directeur du Pôle Culture de la Ville de Metz Saarbrücken: Ernest W. Uthemann, Leiter der Stadtgalerie Saarbrücken Liane Wilhelmus, wissenschaftliche Assistentin am Institut für Kunstgeschichte, Saarbrücken Trier: Dr. Bärbel Schulte, stellv. Direktorin Simeonstift Trier Dr. Sonja Mißfeldt, Öffentlichkeitsarbeit, Simeonstift, Trier