LES AUTOCHTONES DANS LA CONSTRUCTION

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1 LES AUTOCHTONES DANS LA CONSTRUCTION Selon le recensement de 2006 de Statistique Canada, on dénombrait personnes ayant une identité autochtone au Québec, dont réparties en onze nations reconnues, les autres étant principalement des Métis. Les Innus (20 %), les Cris (18 %), les Mohawks (15 %) et les Inuit (13 %) sont les quatre plus importantes nations autochtones, comptant pour 66 % de l'ensemble de la population autochtone de la province. Depuis 2004, une démarche d identification des parmi la main-d œuvre de l industrie de la construction couverte par la Loi R-20 est en cours à la CCQ. Les nouveaux travailleurs sont notamment invités à spécifier leur statut d autochtone dans le formulaire de demande de certificat de compétence. Dans le cas des travailleurs déjà présents dans l industrie, des démarches spécifiques sont menées auprès des communautés autochtones ou directement auprès des travailleurs. Les nations crie, innue et inuit ont en particulier fait l objet des premières démarches d identification et elles constituent présentement 63 % des autochtones identifiés. Les informations recueillies jusqu à présent ont permis de constituer une intéressante base de données sur la main-d œuvre autochtone active 1 dans la construction, même si actuellement, il n est pas possible de connaître avec certitude l ampleur de la présence autochtone dans la construction. Des démarches d identification sont encore en cours et il demeure que l identification se fait sur une base volontaire. Le présent document fournit tout de même des données statistiques pour les identifiés depuis Les données touchent différents aspects de la situation des dans la construction et un parallèle est fait avec les travailleurs non autochtones. Étant donné l identification plus avancée chez les nations crie, innue et inuit les données sont teintées par la situation de ces travailleurs présents en grande partie sur les chantiers de la Baie-James et de La Romaine. 1 Pour fin de statistiques, un travailleur est considéré actif lorsqu il a travaillé au moins une heure pendant l'année dans un métier ou une occupation de la construction.

2 Une légère hausse de la proportion des entrées en 2011 Pour la période de 2004 à 2011, ont intégré l industrie de la construction, ce qui représente 1,1 % des entrées totales 2. La part des ayant intégré l industrie a été relativement constante au cours de 2005 à 2008 alors que pour les années suivantes, elle a progressé et se situe en 2011 à 1,4 %. L intégration des est en croissance pour ces années alors que les entrées totales sont relativement stables. Le démarrage du projet hydroélectrique de La Romaine en 2009, qui est une importante source d emploi pour les, expliquerait en bonne partie cette croissance des entrées. Entrées de main-d œuvre, Année Total Part des ,2 % ,9 % ,8 % ,0 % ,0 % ,5 % ,3 % ,4 % Total ,1 % L intégration des dans l industrie se fait le plus souvent à titre d apprenti (57 % des entrées). Seulement 8 % entrent à titre de compagnon, tout comme l ensemble de la maind œuvre. La proportion d entrées à titre d occupation est toutefois supérieure chez les : 35 % comparativement à 24 % pour l ensemble de la main-d œuvre. 2 Personne ayant travaillé au moins une heure dans l année et qui ne l avait jamais fait auparavant, ce qui exclut les retours. CCQ. Direction de la recherche et de la documentation, septembre

3 Entrées de main-d œuvre selon le statut et selon la présence d un diplôme d études professionnelles, cumulatif Total Part des Nombre Répartition Nombre Répartition Statut Compagnon % % 1,1 % Apprenti % % 1,0 % Occupation % % 1,7 % Total % % 1,1 % Présence d un diplôme chez les apprentis Avec diplôme % % 0,7 % Sans diplôme % % 1,2 % Total % % 1,0 % Les nouveaux apprentis autochtones de cette période sont diplômés dans une proportion de 31 %, soit moins que l ensemble des entrées de main-d œuvre (43 %). Toutefois, cette moyenne sur sept ans atténue le fait que la part des diplômés autochtones a plus que doublé au cours de la période, passant de 16 % en 2004 à 37 % en Une faible proportion de la main-d œuvre Au total, il y a actifs dans la construction en 2011, sur une population totale de travailleurs. Les représentent donc 0,69 % de la main-d œuvre totale. Il est à noter que les femmes représentent 2,3 % de la main-d œuvre autochtone alors qu elles forment 1,3 % de la main-d œuvre non autochtone. Main-d œuvre active dans la construction, Année Total Part des ,59 % ,56 % ,49 % ,53 % ,58 % ,66 % ,66 % ,69 % CCQ. Direction de la recherche et de la documentation, septembre

4 L âge moyen de la main-d œuvre autochtone est de 38 ans, ce qui est similaire à celui des nonautochtones (39 ans). Chez les compagnons et les occupations autochtones, l âge moyen est comparable alors que l âge moyen des apprentis autochtones est plus élevé : 35 ans comparativement à 31 ans chez les apprentis non autochtones. Les apprentis autochtones ont 45 ans et plus dans une proportion de 20 %, comparativement à 13 % chez les non-autochtones. Le profil d expérience des actifs en 2011 est différent de celui de la main-d œuvre non autochtone. Les cumulent en moyenne six années d activité, comparativement à douze années pour les non-autochtones. Relativement au statut, ils sont apprentis dans une proportion de 48 %, comparativement à 33 % pour les non-autochtones. Seulement 26 % des sont compagnons, alors que la proportion est de 49 % pour les non-autochtones. Finalement, le statut d occupation est détenu par 48 % des, comparativement à 18 % pour les non-autochtones. Il est possible que la faible proportion de compagnons chez les s explique en partie par une meilleure identification des travailleurs qui intègrent l industrie que de ceux qui y œuvrent déjà. Répartition de la main-d œuvre selon le statut en 2011 Non-autochtones 27% 48% 18% 33% 26% 50% Apprenti Compagnon Occupation Quelques métiers privilégiés Chez les apprentis, la présence des est proportionnellement plus élevée dans les métiers de mécanicien de machines lourdes (6 %) et d opérateur d équipement lourd (5 %). Pour les compagnons, c est dans le métier de monteur d acier de structure où la proportion d autochtones se démarque (4 %). De même, les titres occupationnels de conducteur de camions (8 %) et de magasinier/commis (4 %) sont exercés relativement plus souvent par des. CCQ. Direction de la recherche et de la documentation, septembre

5 Nombre d actifs selon le métier et l occupation en 2011 Part des Métier/occupation Apprenti Compagnon Total Apprenti Compagnon Total Briqueteur-maçon 3 3 0,1 % 0,0 % 0,1 % Calorifugeur 3 3 1,1 % 0,0 % 0,3 % Carreleur 5 5 0,4 % 0,1 % 0,3 % Charpentier-menuisier ,5 % 0,3 % 0,9 % Chaudronnier ,8 % 0,2 % 0,3 % Cimentier-applicateur 5 5 0,4 % 0,0 % 0,2 % Couvreur ,5 % 0,2 % 0,4 % Électricien ,6 % 0,3 % 0,4 % Ferblantier ,1 % 0,1 % 0,1 % Ferrailleur ,6 % 0,3 % 0,4 % Frigoriste ,2 % 0,0 % 0,1 % Grutier 4 4 0,0 % 0,3 % 0,2 % Mécanicien d'ascenseur 1 1 0,0 % 0,2 % 0,1 % Mécanicien de chantier ,6 % 0,6 % 0,6 % Mécanicien de machines lourdes ,1 % 0,7 % 1,8 % Mécanicien en protection-incendie 1 1 0,3 % 0,0 % 0,1 % Monteur d'acier de structure ,3 % 3,7 % 3,1 % Monteur-mécanicien vitrier ,4 % 0,2 % 0,3 % Opérateur de pelles ,9 % 0,7 % 0,9 % Opérateur d'équipement lourd ,9 % 0,7 % 1,4 % Peintre ,5 % 0,2 % 0,4 % Plâtrier ,9 % 0,1 % 0,5 % Poseur de revêtements souples 1 1 0,0 % 0,1 % 0,1 % Poseur de systèmes intérieurs 1 1 0,0 % 0,1 % 0,0 % Serrurier de bâtiment 1 1 0,0 % 0,1 % 0,1 % Tuyauteur ,5 % 0,1 % 0,2 % Total des métiers ,0 % 0,4 % 0,6 % Boutefeu et foreur 4 0,6 % Conducteur de camions 76 8,1 % Magasinier/Commis 1 3,7 % Manœuvre 174 0,8 % Main-d œuvre de lignes 16 0,7 % Préposé à l'arpentage 2 0,2 % Soudeur 8 0,9 % Autres occupations 10 1,0 % Total des occupations 291 1,0 % Total ,7 % Les n œuvrent pas dans les mêmes secteurs que les non-autochtones. Ils travaillent principalement dans le secteur génie civil et voirie où 45 % des heures sont travaillées comparativement à 23 % pour les non-autochtones. Il faut dire que les sont concentrés dans les régions où ce secteur est prédominant. Ils effectuent seulement 27 % de leurs heures dans l institutionnel et commercial, alors que ce secteur accapare près de la moitié des heures des non-autochtones. Par contre, la proportion d heures réalisées dans les secteurs industriel et résidentiel est comparable, en particulier pour les métiers. CCQ. Direction de la recherche et de la documentation, septembre

6 Proportion des heures travaillées par secteur en 2011 Secteur Non-autochtones Métiers Occupations Total Métiers Occupations Total Génie civil et voirie 34 % 77 % 45 % 15 % 60 % 23 % Industriel 10 % 6 % 9 % 9 % 7 % 9 % Institutionnel/commercial 33 % 11 % 27 % 52 % 25 % 47 % Résidentiel 23 % 6 % 19 % 24 % 9 % 21 % Total 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % En 2011, une proportion de 2 % des employeurs ont à leur emploi au moins un Autochtone, et ce sont le plus souvent des entreprises de grande taille. Parmi les employeurs de 5 salariés et moins, qui constituent 82 % de tous les employeurs, seulement 1 % d entre eux embauchent des. À l opposé, 40 % des employeurs de plus de 50 salariés embauchent des. Que les se retrouvent dans les grandes entreprises n a rien de surprenant, étant donné qu ils travaillent principalement dans le secteur génie civil et voirie, où les employeurs sont des entreprises de plus grande taille. Proportion d employeurs qui embauchent des en 2011 Nombre moyen de salariés Employeurs qui embauchent des Ensemble des employeurs Part qui embauchent des 5 salariés et moins % 6 à 10 salariés % 11 à 25 salariés % 26 à 50 salariés % Plus de 50 salariés % Total % Certificats de compétence La situation particulière de la main-d œuvre autochtone fait en sorte qu elle détient des exemptions de certificat de compétence dans une proportion de 18 %, comparativement à 5 % chez les non-autochtones. Les mesures administratives transitoires permettent l émission rapide d exemption et les représentent 3 % de l ensemble des détenteurs d exemption. Les sont 9 % à ne pas détenir de certificat de compétence ou d exemption. Cela s explique essentiellement par les mesures en vigueur de 1987 à 2007 prévoyant l émission de simples numéros d embauche aux Inuits. CCQ. Direction de la recherche et de la documentation, septembre

7 Proportion de la main-d œuvre selon le type de certificat en 2011 Type de certificat Non-autochtones Part des Certificat de compétence 72 % 94 % 0,5 % Exemption 18 % 5 % 2,7 % Sans certificat 9 % 1 % 5,9 % Total 100 % 100 % 0,7 % Les salaires Dans l industrie de la construction, la rémunération totale dépend du nombre d heures travaillées, et ce dernier varie beaucoup selon le métier, le statut et le secteur. Les moyennes globales d heures travaillées et de salaire reflètent donc le fait que les travaillent dans une plus forte proportion dans le secteur génie civil et voirie et qu ils ont plus souvent le statut d apprenti ou d occupation. De plus, les moyennes d heures sont, en général, plus faibles dans les régions ressources du Québec où les sont concentrés. Pour avoir une comparaison plus juste de la situation des par rapport à celle des non-autochtones, les données du salaire moyen annuel sont présentées selon le secteur prioritaire et le statut. Il en résulte des moyennes de salaire assez proches entre les et les non-autochtones travaillant prioritairement dans le secteur génie civil et voirie. L écart le plus marqué touche ceux qui travaillent prioritairement dans le secteur institutionnel et commercial : les gagnent 73 % du salaire d un non-autochtone, bien que les apprentis y gagnent un salaire plus élevé qu un non-autochtone. Il s avère que moins d gagnent un salaire de compagnon et, dans ce cas, leurs moyennes d heures travaillées sont plus faibles comparativement à celles des travailleurs des régions comme Montréal et Québec qui s accaparent la majorité de l activité du secteur. Dans le secteur résidentiel, pris individuellement chaque statut s en tire bien, même si globalement le salaire moyen représente 79 % de celui observé chez les non-autochtones, en raison d une différence de répartition entre les différents statuts. Finalement, dans le secteur industriel, où il y a le moins d autochtones qui travaillent prioritairement, les compagnons et les apprentis s en tirent mieux que les occupations avec un salaire moyen représentant respectivement 101 % et 91 % de celui des non-autochtones. CCQ. Direction de la recherche et de la documentation, septembre

8 Comparaison de la rémunération entre les et les non-autochtones selon le secteur prioritaire en 2011 Secteur prioritaire Apprenti Compagnon Occupation Total Génie civil et voirie $ $ $ $ Industriel $ $ $ $ Institutionnel/commercial $ $ $ $ Résidentiel $ $ $ $ TOTAL $ $ $ $ Non-autochtones Génie civil et voirie $ $ $ $ Industriel $ $ $ $ Institutionnel/commercial $ $ $ $ Résidentiel $ $ $ $ TOTAL $ $ $ $ Ratio /non-autochtones Génie civil et voirie 107 % 86 % 87 % 86 % Industriel 91 % 101 % 71 % 81 % Institutionnel/commercial 102 % 76 % 79 % 73 % Résidentiel 88 % 91 % 112 % 79 % TOTAL 104 % 94 % 96 % 87 % Conclusion Le présent document dresse un portrait sommaire de la présence autochtone dans l industrie de la construction au Québec. Si le nombre exact d n est pas encore connu, les données disponibles jusqu à maintenant permettent tout de même de dégager quelques particularités par rapport aux non-autochtones. Le processus d identification se poursuit et devrait permettre à terme de faire une description des différentes nations qui constituent la population autochtone. Actuellement, les nations crie et innue sont les mieux représentées, composant plus de la moitié des identifiés alors qu ils représentent un peu moins de 40 % des au Québec. CCQ. Direction de la recherche et de la documentation, septembre