Odilon, demanda à tous les monastères dépendants de son abbaye de célébrer un office le lendemain de la Toussaint : «à mémoire de tous ceux qui

Transcription

1 Homélie Hier nous avons célébré la Toussaint, la fête de tous les Saints, hommes ou femmes, de ces personnages indissociables de nos calendriers et dont certains figurent sur nos images pieuses ou ornent les façades de nos cathédrales, apparaissent sur des vitraux ou sur des tableaux. En général nous portons le nom de l un d entre eux et nous avons tous des saintes ou des saints favoris auxquels nous adressons parfois nos prières. Ces saints font l objet de dévotions particulières, voire de pèlerinages. Cette année deux papes dont les visages nous sont bien connus ont accédé à la sainteté : Jean XXIII et Jean-Paul II. Mais à côté de ces grands saints canonisés par l Eglise il existe une foule innombrable de saints dont nous ne connaîtrons jamais le nom mais qui ont été reconnus comme tels, une fois franchies les portes de la mort. Il s agit de toutes ces femmes, de tous ces hommes et de tous ses enfants qui, au cours d une vie apparemment ordinaire, banale, ont cru à la primauté de l amour, ont été au service des autres, ont essayé de vivre l Evangile. Saint Augustin écrivait : «qu en toi se trouve la racine de l amour, car de cette racine ne peut rien procéder d autre que le bien.» Aujourd hui c est la journée de commémoration de tous les défunts. C est en 998 qu un abbé de Cluny, Saint 1

2 Odilon, demanda à tous les monastères dépendants de son abbaye de célébrer un office le lendemain de la Toussaint : «à mémoire de tous ceux qui reposent dans le Christ.» Cet usage s est depuis répandu à toute l Eglise et c est ce qui nous rassemble ce matin. Il me plaît de croire que parmi tous les visages aimés que vous revoyez en pensée, certains font déjà partie de ces saints anonymes car la vocation d un baptisé c est d être appelé à la sainteté. En ce jour nous sommes appelés à nous souvenir de nos défunts, à prier pour eux et avec eux ; c est qu on appelle la communion des saints. Le pape François l a définie ainsi : «Il existe un lien profond et indissoluble entre ceux qui sont encore pèlerins dans ce monde entre nous- et ceux qui ont franchi le seuil de la mort pour entrer dans l éternité.» Le jour des défunts nous renvoie inévitablement à notre propre mort car nous savons qu il nous faudra passer par là, nul ne saurait y échapper. Nous ne sommes pas très différents des chrétiens de Thessalonique préoccupés par le problème de la mort et auxquels s adressait Saint Paul il y a plus de deux mille ans en leur disant : «il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n ont pas d espérance.» Face aux inquiétudes de ces chrétiens, Saint Paul procède avec douceur, il ne leur reproche pas leur manque 2

3 ou leur peu de foi maisen évoquant les défunts parle simplement de «ceux qui se sont endormis dans la mort», expression qu il utilise à deux reprises. Ce terme«endormis»fait perdre à la mort sa brutalité, apporte l espoir, celui d un réveil et par conséquent d un retour à la vie. La mort n a plus ce caractère définitif et Saint Paul de rappeler ce qui doit distinguer le croyant du non-croyant : «Jésus nous le croyons, est mort et ressuscité.» Cette affirmation est la pierre angulaire de la foi chrétienne. Lorsque la mort marque la fin de tout, le désespoir est compréhensible car la vie devient totalement absurde mais ce n est pas le cas lorsqu on place sa confiance dans ce Jésus qui, le trois jours après sa mort sortit du tombeau. Le Ressuscité est le seul qui assure un avenir à l homme et Saint Paul, l ancien persécuteur des chrétiens, peut s écrier : «Dieu, à cause de Jésus les emmènera avec son Fils, ainsi nous serons pour toujours avec le Seigneur.» La mort permet la rencontre avec le Seigneur, aussi lorsque nous pensons à nos chers disparus nous devrions nous dire maintenant ils savent, ils ont la réponse à beaucoup de nos questions et se trouvent face à Dieu. C était déjà ce rêve fou qui animait Job des siècles avant la Résurrection : 3

4 «et de mes yeux de chair, je verrai Dieu et quand mes yeux le regarderont, il ne se détournera pas.» Dans l Evangile, Saint Luc nous invite à veiller, à être éveillés, à être en alerte, en attente d une rencontre. Si nous sommes dans cette disposition, l apôtre s écrie : «Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller» Et, un peu plus loin : «et qu il les trouve ainsi, heureux sont-ils!» Saint Luc semble énoncer une nouvelle Béatitude. Notre espérance n est pas en nous, mais en Celui qui vient, notre maître, mais un maître qui ne vient pas pour être servi mais pour nous servir. La logique est inversée ; c est le maître qui sert les serviteurs. Accueillir le Christ dans notre vie, c est le laisser nous accueillir. Il faut être prêt à se laisser surprendre. On pense immédiatement à Jésus lavant les pieds de ses disciples et scandalisant par ce geste Simon Pierre. Le père Zundel, jésuite suisse, écrivait : «Jésus à genoux atteste la vraie grandeur, celle du don, celle de l amour, la seule qui puisse convenir au Dieu esprit qui est vérité.» Béni soit le Seigneur qui veut que nous habitions dans sa maison et qui nous y attend. Dieu nous a créés pour ce bonheur éternel, tenons-nous prêts. Il nous appartient de répondre ou de ne pas répondre à l appel du 4

5 Seigneur, et je terminerai en citant un passage de l Apocalypse de Saint Jean : «Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu un entend ma voix et ouvre la porte, j entrerai chez lui, je souperai avec lui, el lui avec moi.» C est le Seigneur qui frappe à notre porte, alors soyons à l écoute, veillons et prions. Amen 5