IRAK. territoire conflits avenir

Transcription

1 IRAK territoire conflits avenir

2 Pour comprendre la situation actuelle en Irak, l histoire de la formation hasardeuse de ses frontières est une étape nécessaire, puisqu elle souligne le caractère artificiel de la nation irakienne. (d après "le Dessous des Cartes" septembre 2007)

3 l Ancienne Mésopotamie L Irak est une partie de l ancienne Mésopotamie, dans le bassin du Tigre et l Euphrate. Ces deux fleuves ont contribué à donner naissance à l une des grandes civilisations de l Antiquité, car la présence d eau en abondance a favorisé la présence des hommes et leur sédentarisation.

4 l Ancienne Mésopotamie Ces hommes ont pu développer l'agriculture, les premières formes d écriture ; ils ont construit les premières grandes cités, dont certaines deviendront capitales d empire, comme Babylone, vers 2000 av J.-C.

5 l Influence de l Empire Ottoman Cet espace riche a été convoité au fil des millénaires par de nombreux empires, en particulier l Empire Ottoman. Cette carte montre l empreinte régionale des Ottomans au début du XX e siècle, et c est sur les décombres de cet Empire que va se construire l Irak moderne.

6 le Partage de Sykes-Picot Pendant la première guerre mondiale, l Empire ottoman se range du côté de l Allemagne, vaincue en 1918 par les grandes puissances de l époque, le Royaume-Uni et la France. Dès 1916, bien avant la défaite ottomane, un premier plan de partage du Moyen-Orient est élaboré par la France et le Royaume-Uni.

7 le Partage de Sykes-Picot Les ministres des affaires étrangères de ces deux Etats délimitent des zones administratives respectives, ainsi que des zones d influences (en hachure sur la carte). C est ce découpage qu on nommera les "Accords Sykes Picot", et on repère bien, sur la carte la ligne de partage entre la France et le Royaume-Uni.

8 Un tracé modifié en 1918 Deux ans plus tard, on constate une modification du tracé des zones d influences : la région kurde de Mossoul passe du côté anglais à la suite d une négociation entre Lloyd George et Clemenceau.

9 les Intérêts britanniques Le nouveau tracé est confirmé et il donne ainsi aux Anglais l'accès aux nappes de pétrole récemment découvertes dans cette région. En outre, si les Anglais portent tant d intérêt à l'irak, c est aussi pour assurer la sécurité de leurs lignes de communications avec l Empire Britannique des Indes.

10 les Mandats de la SDN La Société des Nations, la SDN, confie à Londres et à Paris, des mandats pour conduire les peuples de la région vers leur indépendance. Voilà comment seront réunies dans un même ensemble étatique des tribus qui, par leur géographie étaient fort éloignées les unes des autres, et par leur histoire n avaient jamais songé à former une nation, ni même d ailleurs un Etat.

11 les Communautés Dans l Irak naissant en 1920 se retrouvent ainsi : - une partie du peuple kurde au nord du pays - une population arabe, sunnite au centre et majoritairement chiite au sud.

12 les Communautés Et entre toutes ces communautés, il n y a pas la moindre conscience politique commune. Pour les populations le référent premier c est la tribu, avec ses règles, ses rites, ses solidarités, ses protections. Et certainement pas un Etat. On a là, les germes d instabilité que le pays connaît aujourd'hui.

13 les Aires sunnites et chiites Ce nouvel Etat se trouve aussi sur la ligne de contact entre les musulmans sunnites, et ceux pratiquant l islam chiite. C est là le 2 e facteur d instabilité, on le voit aussi aujourd'hui.

14 la Monarchie irakienne L Irak devient une monarchie constitutionnelle, à la tête de laquelle est placée l Emir Faycal (de la dynastie des Hachémites), qui lui-même est placé sous l autorité d un Haut Commissaire britannique, l Anglais Percy Cox.

15 la Monarchie irakienne Faycal gouverne jusqu à l indépendance formelle de l Irak, en 1932, après laquelle le nouvel Etat demeure une monarchie. Cette monarchie sera chassée de Bagdad en 1958.

16 le Baasisme Dix ans plus tard, un coup d Etat met en place un régime de parti unique, le parti Baas, d obédience marxiste. Puis en 1979, c est la dictature qui s installe, conduite par un baassiste sunnite de la région de Tikrit, un général de l armée de terre, nommé Saddam Hussein.

17 la Guerre Irak-Iran En 1980, peu de temps après sa prise du pouvoir, Saddam Hussein lance l Irak dans une opération militaire contre l Iran. Le prétexte, c est la ligne frontière avec l Iran : le raïs réfute les accords d Alger qui avaient modifié le tracé du Shatt-El Arab (cf. carte) formant la frontière entre l Irak et l Iran.

18 la Guerre Irak-Iran Saddam Hussein pensait en fait que le nouveau régime de Khomeiny installé à Téhéran en févr était impopulaire, et que les Iraniens se soulèveraient contre le régime des mollahs pour accueillir les troupes irakiennes en libérateurs. Ce fut là une profonde erreur d appréciation, car la guerre a duré jusqu'à épuisement des forces des deux parties, en 1988.

19 les Soutiens extérieurs Au cours de cette guerre, l Irak sera soutenu financièrement et militairement par les Etats-Unis, par la France, et par des états arabes du Golfe, le régime irakien étant alors vu comme le "rempart" contre la contagion islamique iranienne.

20 l Invasion du Koweït Moins de deux ans après la fin de la guerre contre l Iran, l Irak envahit le Koweït, en août L objectif est de récupérer l île Boubiyan, frontalière du Koweït, afin d ouvrir l Irak plus largement sur le golfe arabo-persique. Saddam Hussein estime que la politique du fait accompli va payer, et qu il sera soutenu par l allié soviétique.

21 Une nouvelle erreur d appréciation C est là à nouveau une erreur d appréciation, puisque d une part l URSS n a plus la même politique depuis que Gorbatchev est secrétaire général du parti, et que d autre part les occidentaux ne veulent pas laisser les 9 % des réserves de pétrole du Koweït s additionner à celles déjà contrôlées par l Irak.

22 les Interventions de 1991 et 2003 Les troupes irakiennes sont chassées par une coalition arabo-occidentale, militairement conduite par l armée américaine, et sous mandat des Nations Unies. Mais elle ne renverse pas Saddam Hussein, préférant un Irak faible, plutôt qu un Irak qui implose. La coalition impose alors un embargo sur le pays, qui nuira beaucoup plus à la population civile qu au dictateur irakien.

23 les Interventions de 1991 et 2003 En mars 2003 éclatera la 3 e guerre du Golfe : une coalition, conduite par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, intervient militairement pour faire chuter la dictature, accusée de détenir des armes de destruction massive.

24 les Interventions de 1991 et 2003 De nombreux analystes américains, britanniques, irakiens estimaient qu en faisant chuter le dictateur, les troupes occidentales seraient accueillies en libérateurs, et auraient besoin d environ 6 mois pour stabiliser le pays, et un an pour le reconstruire.

25 La profonde erreur d évaluation, d appréciation, cette fois est du côté américain. À peine le régime de dictature est-il tombé, qu une guérilla irakienne se développe sur les décombres de l armée irakienne démilitarisée, du parti Baas mis au chômage, et d un Etat irakien démantelé par les administrateurs américains qui s installent à Bagdad.

26 Il n y avait pas d armes de destruction massive en Irak. Il n y avait pas, ou pas encore de lien entre l Irak et Al Qaida. Le Pentagone avait bien préparé la phase militaire, mais très mal préparé l après-guerre et la reconstruction. En prétendant lutter contre le terrorisme international, la politique américaine a favorisé sa croissance et sa légitimation. En pratiquant le concept de guerre préventive c est à dire frapper avant que la menace ne se développe la politique des néo-conservateurs américains a sans doute convaincu le pouvoir iranien voisin de se doter de l arme nucléaire de dissuasion.

27 La libération de l Irak de la dictature de Saddam Hussein par la coalition anglo-américaine n a pas conduit à une démocratisation du pays. Elle l a au contraire plongé dans une véritable guerre civile, où s opposent trois mouvances aux objectifs politiques disparates.

28 Un pays de km² L Irak compte aujourd hui environ 25 millions d'habitants, qui se répartissent en trois groupes principaux. Au nord du pays, on trouve les Kurdes (qui ne sont ni des Turcs, ni des Arabes) ; ils forment environ 17 % de la population irakienne. Les Kurdes sont musulmans, majoritairement sunnites.

29 Des Arabes sunnites et chiites Ensuite, on trouve les peuples Arabes. Ils sont surtout musulmans (hormis 3 % d'arabes chrétiens), et divisés en deux groupes : - les Arabes sunnites, plutôt au centre du pays, soit environ 20 % de la population irakienne. - et les Arabes qu on dit "des marais", au sud-est du pays ; ce sont des chiites. Ils forment environ 60 % de la population irakienne, donc sont largement majoritaires dans le pays.

30 Des Arabes sunnites et chiites C est d ailleurs en Irak que se trouvent deux des lieux saints de l'islam chiite, le mausolée d'ali à Nadjaf, et celui de son fils Hussein, à Kerbala, où la communauté chiite a l habitude de se rendre en pèlerinage.

31 Sunnites et chiites au Moyen-Orient Cette division entre chiites et sunnites remonte à la crise de succession du prophète Mahomet en 632 de notre ère : pour son gendre Ali, seul un membre de la famille du prophète doit guider la communauté musulmane, donc ce seront les chiites, c'est à dire "les partisans d'ali".

32 Sunnites et chiites au Moyen-Orient Mais pour Abou Bakr, qui est compagnon de Mahomet, le calife, c'est-à-dire le "successeur", doit être choisi sur la base de ses valeurs morales et en fonction de la sunna, c'est-à-dire la tradition. Ce seront les Sunnites.

33 l Économie irakienne L'Irak est un pays agricole, grâce au Tigre et à l'euphrate, qui donnent l'eau en abondance, ce qui est une exception dans cette région du monde. Mais l'irak détient surtout 9,5 % des réserves mondiales de pétrole, ce qui le place en troisième position en termes de réserves, après l'arabie Saoudite et l'iran.

34 les Champs de pétrole Les champs de pétrole irakiens se situent : - au nord du pays, près de Mossoul et de Kirkouk, donc en zone kurde ; - et au sud, dans la partie chiite du pays, avec les nappes de Zubaïr, Rumaïlah, Majnoon, Buzurgan.

35 la Chute de Saddam Hussein L'Irak a longtemps été un Etat puissant et riche, mais pas pour autant une nation homogène. La fragilité de ce pays s est trouvée révélée par l'intervention américaine de mars 2003, et par la chute de la dictature de Saddam Hussein qui régnait sur l Irak depuis 24 ans.

36 Une erreur d appréciation De nombreux analystes américains, britanniques, irakiens, estimaient qu'en faisant chuter le dictateur, les troupes occidentales allaient être accueillies en libérateurs. Mais à peine le régime tombé, une guérilla irakienne se développe, puis se renforce.

37 Une insurrection hétérogène L'insurrection en Irak est un ensemble de groupes armés, plus ou moins liés entre eux. On peut, par souci de clarté, identifier au moins trois grandes mouvances : Il y a d abord, la mouvance sunnite. L'insurrection, au départ en 2003, est composée de militaires de l'armée irakienne vaincue, et ses troupes sont issues de l'ancien parti irakien baasiste sunnite.

38 la Mouvance sunnite Le triangle sunnite correspond à peu près à la zone arabe sunnite du pays, plus large que le territoire de la tribu des Takritis de Saddam Hussein qui détenait tous les pouvoirs dans le pays. C'est là que sont perpétrés l'essentiel des attentats.

39 la Mouvance sunnite Les militaires irakiens savaient que la guerre allait avoir lieu, qu'ils allaient la perdre ; ils ont donc pu préparer les stocks d'armes, tout comme les structures de remplacement du parti Baas et même de l Etat irakien.

40 la Mouvance sunnite À cela s'ajoutent des mouvements de guérilla sunnites, qui refusent de cautionner les institutions mises en place par les Etats-Unis, et qui ont désormais surtout pour deuxième objectif de prendre la communauté chiite pour ennemi.

41 la Mouvance chiite La deuxième mouvance est chiite. Plusieurs forces chiites ont pris les armes en Irak et dépassent largement la zone chiite irakienne.

42 la Mouvance chiite Les plus importantes sont : - l'armée du Mahdi, conduite par le jeune chef religieux Moktada al-sadr ; - et les milices de l'asrii, c est-à-dire "l'assemblée pour la révolution islamique en Irak", plus anti-sunnite que strictement nationaliste.

43 le Rôle de l Iran À une échelle régionale, l'iran chiite, voisin de l Irak, cherche à tirer avantage de cette situation. Les frontières entre les deux Etats sont longues et poreuses ; les agents iraniens sont très présents, tant par les armes distribuées à certaines milices, que par leurs espions du Vevak ou encore par leurs associations caritatives. Pour autant au niveau religieux, la rivalité reste grande entre les chiites irakiens et iraniens.

44 Une dépendance mutuelle L'armée irakienne chiite du Mahdi est dépendante de Téhéran, mais cela est vrai aussi dans l autre sens : Téhéran est dépendant de cette milice pour maintenir le poids de son influence en Irak. L'Iran est accusé d'organiser l'infiltration de terroristes internationaux, y compris certains labellisés Al Qaida, et qui commettent des attentats en zone sunnite.

45 la Mouvance internationaliste La 3 e mouvance est internationaliste et djihadiste. L'Irak accueille ceux qui voulaient continuer le combat après la défaite des talibans en Afghanistan, ou bien ceux qui sont pourchassés par les autorités saoudiennes ou pakistanaises ou algériennes, et qui trouvent refuge en Irak, justement depuis l'intervention américaine. Il est difficile d'évaluer le nombre de ces combattants djihadistes venus d'un très large Moyen-Orient.

46 la Mouvance internationaliste Leur nombre serait autour de hommes. Ils sont aujourd'hui rejoints par des Irakiens, et on trouve en Irak 3 principales formations djihadistes : - l armée des défenseurs sunnites ; - l armée islamique en Irak ; - Al Qaida (décentralisé en Irak dans ses décisions d'action).

47 Des objectifs variés L'insurrection irakienne est donc tout à fait hétéroclite. L'objectif de ces groupes est militairement de chasser les troupes de la coalition, mais politiquement, les objectifs sont disparates.

48 Des objectifs variés On a soit : - une vision de défense de la communauté, des intérêts chiites ou des intérêts sunnites ; - ou une vision nationale, pro-irakienne ; - ou encore une vision islamiste, religieuse, internationaliste, évoquant même la restauration du Califat de Bagdad (comme le montre la carte).

49 Une véritable guerre civile A ces groupes politico-religieux, s'ajoutent des groupes criminels pratiquant la prise d'otage afin de toucher une rançon. Chacun de ces groupes cherchent à se mettre en position pour découper le pouvoir, lorsque les forces de la coalition partiront en Ils sont loin d'avoir pu développer une vision politique, collective, nationale, pour l'avenir de ce pays.

50 Une véritable guerre civile Parler de guerre civile est malheureusement désormais une réalité : les violences interconfessionnelles sont plus nombreuses que celles qui visent les soldats de la coalition. Diverses épurations visent la création de zones homogènes religieusement, ce qui modifie peu à peu la géographie de la mixité de ce pays.

51 Depuis l'intervention de la coalition en 2003, l'irak a donc été libérée d'une atroce dictature. Il y a eu des premières élections libres dans ce pays où les femmes irakiennes ont pu voter, un renversement des pouvoirs qui étaient tous entre les mains des sunnites ; l'élaboration d'une Constitution. Une majorité politique chiite s'est dessinée, qui était le reflet de la majorité démographique du pays.

52 Sauf que du point de vue d'un Irakien, c'est là tout de même une projection occidentale, un schéma importé. Parce que en tant que nation, l'irak aujourd hui est désintégré, et la sécurité de ses populations dépend beaucoup plus des pouvoirs locaux ou régionaux acceptés par les tribus, les clans, les chefs religieux, que par un pouvoir central considérablement affaibli. En intervenant militairement en Irak pour lutter en principe contre le terrorisme, en fait les Etats-Unis n ont fait qu accroître cette menace, au lieu de la traiter par des mesures non militaires.

53 Depuis l intervention anglo-américaine de mars 2003, l Irak est un pays qui a basculé dans la guerre, prêt à imploser. Selon quelles lignes de force? Quels clivages? Avec pour enjeu, la redistribution des pouvoirs?

54 les Voisins de l Irak Le pays est entouré par la Turquie, la Syrie, l Arabie Saoudite, le Koweït et l Iran.

55 les Kurdes Les Kurdes représentent environ 17 % de la population.

56 les Arabes Les Arabes constituant 80 % de la population du pays. Ils sont essentiellement : - sunnites (surtout au centre de l Irak), soit environ 20 % de la population irakienne, - et chiites (au sud-est), largement majoritaires, formant 60 % de la population irakienne. Il y a aussi une petite minorité d Arabes chrétiens.

57 la Constitution de 2005 Depuis la fin de la dictature de Saddam Hussein en 2003, une nouvelle Constitution a été adoptée en 2005 par référendum, qui prévoit un régime fédéral. Au pouvoir fédéral revient la politique étrangère du pays, la défense, la politique économique, la répartition de l'eau.

58 la Constitution de 2005 De leur côté, les régions gèrent les approvisionnements en électricité, les questions d environnement, de santé publique, l'éducation, mais aussi les ressources en pétrole et en gaz.

59 Deux langues nationales La nouvelle Constitution reconnaît l'arabe et le kurde, comme langues nationales. En outre, elle interdit les partis qui soutenaient l'ancien régime, donc le parti Baas ; et reconnaît la place de l'islam comme "source fondamentale de la législation", tout en garantissant à chacun la liberté de culte. Aujourd hui le Président de la République irakien est un kurde, le Premier ministre un chiite.

60 Un Etat en guerre civile Pour autant, la nouvelle Constitution n apporte pas la moindre unité dans le pays. La guerre entre milices irakiennes est aujourd'hui beaucoup plus intense que celle menée contre les troupes américaines ou anglaises. On peut donc parler de guerre civile.

61 la Communauté arabe sunnite Les Arabes sunnites forment près de 20 % de la population du pays. Les sunnites irakiens ont tenu le pays pendant un quart de siècle, mais ils ont perdu le pouvoir avec la fin de la dictature en Ils se sentent marginalisés face aux Kurdes et aux chiites irakiens, et s opposent à un Etat fédéral car ils craignent de ne pas bénéficier de la redistribution de la rente pétrolière.

62 la Communauté arabe sunnite Les sunnites vivent avant tout au centre du pays, et la carte montre que les nappes sont au nord, dans les régions kurdes, et au sud dans les zones chiites. La communauté sunnite est très divisée mais a pour objectif politique de restaurer un Etat central fort.

63 la Communauté arabe chiite La nouvelle Constitution a enfin garanti aux arabes chiites, majoritaires dans le pays, un accès au pouvoir : ils sont majoritaires aussi au Parlement qui est issu des élections de décembre 2005.

64 Une communauté chiite divisée Les chiites irakiens n ont pas de projet collectif commun. Ainsi, le mouvement du jeune imam de Nadjaf Muqtada Al Sadr a quitté le gouvernement en mai 2007, avec ses partisans, exigeant le départ des troupes américaines, tandis que d autres chiites, comme le Premier ministre Al Maliki, s accommodent de cette présence.

65 Une communauté chiite divisée Il existe aussi des rivalités entre la ville de Kerbala et celle de Nadjaf, entre les citadins et les tenants du tribalisme traditionnel, soit autant de clivages qui s ajoutent aux clivages communautaires.

66 l Enjeu kurde L évolution politique de l Irak implique nécessairement les puissances régionales voisines. La Turquie, qui a elle-même une importante minorité kurde formant 20 % de sa population, redoute l effet de contagion en cas de partition de l Irak. Elle redoute également que le Kurdistan irakien puisse servir de sanctuaire pour les séparatistes kurdes du PKK.

67 l Influence de l Iran L Iran joue un rôle déterminant. Si Téhéran se sentait plus en sécurité face aux Etats-Unis, sa coopération pour sortir du chaos irakien serait peut-être meilleure. D un point de vue iranien, on peut d ailleurs penser que seul l actuel enlisement américain en Irak protège l Iran d une intervention américaine.

68 l Influence de l Iran L Irak est le deuxième pays chiite de la région, après l Iran. C est sur le sol irakien que se trouvent deux principaux lieux saints du chiisme, à Nadjaf, et à Kerbala. Or un Etat irakien allié de Téhéran ne serait pas accepté par une autre puissance de la région, l Arabie Saoudite.

69 l Influence de l Iran En cas de retrait américain, Ryad redoute les violences entre sunnites et chiites, et s emploie par des financements, par des agents infiltrés, à ce que le courant sunnite ne soit pas dans les années à venir sous la coupe de Téhéran. Entre 1980 et 1988, Ryad avait soutenu et financé les sunnites irakiens en guerre contre l Iran chiite. La guerre déclenchée en 2003 a généré un flot de réfugiés et de déplacés.

70 l Influence de l Iran Les agences internationales estimaient en avril 2007 qu il y avait plus de 4 millions d irakiens réfugiés dans le monde, - sur une population totale d environ 25 millions d'irakiens. Il y aurait notamment Irakiens réfugiés en Egypte, dans les Etats du Golfe, en Jordanie, et 1,2 million en Syrie.

71 Toutes ces dynamiques convergent vers un règlement des différends toujours moins démocratique, et toujours plus violent : on est actuellement témoin du dépeçage communautaire de l Etat, c est-à-dire la privatisation et la communautarisation de la redistribution des ressources : les ministères sont transformés en fiefs partisans qui ne recrutent qu au sein de leur clientèle. Un peu dans une logique libanaise. Si les Etats-Unis sont intervenus pour importer la démocratie, Celle-ci ne s est visiblement pas installée en 4 ans.

72 Et si c était pour lutter contre le terrorisme, le résultat est exactement inverse à celui recherché : en intervenant militairement en Irak, les Etats-Unis augmentent la menace terroriste, au lieu de la contrer par des mesures non militaires... Alors après 4 ans, la première puissance mondiale est mise en difficulté par les milices irakiennes et l'on sait par le rapport Baker-Hamilton et par de nombreux généraux américains, que les solutions ne pourront pas être seulement militaires. Si les armées américaines quittent ce pays en 2008, l instabilité et l insécurité y seront en augmentation ; et si elles y restent aussi.