NOEL et le Mystère de l Incarnation «Le Verbe s est fait chair et a habité parmi nous»

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1 1 NOEL et le Mystère de l Incarnation «Le Verbe s est fait chair et a habité parmi nous» Notre année liturgique- qui débute le premier dimanche de l Avent- est bâtie autour de deux grandes fêtes : Noël et Pâques. A Noël, nous célébrons le mystère de l Incarnation et à Pâques, nous célébrons le mystère de la Rédemption. Nous professons dans notre Credo : «Pour nous les hommes et pour notre salut, il a pris chair de la Vierge Marie et s est fait homme». Au cours de la célébration eucharistique, lorsque nous professons cette phrase, nous nous inclinons et gardons un temps de silence. La liturgie à travers ce geste, nous invite à prendre conscience de la profondeur et de l importance de ce mystère : Dieu-le Verbe se fait chair, Il endosse toute notre humanité, Il se fait proche de nous, Il est l Emmanuel. Un peu plus tard, dans la célébration, nous aurons un autre geste d adoration lorsque nous nous approcherons de la table de l eucharistie pour recevoir «Jésus-hostie», pour recevoir le «Corps du Christ». Les évangélistes saint Matthieu et saint Luc ont rédigé des récits de l enfance de Jésus. Chez Saint Matthieu, l enfance de Jésus est racontée à travers la figure de saint Joseph : généalogie de Jésus, annonce de sa conception miraculeuse, visite des mages, fuir en Egypte. Nous pouvons relire et méditer les chapitres 1 et 2 de l Evangile selon saint Matthieu. Chez Saint Luc, l enfance de Jésus est racontée à travers la Vierge Marie : annonciation, visitation, nativité, présentation au Temple et recouvrement de Jésus au Temple ( Jésus et les docteurs de la loi lorsqu il a 12 ans) Nous pouvons relire et méditer les chapitres 1 et 2 de l Evangile selon saint Luc. Nous prions et méditons aussi ces récits au cours de la prière du chapelet. Jésus, le Christ, naît à Bethléem en Judée sous le règne d Hérode le Grand et de l empereur Auguste. On pense que Jésus est né environ en 4 avant notre ère. Il recevra le nom de Jésus qui signifie «Dieu sauve». Il est comme nous l apprend St Syméon «la lumière du monde» ou selon la prophétesse Anne «le libérateur».

2 2 Il sera élevé par Joseph et Marie dans la tradition juive : présentation au Temple, circoncision Sa vie publique ne commencera qu à l âge de 30 ans. Avant, Il demeure à Nazareth en Galilée où il mène «une vie cachée». La venue de Jésus est annoncée par le dernier des prophètes, son cousin Jean-Baptiste, fils d Elisabeth et de Zacharie. Jean désigne Jésus comme «l Agneau de Dieu». Jean-Baptiste, c est la «voix qui crie dans le désert» et qui nous demande de nous «convertir» car «Le Royaume des cieux est tout proche» (Mt 3,2 1- Qu est-ce que l Incarnation? Pourquoi Dieu se fait-il homme? L Incarnation cela signifie pour nous que Dieu s est fait chair, s est fait homme. C est un grand mystère car cela signifie qu en la personne de Jésus, la nature divine et la nature humaine sont intimement liées sans pour autant se confondre. Jésus est pleinement Dieu et est pleinement homme. Jésus, le Fils de Dieu, le Verbe est cependant vraiment homme. Notre foi en l Incarnation est un signe distinctif de la foi chrétienne. Le Catéchisme de l Eglise Catholique, dans les articles n 456 à 460 nous donne 4 raisons à l Incarnation, le Fils de Dieu qui se fait homme : - pour que nous soyons sauvés (le salut). Par son Incarnation et sa Rédemption Dieu nous sauve et nous libère du péché et de la mort. - parce que Dieu nous aime. Dieu est Amour, Il a créé chacun de nous par amour. Jésus en se faisant homme, nous révèle l amour que Dieu a pour nous, nous pouvons ainsi connaître cet amour de Dieu. - pour que nous devenions des saints. Nous avons ainsi en Jésus, un modèle de sainteté. Il nous suffit d imiter Jésus et de suivre le chemin qu Il nous propose dans les Béatitudes et de suivre ses commandements : aimer Dieu, aimer son prochain comme soi-même. - pour nous permettre de participer à la vie divine. Nous sommes faits pour vivre en communion avec Dieu. Par l Incarnation, cela est possible. Nous vivrons ainsi dans l Eternité. A travers ce grand mystère de l Incarnation, nous découvrons que Dieu est Amour et Miséricorde. Il ne cesse de faire Alliance avec nous, de nous aimer et de rester fidèles à

3 3 cette Alliance malgré nos infidélités. Il nous aime et nous pardonne inlassablement au point de nous envoyer son Fils bien aimé. En se faisant «pleinement homme», Dieu nous révèle aussi que nous sommes dans ce monde «une créature» unique puisque nous sommes les seuls à être créés à l image et à la ressemblance de Dieu. Nous découvrons que Dieu nous aime, que ce corps, cette vie sont beaux puisque que Dieu lui-même les a assumés. Avec les anges, nous pouvons glorifier Dieu pour ce grand don qu Il nous fait : «Gloire à Dieu, au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu Il aime!» 2- La parabole du Bon Samaritain : comprendre le mystère de l Incarnation. Nous pouvons méditer sur la parabole du Bon Samaritain racontée par saint Luc pour approfondir ce mystère. Pourquoi choisir cette parabole? Dieu se fait homme par amour et pour nous sauver Or, le cœur de cette parabole c est bel et bien l Amour de Dieu et sa grande Miséricorde envers nous qui est le Samaritain? Benoît XVI nous le rappelle dans un de ces commentaires de l Evangile au cours de l Angélus du 15 juillet 2007 : «Aimer dit Jésus, signifie se comporter comme le Bon Samaritain. Nous savons d ailleurs qu Il est précisément le Bon Samaritain par excellence ; bien qu étant Dieu, Il n a pas hésité à s abaisser jusqu à se faire homme et donner sa vie pour nous. L amour est donc le «cœur» de la vie chrétienne ; en effet, seul l amour, suscité en nous par l Esprit Saint, fait de nous les témoins du Christ.» Dieu s est fait homme aussi pour que nous sachions quel chemin prendre pour arriver à Lui, pour que nous ayons un modèle de sainteté. Nous découvrons ici, que notre modèle est Jésus, le Bon Samaritain, qui par amour sauve, pardonne et guérit. Nous avons à découvrir qui est notre prochain et l aimer d un amour miséricordieux. Saint Luc était un compagnon de St Paul. C est un des 4 évangélistes avec Matthieu, Jean et Marc. Il n a pas connu directement Jésus. On représente saint Luc par un «taureau», animal qui symbolise le sacrifice, par qu il bute son évangile par l annonce de la naissance de Jean- Baptiste à Zacharie qui était alors grand prêtre au Temple de Jérusalem. Zacharie était donc en qualité de «prêtre», un sacrificateur. Nous allons ici encore méditer sur une parabole. Une parabole, c est un genre littéraire

4 4 Souvent utilisé au temps de Jésus, surtout par les «rabbins». La parabole utilise un langage imagé pour expliquer quelque chose du mystère de Dieu et de son Royaume. Cette parabole ne fait pas exception, elle nous donne des points de repères sur l histoire du salut, sur le mystère de l Incarnation. C est même un véritable résumé de l économie du salut. Relisons à présent cette parabole en saint Luc 10, (voir texte ci-joint). Questions : (Versets 25 à 29) Quelle est l attitude du légiste? Que veut-il savoir? Pourquoi interroge t-il Jésus? Quelles sont les deux questions du docteur de la loi? Comment réagit Jésus? Quelle différence entre les deux questions posées par Jésus? On peut remarquer que la question posée ici est la même question que celle posée par le jeune homme riche dans l évangile selon saint Marc C est une question fondamentale, une question qui nous renvoie à la fois au sens de notre vie et à la vie éternelle. Que dois-je faire concrètement, dans cette vie pour avoir la vie éternelle, pour parvenir au Royaume des cieux. Quels actes dois-je poser? C est une question à la fois théologique et morale. Jésus dans les deux cas (réponse au docteur de la loi et au jeune homme riche) renvoie à la loi, aux commandements. Ici, nous sommes renvoyés aux deux commandements principaux, fondamentaux : amour de Dieu et amour du prochain. Nous sommes au cœur de la loi. Nous sommes renvoyés à la charité. Saint Ambroise, lorsqu il commente ce texte, nous rappelle que la loi est là pour nous préparer à la venue de Jésus, à l Incarnation. Ce docteur de la loi pense connaître la loi dit-il mais en connaît-il seulement le «texte» ou en connaît-il réellement le «sens»? Est-il prêt lui aussi comme le jeune homme à rencontrer le Christ, le Verbe de Dieu, qui s est fait proche de nous? s est incarné? Allons plus avant dans la parabole Quels sont les différents personnages? Pour le prêtre et le lévite? quelles sont leurs attitudes? (regardons les verbes). Pour le samaritain? (regardons les verbes). Quelles sont ses attitudes vis-à-vis du blessé? Comment Jésus a-t-il «déplacé» la question du docteur de la loi? Qui est finalement mon prochain?

5 5 Les pères de l Eglise voient dans cet homme qui descendait de Jérusalem vers Jéricho, la chute de l homme chassé du paradis (ici symbolisé par Jérusalem) après le péché originel et qui réside à présent dans le monde. Jéricho c est la «culture séculière». Jésus guérira des aveugles sur la route de Jéricho. Il leur redonnera la vue, eux plongés dans les ténèbres de l ignorance de Celui qui vient. L homme c est Adam puis tout homme, chacun d entre nous. Nous sommes en chemin dans ce monde, et à cause du péché, nous rencontrons le mal, ce sont les brigands qui vont nous «dépouiller», nous «rouer de coups» et nous laisser «à moitié mort». Trois hommes vont rencontrer, voir l homme blessé : le prêtre, le lévite et enfin le Samaritain. Qui sont ces trois hommes? Origène voit dans le prêtre, la loi dans le lévite, les prophètes et enfin dans le Samaritain, le Christ. Le prêtre et le lévite «descendent» eux aussi comme le blessé. Le Samaritain, lui est en voyage. Il s agit du Christ qui s incarne, qui s est fait homme. La loi et les prophètes n ont pas suffit à nous sauver. Il a fallu que le Verbe se fasse chair. Pourquoi se fait-il homme? c est que nous avons découvert dans le CEC et que le Compendium du Catéchisme définit d une manière synthétique : «Le Fils de Dieu s est incarné dans le sein de la Vierge Marie par l opération du saint Esprit, pour nous les hommes et pour notre salut, c est-à-dire pour nous réconcilier, nous pécheurs avec Dieu, pour nous faire connaître son amour infini, pour être notre modèle de sainteté et pour nous rendre «participants à la nature divine» (2P1,4).» L homme s est éloigné de Dieu, il a quitté Jérusalem. Il fait l expérience durant son pèlerinage sur la terre, du mal, de la violence, du péché et même de la mort. Le Christ s incarne et s abaissera même jusqu à mourir sur une croix pour nous. C est ce qu on appelle la kénose. Pourquoi? Pour que l homme puisse «remonter» avec Lui jusqu à Dieu, le Père. Il vient à notre rencontre, se fait proche de nous, pour nous soigner, nous guérir et nous sauver du péché, du mal et de la mort. C est ce que nous raconte cette parabole. Le prêtre et le lévite passent silencieusement, rapidement Ils ont «peur» sans doute de se «salir les mains». Est-ce que le malheur des autres, de cet homme inconnu les concerne? Ils sont indifférents contrairement au Christ, au Bon Samaritain quel appel à l engagement! Le Bon Samaritain fait preuve de compassion. Il souffre avec l homme, il comprend ses souffrances : Ce sont nos souffrances qu'il portait et nos douleurs dont il était chargé... Il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous

6 6 rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison» (Is 53, 4-5). La compassion ne nous laisse pas indifférents ou insensibles à la douleur de l'autre, car elle appelle la solidarité avec ceux qui souffrent. Le Samaritain panse les plaies puis dépose l homme sur sa «monture». Il soigne les plaies avec de l»huile» et du «vin». Ce sont des remèdes de l époque mais symboliquement nous pouvons y voir le Christ qui nous donne sa grâce et l Esprit Saint. L huile (le saint chrême) dont nous sommes marqués le jour de notre baptême et à la confirmation mais aussi l huile des malades dont nous sommes marqués lors du sacrement des malades. L huile de l Esprit Saint et de la guérison. Le vin qui nous rappelle le vin eucharistique c est-à-dire le sang que le Christ verse pour nous sur la croix et dans lequel nous sommes sauvés. Cette monture, c est son corps qui a porté sur la croix tout le poids de nos péchés. Le Bon Pasteur charge lui aussi la brebis sur ses épaules Le Samaritain conduit le blessé à l auberge. Ce serait pour les commentateurs, une image de l Eglise qui accueille tous les hommes. L Eglise ne refuse jamais son secours, tous sont conviés par Jésus à y entrer. L Eglise est une auberge, une hôtellerie, lieu de passage, notre véritable demeure, maison sera la Jérusalem céleste, la demeure du Père où nous pourrons participer au festin L Eglise veille sur nous, nous accueille, nous guérit, nous apporte réconfort jusqu au retour définitif du Christ (on appelle ce retour la parousie). L auberge ou l hôtellerie est un lieu «public» au sens où elle est ouverte à tous. L Eglise accueille tous les hommes. Le Samaritain demeure quelque temps avec l homme, s assure qu il ne manquera de rien en son absence et donne deux deniers à l aubergiste. Le Christ durant sa vie sur terre prend soin de nous puis Il confie l homme (à partir de l Ascension) à l Eglise. L Eglise, corps du Christ ou Epouse du Christ, est présence de Jésus sur terre en son absence. Ce n est qu une «absence», Jésus promet de revenir. Nous attendons son retour. Le Samaritain laisse deux pièces d argent à l hôtelier pour prendre soin de l homme? Que peuvent-ils représenter? Certains y voient les deux testaments, d autres les évangiles ou encore les deux commandements d amour (aimer Dieu et son prochain) Pour le reste, quelle confiance entre le samaritain et l hôtelier «je te réglerai tout à mon retour»

7 7 Il faut bien noter la réponse étonnante de cette parabole à la question «qui est mon prochain?». Lorsque nous méditons cette parabole souvent- on pense que le prochain est la «personne blessée». On nous invite alors à être comme le Samaritain, plein de compassion et à faire attention à l autre en particulier au plus petit, au plus démuni. C est exact mais ce n est pas ici la réponse de la parabole. La réponse est claire, le prochain est le Bon Samaritain c est-à-dire le Christ. Il nous faut donc avant tout accueillir le Christ, notre prochain, reconnaître que nous sommes fragiles, blessés par le péché et que nous avons besoin de Lui, de son infinie miséricorde et de son amour Alors seulement, lorsque nous aurons accueilli Sa miséricorde nous pourrons à notre tour être miséricordieux à son exemple. Nous découvrons un Christ-médecin. Incarnation et Rédemption ne peuvent être séparées. Il faut que nous prenions conscience que nous sommes tous blessés et que le Christ s est incarné pour nous. Nous avons besoin de la grâce et de l Esprit ainsi que de l infinie miséricorde de Dieu. Et ensuite, comprendre qu il nous faut agir à notre tour comme le Samaritain C est parce que le Verbe s est fait chair, qu Il est venu pour le salut de tous les hommes que cette question «qui est mon prochain» revêt une profondeur toute particulière. C est une mission pour nous chrétiens. Nous reconnaissons la valeur de chaque personne, la dignité de chaque homme même celui touché le plus par le péché, le mal ou on ne sait quelles difformités. Nous croyons en un Evangile de la vie : Vie et paix apportées, révélées par le Christ qui se fait chair à Noël. Ces 4 semaines de l Avent qui s ouvrent à nous sont un temps privilégié pour nous préparer à accueillir, à recevoir le Christ. N oublions pas que la couleur liturgique de ce temps est le violet (comme le Carême). L Avent est donc avant tout un temps d effort et de préparation dans l attente joyeuse du Christ qui se fait homme.