SOMMAIRE. LE RÉSEAU EN BREF Brèves (p.2 et 3) DÉFINITION Terme «Valorisation» (p.4)

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1 Les assises régionales et nationales de la recherche viennent de s achever. Certains ajustements vont semble-t-il être opérés, notamment sur le plan budgétaire avec une nouvelle répartition des crédits recherche : la part des crédits récurrents destinés aux unités de recherche serait augmentée alors que la part destinée aux projets financés par l Agence Nationale de la Recherche (ANR) serait diminuée. Faut-il se réjouir d une telle mesure? Rien n est moins sûr. Les projets de grande envergure ne peuvent pas être financés par les équipes de recherche. Même les financements régionaux n arrivent pas toujours à la hauteur des financements ANR. Une diminution de la dotation allouée à l ANR signifie qu il y aura moins d appels à projets, donc moins de projets sélectionnés et donc un taux de sélection plus restreint. Si, par ailleurs, la dotation aux équipes de recherche n augmente que de façon ténue (10-15%), on peut se demander si ce type de saupoudrage peut s avérer efficace. Cela serait concevable pour une petite unité de recherche qui fonctionne avec un budget de quelques milliers d euros. Il en est tout autrement pour une UMR dont le budget se chiffre en kilo-euros. Les MSH développent clairement une stratégie de développement de projets interdisciplinaires à vocation internationale. Une diminution trop drastique de la dotation ANR pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur l émergence et le développement de tels projets ambitieux. Heureusement, dans cette période budgétaire difficile, quelques bonnes nouvelles permettent à notre humeur de tendre vers les émotions positives. Nous vous avions annoncés dans le précédent numéro que le Réseau Français des Instituts d Etudes Avancées (RFIA Network of French Institutes for Advanced Studies NEFIAS) et le Réseau National des Maisons des Sciences de l Homme avaient été positionnés sur la feuille de route du Ministère comme infrastructures de recherche, aux côtés des Très Grandes Infrastructures de Recherche (TGIR) telles qu ADONIS-CORPUS et PRO- GEDO. Un rapprochement de ces deux réseaux est en marche, notamment par des projets de collaboration futurs tels que la mise en place d actions facilitant la mobilité sortante des chercheurs et enseignants-chercheurs français et le développement de relations de partenariat avec des structures semblables aux MSH, par exemple les «Humanities Centers». Un projet d Unité Mixte de Service rassemblant les deux réseaux est également à l étude. La deuxième bonne nouvelle vient de la préfiguration de trois réseaux de plateformes technologiques au sein du Réseau national des MSH (voir à ce sujet la brève rédigée par Gilles DEWAILLY) : le Réseau «Information Spatiale et Archéologie» qui existait déjà mais élargirait un peu son périmètre de façon à rassembler une douzaine de MSH ; le deuxième réseau, constitué d une quinzaine de MSH, se centrerait sur les «Humanités numériques» et devra réfléchir à ses articulations avec la TGIR ADONIS-CORPUS (lire à ce sujet l interview de Stéphane POUYLLAU) ; enfin, le troisième réseau, plus modeste puisque ne regroupant que 5 MSH, mutualiserait des compétences et des équipements sur la thématique «Cognition, Comportements, Usages». Comme vous pouvez le voir, le Réseau national des MSH continue son cheminement vers la reconnaissance, au service de l ensemble des MSH qui le constituent. SOMMAIRE LE RÉSEAU EN BREF Brèves (p.2 et 3) Michel AUDIFFREN Président du réseau national des MSH DÉFINITION Terme «Valorisation» (p.4) RETOUR D EXPÉRIENCE Un projet ANR soutenu par la Maison des Sciences de l Homme Val-de-Loire: «ALTER-PROP» (p.6 et 7) COUP DE PROJECTEUR SUR La Maison des Sciences de l Homme et de la Société Sud-Est (p.8 et 9) RENCONTRE AVEC Stéphane POUYLLAU (p.10 et 11) UNE MSH A L INTERNATIONAL Trois projets de la Maison des Sciences de l Homme Aquitaine (p.14 et 15)

2 LE RÉSEAU NOUVEAUTÉ EN BREF Le Réseau National des Maison des Sciences de l Homme dévoile son nouveau site Internet. Graphisme renouvelé, navigation intuitive, ergonomie revisitée, tout est pensé pour un accès convivial et rapide à l information. De multiples nouveautés vous y attendent : de nouvelles rubriques, une page d accueil restructurée, un annuaire en ligne, un moteur de recherche, un intranet réorganisé Ce nouveau média a été conçu pour évoluer en permanence au gré des besoins et des innovations technologiques. Des aménagements sont d ores et déjà programmés pour enrichir le site tout au long de l année 2013 : interactivité de la carte des MSH en page d accueil, traduction des pages du site en anglais et en espagnol, insertion du travail sur les axes thématiques, collaboration avec Calenda. Excellente navigation à tous : BIENVENUE AUX CHARGÉS DE MISSION Ces derniers mois, le Réseau National des MSH a contribué, de manière significative, à la montée en puissance des actions de coopération inter-msh. Plusieurs chantiers importants ont été entrepris : le lancement d appels à projets, la cartographie des axes thématiques des MSH, la définition d une politique d internationalisation, le recensement et le regroupement des plateformes technologiques, la typologie des actions de valorisation et la mise en œuvre d un annuaire de compétences. Cette évolution du Réseau a été rapide. Le Président du Réseau a donc besoin d être accompagné, pour poursuivre au mieux les actions et projets déjà engagés. C est dans cette perspective que le Réseau a souhaité s entourer de nouveaux chargés de mission. Cinq chargés de mission sont donc venus renforcer l équipe déjà en place et nous les remercions : - Nélia Roulot, responsable administrative et scientifique de la MSH Dijon, en charge des «Appels à projets 2013 et 2014». - Monique Bigoteau, ingénieure de recherche au laboratoire ESO à Nantes, en charge de la «Valorisation de la recherche en SHS dans les MSH». - Céline Pottier, secrétaire générale de la MSHS Toulouse, chargée de mission «Annuaire des compétences». Élection Michel AUDIFFREN, réélu président du Réseau National des MSH. Dans le cadre du dernier comité directeur, le 22 juin dernier, les directeurs des MSH ont élu le président du Réseau National des MSH. Michel Audiffren, professeur à l Université de Poitiers et ex-directeur de la Maison des Sciences de l Homme et de la Société de Poitiers, a été élu pour un second mandat. Il assurera la présidence du Réseau jusqu en juin A lire «Les infrastructures de recherche en sciences humaines et sociales». Le groupe de travail «Infrastructure» d Athéna, l alliance thématique nationale des sciences humaines et sociales a rendu public son rapport sur «les infrastructures de recherche en sciences humaines et sociales». Ce rapport, co-écrit par Françoise Thibault, Direction Générale de la Recherche et de l Innovation du Ministère de l Enseignement Supérieure et de la Recherche, et Bertrand Jouve, directeur adjoint scientifique de l INSHS du CNRS, est accessible sur internet à l adresse suivante : allianceathena/ infrastructure-sh/ index.html#/1/ Nous vous invitons à le lire et à prendre connaissance de la partie consacrée au Réseau National des MSH. - Serge Wolikow, professeur émérite d Histoire Contemporaine, en charge, en collaboration avec Isabelle Wrzesniewski, coordinatrice administrative de la MSH de Clermont-Ferrand, des «Recensement et mise en réseau des plateformes technologiques des MSH». - Myriam Danon-Szmydt, directrice administrative de la MAE Nanterre, accompagnera Valérie Bleunven, responsable administrative de la MSH en Bretagne, sur la mission «Cartographie des axes thématiques», en remplacement d Emeline Huart qui a quitté ses fonctions au sein de la MESHS. A cette occasion, nous remercions Emeline Huart pour sa collaboration en tant que chargée de mission au sein du Réseau et nous lui souhaitons une bonne continuation dans ses nouvelles activités. Geneviève Robert, secrétaire générale de la MSHS de Poitiers, David Imbert, secrétaire général de la MSH Ange-Guépin de Nantes, Isabelle Wrzesniewski et Valérie Bleunven ont accepté de continuer leurs missions au sein du Réseau en ce qui concerne respectivement l internationalisation des MSH et du Réseau, les appels à projets 2011 et 2012, les plateformes technologiques et la cartographie des axes thématiques. Merci à eux. RETOUR SUR LES APPELS A PROJETS Le GIS Réseau National des MSH, en collaboration avec l Institut des sciences humaines et sociales du CNRS, a proposé cette année deux nouveaux appels à projets visant à soutenir, d une part, des projets inter-msh, interdisciplinaires, inter-sectoriels et, d autre part, des projets inter-msh de consortiums qui seront soumis au TGIR Corpus, à l ANR Corpus ou au TGE Adonis. Au total, 10 projets inter-msh ont été retenus et sont soutenus à hauteur de chacun : respectivement 5 projets inter- MSH interdisciplinaires inter-sectoriels et 5 projets inter-msh de consortiums. 1. [MIGSAN] Migrations et santé : Analyse des variations dans l accès aux soins des populations migrantes à l échelle locale, projet porté par la Maison des Sciences de l Homme en Bretagne. MSH associées : Maison des Sciences de l Homme et de la Société de Poitiers, Maison des Sciences de l Homme Ange Guépin, Nantes. Laboratoire(s) hors SHS impliqué(s) : Département de Santé Publique de l Université Rennes [MinAhm] Mine et Anthropisation de la haute montagne européenne et transméditerranéenne de la Protohistoire à l époque moderne, projet porté par la Maison des Sciences de l Homme et de la Société, Toulouse. MSH associées : Maison Méditerranéenne des Sciences de l Homme d Aix-en-Provence, Maison des Sciences de l Homme de Dijon. Laboratoire(s) hors SHS impliqué(s) : Laboratoire Écologie fonctionnelle et Environnemment (ÉcoLab), Laboratoire EPHE Paléoenvironnement et chronoécologie (PALECO), Institut des Sciences de la Terre d Orléans (ISTO), Institut Méditerranéen de la Biodiversité et d Écologie marine et continentale (IMBE), Centre Européen de Recherche et d Enseignement des Géosciences de l Environnement (CEREGE). 3. [VIVANLIT] Penser le vivant : les échanges entre littérature et sciences de la vie (de la fin du XVIII e siècle à l époque contemporaine), projet porté par la Fondation Maison des Sciences de l Homme, Paris. MSH associées : Fondation Maison des Sciences de l Homme de Paris, Maison des Sciences de l Homme-Alsace, Maison des Sciences de l Homme Lorraine, Maison des Sciences de l Homme Claude Nicolas Ledoux de Besançon, Maison des Sciences de l Homme de Dijon, Maison des Sciences de l Homme et de la Société de Poitiers, Maison des Sciences de l Homme et de la Société de Toulouse. Laboratoire(s) hors SHS impliqué(s) : Laboratoire de Génétique Moléculaire, Génomique, Microbiologie (GMGM) de l Université de Strasbourg, Institut Jacques Monod. 4. [EXPOLYME] Modélisation et Géosimulation de l exposition à la borréliose de Lyme dans un environnement forestier périurbain, projet porté par la Maison des Sciences de l Homme, Paris Nord. MSH associées : Maison des Sciences de l Homme de Paris Nord, Maison des Sciences de l Homme, Alpes. Laboratoire(s) hors SHS impliqué(s) : Cognition Humaine et Artificielle (CHART) ; COGIT, IGN; Groupe de Recherche en Informatique Cognitive (GRIC); Laboratoire d Informatique de Grenoble; Centre de recherche sur la Terre et le climat Georges Lemaître (TECLIM). 5. [MATTER] Maternité et territoires, projet porté par la Maison des Sciences de l Homme Ange-Guépin, Nantes. MSH associées : Maison des Sciences de l Homme Ange-Guépin, Nantes, Maison des Sciences de l Homme en Bretagne. Laboratoire(s) hors SHS impliqué(s) : Département de médecine générale de la faculté de médecine de Nantes, Département de médecine générale de la faculté de médecine de Rennes, Département de médecine générale de la faculté de médecine d Angers, École de Sagesfemmes de Nantes, École de Sages-femmes de Rennes. 1. [CMRIAS] Corpus des Mondes Ruraux par l Image Animée et le Son, plateforme coordonnée par l Institut des Sciences de l Homme de Lyon. MSH associées : Maison des Sciences de l Homme en Bretagne, Maison des Sciences de l Homme de Dijon, Maison Méditerranéenne des Sciences de l Homme d Aix-en-Provence. Unités de Recherche impliquées : Laboratoire d Etudes Rurales, CERHIO, TELEMME, LIRIS, CESAER. 2. [NOREDS] Plateforme sur le non recours aux droits et aux services, plateforme coordonnée par la Maison des Sciences de l Homme- Alpes de Grenoble. MSH associées : Institut des Sciences de l Homme de Lyon, Maison des Sciences de l Homme Ange-Guépin de Nantes. Unités de Recherche impliquées : PACTE, CURAPP, CERCRID, GRePS, CENS, ESO-Angers. 3. [ARCHITERRE] Archives de la terre : inventaire des sources fiscales spatialisables pré-révolutionnaires, plateforme coordonnée par la Maison des Sciences de l Homme et de la Société de Toulouse. Unités de Recherche impliquées : USR 3414 MSHS-T, UMR 5608 TRACES, UMR 5136 FRAMESPA. 4. [MASA] Constitution du consortium «Mémoires des archéologues et des sites archéologiques», plateforme coordonnée par la Maison de l archéologie et d ethnologie René-Ginouvès de Nanterre. MSH associées : Maison de l Orient et de la Méditerranée de Lyon, Maison de la Recherche en Sciences Humaines de Caen, Maison Méditerranéenne des Sciences de l Homme d Aix-en-Provence, Maison des Sciences de l Homme Val de Loire. Unités de Recherche impliquées : USR 3225 (MAE), USR 3439 (MOM), USR 3486 (MRSH), UMR 6273 (MRSH) et Presses universitaires de Caen, UMR 7299 (MMSH), UMR 7324 (MSH Val-de-Loire), USR 3135 (MSH Val-de-Loire), Musée d archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye (MAN) 5. [SemanticHPST] Semantic approach to history and philosophy of science and technology, plateforme coordonnée par la Maison des Sciences de l Homme, Lorraine. MSH associées : Maison des Sciences de l Homme de Montpellier, Maison des Sciences de l Homme en Bretagne. Unités de Recherche impliquées : Laboratoire Histoire des Sciences Philosophie - Archives Poincaré, université de Lorraine ; Centre François Viète, université de Nantes ; LIRDEF, université de Montpellier 2 ; SCRIPtureS, Telecom Bretagne ; IRCCYN, École Centrale Nantes. BON A SAVOIR Un nouvel appel à projet est actuellement en préparation. Sa date de lancement est prévue pour février projets seront sélectionnés à hauteur de /projet. Les projets devront concerner 3 MSH et avoir un lien avec un partenaire institutionnel à l international. Plus de détails prochainement. 2 3

3 4 PLATEFORME Maison des Sciences de l Homme de Dijon (USR CNRS ub 3516) : la plateforme de traitement archivistique et de numérisation. Des compétences et une expertise mutualisées au service de la recherche La MSH de Dijon dispose de trois services communs de la recherche : un Service Numérisation et Bases de Données, un Pôle Géomatique et Cartographie, un Service Documentation et Archives Scientifiques. La plateforme de traitement archivistique et de numérisation regroupe des compétences professionnelles des Services communs selon deux phases de production des corpus numériques, conformément aux préconisations du TGE Adonis et du Service Interministériel des Archives de France (SIAF) et permettant l interopérabilité avec d autres grandes structures : 1ère phase : - traitement archivistique : évaluation, expertise, tri et classement des fonds, création et encodage d instruments de recherche électroniques en XML-EAD ; - traitement documentaire : création de catalogues, indexation, production de documents XML-TEI. 2ème phase : - numérisation : corpus textuels, images et sonores ; - traitement des images : recadrage, redressement, création de fichiers de publication pour le web. Des moyens humains dédiés Cette plateforme fonctionne avec des personnels permanents qualifiés dans les différentes phases et actions de traitement (archiviste, documentaliste, assistant de fabrication, informaticien, photographe), et des personnels recrutés sur contrats de recherche. Des moyens techniques mutualisés Afin de réaliser l ensemble des opérations de la chaîne de traitement, la MSH de Dijon dispose d un plateau technique mutualisé composé de logiciels de description archivistique et de catalogage, de traitement de l image et de numériseurs de toute dernière génération. Exemple de corpus traités par la plateforme - Archives des Comités nationaux de l Institut National des Appellations d Origine (INAO) : documents de travail et comptes rendus des séances des différents Comités Nationaux ( ). Des sources essentielles pour l histoire technique, sociale et économique du vin, et plus globalement de l ensemble des produits agro-alimentaires français. - Fonds d archives privées Patrick Kessel (en partenariat avec la Fondation Gabriel Péri) : coupures de presse, rapports, affiches, tracts, brochures ( ). Traitement archivistique des documents sur Mai 68, la Guerre d Algérie ou les rapports entre le PCF et l histoire coloniale, jusqu alors inédits. PANDOR : Portail Archives Numériques et Données de la Recherche La MSH de Dijon met en place un outil de conservation, de traitement et de valorisation de corpus de documents numériques accessibles via un portail numérique (PANDOR). Objectif : travailler et partager des données et des corpus constitués par les laboratoires de recherche, en partenariat avec les organismes spécialisés dans le traitement d'archives, avec un accès très large à ces ressources en ligne dès Originalité : - articulation entre deux niveaux de recherche dont l association est originale et inédite : recherche disciplinaire et transdisciplinaire dans des thématiques SHS, et recherche de niveau méta où PANDOR devient lui-même objet de recherche ; - interface informatique inédite d interrogation : association des SHS avec deux laboratoires en sciences de l ingénieur pour développer une interface d interrogation multi-critères et multi-agents, reposant sur un haut degré de granularité sémantique des corpus ; - perspectives de valorisation de haut niveau : au service des partenaires socio-économiques et culturels ayant de grosses masses de données numériques multi-supports à gérer. Thématiques : PANDOR permettra l accès à des données relevant des grandes thématiques structurantes de la MSH de Dijon : - Cultures et patrimoines / Territoires et environnement / Langages, identités, représentations / Acteurs, normes, pratiques et décisions / Marchés, institutions, gouvernance. Solution technique : composée de plusieurs applications distinctes et modulables : - une application de publication et interrogation de métadonnées (textuelles, images, géo-référencées) permettant l interopérabilité avec d autres grands méta-portails (Isidore, Gallica, etc), via le protocole d échange OAI-PMH ; - un portail de consultation et d interrogation pour les instruments de recherche archivistiques, catalogues de bibliothèque et documents numériques associés. La création de ce portail s inscrit dans le cadre du développement actuel des Humanités Numériques (Digital Humanities) et des réflexions méthodologiques, théoriques et épistémologiques que celui-ci provoque, en synergie avec des infrastructures nationales comme Adonis ou Corpus. Il permet la mise à disposition des chercheurs et de la société civile un ensemble documentaire pluridisciplinaire inédit et ciblé sur des thématiques SHS fortes, multi-supports et immédiatement exploitable. DÉFINITION Valorisation de la recherche Définition proposée par Cyrille MUNOZ, responsable de la cellule valorisation - Université Toulouse II le Mirail. Cette mission de service public est inscrite aux codes de l Éducation et de la Recherche par les lois du 15 juillet 1982 d orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France et du 26 janvier 1984 sur l enseignement supérieur et a fait l objet d une définition par le Comité National de l Évaluation (AERES Évaluation) : «Valoriser, c est rendre utilisables ou commercialisables les connaissances et les compétences de la recherche». Elle prête malgré tout, encore aujourd hui, à des interprétations contradictoires de la part même de la communauté scientifique, qui confond souvent «Valorisation» et «Diffusion». La loi de 1999 sur l innovation a donné un cadre technique et administratif à cette volonté publique (loi sur la mobilité des chercheurs, création des SAIC et des incubateurs d entreprise, cadre fiscal des jeunes entreprises innovantes ) de «mise à disposition de la Société des résultats de la recherche qu elle a financée. Cette mise à disposition devant s inscrire dans une logique de développement économique ou social de la Société (création d emploi, mieux-être de la population, etc )» (extrait d un discours de Bernard Froment du bureau de la valorisation, de la propriété intellectuelle et du partenariat, Ministère de l Enseignement Supérieur et de la Recherche). La valorisation peut être donc comprise comme étant la mise en forme d un échange entre deux acteurs, le scientifique et la société civile, visant l appropriation, ou l assimilation, des résultats de recherche du premier par le deuxième. Ce dialogue devant se faire dans un rapport de respect et de bénéfices mutuels. Respect du patrimoine intellectuel des chercheurs, ou plus exactement des Établissements, qui leur permet d être partie prenante dans le devenir des résultats transférés et donc de leur exploitation. Respect aussi, en retour, des intérêts du partenaire récepteur du résultat qui souhaite en obtenir un avantage concurrentiel et valoriser son investissement. La démarche de divulgation publique des résultats, couramment appelée «diffusion de la culture scientifique et technique» (colloque, publication ), relève donc d une tout autre logique de transfert. L auditeur ne reçoit pas le résultat dans une perspective d assimilation mais d information. L orateur ne délivre pas son savoir. Les S.H.S ont longtemps semblé moins présentes dans le domaine de la valorisation, notamment en raison de l incompatibilité du dispositif «brevet» avec les résultats valorisables. Cependant, l impact des recherches menées dans ces établissements sur le développement économique ou social est bien réel et effectif, et ce de tout temps. Par ailleurs, la multiplication de services de valorisation dans ces universités ces dernières années est le signe évident d une prise en compte de ces enjeux. La valorisation des résultats de la recherche en SHS suit les mêmes étapes et contraintes économiques et juridiques que la valorisation des technologies. Seule la spécificité de ses «fondements» (plus théoriques que techniques), de ses outils de transfert (droit d auteur, marque, secret ) et de ses débouchés (une part publique, ou mixte, plus importante) nous oblige à adapter les modalités de transfert. Modèles tels que : le droit d auteur, le transfert de savoir-faire (de secret), l innovation service, la collaboration avec les sciences de l ingénieur, la marque commerciale ou encore l image de marque. Valorisation S.H.S EN EXEMPLE : En psychologie haptique : L Atlas Visuo-Tactile Le projet repose sur l édition d un atlas de cartes visuo-tactiles de la région Midi-Pyrénées destiné aux personnes malvoyantes et nonvoyantes. L Atlas visuo-tactile est le résultat d une recherche menée par Delphine Picard, Professeure de psychologie à l UTM dans le laboratoire OCTOGONE (EA4156), sur la perception tactile et le handicap visuel. Ces recherches ont permis de développer une méthode de création de cartes tactiles tenant compte des caractéristiques psycho-techniques spécifiques aux personnes déficientes visuelles. Le procédé utilisé, qui a fait l objet d un dépôt de brevet, repose sur un certain nombre de règles d élaboration des cartes, notamment la quantité d information, le type de tracé et des symboles graphiques Ce procédé de fabrication doit rendre la lecture de ses cartes facile et complète à la fois. Il offre une information complète, détaillée et claire, de sorte que la topologie d un territoire peut être découverte et étudiée de manière autonome. En Psycholinguistique : Une méthode de formation en langue à partir de la culture maternelle qui fait l objet d un projet de création d entreprise. Résultat de recherches menées par Nathalie Spanghero, professeure d Université en Science du langage, la méthode de formation valorisée et destinée aux formateurs de langue étrangère repose sur un process spécifique d enseignement qui va de la méthode de formation, l accueil, à la réalisation de supports adaptés. La méthode FLAM (Formation Linguistique à partir de la culture Maternelle) n est pas un nouveau manuel d apprentissage mais elle redéfinit l ensemble du process d apprentissage. Le transfert repose ici sur l appropriation d un savoir, d un savoir-être, ainsi qu un apport intellectuel, par un milieu utilisateur. La marque déposée, SOFOCLE, permet de promouvoir cette pratique et d en donner sa valeur économique en faisant l objet d une licence d exploitation par la Jeune Entreprise Universitaire créée à cette intention par l Enseignante-chercheure. Cela permet à l établissement, détenteur de la marque, d assurer le suivi de ce transfert et la maîtrise du devenir de ce produit intellectuel dans le temps. 5

4 RETOUR D EXPÉRIENCE UN PROJET ANR SOUTENU PAR LA MSH VAL-de-LOIRE ALTER-PROP, alternatives de propriété pour l habitat Propriété, Logement, Coopérative, Développement durable, Autopromotion, Autogestion, Foncier, Économie sociale et solidaire, Partage, Mutualisation. Partages des espaces habités : vers des formes ALTERnatives de PROPriété. Auto-construction avec matériaux durables D es collaborations internationales sur la thématique du projet ont permis le déroulement de 2 colloques importants : «Self-managed CoHousing : born out of need or new ways of life?» Le Studium Conference, March 2012, Tours et «VIIè Congreso Internacional Rulescoop», Valencia, 5-7 septembre Un 3ème colloque international terminera le programme fin Un site dédié présente l ensemble de nos activités. Histoire d un projet coopératif à Berlin. ALTER-PROP est un programme de recherche des universités de Bretagne Occidentale (Atelier de Recherches Sociologiques) et François Rabelais (Maison des Sciences de l Homme Val de Loire et Laboratoire d Etudes des Réformes Administratives et de la Décentralisation), financé par l Agence Nationale de la Recherche (ANR - Espace et territoire 2010). ENJEUX ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES DU PROJET L e XXIème siècle a débuté par l éclatement des bulles financières et immobilières qui ont produit un enchérissement considérable du foncier urbain excluant de plus en plus de gens de la propriété. Parmi les réponses à cette crise, se trouvent celles de mouvements alternatifs qui remettent en cause la propriété individuelle du logement et le dogme de la croissance, au nom de l économie sociale et solidaire et de l écologie. Le programme de recherche ALTERPROP qui réunit des sociologues, des juristes et des architectes, analyse l émergence de ces modes de vie nouveaux, au travers d expériences d habitat groupé et de propriété partagée, dont l archétype est la coopérative d habitants. ACTIONS DE VALORISATION Isolatto Firenze DÉROULEMENT DU PROJET Le programme a commencé par la mise en place d un conseil scientifique composé de chercheurs, d experts et d habitants qui a fait le point des situations d habitat groupé lors d une table ronde filmée. Une plate-forme interactive complexe a été créée. Elle a permis le recensement des projets d habitation relevant de la perspective de recherche, des textes juridiques disponibles et de la documentation scientifique. Un séminaire théorique impliquant tous les partenaires du programme s est déroulé sur 7 séances d une journée pour servir de fil rouge scientifique à nos travaux de terrain qui s échelonnent sur près de 2 ans. Le travail d enquête est réalisé lors d ateliers sociologiques et juridiques croisés qui sont organisés autour de cas précis choisis dans la diversité des constructions réalisées ou en projet. Des collaborations en France et à l étranger ont permis des ouvertures scientifiques et la mise en place de formations associées à Alter-Prop. Enfin, un colloque international réunira des élus, experts, habitants et chercheurs et terminera le programme. CONTACT : sylvette.denefle@univ-tours.fr 6 7

5 COUP DE PROJECTEUR SUR... Statut Service commun de l Université de Nice Sophia Antipolis Équipe de direction Directeur : Richard ARENA Responsable administratif : Jean-Charles BRIQUET-LAUGIER Responsable édition : Claire GAUGAIN Responsable communication : Sylvie GRENARD Secrétaire : Françoise BEYTET Axes thématiques Axe n 1 : Cognition et coopération Axe n 2 : Motivations et usage dans la société de l information Axe n 3 : L Europe et ses «Autres» Axe n 4 : Territoires, systèmes techniques et usages sociaux LA MAISON DES SCIENCES DE L HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ SUD-EST (ex-ishsn) Installée depuis deux ans dans le nouveau bâtiment recherche, sur le campus St Jean d Angély, en plein centre de Nice, la MSHS Sud-Est est devenue un service commun de l Université de Nice en janvier 2011 et regroupe à ce jour, huit laboratoires de recherche. Cette nouvelle installation permet de réunir en permanence la plus grande partie des enseignants-chercheurs et des chercheurs CNRS et IRD en un bâtiment unique et de favoriser ainsi l interaction interdisciplinaire et la mise en œuvre de recherches communes. Quatre thématiques pluridisciplinaires ont été dégagées qui se déclinent en quatre axes de recherche, à savoir : - Cognition et coopération - Motivations et usages dans la société de l information - L Europe et ses «Autres» - Territoires, systèmes techniques et usages sociaux. La MSHS intervient également dans la coopération et la diffusion scientifiques regroupées en plusieurs domaines relevant d autres champs que ceux des SHS. Le premier est celui des mathématiques appliquées et de la modélisation. Le deuxième champ est celui de l informatique. La MSHS Sud-Est est entrée au sein du réseau des MSH depuis l été 2012 et deviendra USR CNRS le 1er janvier REPÈRES Les plateformes technologiques D autres plates-formes techniques liées à des bases de données sont actuellement en construction. Au sein de la MSHS, le CEPAM (Cultures et Environnements. Préhistoire, Antiquité, Moyen Age) dispose de plusieurs plateaux techniques organisés en deux grands pôles : 1- une infrastructure informatique et des espaces de stockage liés à l acquisition, la gestion, l édition des données et la gestion des collections ; 2- des plateaux techniques dédiés à l expérimentation, la caractérisation et la datation des archéo-matériaux. Le CMMC (Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine) a créé la base de données NAVIGOCORPUS qui permet la collecte de données issues de sources de nature variée relatives au déplacement ou à la présence de navires dans le temps et dans l espace : création de la MSHS / 5 : nombre de personnels / 333 : doctorants / 4 : axes de recherche / 8 : unités de recherche associées / 304 : chercheurs et enseignants-chercheurs. ZOOM SUR Pôle Universitaire St Jean d Angély Bâtiment SJA3 24, avenue des Diables Bleus Nice Cedex 4 Téléphone : +33 (0) Site Internet : La MSHS Sud-Est Et ses axes de recherche L axe 1 «cognition et coopération» a constitué le fondement d un projet Labex déposé en 2012 qui n a pas été retenu mais a permis la structuration d un ensemble de recherches reliant les dimensions internes (langage, mémoire, attention, ) et externes (formes d interaction sociale) de la cognition. Cet ensemble correspond à un axe pluridisciplinaire prioritaire pour l université de Nice Sophia-Antipolis. L axe 2 «motivations et usages dans la société de l information» est très intégré dans le contexte local et régional (qu il s agisse de l intérêt porté par les collectivités territoriales aux STIC dans leurs territoires ou du pôle technologique «Solutions Communicantes Sécurisées» à Sophia-Antipolis) et devrait développer ses collaborations avec les sciences informatiques (notamment l INRIA et l UMR I3S). L axe 3 «l Europe et ses Autres» s intéresse aux relations entre l Europe et d autres espaces géographiques proches de celle-ci au plan culturel et historique (Amérique Latine par exemple) ou géographique, culturel et historique (Russie, Afrique du Nord, espace méditerranéen). La démarche retenue est comparative et elle intègre fortement les dimensions historiques (des pratiques sociales ou des idées). Enfin l axe 4 «territoires, systèmes techniques et usages sociaux» concerne les relations hommes/milieux au sein d espaces territorialisés et définis par les usages et les technologies qui leur sont associés. Il développe ainsi plus particulièrement des approches reliées à la modélisation par simulation numérique et au traitement des données. La MSHS Sud-Est Et le Réseau National des Maisons des Sciences de l Homme Le nombre des disciplines couvertes par l ISHSN et l étendue des interactions scientifiques qu elles autorisent, conduisent à placer les réflexions pluridisciplinaires en matière de méthodes et de fondements théoriques au cœur de l identité scientifique de la MSHS et du réseau. L examen des différents axes de recherche de la MSHS Sud-Est fait apparaître le plus souvent la nécessité de traiter d objets dans lesquels on analyse comment l émergence, la composition et la dynamique des systèmes sociaux de taille variable autorisent la préservation de leur intégrité et l autonomie de leurs constituants élémentaires. Parmi les laboratoires de la MSHS, certains ont déjà tissé des liens scientifiques avec d autres unités de recherche membres de MSH. Ainsi, la plupart des UMR avec lesquelles le CEPAM collabore est intégrée à des MSH. C est le cas également pour le CMMC, le LAPCOS, l URMIS et le GREDEG. La MSHS Sud-Est Et son avenir La MSHS Sud-Est compte développer ses relations internationales à partir des priorités scientifiques qui se dégagent de ses quatre axes de recherche et de l acquis important accumulé par ses unités en matière de coopérations appuyées sur des contrats et des missions de recherche financées, des programmes d échanges d étudiants de doctorat et/ou de chercheurs et d enseignants-chercheurs, de modalités de constitution en commun d associations scientifiques et/ou de sociétés savantes. Les zones géographiques internationales avec lesquelles les formations de la MSHS entretiennent le plus de coopérations sont l Europe, l Afrique du Nord, le bassin euro-méditerranéen, l Amérique du Nord, l Amérique Latine et le Japon. Il est important de noter que le LISA (Lieux Identités, espaces, Activités UMR CNRS interdisciplinaire de l université de Corse) est associé à la MSHS, dans le cadre du PRES fédératif Corse-Nice-Toulon en cours de construction. Cette UMR CNRS pluridisciplinaire collabore déjà avec ses homologues niçois et elle est très appréciée par l INEE. 8 9

6 RENCONTRE AVEC Stéphane POUYLLAU, Directeur de la Très Grande Infrastructure de Recherche CORPUS RNMSH : Bonjour Stéphane POUYLLAU, vous êtes directeur de la Très Grande Infrastructure de Recherche (TGIR) CORPUS. Pouvezvous rappeler à nos lecteurs comment est née cette TGIR. Stéphane Pouyllau : - Mission de la TGIR : la mission principale de la TGIR CORPUS ( est de favoriser l émergence et la fabrication de corpus numériques, principalement des sources de la recherche, dans les communautés scientifiques en sciences humaines et sociales. Dans ce contexte, l acronyme «CORPUS» signifie littéralement «coopération des acteurs de la recherche pour un usage des sources numériques». - Origine de la TGIR : plusieurs mouvements, à la fois de numérisation et d enrichissements des données, ont émergé au sein des sciences humaines et sociales depuis 15 ans. Ensuite, à partir de 2005, les choses se sont organisées : les centres de ressources numériques ont été créés et les appels à projets ANR ont associé, d une part, la numérisation des données et la mise en ligne des bases de données de corpus et, d autre part, des projets de recherche. Partant de ces constats, la création de la TGIR CORPUS a pour but de répondre à un besoin d organisation pour de meilleure utilisation et surtout réutilisations, sur le territoire national, de la production des corpus élaborés dans les laboratoires, dans les équipes d accueil universitaires, voire même au sein d équipes transversales nationales ou européennes. - Organisation de la TGIR : la TGIR CORPUS est une unité mixte de service (UMS 3534) portée par Aix Marseille Université et le CNRS. De ce fait, elle est localisée à Marseille. - Actions de la TGIR : la TGIR CORPUS labellise des groupements disciplinaires de laboratoires, les consortiums, qui se réunissent pour définir un plan d actions pour 4 ans. Ces actions sont de trois types : 1/ des actions de numérisation et de documentation de données : il s agit de la fabrication de corpus scientifiques; 2/ des actions de reprise de corpus numériques déjà existants : il s agit, dans ce cas-là, de re-documenter les données, déjà numériques, en y ajoutant des couches supplémentaires d indexation ou d annotations correspondant à de nouveaux besoins dans l utilisation des corpus par les chercheurs. Les données numériques qui composent les corpus ont souvent «plusieurs vies» et il s agit donc de se donner les moyens de réutiliser tout en conservant l histoire de ces utilisations ; 3/ la fabrication de guides de bonnes pratiques relatifs à la réalisation de corpus, permettant de répondre ainsi à des problématiques et à des questions disciplinaires. En effet, beaucoup de travaux ont été réalisés, depuis plusieurs années, sur des questions numériques techniques telles que la pérennisation des données numériques ou l interopérabilité technique. Néanmoins, l utilisation et les usages du numérique et des données numériques des corpus posent également des questions relatives aux disciplines scientifiques. La TGIR CORPUS encourage donc les consortiums, qui travaillent dans le cadre de cette infrastructure, à rédiger des guides sur la fabrication de corpus dans telle ou telle discipline. 10 Ingénieur de recherche au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) depuis 2002, Stéphane Pouyllau est spécialisé en digital humanities (humanités numériques), en information scientifique et technique et en informatisation des données de la recherche en sciences humaines et sociales depuis la fin des années 90. Il a co-créé le centre national pour la numérisation de sources visuelle en Il est l initiateur et le co-concepteur de MédiHAL (archive ouverte pour photographies et images scientifiques - CCSD) et le concepteur de plusieurs sites web institutionnels sur le patrimoine scientifique français. Il a créé l archive numérique d objets et de matériaux iconographiques scientifiques destinée à héberger des fonds d archives scientifiques. De 2009 à fin 2011 au sein du TGE ADONIS, il a co-dirigé - avec Jean-Luc Minel - la réalisation de la plateforme de recherche ISIDORE. Depuis le 1er janvier 2012, il est directeur de la Très grande infrastructure de recherche CORPUS et participe à l animation du projet ISIDORE. Il a reçu en 2009, le Cristal du CNRS. RNMSH : Il semblerait que le TGE ADONIS et la TGIR CORPUS aient fusionnés sur la dernière feuille de route du Ministère. Pouvez-vous nous éclairer sur ce point. S. P. : Le ministère a, effectivement, proposé sur sa feuille de route sur les infrastructures de recherche la fusion des deux très grandes infrastructures de recherche en sciences humaines et sociales. Il s agit d associer au plus près, d une part, les travaux menés par le TGE ADONIS en matière de services numériques - la plateforme Isidore, la grille d hébergement web et le projet, très important, d archivage à long terme et, d autre part, la fabrication ou la reprise de corpus numériques, organisée par la TGIR CORPUS avec les communautés scientifiques. Le TGE ADONIS a réellement démarré en 2007, une éternité dans le monde numérique et met à la disposition des communautés scientifiques des services et des outils numériques alors que la TGIR CORPUS permet la fabrication d une partie de la matière servant aux scientifiques et aux étudiants pour faire leur travail. Par ailleurs, les consortiums de la TGIR CORPUS, comme l ensemble des SHS, ont naturellement des besoins en matière de traitement et de visualisation de données, de diffusion et d archivage à long terme pour des réutilisations futures. Les enjeux autour de la réutilisation des données de la recherche sont aujourd hui très importants: il s agit de créer, d animer et de coordonner les initiatives pour que les multiples communautés scientifiques se sentent impliquées dans la définition et le développement des «SHS numériques». Ainsi cette fusion, je l espère, permettra à l infrastructure résultante, d une part, de mettre à disposition des communautés scientifiques des services numériques (Isidore, des solutions d archivages à long terme des données, etc.) et, d autre part, de travailler au plus près des besoins des communautés scientifiques afin de faire émerger des corpus et d en coordonner la fabrication. Au delà, Il s agit aussi de mieux répondre aux demandes en améliorant la recherche et développement sur les méthodes, outils et systèmes qui sont nécessaires aux laboratoires qui s engagent dans les humanités numériques en particulier sur le volet des archives, données et corpus de recherche et cela en relation avec nos partenaires européens dans le cadre de projets tel que Dariah ou Clarin. De plus, un point très important dans ce processus de fusion est à souligner : aujourd hui, le besoin des communautés dépasse le simple besoin technique d hébergement ou de moteur de recherche. Les communautés scientifiques désirent, en effet, s impliquer davantage dans l évolution des services mis à disposition et des stratégies de fabrication de corpus. Cela s est illustré lors de la dernière campagne de labellisation de consortiums de la TGIR CORPUS. Prenons l exemple, à cet égard, de deux consortiums importants : celui en archéologie et celui en géographie. Ces deux consortiums «fabriquent» beaucoup et depuis longtemps des données numériques. Ils travaillent déjà avec la grille d hébergement d ADONIS ou Isidore et c est donc tout naturel qu il y ait un co-travail et une fabrication commune entre les services offerts et la fabrication des corpus. Mais au delà que nous disent-ils? ils ont besoin par exemple d avoir des systèmes pérennes d identification des données de niveau international, d avoir des méthodes et des outils relier les données des corpus aux publications scientifiques, ce sont là des exemples parmi beaucoup d autres choses que les TGIR doivent proposer et accompagner dans les années qui viennent. En résumé, il s agit aussi de profiter de ce moment, la fusion, pour réfléchir aux enjeux et besoins à long terme des communautés SHS qui utilisent toutes les données numériques. Il y a un volet «recherche et développement» à développer. Il est également nécessaire d impliquer plus en amont les communautés scientifiques dans l évolution des TGIR qui sont avant tout à leur service et qui reste des infrastructures technologiques au service des équipes. Il faut allier les initiatives «top down» et celles «bottom up», en impliquant les communautés scientifiques dans la vie des TGIR pour qu elles puissent participer à leur construction. Le «top down» est nécessaire par moment afin de mettre en œuvre un projet concret. Isidore en a été la preuve : après une période d écoute et d expérimentation avec les communautés, un projet a été réalisé, avec un objectif très concret, en avance sur les besoins, dans lequel les communautés SHS se retrouvent (plus de 1800 bases de données et presque 2 millions de notices). Un comité d utilisateurs existe déjà pour ADONIS et, côté CORPUS, les consortiums sont constitués des communautés elles-mêmes car ce sont les communautés qui pilotent les consortiums. Elles sont donc directement impliquées dans la vie de CORPUS. L implication des communautés scientifiques dans la vie des TGIR en sciences humaines et sociales est un enjeu très important pour l avenir. Il faut donc travailler là-dessus et trouver un juste milieu. La relation avec l enseignement supérieur est aussi fondamental, les doctorants participent largement à l élaboration des données venant alimenter les corpus. J estime qu ils ne sont pas justes des «consommateurs» des outils et services des TGIR, plus de masters «humanitiés numériques» permettraient de mieux les associer aux TGIR. RNMSH : Sur le document présentant la Stratégie Nationale de la Recherche et de l Innovation (SNRI) relatif aux infrastructures de recherche en Sciences Humaines et Sociales (SHS) figure deux infrastructures de recherche que sont le Réseau Français des Instituts d Etudes Avancées (RFIEA) et le Réseau National des Maisons des Sciences de l Homme à côté des deux TGIR que sont ADONIS-COR- PUS et PROGEDO. Pensez-vous possible une articulation entre ces quatre infrastructures de recherche? S. P. : L articulation entre les très grandes infrastructures de recherche et les infrastructures de recherche est indispensable. Il est, à mon avis, absolument nécessaire, aujourd hui, d avoir une très bonne coordination et une forte implication du Réseau des MSH dans la vie des TGIR et, à l inverse, que les TGIR dans leur pilotage de dimension nationale et internationale notons leur implication dans des projets comme Dariah ou Clarin - fassent échos de ce qui se passe au niveau national et international au sein des communautés scientifiques à travers notamment du Réseau des MSH. L articulation me semble donc aujourd hui obligatoire ; d autant plus qu il faut absolument que les TGIR tiennent compte de ce qui se passe au sein des laboratoires et des Maisons des Sciences de l Homme en matière d innovation technologique régionale. Une véritable synergie «top down» et «bottom up» est là aussi à mettre en place. Cela pourra permettre de proposer une réelle mutualisation des services lorsque plusieurs besoins sont exprimés dans le cadre du Réseau. Néanmoins, quel fonctionnement concret peut-être mis en œuvre entre les TGIR et le Réseau des MSH? Actuellement la TGIR CORPUS, qui fonctionne par le biais de consortiums disciplinaires, travaille déjà beaucoup avec les MSH. Les MSH sont, en effet, impliquées dans les consortiums de la TGIR CORPUS à la fois en tant qu organismes supports par exemple, hébergement des équipes - et en tant que moteur régional de l innovation de la recherche en sciences humaines et sociales. De plus, il me semble que l identification récente des plateformes techniques dans les maisons des sciences de l homme est une bonne chose car cela va, entre autre, permettre aux TGIR d avoir des points de référence dans les MSH pour ensuite pouvoir aiguiller les projets. Par exemple, un laboratoire a besoin de faire numériser des données ou de construire un système d information géographique, elle en fait naturellement la demande à la TGIR qui va, par exemple, l aiguiller sur la plateforme de MSH compétente en la matière. A l inverse, une MSH voit apparaître un besoin dans sa région ou dans son champ géographique d influence mais elle n a pas, en terme informatique, les moyens de répondre directement à ce besoin. Elle pourrait donc s associer avec CORPUS, ADONIS ou même PROGEDO pour bénéficier d un relai au niveau national et européen, je pense aux infrastructures DARIAH et CLARIN par exemple ayant déjà investi des moyens dans ces questions. L articulation doit ainsi fonctionner dans les deux sens. La mise en place d un réseau de plateformes technologiques dans les MSH, en adéquation avec les TGIR, m apparaît la bonne chose à faire. RNMSH : Nous avons évoqué, lors d une précédente réunion, la possibilité pour le TGIR CORPUS d attribuer une certification des plateformes technologiques de MSH spécialisées dans les humanités numériques. Pouvez-vous nous dire comment vous envisageriez le processus de certification et quels types de compétences ce label certifierait-il? S. P. : A la réflexion, le processus pourrait se rapprocher d une labélisation de certaines plateformes du Réseau des MSH ou issues de laboratoires, par la TGIR. Il s agit de tisser un réseau d acteurs avant tout. Ainsi cela pourrait permettre aux membres des consortiums de trouver de l aide auprès de plateformes technologiques respectant certains critères.. Elle pourrait porter sur les gammes d outils ou des processus utilisés par ces plateformes technologiques. Deux pistes sont à explorées : - la plateforme utilise-t-elle dans la mesure du possible des outils libres? Cela peut, en effet, être un gage de certification. - la plateforme est-elle capable de proposer des formats de structuration de l information permettant d obtenir des données ouvertes permettant de réelle interopérabilité? Elle est capable de fournir et de maintenir des procédures documentées et d anticiper les changements informatiques? Le 1er enjeu porterait donc sur l utilisation, d une part, d outils et, d autre part, de formats «ouverts» et reposant sur des standards d échanges et qui, donc, n emprisonnent pas les données dans des technologies propriétaires. Ensuite le 2ème enjeu pourrait être lié aux consortiums de corpus : est-ce que la plateforme se préoccupe de l archivage à long terme, au CINES par exemple, des données et des processus qui ont permis l élaboration des données? Qui ont été les acteurs et les experts qui ont collaboré au traitement des données? On archive assez peu, aujourd hui, les processus d élaboration des données numériques, encore moins les s qui contiennent pourtant la «vie scientifique» de ce début de XXIe siècle : quelles seront les sources pour les historiens des sciences de l an 2100?. Ces quelques exemples pourraient constituer des points sur lesquelles les TGIR amèneraient une labélisation à telle ou telle plateforme. Quelle serait alors la légitimité des TGIR à le faire? La plupart des TGIR en sciences humaines et sociales, en France, travaillent en réseau au niveau européen avec d autres organismes. Ils abordent ensemble des problématiques communes, comme par exemple, la pérennité de l information, le web de données ou l accès à des données ouvertes et documentées. Les relations entretenues au niveau international avec des collègues d autres universités ou d autres organismes, pourrait ainsi nous donner une certaine légitimation de labellisation. Mais avant tout cela peut prendre, tout simplement, la forme de conseil vers les plateformes: votre plateforme propose t elle, en plus des formats propriétaires, des formats ouverts et documentés? Il s agit de construire ensemble. Je suis assez confiant pour l avenir car ces échanges ont déjà lieu et depuis plusieurs années. Par exemple, les premières écoles thématiques sur des échanges de savoir-faire technologiques ont eu lieu dès 2005 avec les Centres de ressources numériques et même avant, depuis 1997, avec les centres compétences thématiques du CNRS. Le rôle des TGIR n est, en aucun cas, d adouber ou de sanctionner une technologie particulière. Au contraire, la labellistion veut surtout dire : sommes-nous capables de mettre en place une chaîne de suivi de l information, ou une chaîne de suivi des données, claire, ouverte et documentée entre le producteur un consortium de Corpus-IR ou un chercheur individuel - et la publication à l autre bout de la chaîne dans, par exemple, Open Edition ou Isidore? Il ne s agit pas de dire, telles ou telles technologies est la meilleure car on peut tout faire avec et qu elle est stable, mais plutôt de se poser la question suivante : «quel est le meilleur moyen technologique pour travailler avec mes données numériques dans la perspective double d une meilleure collaboration internationale et multi-disciplinaires (interopérabilité) et de pouvoir conserver, transmettre et réutiliser, dans le futur, des matériaux de recherche numériques». Les TGIR et les infrastructures de recherche doivent œuvrer afin que la chaîne du numérique comporte le moins de ruptures de charge possible. L idée de labellisation est intéressante car elle responsabilise l ensemble des acteurs. Propos recueillis par Michel Audiffren et Aurélie Renault. 11