Un état de la construction en paille en France
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- Anne-Claire Larivière
- il y a 8 ans
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1 I.A Un état de la construction en paille en France Les données présentées ici sont issues d une enquête réalisée par Mima Galès au sein de l association bretonne «Empreinte» entre le 15 juin 2007 et le 02 février Elles ont ensuite été traitées puis mise en forme par l auteur. Ces informations portent sur 691 bâtiments utilisant de la paille comme isolant. Ces informations sont issues d un recensement lié à une initiative individuelle de chacun des maitres d ouvrages. L échantillon statistique est donc forcément biaisé et incomplet puisque l on estime qu il existe près de 3000 bâtiments isolés en paille en France en Ce sont surtout les bâtiments construits depuis le début de l enquête (Figure 1) qui ont été enregistrés. Avant cette date de nombreux bâtiments avaient été construits (principalement depuis les années 1980) mais ils ne sont pas recensés ici. La paille de blé est majoritairement utilisée La paille de blé est utilisée majoritairement (Figure 2) ce qui est logique puisque c est la céréale la plus cultivée en France. La ressource est majoritairement locale avec la moitié des approvisionnements qui proviennent de moins de 50 km du site de construction (Figure 3). Le remplissage isolant d une ossature est la pratique la plus fréquente en France Les systèmes constructifs employés (Figure 4) sont principalement le remplissage d ossatures. La paille porteuse représente 10% des bâtiments recensés alors que les autres utilisations (terre-paille, vrac etc..) représentent environ 6% du total. Les logements majoritaires (Figure 5) Les logements sont largement majoritaires 90% sachant que la tendance actuelle est à l accroissement de la part des immeubles tertiaires. Des finitions intérieures et extérieures majoritairement sous forme d enduits Les finitions extérieures (Figure 6, Figure 7) sur paille sont majoritairement enduites 65% et emploient principalement de la chaux 66% La terre est utilisée pour la réalisation d enduits extérieurs dans 30% des parois enduites et portent donc généralement sur des murs extérieurs protégés des intempéries. Coté intérieur (Figure 8, Figure 9) ce sont aussi les enduits 60% qui sont les plus utilisés et sont majoritairement à base de de terre 48% et à base de chaux 45%. Les principales combinaisons de parements extérieurs et intérieurs (Figure 10, Figure 11, Figure 12) font apparaître que les enduits appliqués sur les 2 faces d un mur sont majoritaires - 63% et que même dans le cas où les bardages constituent la peau extérieure de l édifice, ce sont les enduits (51%) qui sont majoritaires à l intérieur. Dans ce cas, les 2 cas les plus fréquents, ils sont constitués d un enduit extérieur à la chaux (63%) combiné à un enduit intérieur à la chaux (30%) ou à la terre (29%) Nombre de bâtiments enregistrés dans la base de donnée "Empreinte" Date de construction Figure 1: Nombre de bâtiments enregistrés dans la base de données "Empreinte"
2 Répartition des types de céréales utilisées pour la construction en paille 6% 3% Distance d'approvisionnement en paille 10% 7% 13% 50% 40% 71% Blé Triticale Seigle Orge Autres Figure 2: Type de paille utilisé dans les constructions recensées < 10 km de 10 à 50 km plus de 50 km Figure 3: Distance d approvisionnement en paille Systèmes constructifs paille Types de bâtiments 14% 6% 10% 2% 3% 4% 1% 0% 70% 90% Remplissage ossature interne Paille porteuse Remplissage ossature externe (Greb) Autres atelier autre bureau commerce habitation lieu public Figure 4: Systèmes constructifs employés Figure 5: Type de bâtiments recensés Finition extérieure 35% Enduits extérieurs 3% 1% 30% 65% 66% Bardage Enduit Terre Chaux Plâtre Autre Figure 6: Types de finitions extérieures Figure 7: Types d'enduits appliqués à l'extérieur
3 Finition intérieure Enduit intérieur 26% 5% 2% 60% 14% 45% 48% Bois Plaque Enduit Figure 8: Types de finitions intérieures Terre Chaux Plâtre Autre Figure 9: Types d'enduits appliqués à l'intérieur Enduit extérieur et finitions intérieures Bardage extérieur et finitions intérieures 25% 31% 51% 63% 12% 18% Enduit extérieur - Bois intérieur Enduit extérieur - Plaque intérieure Enduit extérieur - intérieur Figure 10: Combinaisons de finitions extérieures et intérieures Bardage extérieur - Bois intérieur Bardage extérieur - Plaque intérieure Bardage extérieur - Enduit intérieur Figure 11: Bardages extérieurs et finitions intérieures Composition des combinaisons d'enduit extérieur - intérieur Chaux-Plâtre 4% Autres 6% Terre-Terre 18% Chaux-Chaux 30% Terre-Chaux 12% Terre-Plâtre 1% Chaux-Terre 29% Terre-Terre Terre-Chaux Terre-Plâtre Chaux-Terre Chaux-Chaux Chaux-Plâtre Autres Figure 12: Combinaisons entres enduits extérieurs et intérieurs
4 Référentiel technique et normatif I.B Contexte règlementaire et normatif de la construction en paille en France Le contexte réglementaire et normatif dans la construction est très différent selon les pays. Contrairement à des rumeurs largement répandues, celui-ci n est pas défavorable à la construction en paille en France. Il n en est pour preuve que celle-ci compte probablement à elle seule autant de bâtiments en paille que le reste des pays Européens réunis. En France, pour pouvoir mettre en œuvre un matériau de construction quelconque et s assurer il est nécessaire de se conformer à une série de conditions : 1 condition : Respecter la réglementation : Le respect de la réglementation en vigueur est obligatoire et non négociable. Elle s applique à tous (professionnels comme auto constructeurs) et est relative à une série de domaines: thermique, acoustique, incendie, sismique, sanitaire, accessibilité etc. La règlementation n'indique pas de matériaux de construction utilisable ou interdits mais exige des performances minimales à atteindre. Exemples: - la consommation énergétique maximale d un bâtiment d un type donnée ne doit pas dépasser un seuil pour un département donné à une altitude donnée ; - la durée de tenue au feu d'une paroi verticale dans un établissement d un type donné doit être au minimum d un certain nombre de minutes. La règlementation est neutre vis à vis du choix des systèmes constructifs et des matériaux. A ce titre, la paille est un matériau parfaitement recevable dans le cadre règlementaire. 2 condition : utiliser un matériau caractérisé apte à l'usage visé Il est nécessaire de disposer des caractéristiques d'un matériau pour pouvoir l'utiliser dans des conditions données pour un usage visé. Ceci est obtenu via des essais réalisés dans des laboratoires certifiés dont la liste est disponible auprès du COFRAC (Comité Français d Accréditation et de Certification - ) selon un protocole reconnu. Ces laboratoires peuvent se situer en France ou ailleurs en Europe à condition que des accords de reconnaissance mutuels des essais aient été signés entres les pays concernés. Concernant le matériau paille, en France, la majorité des essais réalisés et leurs procès-verbaux sont disponibles auprès du RFCP (cf Erreur! Source du renvoi introuvable.). Ces informations portent par exemple sur la conductivité thermique, la tenue au feu, la résistance face aux termites de la paille. Ils montrent que la paille est un matériau adapté à la construction de tous types de bâtiments y compris pour des ERP (Établissements Recevant du Public). 3 condition : respecter des règles de conception de la construction et de mise en œuvre reconnues La différence entre des techniques de construction reconnues ou non est importante pour les assureurs. C est elle qui a une influence à la fois sur le regard de l assureur vis-à-vis d une demande en garantie décennale ainsi que sur le barème d assurance appliqué. Les assureurs ont donc définis 2 catégories : les «travaux de techniques courantes» (TC) et les «travaux de technique non courante» (TNC). Ceci aboutit à une grille à 2 entrées (Tableau 1) entre le point de vue technique et normatif d un côté et celui de l assurance de l autre. Tableau 1: Référentiel technique, normatif et assurance Reconnaissance Assurance Travaux de techniques courantes (TC) Domaine «traditionnel» DTU Document Technique Unifié Normes, édictées par l AFNOR Règles professionnelles Approuvées par la C2P Non approuvées par la C2P travaux de technique non courante» (TNC). Domaine «non traditionnel» Avis technique Sur liste verte de la C2P Hors liste verte C2P
5 Dans le domaine qui nous préoccupe ici, les règles professionnelles de construction en paille - CP ont été approuvées le 28 juin 2011 par la C2P (Commission Prévention Produit) qui appartient à l'aqc (Agence Qualité Construction). Ces règles ont été rédigées par le RFCP Réseau Français de la Construction en Paille par un comité constitué de professionnels. Depuis cette date, les ouvrages isolés en paille conçus et construits conformément à ces règles appartiennent aux "techniques courantes" de construction. A ce titre les entreprises qui le demandent peuvent bénéficier de barèmes d'assurance standard à condition: de respecter les règles de mise en œuvre préconisées dans les règles CP 2012 ; d'utiliser les fiches de contrôle de qualité des matériaux et de qualité de mise en œuvre disponibles en annexe des règles CP 2012 ; d'envoyer au RFCP (et au maitre d'ouvrage) les fiches de contrôle de qualité renseignées en fin de chantier. 4 condition : construire avec une main d œuvre qualifiée La mise en œuvre de matériaux de construction doit être réalisée par un personnel qualifié. Dans ce cadre, le RFCP a mis en place un référentiel de formation "PRO-PAILLE" qui couvre les pratiques décrites dans les règles professionnelles de construction en paille - CP Soucieux de ne pas concurrencer les organismes de formation, le RFCP a tissé des liens avec ceux-ci et a accrédité certains d entre eux. Les personnes qui souhaitent se former aux règles professionnelles de construction en paille - CP 2012 doivent donc prendre contact avec un organisme de formation accrédité par le RFCP. La construction en paille obéit donc aux mêmes exigences et obligations que les autres techniques. Il est donc nécessaire de respecter la règlementation, d'utiliser un matériau qualifié dans des conditions validées, de réaliser une mise en œuvre selon des règles reconnues par un personnel qualifié. Avec l adoption des règles professionnelles de construction en paille celle-ci est devenu une technique de "construction courante" selon la nomenclature officielle. Règles professionnelles Questions fréquentes L auteur ayant participé à la rédaction des règles professionnelles de construction en paille et à la mise en place de la formation PRO-PAILLE apporte quelques réponses à des questions fréquemment posées à leur sujet. On se reportera au site du RFCP pour plus d informations. Affirmation n 1 : «Avec les règles professionnelles, il n y a plus qu une seule manière de construire en paille.» Faux : Les règles CP 2012 couvrent l ensemble des techniques de remplissage en paille et de réalisation des enduits sur support paille. De plus, rien ne force à les observer si l on désire innover. Affirmation n 2 : «Si l on n observe pas les règles professionnelles, il est impossible de s assurer.» Faux : Les assureurs estiment les risques à partir d un grand nombre de paramètres dont l expérience et la compétence professionnelle. Ainsi, des entreprises novices dans la construction en paille mais déjà connues pour leur sérieux ont obtenues des garanties décennales. Affirmation n 3 : «Les règles professionnelles facilitent l obtention d assurance, mais ne sont pas suffisantes.» Vrai : Les assureurs apprécient de disposer de documents de référence mais exigent aussi de l expérience ou / et des qualifications reconnues. Affirmation n 4 : «Je n ai pas besoin de règles professionnelles pour m assurer» Vrai : des concepteurs et constructeurs de bâtiments en paille ont été assurés professionnellement bien avant que les règles CP 2012 ne soient publiées. Il s agit e général de personnes ou d entreprises qui avaient une expérience professionnelle reconnue dans d autres secteurs de la construction de bâtiments. Au vu de leurs qualités, l assureur a estimé qu il pouvait les couvrir sans risques particuliers. Faux : les entités déjà en activité et reconnues par leurs pairs s assurent facilement pour construire en paille, en revanche ceci est beaucoup moins vrai pour de nouveaux arrivants sans expérience préalable. De ce point de vue les règles CP 2012 sécurisent l assureur vis-à-vis d un nouvel arrivant inconnu de lui jusque-là. Affirmation n 5 : «Les règles professionnelles ne servent à rien pour réaliser et assurer des bâtiments en paille porteuse» Faux : Les règles CP 2012 ne décrivent pas les exigences relatives à l utilisation de la paille en tant que matériau structurel. En revanche, elles fournissent un cadre général pour la mise en œuvre qui est commun aux techniques de remplissage et aux techniques de paille porteuse. De ce fait elles peuvent faciliter l obtention d une assurance pour la construction en paille porteuse. Vrai : Les règles CP 2012 ne décrivent pas les aspects structurels que peuvent endosser des parois en paille. Affirmation n 6 : «La formation Pro-paille du RFCP crée un monopole» Faux : Chacun et libre de délivrer des formations à la construction en paille selon les modalités, cadres et protocoles qui lui conviennent. Faux : La formation pro-paille est délivrée par des organismes indépendants qui sont accrédités par le RFCP et qui emploient des formateurs certifiés par celui-ci.
6 Vrai : La formation PRO-PAILLE» porte sur les règles CP 2012 rédigées par le RFCP. Elle n est donc délivrée que dans un cadre reconnu par celui-ci. Faux : Tout formateur «Pro-paille» peut utiliser le contenu de la mallette pédagogique «pro-paille» dans une formation quelconque mais sa reconnaissance n est garantie que dans le cadre définit par le RFCP. Un label «bâtiment biosourcés» L Etat a pris conscience depuis plusieurs années du potentiel important des matériaux d origine agricole pour la construction ou la rénovation de bâtiments. L une des premières manifestations concrète de cet intérêt est la création d un label «bâtiment biosourcés» afin d accompagner le développement des filières de construction basées sur des matériaux renouvelables d origine animale ou végétale. Ainsi, le code de la construction et de l'habitation a été modifié de la manière suivante: Art. R «Les bâtiments nouveaux intégrant un taux minimal de matériaux biosourcés et répondant aux caractéristiques associées à ces matériaux peuvent prétendre à l'obtention d'un label " bâtiment biosourcé. Il est notamment complété par le décret n du 19 avril 2012 relatif au label «bâtiment biosourcé»
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