Comment se portent nos. pollinisateurs? Problématique de surmortalité des colonies d abeilles

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Victorien Chassé
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1 Comment se portent nos pollinisateurs? Problématique de surmortalité des colonies d abeilles Dr Claude Boucher mv. Direction de la santé animale. MAPAQ 31 janvier 2013

La production apicole au Québec près de 40,000 colonies d abeilles au Québec (700,000 au Canada) 450-500 apiculteurs au Québec 1 à 5000 colonies Près

2 La production apicole au Québec près de 40,000 colonies d abeilles au Québec (700,000 au Canada) apiculteurs au Québec 1 à 5000 colonies Près de 120 avec 35 colonies Production de miel vs service de pollinisation commerciale (pomme, canneberge, bleuet, cucurbitacée, autre petit fruit, etc.)

3 L abeille et son travail de pollinisation.. Les pollinisateurs sont essentiels pour leur travail de pollinisation et l abeille est le plus important des insectes pollinisateurs. Environ 40 % des produits alimentaires contenus dans notre assiette au Québec provient indirectement ou directement du travail des abeilles par la pollinisation des fruits, légumes et autres plantes 150, ,000 colonies utilisées en pollinisation commerciale au Canada Contribution annuelle des abeilles au rendement des cultures au Canada $2,3 milliards Valeur de la production de miel au Canada annuellement $151 millions Abeilles et fleurs sont indissociables. L apiculture et l agriculture le sont tout autant.

4 Quel est le problème? Depuis près d une décennie, on parle de déclin, dépérissement, syndrome d effondrement des colonies (CCD) alors que des problèmes importants de mortalités anormales de colonies d abeilles sont notés dans plusieurs pays industrialisés. On rapporte aussi, parallèlement une diminution globale des pollinisateurs sauvages...il y a de quoi être inquiet.

5 Ce que l on constate concrètement: Un taux de mortalité des colonies après hivernage qui a doublé au cours de la dernière décennie 30% de pertes hivernales (Canada, USA, Europe ) Les apiculteurs rapportent aussi des colonies généralement moins populeuses diminution de rendement des colonies en miel (baisse de 30% par rapport à la décennie précédente) problème de performance des reines abeilles (fertilité, longévité, taux de renouvellement élevé)

6 Mortalité de colonie accrue. 50% 50% 40% 37% 30% 20% 26% 25% 15% 19% 30% 21% 28% 16% 10% 0% Mortalité hivernale de colonies au Québec

7 Mortalité de colonie accrue. Honey Bee Colony Mortality in Canada Average Mortality (Per Cent) Year Mean

8 Comment expliquer ce problème de surmortalité? Les scientifiques s entendent aujourd hui sur la nature multifactorielle du phénomène ce qui le rend toutefois beaucoup plus complexe à étudier

9 Facteurs mis en cause.. Régie apicole Transhumance. Nourrissage, diète. Traitement. Production plus intensive. Etc. Facteurs environnementaux Climat. Perte de biodiversité végétale. (ex. monoculture) qualité Perte d habitat, de surface de butinage quantité Facteurs biologiques Parasites, maladies (virus, bactérie, champignon) Génétique (diversité, sélection). Facteurs chimiques Pesticides agricoles. Pesticides apicoles.

10 Régie apicole L apiculture d aujourd hui n est plus celle d autrefois, elle s est commercialisée, c est aujourd hui une apiculture plus intensive.. soumettant alors l abeille à un stress beaucoup plus important.

11 Régie apicole Transhumance Nourrissage+ diète Traitement apicole

12 Facteurs biologiques Apparition de nouveaux agents pathogènes pour l abeille Varroa destructor*** Nosema ceranae vs Nosema apis Virus (IAPV, BQCV, DWV, ABPV, CBPV, KBV)

13 Facteurs biologiques Manque de diversité génétique? Mauvaise adaptation des lignées importées?

14 Facteurs environnementaux Influence du climat Aléas plus fréquent et avec plus d ampleur?: pluie, sécheresse, froid Changements climatiques globaux..

Facteurs environnementaux Appauvrissement du paysage «apicole», de l environnement de l abeille notion de désert «vert» Perte de biodiversité végétale (perte de qualité)

15 Facteurs environnementaux Appauvrissement du paysage «apicole», de l environnement de l abeille notion de désert «vert» Perte de biodiversité végétale (perte de qualité) Perte de potentiel mellifère (perte de quantité/surface) est associé à l agriculture intensive (monoculture, coupe hâtive avant floraison, contrôle des «mauvaises herbes»)

16 Facteurs environnementaux Régime alimentaire de l abeille affecté = déficience, disette débalancement de la diète Ainsi, les apiculteurs témoignent du fait que les ruchers ne supportent plus un aussi grand nombre de colonies que par le passé et produisent moins

17 Facteurs chimiques: Pesticides apicoles Traitement et/ou poison? Le contrôle obligé de la varroase force à l utilisation de pesticides dans la ruche! Toxicité relative pour l abeille?! Accumulation de résidus dans les cires

18 Facteurs chimiques: pesticides agricoles La répartition géographique des surmortalités notées, se calquent avec la géographie des pays où l agriculture est intensive : -Amérique du Nord - Europe du Nord

19 Facteurs chimiques: pesticides agricoles Les insecticides, herbicides, fongicides, adjuvants Usage croissant : monoculture / agriculture intensive Rend la cohabitation «abeille/agriculture» de + en + plus exigeante Combinaisons mortelles? (potentialisation de la toxicité)

20 Les pesticides néonicotinoides et les abeilles!!! Dossier très médiatisé! Monopolise l attention de nombreux chercheurs de plusieurs pays! Pour plusieurs, leur apparition sur le marché coïncide avec les problèmes observés de surmortalité des colonies d abeilles

Les néonicotinoides: une nouvelle ère de phytoprotection Apparition début 1990 Insecticides neurotoxiques à large spectre Action systémique présent dans toutes les parties de la plante car

21 Les néonicotinoides: une nouvelle ère de phytoprotection Apparition début 1990 Insecticides neurotoxiques à large spectre Action systémique présent dans toutes les parties de la plante car hydrosoluble (nectar et pollen!!) Action prolongée durant croissance de la plante Persistant dans l environnement (demi-vie dans le sol) Utilisé à grande échelle (enrobage de semences+++) Au Québec: 95% des semences de maïs / + de 50% pour le soya sont ainsi traitées Très toxique pour l abeille! (faible toxicité pour les mammifères)

22 Néonicotinoides: pourquoi les dit-on problématiques pour les pollinisateurs et donc l abeille? Résidus présents dans nectar et pollen Problème de toxicité chronique (exposition prolongée possible/ faible dose)...par opposition à une toxicité davantage aigue avec les pesticides d application foliaire

Effets toxiques imputés aux néonicotinoides chez l abeille: Toxicité aigue Entraine mortalité des abeilles Observé en période de semis (semoir pneumatiques) si exposition (par contact/ingestion) aux

23 Effets toxiques imputés aux néonicotinoides chez l abeille: Toxicité aigue Entraine mortalité des abeilles Observé en période de semis (semoir pneumatiques) si exposition (par contact/ingestion) aux poussières de semences traitées Phénomène admis de tous et bien documenté Observé en Allemagne (2008), Italie (2208), USA, Canada ( Québec, Ontario 2012). À entrainé une réévaluation réglementaire de ces produits

24 Effets toxiques imputés aux néonicotinoides chez l abeille: Toxicité chronique Beaucoup plus difficile à démontrer! Survient suite au prélèvement et consommation par l abeille du nectar et pollen contaminé (faible dose+période prolongée d exposition). Effets imputés à la toxicité chronique: Longévité diminuée Affaiblissement du système immunitaire Diminution des capacités d orientation et d efficacité de butinage Altération de la mémoire et capacité d apprentissage Difficulté de reproduction Etc. Or les études scientifiques qui tendent à démontrer la toxicité de ces produits sur les pollinisateurs s accumulent. Quoiqu il n y ait pas encore unanimité dans la communauté scientifique

25 Autres reproches envers les néonicotinoides Utilisation «abusive» des pesticides d enrobage en l absence de justification agronomique (principe de lutte intégrée délaissée au profit d un traitement préventif généralisé) Absence d évaluation de la toxicité chronique des pesticides par les agences règlementaires (ex.epa, ARLA) avec les néonicotinoides, l évaluation axée sur la toxicité aigue (LD50) ne tient plus. Problèmes environnementaux, de santé publique?? mais personne ne souhaite un retour en arrière ( à l époque des organophosphorés eux-mêmes beaucoup plus toxiques)

Que se passe t-il au Québec dans ce dossier? Les apiculteurs sont très préoccupés par le problème de surmortalité des colonies (comité de travail au sein de la filière apicole.

26 Que se passe t-il au Québec dans ce dossier? Les apiculteurs sont très préoccupés par le problème de surmortalité des colonies (comité de travail au sein de la filière apicole...) Création d un «Comité de protection des pollinisateurs face aux pesticides» Permet le dialogue entre tous les intervenants concernés Est rattaché à la «Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture Actions/suivis : Dialogue apiculteur- agriculteur (activité/outil de communication) Retour de l offre de semences non enrobées sur le marché (choix possible) Déclaration d incident (ARLA) Réévaluation des néonicotinoides par l ARLA Projet de recherche en cours Guide de bonnes pratiques Étiquetage des sacs de semences traitées Projet de récupération des sacs de semences traitées Polymères d enrobage: nouvelle formulation

27 Conclusion Ce qui affecte présentement l abeille n est pas à négliger, car c est aussi une sentinelle de l environnement! Sa santé est précaire et le résultat d un fragile équilibre, suite à l effet d une combinaison des facteurs énoncés. Apiculteurs et agriculteurs sont tous deux des professionnels de l agriculture qui doivent travailler ensemble afin de minimiser l impact de l utilisation des pesticides agricoles sur les polinisateurs et ainsi bénéficier de leurs présences mutuelles.

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