Comment mesurer la précarité (vulnérabilité) énergétique? Patrick Redor INSEE 2 avril 2013
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1 Comment mesurer la précarité (vulnérabilité) énergétique? Patrick Redor INSEE
2 La précarité énergétique : un objet complexe Définition récente (loi n du 12 juillet Grenelle II) : Une personne qui "éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d habitat". Définition qui pose la question du champ (déplacements?). Pas de définition standardisée internationale : Peu de référence internationale. Notion de "Fuel poverty" (Grande- Bretagne) Pas de dispositif de mesures statistiques dédié : A l'intersection des dispositifs de mesure de la pauvreté, de dépenses de logement, de consommation des ménages (dépenses préengagées). Des difficultés conceptuelles : comment mesurer un manque? Problème de mesure d'une dépense potentielle, problème équivalent pour la pauvreté. Page 2
3 Assez peu de références statistiques, nationales ou locales Mise en place d'un observatoire de la précarité énergétique le 1 er mars 2010, dans le cadre de l'onpes : Définition, suivi statistique, évaluation des initiatives locales et nationales, suivi des aides financières Peu d'études : Étude de l'insee et du Centre scientifique et technique du bâtiment ("La précarité énergétique : avoir froid ou dépenser trop pour se chauffer", INSEE Première n 1351, mai 2011). Des études qui se répandent au niveau régional (partenariats avec les DREAL) : Lorraine, Poitou-Charentes, Midi- Pyrénées, Centre ("Les territoires à forte vulnérabilité énergétique ont les croissances de population les plus marquées", INSEE Centre Info n 185, février 2013) Page 3
4 Deux méthodes de mesure, qui ne se recouvrent pas complètement ENL 2006 (enquête nationale sur le logement, quadriennale) Deux méthodes et leurs limites : Objective ou "monétaire", à partir du taux d'effort énergétique du logement, seuil de 10% du revenu disponible du ménage Subjective ou "en conditions de vie" : ménages déclarant "avoir eu froid au cours de l hiver" précédant l enquête La première sous-estime (dépenses effectives et non potentielles), la seconde surestime (dysfonctionnements ponctuels du système de chauffage) 3,8 millions de ménages en 2006 (14,4%) selon la première méthode, 3,5 millions de ménages (14,8%) selon la seconde : Des populations distinctes, ménages seulement cumulent les deux formes de précarité. 21,5% des ménages déclarant avoir eu froid indique avoir diminué leur chauffage en raison de son coût (14% en 2002), dans un contexte de forte hausse des prix des énergies fossiles à partir de Page 4
5 Des caractéristiques différenciées entre les deux populations La faiblesse des revenus est un facteur aggravant mais ne se confond pas avec la précarité énergétique (rôle du logement social) Importance de l'état du logement, notamment de son ancienneté par rapport aux premières réglementations thermiques (1975) Page 5
6 Des possibilités de mesure de la précarité énergétique limitées au niveau local Pas de sources statistiques sur la dépense ou les besoins énergétiques à une échelle locale. En revanche, de nombreux indicateurs sur les revenus, plus spécifiquement sur le champ pauvretéprécarité (source fiscales, nombreuses sources sociales ). Pour le logement, possibilité d'exploiter les recensements de population, également des informations d'origine fiscale (crédits d'impôts, source indirecte). Page 6
7 Recours élevé aux dépenses de maîtrise énergétique en Haute-Marne La Haute-Marne au 2 ème rang des départements français (derrière le Finistère!) avec 14,5% de résidences principales. Écart de plus de deux points avec les autres départements de Champagne- Ardenne (12,2% dans la Marne, 11,9% dans les Ardennes, 11,2% dans l'aube). Page 7
8 L'évaluation des besoins énergétiques du logement, l'exemple lorrain Partenariat INSEE-CESER sur les performances énergétiques des logements lorrains, publication dans Économie lorraine juin 2010 : Extrapolation à partir de consommations énergétiques standardisées estimées par l'anah en fonction des caractéristiques des logements et de la zone climatique (exprimées en KWH d'énergie primaire par m² et par an). Caractéristiques des logements issues du recensement de population (n'incluent pas la rénovation). Page 8
9 Un logement lorrain sur cinq "énergivore" Page 9 22,4% dans les classes G, H ou I (conso. > 450 kwhep/m2.an), 14,8% au niveau national. Effet de la position climatique (zone H1, la plus froide). Changer pour une zone plus chaude entraînerait un gain d'une étiquette, et 90% des logements énergivores en zone H1. Effet des caractéristiques du parc de logement : la part des logements construits avant 1975 (six sur dix en Lorraine) et celle des maisons individuelles (six sur dix également).
10 La Champagne-Ardenne dans une situation au moins similaire à la Lorraine Même zone climatique que la Lorraine 63% des résidences principales sont des maisons individuelles (59% en Lorraine) 66% de ces logements construit avant 1975 (65% en Lorraine) Page 10
11 Le parc des résidences principales Part des maisons individuelles construites avant 1975 par canton (%) IGN INSEE 2011 Page 11 Source : INSEE, Recensement de la population 2007, exploitation principale
12 Les revenus des ménages modestes Revenus fiscaux par unité de consommation Valeur du 1 er décile par canton ( ) IGN INSEE 2011 Page 12 Source : INSEE-DGFiP Revenus fiscaux localisés des ménages 2008
13 La vulnérabilité énergétique des territoires de Champagne- Ardenne Score par canton IGN INSEE 2011 Page 13 Source : INSEE
14 Le transport représente la moitié de la dépense énergétique des ménages Page 14
15 Les zones rurales et périurbaines ont une dépense énergétique plus élevée Les disparités d effort énergétique en 2006 en % Part dans le budget en 2006 Logement Transport Ensemble Milieu d'habitation Pôle urbain de Paris Ville-centre Banlieue Périurbain Espace à dominante rurale Ensemble Lecture : les ménages qui utilisent l'électricité pour chauffer leur logement consacrent 4,1% de leur budget en énergie pour l'habitat et 3,7 % en énergie pour leurs moyens de transport individuel. Champ : ménages métropolitains. Source : Insee, enquête Budget de famille Page 15
16 La périurbanisation aggrave la vulnérabilité énergétique La population exposée au risque de précarité énergétique a sensiblement augmenté sur les deux dernières décennies du fait de l'accroissement de la périurbanisation (à la fois en population et en éloignement) : poussée de la construction individuelle et allongement des distances domicile-travail. Le mouvement a annulé l'effet des améliorations de l'efficacité énergétique des bâtiments ou des véhicules : sans la périurbanisation des 20 dernières années, la facture énergétique des ménages auraient été 10% plus faible. Page 16
17 L'impact territorial de l'éloignement au lieu de travail Score d'éloignement au lieu de travail par canton (combinaison de la distance au pôle d'emploi le plus proche et du ratio d'actif par emploi) IGN INSEE 2011 Page 17 Source : INSEE
18 La vulnérabilité énergétique des territoires de Champagne- Ardenne (y.c. déplacements) Score par canton IGN INSEE 2011 Page 18 Source : INSEE
19 Merci de votre attention Page 19
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