e Charles de Gaulle en action Henri-Pierre Grolleau Texte & photos

Transcription

1 L e Charles de Gaulle en action Texte & photos Henri-Pierre Grolleau Infomer, Rue du Breil - CS Rennes Cedex, France Toute reproduction ou traduction, même partielle, de cet ouvrage, est soumise à l autorisation écrite de l éditeur.

2 S o Avant-propos Outil stratégique Groupe aéronaval modulaire Groupe aérien embarqué Les opérations aériennes Défense multicouche Sécurité maximale Le circuit logistique La vie quotidienne Remerciements m m a i r e

3 Le Charles de Gaulle et son groupe aéronaval constituent le fer de lance visible de la Marine nationale. Fleuron de l industrie navale française, le porte-avions a bénéficié, au moment de sa conception et de sa construction, de l adoption des technologies les plus avancées dans les domaines de la propulsion nucléaire, des systèmes de combat, de l armement, de l informatique, de l électronique, des matériaux, de l ergonomie Le résultat est un bâtiment bien né, idéalement conçu pour ses missions et, au final, parfaitement adapté aux besoins et aux moyens de la Marine. Malgré les nombreuses critiques formulées à son encontre par une presse généraliste souvent mal informée, et parfois mal intentionnée, le Charles de Gaulle et son équipage n ont jamais démérité. Depuis sa première sortie en océan Indien, après le 11 septembre 2001, le porte-avions nucléaire a pris part à de multiples déploiements et s est intégré dans des forces multinationales pour mener, dans la durée, des opérations de combat complexes. Il s est toujours montré réactif, puissant, rapide, endurant, fiable, polyvalent et souple d emploi dans tout le spectre des missions de projection de puissance et de maîtrise de l environnement aéromaritime. Pour la réalisation de cet ouvrage, la Marine nationale m a ouvert l accès au Charles de Gaulle à plusieurs reprises : en océan Indien, lors du déploiement Agapanthe , au large de la Libye, en avril 2011 lors de l opération Harmattan, et dans le Zonex (zone d exercice) de Toulon, pendant des phases de qualifications à l appontage. Pour un photo-reporter, avoir la possibilité de s immerger au cœur de l action, dans l ambiance si particulière du porte-avions constitue, à la fois, un privilège et une opportunité exceptionnelle : en côtoyant les acteurs de la vie quotidienne du navire (pilotes, officiers d appontage, personnels de pont d envol, spécialistes des installations aéronautiques, pompiers, médecins, cuisiniers ), on s imprègne de l esprit d équipage qui habite les marins et on découvre à quel point les notions de cohésion et de travail en équipes sont cruciales pour garantir l efficacité au combat du couple porte-avions et groupe aérien embarqué. Toutes les photos rassemblées dans cet ouvrage ont été prises en employant des boîtiers numériques Canon EOS 5D, EOS 5D Mk III et Canon EOS 550D couplés à des optiques professionnelles Canon Série L : mm f/4, mm f/2.8 et f/2.8. Henri-Pierre Grolleau, avril a P vant- ROPOS

4 outil STraTÉGIQue INFoCeNTrÉ Au fi l de ses déploiements opérationnels, le Charles de Gaulle, navire amiral de la Marine nationale, est devenu un outil de combat ultra-performant dont l effi cacité est aujourd hui unanimement reconnue. «Afi n de rester dans le premier cercle des décideurs d une coalition, un pays se doit de fournir au pot commun un certain nombre de briques capacitaires, avions de combat, satellites de reconnaissance ou forces spéciales, par exemple, expose le contre-amiral Hervé de Bonnaventure, le commandant de la force de l Aéronautique navale, ALAVIA. Bien évidemment, cette logique s applique aux forces navales et si vous n apportez à cette coalition qu une, ou même plusieurs frégates, vous n êtes qu un simple exécutant, sans réelle possibilité d infl échir le cours des événements ou de peser sur les choix tactiques ou stratégiques. À l inverse, quand vous mettez à disposition des alliés un porte-avions, vous basculez de facto dans le premier cercle et vous avez un réel poids à la table des négociations internationales. Le porte-avions procure à la coalition une puissance de feu élevée, une forte mobilité stratégique et une grande autonomie opérative. De surcroît, au plan national, il contribue à fournir une capacité à conduire des missions de reconnaissance et de collecte du renseignement en totale indépendance ainsi que la possibilité, en ultime recours, de mener des frappes nucléaires lointaines. Le porte-avions n est donc pas uniquement un outil de projection de puissance, c est également un formidable instrument de démonstration de force géopolitique et diplomatique qui, par sa seule présence, peut désamorcer une crise. Avec le Charles de Gaulle, la France dispose d un moyen militaire extrêmement précieux qui la place dans une catégorie à part en Europe.» 10 11

5 Le Charles de Gaulle est une véritable base aérienne mobile capable de parcourir plus de mille kilomètres par jour pour rejoindre rapidement les zones de tension. «Il confère à la Marine nationale mobilité stratégique, endurance opérationnelle et puissance de feu, souligne le capitaine de vaisseau Pierre Vandier, le commandant du bâtiment. Grâce à ses importantes réserves de carburant, de munitions, de vivres et de rechanges, le porte-avions nucléaire offre une liberté d action considérable et peut durer à la mer, en tous lieux, et sans contrainte. Avec seulement un ravitaillement par semaine, nous ne descendons jamais en-dessous de 70 % de kérosène restant à bord. Cela vous donne une idée de notre aptitude à tenir dans une zone hostile, sans le soutien de navires logistiques.» La mobilité stratégique exceptionnelle obtenue grâce à la propulsion nucléaire contribue aussi à réduire la vulnérabilité du bâtiment : «contrairement à beaucoup d idées reçues, un porte-avions est un objectif particulièrement bien défendu et très diffi cile à localiser, ajoute le contreamiral de Bonnaventure. Par rapport à une base aérienne à terre, par nature fi xe et donc vulnérable à une attaque de missiles balistiques ou de missiles de croisière, le Charles de Gaulle peut s approcher d une côte pour lancer un raid dans la profondeur du dispositif ennemi, comme cela a été démontré en Libye, puis se retirer pour diminuer le risque de contre-attaque. Sa vitesse de croisière élevée compliquerait sérieusement la tâche d un ennemi, même technologiquement avancé : par simple effet mathématique, quand nous doublons la distance par rapport à une menace, nous multiplions par quatre la surface de la zone à investiguer. L équipage du porte-avions et les pilotes du groupe aérien embarqué sont, en outre, entraînés à travailler en silence radio et radar afi n de minimiser les risques de détection passive à longues distances de nos émissions électromagnétiques.» 13

6 La liberté d action sur mer en toute autonomie constitue un atout inestimable pour un groupe aéronaval : «Les lois internationales de circulation maritime stipulent que quiconque peut s approcher à 12 nautiques d une côte sans entrer dans les eaux territoriales du pays riverain, reprend l amiral de Bonnaventure. En théorie, le Charles de Gaulle pourrait donc s approcher des côtes de 154 pays. Avec l énorme rayon d action du Rafale Marine, sa capacité de ravitaillement en vol et l allonge de ses missiles de croisière Scalp, on parviendrait à traiter des objectifs à des distances très longues, en plein cœur d un territoire hostile. Il ne faut pas oublier que l autonomie opérative du porte-avions français inclut la FANU, la Force Aéronavale Nucléaire, dont le maintien a été confi rmé dans le dernier Livre blanc. Le missile nucléaire ASMP-A [NDLA : Air-Sol Moyenne Portée-Amélioré] du Rafale M s inscrit dans une logique de totale complémentarité des sous-marins nucléaires lanceurs d engins et des Forces aériennes stratégiques de l armée de l Air.» L engagement du Charles de Gaulle sur un théâtre d opération traduit toujours une volonté politique affi rmée qui lui donne une dimension tout à fait singulière dans l outil de défense du pays. «Cette visibilité impose un fort niveau d exigence qui fédère l ensemble de l équipage dans une culture commune de maîtrise des risques et des opérations complexes, explique Pierre Vandier. Cette culture d exigence tire toute la Marine vers le haut. Nous sommes, par exemple, obligés de demander énormément à nos chefs de quart à la passerelle afi n qu ils obtiennent en permanence des conditions extrêmement précises de vent sur le pont pour respecter les contraintes de catapultage et d appontage tout en assurant la sécurité nautique du porte-avions dans un trafi c maritime parfois très dense. Cela vaut, en fait, pour tous les métiers du bord où la négligence d un seul peut mener à un accident.» 14

7 Outil stratégique Outil stratégique

8 Le Charles de Gaulle, avec ses moyens de commandement et de transmissions ultramodernes, est devenu un nœud de communications et un centre de prise de décision. Il accueille régulièrement un amiral et son état-major embarqué pour diriger tout un groupe aéronaval optimisé pour des missions offensives ou défensives. Le champ d expertise de cet état-major totalement modulaire, pouvant compter jusqu à 90 personnels, est adapté et ajusté en fonction des missions et des besoins : projection de puissance vers la terre, opération amphibie, ou encore lutte en haute mer contre une autre force navale. Le navire dispose de l ensemble des moyens nécessaires à l analyse du renseignement, aux échanges de données vers les centres à terre, les autres unités navales et les aéronefs, et à la planifi cation et à la conduite des opérations aéronavales. Les systèmes de communication par satellites, Syracuse français et Fleetsatcom américains, permettent à l amiral et à son état-major de demeurer en contact permanent avec Paris et avec les divers centres de commandement alliés. Le maillage des moyens de transmissions français et interalliés et la parfaite intégration du porte-avions dans les réseaux de liaisons de données français et otaniens garantissent, par ailleurs, un haut niveau d interopérabilité avec les autres marines et les autres forces aériennes déployées dans les zones d opérations. Grâce à des moyens de détection performants et à la fusion des données recueillies par les unités et les aéronefs de la Task Force, le Charles de Gaulle élabore une situation tactique claire pour alimenter l état-major et le central opérations du bâtiment afi n que les offi ciers puissent prendre les bonnes décisions, en temps réfl échi comme en temps réel. Son centre de préparation de missions est capable de générer toutes les données et tous les fi chiers indispensables aux pilotes de chasse et aux équipages des Hawkeye et des hélicoptères pour mener leurs missions de combat