Coûts de stratégies d adaptation du risque de l érosion pluviale face aux événements pluvieux extrêmes à Bangui (Centrafrique)

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Beatrice Lépine
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1 Coûts de stratégies d adaptation du risque de l érosion pluviale face aux événements pluvieux extrêmes à Bangui (Centrafrique) DR ETENE 1 C. G ET PR BOKO 1 M. RESUME Cette étude vise à évaluer le coût des stratégies développées par les différents acteurs dans la lutte contre l érosion pluviale dans la ville de Bangui. Les données pluviométriques, infrastructures socio urbaines détruites et évolution démographique sont utilisées. Les investigations socio anthropologiques ont permis d avoir la perception des différents acteurs sur les stratégies utilisées. La méthode de calcul de coût de réparation (CR) a été utilisée pour évaluer le coût de dégradation. Il ressort de cette étude que les événements pluvieux extrêmes ont accentuée le phénomène de l érosion pluviale dans la ville. Les infrastructures socio urbaines ont été dégradées sous l effet de l érosion pluviale. Pour atténuer les effets néfastes de l érosion dans la ville les populations ont développé plusieurs stratégies d adaptations. Ces stratégies ont induis des coûts économiques au niveau de la population de même que la commune. Mots clés : Bangui, érosion pluviale, coût, stratégie d adaptation INTRODUCTION ET JUSTIFICATION Les événements pluvieux extrêmes représentent un grand danger pour la société entière et, plus particulièrement, pour les agglomérations urbaines (OMM, 2002 ; HOUNDAKINNOU, 2006 et BOKONON- GANTA, 1987). En République Centrafricaine et plus précisément à Bangui, les nuisances que créent les fortes précipitations sont énormes et constituent des contraintes à l aménagement (KOKAMY-YAMBERE, 1994). Les conséquences immédiates sont la dégradation des infrastructures urbaines sous l effet de l érosion pluviale. Située entre et de latitude Nord et entre et de longitude Est (figure 1), la ville de Bangui, capitale politique de la République Centrafricaine est caractérisée par un climat équatorial dont la moyenne pluviométrique annuelle est de 1600 mm (Villien et al, 1990, Nguimalet, 2004 et Eténé, 2007). Elle est le centre par excellence où se résulte le grand problème de l érodibilité du sol. Pour atténuer les effets néfastes de l érosion pluviale dans la ville, les populations, la mairie et le pouvoir central ont développé plusieurs stratégies d adaptations. Ces stratégies ont induis des coûts économiques au niveau de la population de même que la commune. 1 Laboratoire Pierre Pagney Climat, Eau, Ecosystème et Développement (LACEEDE), Université d Abomey-Calavi, 03 BP 1122, Cotonou, Bénin cyr_gervais_etene@hotmail.com, mboko47@live.fr 1

2 Figure 1 : Localisation de la ville de Bangui. DONNEES ET METHODES Les données pluviométriques analysées couvrent la période et sont extraites du fichier de l ASECNA- sur le terrain. Les Bangui. Les données sur la dégradation des infrastructures urbaines sont recueillies populations ciblées pour l entretienn sont les personnes ressources (90 personnes) ayant vécu localement plus de 20 ans et ayant une connaissance parfaite de leur localité. Pour évaluer les coûts de stratégiess d adaptation, la méthode des coûts de remplacement ou de réparation a été utilisée. Ainsi, la valeur nette actuelle (VAN) de réparation et les coûts de la protection de l environnement ont été calculés en utilisant la formule standard VAN sur le coût de la réduction de la dégradation. L équation standard pour la VAN est : VAN = Σ t C /( 1+ i) t t, est le temps où l argent a été investi dans le projet, n est la durée totale du projet, i est le coût moyen de la mesure du capital et Ct est l argent liquide au temps t. L addition est de t = 0 à t = N, mesuré habituellement en des années. Quant au coût de dégradation au niveau du réseau viaire, elle est déterminée par le calcul du coût de réparation dont la formule se présente comme suit : Coût de réparation (CR) = L x l x e x c Avec L= longueur, l= largeur, e = hauteur et c = coefficient de foisonnement. 2

3 Ces méthodes d évaluation des coûts de stratégies d adaptation de l érosion pluviale sur les infrastructures urbaines de Bangui ont permis d obtenir les résultats suivants. RESULTATS Caractéristiques des pluies extrêmes à Bangui La figure 2 montre respectivement l évolution des pluies extrêmes par classe et le nombre annuel des pluies journalières dépassant un seuil critique à Bangui. Nombre des pluies extrêmes en mm [40-80[ [80-120[ [120->[ a C u m u l d es p lu ies b [40-80[ [80-120[ [120->[ 0 Jan Fév Mars Avril Mai J uin J uillet Mois Août Sept O c t Nov Dec Années Figure 2 : Caractéristiques des pluies extrêmes à Bangui pour : a) les classes des pluies extrêmes ;b) le nombre annuel des pluies journalières dépassant un seuil critique (calculé sur la période ). Il ressort de la figure 2a que trois classes des pluies extrêmes se dégagent : [40-80[ ; [80-120[et [120->[. Ainsi, les mois pour lesquelles la hauteur maximale de pluie est supérieure ou égale à 120 mm, quelle que soit la période de l année pendant laquelle elle est apparue, sont des mois ou les activités érosives sont très importantes. La figure 2b présente le nombre annuel des pluies journalières dépassant un seuil critique, au sein de la chronique analysée pour Bangui. Impacts et différentes stratégies de lutte contre l érosion pluviale Les photos 1et 2 montrent les impacts de l érosion pluviale sur les différentes infrastructures de la ville. Les impacts se traduisent par le ravinement des routes et par les déchaussements des habitations. Pour lutte contre l érosion pluviale, le pouvoir central et la mairie ont mis en place politique de recharge des voies en terre avant la saison pluvieuse. Quant à la population à la base, elle développe plus les techniques d enrochement, de digue de déviation et le système de gouttière. Ainsi, toutes ces stratégies ont engendré des coûts financiers pour les différents acteurs. 3

Photo 1: Dégradation d une voie à Gobongo Cliché : Eténé, septembre 2010 Photo 2 : Ravinement d un bâtiment à Boy-rabe Cliché : Eténé, septembre 2010 Coûts des stratégies liés à la réparation des

4 Photo 1: Dégradation d une voie à Gobongo Cliché : Eténé, septembre 2010 Photo 2 : Ravinement d un bâtiment à Boy-rabe Cliché : Eténé, septembre 2010 Coûts des stratégies liés à la réparation des rues des quartiers à Bangui Le tableau I indique le coût moyen de réparation des rues dans les différents quartiers de ville suite au phénomène de l érodibilité du sol. Quartiers Tableau I: Coût moyen de réparation des rues dans les quartiers de Bangui Long (m) Largeur (m) Hauteur (h) cm Coefficient de foisonnement (C) Volume (m 3 ) P U (m 3 ) Montant en FCFA Résidentiels 200 3,5 5 1, Lotis 200 3,5 10 1, Populaires 150 3,5 30 1, Périphériques 150 3,5 20 1, Source : Enquête de terrain, 2007 L analyse du tableau I montre que le coût de réparation est plus élevé au niveau des rues situées dans les quartiers populaires ( F CFA), alors qu elle est moins coûteuse dans les quartiers résidentiels soit environ F.CFA (rues souvent bitumées avec des caniveaux). Au regard des coûts très élevés de frais de réparation, il est très difficile aujourd hui, au niveau du gouvernement et de la mairie de mettre en place une politique d aménagement durable. CONCLUSION Au terme de cette étude, il ressort que les pluies extrêmes expliquent l importance de l érosion et la dégradation des infrastructures urbaine chaque année dans la ville de Bangui. Ainsi, les populations, la mairie et l Etat ont développé plusieurs stratégies (digue, technique d enrochement, remblai des voies) pour face à ce phénomène. Au niveau du pouvoir central l Etat dépense en moyenne F cfa pour réparer une rue de 400 m dans les quartiers populaires de Bangui. REFERENCES BOKONON-GANTA E.B., 1987 : Les climats de la région du golfe du Bénin. Thèse de doctorat du 3è cycle, Paris IV Sorbonne, 248 p + annexes. Eténé C. G., Vissin W. E. et Boko M., 2007 : Vulnérabilité des infrastructures urbaines à l érosion pluviale dans la ville de Bangui (Centrafrique). Actes du 1er colloque de l UAC des Sciences, Cultures et Technologies, Géographie,

5 HOUNDAKINNOU G.R, 2006 : Fréquence des événements pluvieux extrêmes et impacts environnementaux dans la ville de Cotonou. Mémoire de DEA / EDP/ FLASH/ UAC, 60p KOKAMY-YAMBERE S., 1994 : Erosion et dégradation de la colline de Bangui : impacts sur le milieu urbain. Bilan des trois années d étude (1991, 1992, 1993). Centre ORSTOM, Laboratoire de Géologie et d Hydrologie, Bangui (RCA) 76 p. Nguimalet C. R., 2004 : Le cycle et la gestion de l eau à Bangui (République Centrafricaine). Approche hydrogéomorphologique du site d une capitale africaine. Doctorat (thèse unique), Université Lumière - Lyon 2, 442 pages. 5

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