Un nouveau métier? Le rôle des médiateurs dans les partenariats intersectoriels

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Beatrice Chartier
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1 Un nouveau métier? Le rôle des médiateurs dans les partenariats intersectoriels Carole CLAVIER Post-doctorante, université de Montréal

2 Introduction. Les médiateurs et les politiques locales de santé Mise en contexte Travail sur les pratiques des acteurs en position de transférer et de diffuser des concepts et des pratiques de santé dans les politiques territoriales Définition des «médiateurs»: Position d interface entre plusieurs types d acteurs Politiques, professionnels des soins et de la santé, professionnels d autres secteurs (éducation, justice, urbanisme, etc.) Et entre plusieurs lieux où sont définies les politique de santé Forums transnationaux (Villes-Santé, REFIPS, etc.), institutions nationales, régionales et/ou locales Connaissance de santé publique, de l action publique, accès aux autres acteurs des politiques de santé

3 Introduction (2). Qui sont les médiateurs? Ne correspond pas à une position institutionnelle En pratique, ici: coordinateurs ou animateurs de partenariats intersectoriels dans les politiques locales de santé Objet de la présentation Comprendre comment ils assurent l interface entre les acteurs dans les partenariats Trois éléments: Profil Compétences Parcours Quelles conclusions : vers l émergence d un nouveau métier?

4 Méthode Analyse qualitative 25 entretiens avec des acteurs en position d exercer des fonctions de médiation (coordinateurs de programmes, membres de groupe de coordination de programmes) dans les politiques régionales et locales Rôle, pratiques partenariales, interactions avec les partenaires des politiques de santé et avec les intervenants locaux en santé Entretiens avec des responsables nationaux de la politique de santé Analyse de la littérature grise et professionnelle

5 1. Les rôles des médiateurs dans les partenariats intersectoriels Rôle différent selon: Élaboration d un programme ou mise en œuvre d un programme prédéterminé Contexte local Responsabilités du médiateur dans le partenariat Deux profils: courtiers et généralistes* Généralistes: Fonctions cognitives Élaboration d un référentiel commun Courtiers: Fonctions stratégiques Montrer l intérêt des différents acteurs locaux à participer, même si intérêts différents En pratique, responsables de programmes et coordinateurs territoriaux * O. Nay, A. Smith, Le gouvernement du compromis. Courtiers et généralistes dans l action publique, Paris, Economica, 2004

6 Les généralistes Position d interface Entre la santé et le politique Entre plusieurs secteurs d action publique concernés par les enjeux de santé PRS, programme de santé d une ville ou intercommunalité Traduction des connaissances et enjeux entre ces domaines Un enjeu: parvenir à une problématisation commune de la santé et des stratégies d intervention Mobilisation «d alliés» pour renforcer leur légitimité Référence à des textes du Haut comité de la santé publique, à la charte d Ottawa Allers-retours entre des principes (ou concepts) et l expérience du terrain

7 Les courtiers Position d interface: Entre les acteurs locaux des politiques de santé Lors de la mise en œuvre locale d un programme, dans la phase préparatoire à l élaboration d un programme Interface entre les niveaux régional et local Définition d un intérêt commun entre les acteurs des politiques de santé: Recenser et se faire connaître des partenaires locaux Mise en synergie des capacités locales Diffusion de principes ou pratiques déjà déterminés Accompagnement des partenaires locaux Qualités d écoute, de synthèse et de rigueur méthodologique

8 2. Les compétences des médiateurs Précisions: Être dans un partenariat ne suffit pas à agir comme médiateur: résistances Pas de frontière étanche entre généralistes et courtiers Certaines compétences sont partagées Plusieurs rôles à différents moments Exercice de la médiation implique: De gérer interactions entre les partenaires De connaître la santé et les politiques de santé De connaître le territoire et ses acteurs Trois types de compétences: Connaissances scientifiques Compétences méthodologiques Compétences relationnelles

9 Des savoirs formels Connaissances scientifiques: Généralistes Maîtrise de concepts, de savoirs et mise à jour des connaissances dans un ou plusieurs domaines (déterminants sociaux de la santé) Capacité à les reformuler (ou traduire) dans le langage des différents interlocuteurs (décideurs, médecins, enseignants, etc.) Compétences méthodologiques Courtiers Connaissance des politiques publiques locales et régionales Capacité d organisation et d écriture, maîtrise d outils méthodologiques tels que évaluation ou diagnostic territorial

10 Des savoirs quotidiens Compétences relationnelles Courtiers et généralistes Capacité à établir des interactions stables et durables avec les autres acteurs des politiques de santé Connaissance des acteurs locaux pour renforcer ou susciter des dynamiques partenariales Une source de légitimité pour animer des partenariats Valorise la capacité à écouter les points de vue Faire face aux difficultés: Gérer les appartenances institutionnelles et les identités professionnelles Y compris celles du médiateur

11 3. Les parcours des médiateurs Des parcours différents pour les courtiers et les généralistes Formation initiale (professions médicales ou non) Expériences professionnelles Formation initiale des coordinateurs de programmes de santé rencontrés en Nord Pas-de- Calais et en Alsace ( ) Professions médicales Autre formation initiale Formation initiale inconnue Total Coord. ou membres groupes PRS Coord. Programmes locaux Total

12 Les parcours des généralistes. Majorité de médecins inspecteurs de santé publique Institutionnalisation de la santé publique dans les administrations de l Etat Autres: inspecteurs des affaires sanitaires et sociales (même explication), infirmiers Des parcours influencés par: La santé communautaire Expériences de volontariat international en Afrique Formation au Québec Pourquoi MISP? Changement carrière; effet de génération (ouverture postes) La programmation en santé publique Rationalisation des choix budgétaires Démarche participative Politiques de lutte contre l exclusion

13 Les parcours des courtiers. Deux types de profils: Infirmières, assistantes sociales: formation continue et/ou changement de poste Spécialistes de gestion de projet: formation initiale Pourquoi pas des médecins? Parfois en fonction du contexte local Connaissance du domaine vs. compétences méthodologiques Parfois recrutement «par défaut» Mais produit des effets Des ressources pour affirmer leur légitimité: Expérience professionnelle Connaissances de publics, de politiques, de domaines d intervention, etc. Titre administratif Diplôme (formation initiale 3 ème cycle ou continue)

14 Conclusion. Vers un nouveau métier? Un nouveau métier? «Normalisation» de la santé publique comme domaine d exercice professionnel Moindre insistance sur l engagement personnel et/ou militant Développement de volets santé publique dans des politiques de développement territorial Formalisation des compétences et des outils Programmation en santé, diagnostic territorial, évaluation, etc. Développement de l offre de formation Essor de l expertise Participe d une tendance plus large politique de la ville, développement local, environnement, etc.

15 Bibliographie. Berlivet L. (2000), Une santé à risques. L action publique de lutte contre l alcoolisme et le tabagisme en France ( ), Thèse de doctorat de science politique, Université de Rennes 1 Callon Michel (1986), Eléments pour une sociologie de la traduction: la domestication des coquilles Saint-Jacques et des pêcheurs dans la baie de Saint-Brieuc, L Année sociologique, 36, p Cassou B. (dir.) (2006), «Dossier. La formation en santé publique, un domaine en mutation», Actualité et dossier en santé publique, 55 Clavier C. (2007), Le politique et la santé publique. Une comparaison transnationale de la territorialisation des politiques de santé publique (France, Danemark), thèse pour le doctorat de science politique, Université de Rennes 1. Freidson E. (1986), Professional powers, a study of the institutionalization of formal knowledge, Chicago, The University of Chicago Press Hirschkorn K. A. (2006), «Exclusive versus everyday forms of professional knowledge : legitimacy claims in conventional and alternative medicine», Sociology of health and illness, 28(5), Ion J. (2000), Le travail social à l épreuve du territoire, Paris, Dunod, 3ème éd. Loncle P. (2002), «Partenariat local et exclusion sociale en France : expériences et ambiguïtés», Pôle Sud, 12, Loncle P., Jabot F. (2007), «Dimensions territoriales des politiques de santé publique et influences sur les métiers», Santé publique, vol.19, supplément n 1, S21-S35. Nay O., Smith A. (2004), Le gouvernement du compromis. Courtiers et généralistes dans l action publique, Paris, Economica. Schweyer F-X. (2007), «Médecins, pharmaciens, ingénieurs. Les corps techniques de l État en santé publique», Santé publique, vol.19, supplément n 1, S37- S51. Vandenberghe M. (2002), Les médecins inspecteurs de santé publique. Aux frontières des soins et des politiques, Paris, L Harmattan «Education pour la santé: vers quels métiers?», La Santé de l Homme, 353, 2001.

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