LES BARRAGES DU BERGERACOIS. Bilan et problèmes à résoudre avril Le barrage de Bergerac

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2 LES BARRAGES DU BERGERACOIS Bilan et problèmes à résoudre avril 2009 Le barrage de Bergerac Données générales Le barrage a été construit en 1839 pour la navigation. Il crée en effet un plan d eau qui facilite l accès aux quais et la circulation des bateaux dans la traversée de la ville. Une écluse était implantée en rive droite pour permettre aux gabarres de franchir l obstacle. D une hauteur de 5,4 m, le barrage crée un obstacle presque totalement infranchissable pour les poissons. Le barrage a été transformé en Il a alors fait l objet d une concession qui reste valable jusqu en L ancienne écluse, alors désaffectée, a été remplacée par 2 turbines hydroélectriques, utilisant un débit de 57 m 3 /s. Il s agit d un équipement très modeste comparativement aux 280 m 3 /s que délivre en moyenne la Dordogne à Bergerac. Actuellement il y a donc peu de problème pour la dévalaison des poissons puisqu une bonne part des débits passe au dessus du barrage sans passer dans les turbines. Le projet de nouvelles turbines La concession en cours prévoit que deux turbines supplémentaires de 50 m 3 /s peuvent être installées. Un tel équipement pourrait considérablement changer la situation vis-à-vis de la problématique de dévalaison des poissons. EDF a récemment mis à l étude un projet de suréquipement. D après nos informations, il serait envisagé d installer deux ou trois turbines d un nouveau type. Il s agit de turbines «VLH», de grande taille, avec de très faibles vitesses de rotation, qui entonnent un débit de 10 à 12 m 3 /s chacune, et qui sont réputées avoir beaucoup moins d effets négatifs que les turbines classiques sur la dévalaison des poissons. La passe à poissons A Bergerac, la problématique de la remontée des poissons se pose depuis la construction du barrage. Historiquement, plusieurs échelles à poissons ont déjà été mises en place sans résultat vraiment satisfaisant. En 1985, bénéficiant des nouvelles connaissances dans le domaine, EDF a construit la passe à poissons qui est actuellement en service. A cette époque, la passe de Bergerac fût la plus grande passe à poissons d Europe. Il s agit d une passe à bassins successifs, qui convient assez bien à la plupart des espèces migratrices (aloses, saumons, lamproies ) et dont le fonctionnement mobilise un débit d environ 6 m 3 /s. La seule espèce qui éprouve quelques difficultés à utiliser ce système est l anguille. En effet, la plupart des anguillettes qui se présentent à Bergerac pour remonter la Dordogne sont de très petite taille. Elles nécessiteraient certainement un dispositif particulier, par exemple un substrat de reptation posé sur le parement du barrage.

3 A la construction de la passe, une chambre d observation a été prévue pour l éventuelle installation d un système de comptage des migrations par vidéo. Il s agit du même type d installations que celles existant à Tuilières et à Mauzac. Elle n a jamais été mise en service du fait de difficultés d étanchéité du local. La chambre se situe en effet dans un emplacement fréquemment submergé par les eaux. Un système de piégeage a également été mis en place à des fins d'études scientifiques et d'expérimentations. Il a fonctionné jusqu en 2003 et a essentiellement été utilisé pour capturer des saumons sauvages destinés à alimenter en œufs les piscicultures travaillant dans le plan de repeuplement de la Dordogne. Le piège, posant des problèmes de manipulation et d entretien, a été abandonné et transféré à Tuilières. Les dysfonctionnements de la passe à poissons Jusque récemment, l efficacité de la passe à poissons n était pas remise en cause. Il convient toutefois de préciser qu aucune étude particulière n avait été menée pour apprécier concrètement cette efficacité. Mais des observations récentes ont montré les caractéristiques hydrauliques initiales de la passe à poissons n étaient aujourd hui plus respectées. En particulier, la hauteur de chute entre le niveau de la Dordogne et le premier bassin de la passe à poissons est supérieure de plus de 30 cm à sa valeur normale. Ceci serait dû à un abaissement du niveau d eau à l aval du barrage, en raison peut-être d une évolution naturelle de la rivière, mais surtout suite à des travaux réalisés par EDF en 1998 pour supprimer un mur bajoyer restant de l ancienne écluse. De fait, aujourd'hui, plusieurs mois dans l'année, le dispositif n'est plus opérationnel et les poissons se trouvent à nouveau bloqués à l'aval. Il a également été mis en évidence que l un des organes de la passe à poissons, une vanne asservie prévue pour réguler automatiquement les niveaux d eau à l entrée de la passe, ne fonctionne plus depuis au moins cinq ans. En plus de ces observations hydrauliques, d importantes perturbations dans la migration des poissons sont aujourd hui suspectées : 1- les poissons qui remontent les fleuves atteignent en moyenne le barrage de Golfech sur la Garonne un mois plus tôt que celui de Tuilières sur la Dordogne alors qu ils sont à une distance de la mer équivalente. Il est probable que le franchissement difficile du barrage de Bergerac contribue à ce ralentissement. 2- la plus importante frayère d aloses du bassin de la Dordogne est située à l aval immédiat du barrage de Bergerac. Il est fort probable qu il s agisse d un effet d accumulation en raison de difficultés de franchissement 3- certaines années, en été 2007 notamment, des interruptions complètes de migrations ont été brutalement observées (plus de 20 saumons/jour et plus aucun passage le lendemain), suite à une baisse rapide de débit et donc probablement à l atteinte d un seuil critique de dysfonctionnement de la passe à poissons. Les travaux sur le barrage Des travaux de réparation du barrage ont été réalisés durant l été Ceux-ci ne semblent pas avoir affecté de façon supplémentaire le fonctionnement de la passe. Mais ils n ont pas été mis à profit pour améliorer les systèmes de franchissement. L installation des nouvelles turbines pourrait en revanche sensiblement modifier les conditions hydrauliques à l aval du barrage et donc l attractivité de la passe à poissons. Cet aspect doit impérativement être regardé de près.

4 Conclusion La passe à poissons de Bergerac présente d importants dysfonctionnements. Elle doit être rectifiée pour retrouver l efficacité initialement prévue (rectification de la chute aval, rétablissement de l asservissement). Elle devra être transformée et complétée si les conditions générales de l ouvrage devaient de nouveau changer, en raison de l installation de nouvelles turbines notamment (modification de l entrée). Le dispositif doit être complété pour prendre en compte les besoins de l anguille (pose de substrat de reptations). Enfin, de réelles études doivent être menées pour évaluer l efficacité du système dans son ensemble.

5 Le barrage de Tuilières Données générales Le barrage de Tuilières a été construit en 1908 pour la production hydroélectrique. D une hauteur de plus de 19 m, le barrage constitue un mur absolument infranchissable par les poissons. Il est équipé de 8 turbines susceptibles d utiliser un débit de 420 m 3 /s. C est le barrage le plus fortement équipé des trois ouvrages du bergeracois (pour rappel, le débit moyen de la Dordogne est de 280 m 3 /s). Pour cette raison, en plus des problèmes de montaison, ce barrage pose les problèmes plus importants pour la dévalaison puisque les poissons ont rarement d autre choix que de passer dans les turbines. On estime que 15% des jeunes saumons et 30 à 50% des anguilles dévalant sont tués lorsqu ils tentent de franchir ce site. La concession du barrage a été renouvelée en 2002, jusqu en 2044, imposant notamment la construction d un système pour améliorer les conditions de dévalaison des poissons migrateurs. Un délai de 7 ans a été accordé pour définir la meilleure solution à mettre en œuvre. L ascenseur à poissons Le barrage a été successivement équipé de plusieurs dispositifs pour le franchissement du poisson. D abord situées en rive gauche, les anciennes échelles se sont très rapidement avérées peu opérationnelles. En effet, la plus grande partie du débit passe par l usine, en rive droite, et la rive gauche est très peu attractive pour la plupart des espèces. En 1989, un nouveau dispositif a été mis en place en rive droite. En raison des contraintes particulières du site (grande hauteur du barrage, peu de place en berge car le lit est très encaissé), la solution d un ascenseur a été choisie. Il s est agit du premier dispositif de ce type construit en France. L ascenseur débouche dans une passe à bassins qui traverse le barrage et qui est munie d'une vitre de visualisation et d'un dispositif de contrôle vidéo qui enregistre en continu le passage des poissons. Une chronique complète des migrations est ainsi disponible depuis Elle a été interrompue en 2006 suite à l accident survenu au barrage. L ascenseur s est révélé considérablement plus efficace que les systèmes antérieurs et le nombre de poissons empruntant le dispositif a largement augmenté. Néanmoins aucune véritable mesure de l efficacité n a été faite. Là encore certains indices biologiques montrent que l efficacité n est pas totale. Ainsi, l une des plus importantes frayères d aloses, située à Mouleydier, à l aval immédiat du barrage de Tuilières a complètement disparu lorsque le barrage s est trouvé effacé en 2006, 2007 et 2008, mettant en évidence son caractère de frayère forcée du fait de l obstacle constitué par le barrage. Un piège a été mis en place dans la passe à bassins associée à l ascenseur à partir de Il permet, en remplacement de l ancien dispositif de Bergerac, de capturer des saumons sauvages pour produire des œufs et alimenter les piscicultures travaillant dans le plan de repeuplement de la Dordogne. Le sentier d interprétation A la même époque que l ascenseur, un sentier d interprétation a été mis en place, en accord avec les communes riveraines, autour du barrage, de l ascenseur à poissons, et d une façon plus générale autour de la rivière (canal, navigation, éclusés ). Ce sentier n a jamais été entretenu et est aujourd hui dans un état de délabrement avancé.

6 La passe à anguilles Une passe spécifique à anguillettes a été mise en place en 2001 dans les infrastructures de l ancienne passe à poissons en rive gauche pour pallier la faible efficacité de l ascenseur vis-àvis de cette espèce. En effet, les anguilles en phase de migration sont de trop petite taille pour être guidées efficacement par les grilles du dispositif de l ascenseur. Le nombre d anguillettes franchissant l obstacle a été considérablement augmenté. Des expérimentations ont été menées sur plusieurs années pour tenter de mesurer l efficacité du dispositif. Les résultats restent très difficiles à interpréter à cause du comportement migratoire des anguillettes qui reste assez mal connu et difficile à appréhender. La dévalaison Alors que la montaison des poissons est un problème pris en compte depuis longtemps, la dévalaison est une préoccupation plus récente. Il est prévu de mettre en place un dispositif sur le barrage de Tuilières avant 2009, qui prendra en particulier en compte à la fois le cas du saumon (dévalaison diurne au printemps) et de l anguille (dévalaison nocturne en automne). C est une obligation expressément inscrite dans le décret de concession de l ouvrage. Le retour d expérience sur de tels systèmes est encore très rare et un débat important s est développé entre experts scientifiques et EDF pour choisir le bon dispositif à installer à Tuilières. La solution préférée par les scientifiques était un système de barrière physique (plan de grilles fines <2 cm installé en permanence), jugé plus fiable. Mais EDF a considéré qu un tel système rendrait plus difficile l exploitation du barrage, en raison de l importance des déchets végétaux (renoncules) qui pourraient colmater les grilles à certaines époques. EDF a émis une préférence pour un système différent, comportant deux éléments : - pour les saumons : un masque guideau (écran en béton de 4 mètres de haut à la surface de la lame d eau) qui devrait guider les poissons vers un exutoire leur permettant de franchir le barrage librement ; - et l arrêt temporaire de turbinage pour l anguille, d abord toutes les nuits pendant 4 mois, puis de façon plus ciblée pendant les périodes de pics de migration des anguilles. Sur cette solution les scientifiques ont émis trois réserves : 1- l efficacité d un système de masque guideau n est pas garantie ; 2- pour être efficace, l exutoire associé au masque guideau devrait être en mesure de faire passer un débit de 15 à 20 m 3 /s ; ce débit pourrait fortement perturber l attractivité de l ascenseur à poissons ; 3- l acquisition des connaissances nécessaires pour la prévision des pics de dévalaison de l anguille paraît très improbable avant de très longues années d étude. Le système recommandé par EDF a été validé par la préfecture et mis en service en 2009, lors de la remise en eau du barrage. Son efficacité sera testée dans le courant des deux prochaines années. Une pêcherie expérimentale, conduite par EDF avec l aide des pêcheurs professionnels, va être mise en place à Mauzac pour tenter d acquérir des données sur les pics de dévalaison des anguilles. En cas d efficacité insuffisante de l un ou l autre des systèmes, il est prévu de faire évoluer le dispositif dans les 5 ans à venir, vers le plan de grilles fines préconisé par les experts.

7 La rupture accidentelle du barrage en 2006 Le barrage de Tuilières a subit un incident sérieux en janvier 2006 provoquant la rupture d une vanne et la vidange brutale de la retenue en quelques heures. L évènement qualifié d accident grave par les services de la DRIRE. Cet évènement a été suivi en 2007 par des révélations dans la presse sur l état de délabrement du parc hydroélectrique d EDF. D importants travaux ont été engagés dès l année suivante sur les trois barrages du Bergeracois. Par chance la rupture du barrage s est limitée à des dégâts matériels mais a sérieusement entamé la crédibilité du discours d EDF sur la sûreté des barrages hydroélectriques. L accident de Tuilières a provoqué de nombreux autres débats. Il a tout d abord révélé une grande réticence d EDF à communiquer de façon véritablement transparente sur ses ouvrages et sur son exploitation. EPIDOR a connu à cette époque de grandes difficultés de communication avec EDF. L hypothèse du démantèlement définitif du barrage a très rapidement été occultée en raison notamment des conséquences que pourraient entraîner la disparition de la taxe professionnelle pour les communes riveraines. Les enjeux locaux ont ainsi été placés très au-dessus des enjeux de la vallée, car le barrage de Tuilières continuera de constituer, malgré son équipement, un obstacle à la circulation des poissons migrateurs. La reconstruction La reconstruction du barrage a duré 3 ans. La remise en eau est intervenue au début de l année Une modernisation complète de systèmes de vannage a été opérée. La reconstruction intègre la mise en place d u nouveau système de dévalaison pour les saumons. Aucune autre amélioration n a été réalisée pour compléter par exemple l actuel ascenseur. La passerelle publique Dans le plan de reconstruction du barrage, EDF n a pas maintenu la servitude de passerelle publique qui existait pour traverser la Dordogne. Une vive discussion s est engagée avec les communes riveraines qui considèrent que le maintien du passage public est une compensation normale qu EDF doit continuer à assumer. EDF a simplement mis à l étude l installation d une passerelle indépendante, située à l aval. La construction d un tel ouvrage s élèverait à plus de 1,5 M. Conclusion La remontée des poissons n a jusqu ici jamais été remise en cause à Tuilières. Plusieurs indices montrent pourtant que les conditions ne sont pas optimales et de réelles études d efficacité devront être menées un jour ou l autre. Aujourd hui, les principales exigences portent surtout sur la question de la dévalaison. Des réalisations sont en cours, basées sur des choix d EDF, différents des préconisations formulées par les experts. L efficacité de ces systèmes doit être évaluée dans les prochaines années. Il faudra être particulièrement vigilant aux décisions qui seront prises à partir de ces évaluations. Un débat s est engagé entre EDF et les communes sur l intégration du site dans le contexte social local. Sur de nombreux points, de vives réticences ont été ressenties de la part d EDF pour participer à de véritables projets de développement locaux.

8 Le barrage de Mauzac Données générales Le barrage de Mauzac a été érigé en 1851 pour alimenter le canal de navigation de Lalinde, qui permettait aux gabarres de contourner les passages particulièrement dangereux des rapides de Badefols, de Pontours, de la Gratusse, et des Pesqueyroux. Il a été surélevé et équipé pour la production hydroélectrique en D une hauteur de 6 m, le barrage crée un obstacle complètement infranchissable pour les poissons. Un grand canal d amenée conduit les eaux de la rivière à l usine hydroélectrique qui est située mètres en aval. A ce niveau la chute d eau est de 9 mètres. L usine comporte 6 turbines capables d utiliser un débit de 380 m 3 /s. La concession est valable jusqu en Elle a été prolongée de 30 ans en 1995 sans aucune modification. Ainsi ce sont les conditions du cahier des charges de 1925 qui s appliquent actuellement à Mauzac. Le débit réservé La législation sur le débit réservé, qui impose qu une partie du débit (au moins 10% du débit moyen) soit maintenue en permanence dans le lit de la rivière, n est pas appliquée à Mauzac. Ainsi, lorsque le débit de la Dordogne est inférieur à 380 m 3 /s, tout le débit transite par l usine et le débit dans l ancien bras est pratiquement nul. C est seulement lorsque le débit dépasse 380 m 3 /s que l ancien bras est remis en eau, le surplus passant par-dessus le barrage. La situation hydraulique à Mauzac est donc très variable. C est ainsi que les poissons migrateurs se trouvent plutôt attirés au pied de l usine en période de faible et de moyen débit, et plutôt au barrage en période de fort débit. Ces situations de surverse se produisent en moyenne 25% du temps. Elles peuvent intervenir 10% du temps durant la période de migration de l alose. Les passes à poissons Le barrage est équipé d une passe à poissons d une conception ancienne (passe à ralentisseurs), efficace seulement pour les poissons bons nageurs comme les salmonidés. En 1987, une passe à bassins de la nouvelle génération a été mise en place au niveau de l usine où se concentre l essentiel des débits. Les études concernant cette passe envisageaient l implantation d une ou de plusieurs entrées, réparties le long de l usine. En effet, l entrée principale étant située à plus de 20 mètres en aval de l usine risquait d être insuffisamment attractive. Cette passe est munie d une chambre d observation pouvant être équipée d un système de comptage vidéo. Cette station de suivi a pris le relais de la station de Tuilières après la rupture du barrage en Des suivis d efficacité ont été menés dans les années 1990, ciblés sur alose, considérée comme l espèce la plus exigeante. Plusieurs conclusions importantes ont pu être tirées : - les surverses au barrage modifient considérablement les conditions d attractivité ; même pour de faibles débits surversés, les aloses sont fortement attirées vers le barrage, qui constitue un cul-de-sac ; - l efficacité du système est partielle et permet dans le meilleur des cas le passage de 30 à 50% des aloses. - l efficacité est variable et pour atteindre une efficacité maximale, il faut éviter le fonctionnement des deux turbines qui sont les plus proches de la passe à poissons (rive droite) ; en effet le remous de ces deux turbines masque l entrée de la passe à poissons.

9 Le projet de stade d eaux vives En 2000, une réflexion a été menée autour du projet de stade d eaux vives sur le barrage. En prenant garde à respecter certaines recommandations, la rivière artificielle a été jugée comme un dispositif adapté pour rétablir la circulation des poissons au niveau du barrage. Cette réalisation pourrait aller de pair avec la mise en place du débit réservé réglementaire qu EDF est théoriquement tenu de mettre en œuvre au niveau du barrage. Le stade d eaux vives serait l organe de restitution de ce débit réservé. L idée de sa réalisation est toujours à l étude par le conseil général. Les dysfontionnements de la passe à poissons à l usine En 2002, de nouveaux suivis ont été réalisés, concluant que seulement 10% des aloses, 15% des lamproies et 50% des saumons parvenaient à franchir Mauzac. Il a été démontré que les insuffisances structurelles de la passe à poissons (défaut d attractivité de l entrée principale, trop éloignée de l usine, défaut d attractivité en cas de surverse au barrage) avaient été aggravées par : - la fermeture d une vanne qui fournissait un débit d attrait pour l entrée principale de la passe à poissons, ceci parce que cette vanne, qui n est pas munie d un dégrilleur adapté, subissait des colmatage trop fréquents ; - le fait qu aucune optimisation n avait été vraiment mise en place dans les priorités de fonctionnement des turbines pour faciliter le passage des migrateurs. Suite à ces nouvelles informations, en 2004, EDF a lancé la construction d une deuxième entrée, comme initialement prévu, pour améliorer l efficacité de la passe à poissons. La réalisation et le réglage du fonctionnement de cette deuxième entrée se sont avérés problématiques (défaut de réalisation, nécessité d installer une vanne de contrôle automatisée ). Quatre ans plus tard, en 2008, le système n est toujours pas complètement fonctionnel. Aucune consigne de fonctionnement de l usine n est encore formalisée pour optimiser l efficacité de la passe. La passe à anguilles Une passe spécifique à anguillettes a été mise en place au niveau du barrage en Aucune véritable évaluation de son efficacité n a été réalisée. La dévalaison Pour ce qui est de la dévalaison, aucune véritable démarche n a été engagée à Mauzac alors que les mortalités peuvent certainement être de l ordre de 3 à 5% pour les saumons et de 30% pour les anguilles. Conclusion Le site de Mauzac présente de grosses insuffisances en termes de libre circulation des poissons. Les travaux d amélioration de la passe à l usine doivent rapidement être achevés, et les moyens adéquats doivent y être consacrés. Une optimisation du fonctionnement de l usine doit réellement être mise en œuvre pour permettre à cette passe d être vraiment efficace. Le stade d eaux vives peut constituer une solution intéressante pour compléter le dispositif de franchissement au niveau du barrage et pour mettre en œuvre le principe du débit réservé.

10 Conclusion générale Nécessité d un haut niveau d exigence environnementale La libre circulation des poissons au niveau de chacun des trois barrages de Bergerac, Tuilières et Mauzac est une obligation réglementaire, qui figure expressément dans les cahiers des charges de concession de ces ouvrages. Il faut aussi rappeler que ces trois barrages cumulent leur impact. On doit donc considérer l efficacité de leurs systèmes de libre circulation dans un ensemble et non pas de façon séparée. Rappelons qu avec une efficacité de 80% pour chaque système de franchissement, ce ne sont que 50% des poissons qui parviendraient à franchir l ensemble. Le niveau d exigence pour chaque ouvrage doit donc être maximal. Avec la loi Grenelle et la notion de trame bleue, la législation devrait encore accroître les exigences pour les barrages situés sur les axes migratoires. Il faudra donc accepter que ceux-ci ne soient pas optimisés pour la seule production hydroélectrique. Les poissons nagent dans l eau. Et pour leur faire franchir les barrages il faut leur tracer des «routes» suffisamment praticables et en conséquence consacrer des débits suffisants pour cela. On doit donc accepter de laisser une part conséquente des débits pour les ouvrages de franchissement et ne pas tout faire passer dans les turbines. Sinon, il n y a pas d autre solution que de supprimer les barrages et aller chercher de l énergie renouvelable ailleurs. Les passes à poissons restent des palliatifs imparfaits L expérience de Bergerac Tuilières et Mauzac nous montre aussi que la solution des passes à poissons est très difficile à mettre en œuvre. On voit premièrement qu il est souvent bien difficile d implanter un système efficace sur un barrage de conception ancienne qui n a pas prévu ce type d installation (manque de place, position des turbines, ). De plus, le réglage et le fonctionnement des passes à poissons est un problème complexe et difficile qui réclame des moyens, un suivi et une implication quotidienne. La mesure de l efficacité est également un exercice difficile, qui a été négligé la plupart du temps. Seuls certains dispositifs expérimentaux sur les gaves ont véritablement fait l objet de véritables suivis.

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