Le secret est dans le mentorat!

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1 ACTUALITÉS Assurer la pérennité de son entreprise Le secret est dans le mentorat! Selon un sondage réalisé par Léger Marketing en novembre 2008, un tiers des jeunes Québécois de 16 à 24 ans espèrent pouvoir se lancer en affaires d ici une dizaine d années. Il s agit d une excellente nouvelle. Par contre, d autres statistiques indiquent que, sur les entreprises qui sont créées chaque année au Québec, le quart n atteindront même pas leur deuxième année d existence. PAR MARTINE RIOUX 6 CAPITAL.QUÉBEC

2 «Il y a énormément d entreprises qui ne survivent pas, faute d avoir trouvé les ressources nécessaires et l aide adéquate. Il est primordial d encourager l entrepreneurship. Mais, il est injuste de laisser les entrepreneurs seuls une fois qu ils ont réussi à lancer leurs affaires. C est pour cela que le mentorat existe», soutient Marcel Lafrance. L ingénieur, qui a travaillé pendant 25 ans dans la construction navale, notamment comme copropriétaire des Chantiers Davie à Lévis, consacre désormais la majeure partie de son temps à promouvoir le mentorat d affaires, qu il appelle aussi le parrainage. «Il y a de la sensibilisation à faire auprès des entrepreneurs. Je leur répète : Ne restez pas seuls, n hésitez pas à aller chercher de l aide.» Car, malgré la promotion qu il en fait, bien des entrepreneurs attendent encore (parfois trop longtemps) avant de demander les conseils de gens plus expérimentés. «C est une erreur», tranche Bernard Pâquet. Fondateur associé de l entreprise Cossette Communication Marketing, il a roulé sa bosse dans le monde des affaires depuis. Aujourd hui, par le mentorat, il redonne aux jeunes entrepreneurs ce que d autres lui ont offert jadis. «C est de la sagesse de faire appel à un mentor lors du démarrage d une entreprise ou lors des temps plus difficiles. Le mentor peut facilement poser un regard extérieur sur une situation. Il amène une vision nouvelle, son réseau de contacts et son expertise avec lui», dit-il. Un concept vieux comme le monde Depuis une dizaine d années, le concept de mentorat est de plus en plus utilisé au Québec. Cependant, ce terme que l on pourrait croire nouveau, parce qu il est redevenu à la mode, ne l est pas du tout. M. Lafrance se plaît à rappeler ses origines. «Homère, dans son Odyssée, raconte qu Ulysse, avant de quitter Itaque, son royaume, pour se rendre à la guerre de Troie, confie son fils Télémaque à son ami Mentor avec pour mission de l aider à gouverner le royaume. Homère présente Télémaque comme étant celui qui agit et Mentor comme celui qui guide.» Selon M. Lafrance, on retrouve toute l essence du mentorat dans ce récit. Il donne un autre exemple : «Socrate ( av. J.-C.) aimait à feindre l ignorance et, sous prétexte de se renseigner, il interrogeait son interlocuteur pour le mettre dans l embarras». En fait, il amenait ses interlocuteurs à tirer d eux-mêmes des conclusions par des raisonnements justes. Ces mises en contexte l amènent d ailleurs à mettre en garde ceux qui pourraient confondre le mentorat avec la consultation en entreprise et le coaching personnel. «Le consultant est rémunéré pour trouver des solutions à un problème donné. Il doit proposer quelque chose et le mettre en application. Le coach personnel transmet une information donnée. Il est rémunéré pour montrer comment réaliser quelque chose de précis.» QUELQUES DÉFINITIONS MENTORAT Relation interpersonnelle de soutien, d échanges et d apprentissage, dans laquelle une personne d expérience investit sa sagesse acquise et son expertise afin de favoriser le développement d une autre personne qui a des compétences à acquérir et des objectifs professionnels à atteindre. MENTOR Personne d expérience qui possède l assurance et la sagesse qui l incitent à valoriser le transfert de ses acquis à d autres personnes moins expérimentées. Elle est donc motivée et disposée à offrir ses compétences, ses connaissances et sa vision de la vie à un plus jeune, afin de soutenir ce dernier dans la réalisation de ses objectifs personnels et professionnels. MENTORÉ Personne en quête d accomplissement personnel et professionnel, motivée à utiliser les connaissances, les habiletés, les valeurs offertes par un senior, afin que soit facilitée l atteinte de ses objectifs personnels et professionnels. Source : Mentorat Québec ( ESPACES DE BUREAUX Les bonnes adresses de l'industrielle Alliance Bureaux à louer Montréal Laval Trois-Rivières Québec Toronto CAPITAL.QUÉBEC 7

3 «Un mentor qui sait écouter pourra poser les bonnes questions à son mentoré afin de l amener à réfléchir et à prendre des décisions. Il agit vraiment comme un guide. Grâce à ses conseils, le mentor évitera à son mentoré de perdre du temps. Il le dirigera vers les bonnes personnes pour répondre à ses besoins particuliers.» Il poursuit : «Le mentor, lui, est un bénévole d affaires. Il a du temps, il a des acquis et il comprend bien son rôle d accompagnateur. Par son écoute et ses conseils, il amène l entrepreneur à trouver sa propre solution. Il l amène à réfléchir sur son entreprise et son avenir. Le mentor ne dit jamais à l autre quoi faire, il ne prend aucune décision». «Le mentor aide l entrepreneur à redécouvrir sa folie. Pourquoi a-t-il démarré son entreprise? Parce qu il avait un rêve. Or, il se retrouve confronté à la réalité très terre à terre du monde des affaires. Les actionnaires veulent des résultats. Les banquiers veulent être payés. Je vais l aider à replonger dans son rêve. Je vais le pousser à aller plus loin pour pouvoir le réaliser», renchérit M. Pâquet. «Le mentor doit savoir écouter», insiste Jean Beaudin. Gestionnaire pendant de nombreuses années chez Xerox Canada et Services Techniques Bell, il a choisi de partager ses connaissances de gestionnaire avec des étudiants universitaires qui envisagent de se lancer en affaires, de même qu avec de jeunes entrepreneurs. En novembre dernier, il a remporté le prix Mentorat 2008, remis annuellement par l organisme Entrepreneuriat Laval à un mentor qui s est distingué durant l année en cours. Un honneur que M. Pâquet avait reçu en Ce prix prend par ailleurs le nom de Marcel Lafrance, qui est considéré comme un pionnier du mentorat d affaires au Québec. «Un mentor qui sait écouter pourra poser les bonnes questions à son mentoré afin de l amener à réfléchir et à prendre des décisions. Il agit vraiment comme un guide. Grâce à ses conseils, le mentor évitera à son mentoré de perdre du temps. Il le dirigera vers les bonnes personnes pour répondre à ses besoins particuliers», fait valoir M. Beaudin. «Toujours, le mentor doit demeurer humble. Le salaire du mentor demeure la reconnaissance de son mentoré, la satisfaction d avoir contribué à la réalisation de quelque chose de significatif pour lui et le sentiment du devoir accompli.» 8 CAPITAL.QUÉBEC

4 Un mentor en période trouble Même si les mentors rencontrés s entendent pour dire que le mentorat est sous-utilisé au Québec, que les entreprises ne misent pas assez sur cette approche pour leur permettre d avancer, ils indiquent également qu il existe des occasions bien particulières qui font en sorte qu un entrepreneur décidera de faire appel à un mentor. En fait, selon Marcel Lafrance, qui a publié le livre Mentors recherchés aux Éditions de la Fondation de l entrepreneurship en 2006, il existe trois conditions pour devenir mentoré. «Il faut avoir un ou des problèmes. Il faut en être conscient. Il faut être prêt à faire confiance à quelqu un qui sera là pour nous aider.» Le ou les problèmes peuvent être de différentes natures et de différentes ampleurs. Comment rédiger un plan d affaires clair et précis. Comment faire une demande de financement. Comment procéder pour l embauche d un employé contractuel. Comment préparer une entente de partenariat. Cela peut aussi être : comment éviter de faire faillite. Comment procéder à l acquisition d une autre entreprise. Comment réorganiser ma structure de gestion sans mettre mon entreprise en danger. Comment effectuer un transfert de propriété. Avec l éclatement des marchés, la crise économique qui plane, la pénurie de la main-d œuvre, le nombre croissant d entreprises qui n ont pas de relève, les raisons de faire appel à des gens d expérience qui ont déjà traversé une ou plusieurs crises se multiplient. Néanmoins, celui qui décide de rencontrer un mentor doit être prédisposé à le faire. «Cela demande parfois d être prêt à changer d attitude face à une situation», indique M. Lafrance. «Le futur mentoré doit être prêt à mettre en pratique ce sur quoi il réfléchira avec son mentor, il doit vouloir prendre les décisions qui s imposeront, autrement, la relation ne donnera aucun résultat concret», soutient M. Beaudin. Mentor sur mesure L entrepreneur, qui est en train de perdre le contrôle sur une situation, qui n arrive plus à trouver des solutions en consultant son entourage immédiat, qui aimerait connaître l avis de quelqu un «qui est déjà passé par là», pourra trouver un mentor en contactant des organismes dont la mission est de provoquer des rencontres entre mentors et mentorés (voir encadré à la page suivante). Par contre, M. Lafrance précise : «Le mentorat ne se fait pas toujours sur une base structurée par le biais d organisations qui se chargent du jumelage. Parfois, il s agit simplement pour les gens d affaires, dès le début de leur carrière, de savoir saisir les petites occasions, de garder les yeux et les oreilles ouverts. Il m est arrivé de donner des conseils à des gens au détour d une conversation. Je ne les ai jamais revus, mais je sais que j ai pu avoir un impact». D ailleurs, la relation d un mentoré avec son mentor pourra être continue ou épisodique, de courte ou de longue durée. Elle pourra consister en une série de rencontres ou en quelques échanges téléphoniques ou courriels. «L important, c est qu il y ait une chimie CAPITAL.QUÉBEC 9

5 qui s installe, que le mentoré sache que son mentor est disponible», dit M. Beaudin. «En tout temps, le mentor doit savoir qu il est un agent de transition. Il accompagne le mentoré afin de le rendre plus autonome et, ainsi, il pourra devenir mentor à son tour», souligne M. Lafrance. «C est du donnant-donnant. Le mentor donne de son savoir et partage son réseau. Le mentoré finira toujours par redonner à quelqu un d autre une part de ce qu il a reçu», ajoute M. Pâquet. Et cela, au plus grand bénéfice de l économie. «Les PME sont à la base de l économie», rappelle M. Beaudin. «Pourtant, ce sont souvent elles qui manquent le plus de ressources pour pouvoir durer. Elles ont tout à gagner du mentorat d affaires.» Quelques organisations qui se spécialisent dans le mentorat d affaires structuré et organisé : ENTREPRENEURIAT LAVAL Entrepreneuriat Laval est un pré-incubateur d entreprises qui a comme mission de stimuler, à l Université Laval, l émergence de projets innovateurs favorisant le démarrage d entreprises et la création d emplois par l accompagnement personnalisé et le développement des compétences entrepreneuriales. FONDATION DE L ENTREPRENEURSHIP La Fondation de l entrepreneurship est un organisme sans but lucratif activement engagé dans la promotion du développement de la culture entrepreneuriale comme moyen privilégié d assurer le développement économique et social du Québec. Depuis sept ans, elle offre un Service de mentorat d affaires pour soutenir le transfert des compétences d entrepreneurs expérimentés aux entrepreneurs. CORPORATION SAGE La Corporation SAGE, en collaboration avec la Fondation de l entrepreneurship, est un service de mentorat structuré et supervisé qui permet aux entrepreneurs de la région de la Capitale-Nationale de se prévaloir de l accompagnement d une personne de confiance ayant la qualité de mentor d affaires. MENTORAT QUÉBEC Organisme à but non lucratif constitué en 2002 dont l objectif est de regrouper tous les individus et organismes reliés au monde du travail qui sont intéressés à mieux connaître le mentorat et à le développer dans leur propre milieu CAPITAL.QUÉBEC

6 Le service de mentorat d affaires de Lévis sur une lancée Le service de mentorat d affaires de la Société de développement économique de Lévis (CLD) est actuellement reconnu pour son dynamisme et la qualité de son expertise. Ce n est pas un hasard si Lévis a été choisie pour être l hôte du rendez-vous d automne du mentorat d affaires, organisé par la Fondation de l entrepreneurship en novembre dernier. Cet événement a obtenu un succès sans précédent et a réuni des mentors, des chefs-mentors et des coordonnateurs des services de mentorat d affaires de tout le Québec. Lévis se démarque et continue d être un modèle de réussite pour d autres régions du Québec. La notoriété des gens d affaires faisant partie de l équipe du service de mentorat de Lévis et leur expertise dans des compétences variées contribuent à cette réussite. En juin 2008, deux mentors de Lévis se sont distingués en obtenant la plus haute distinction, soit le titre de «Mentor d excellence». Une reconnaissance qui a seulement été remise à cinq autres mentors du Québec dans les années passées. Une valeur ajoutée pour les entreprises lévisiennes En décembre 2008, le service de mentorat d affaires de Lévis a procédé à son 100 e jumelage. «Dans un contexte de forte concurrence, beaucoup d entrepreneurs doivent savoir tirer leur épingle du jeu et user de nouvelles stratégies pour améliorer leur compétitivité. C est dans cette recherche de nouvelles façons de faire que le mentorat d affaires entre en jeu», précise Nancy Grégoire, coordonnatrice du Service de mentorat d affaires de Lévis. Une expertise qui se régionalise Le service de mentorat d affaires de Lévis joue un rôle fort important dans la régionalisation du mentorat sur le territoire de Chaudière-Appalaches. En effet, Lévis a proposé aux 10 MRC du territoire de se regrouper afin d uniformiser le service dans toute la région et ainsi offrir aux entrepreneurs un plus grand choix de mentors. C'est ainsi que huit des dix MRC du territoire ont décidé de se regrouper en formant une organisation qui s'occupera exclusivement du mentorat sur le territoire «Mentorat d'affaires Chaudière-Appalaches». Cette organisation verra le jour en février prochain. Pour en savoir plus, communiquez avec la coordonnatrice du Service de mentorat d affaires de Lévis au poste 30.

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