Guide. aménagement paysager

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1 Guide aménagement paysager DES SIÈGES D'exploitations agricoles

2 SOMMAIRE 1 Introduction 2 Les paysages agricoles et les fermes thouarsaises 2.1 Les fermes de bocage 2.2 Les fermes de la plaine 3 Pourquoi et comment réaliser un diagnostic paysager préalable de son exploitation? 4 Les problématiques 4.1 L entrée de l exploitation 4.2 Les bâtiments d exploitation 4.3 La cour d exploitation 4.4 Les circulations 4.5 Les stockages et délaissés 5 Les techniques 5.1 L eau 5.2 Le bois 5.3 Le végétal 5.4 La pierre 5.5 Les couleurs : enduits, peintures Contacts

3 1 Introduction Le Syndicat du Pays Thouarsais et la Chambre d Agriculture des Deux-Sèvres conduisent depuis 2000 une action d embellissement des sièges d exploitation agricole. En 10 ans, 70 exploitations ont ainsi été accompagnées par des professionnels pour améliorer leur insertion paysagère et contribuer, par extension, à améliorer l image de l agriculture et renforcer le lien entre le territoire et les agriculteurs. Tout au long de cette action, on a pu se rendre compte que l impact paysager d une exploitation agricole est dû à différents facteurs souvent liés à l organisation de l exploitation, comme par exemple l organisation du stockage, le traitement des délaissés, l utilisation ou non du bâti ancien c est pourquoi ce programme va plus loin avec les exploitants en travaillant avec eux sur leur fonctionnement et l impact visuel qu il peut avoir sur le paysage. On rencontre sur le territoire une grande diversité de production, allant du maraîchage à l élevage, en passant par les céréales et le vin, mais aussi de type d exploitation, de l exploitant isolé au GAEC à 5 ou 6 membres, faisant de la vente directe ou non, en bio ou en conventionnel Tout ceci a un impact sur le fonctionnement de l exploitation, sur son impact sur les paysages. Néanmoins, on a pu constater depuis 10 ans que la question des paysages transcende toutes ces tendances et que cette action a permis de faire travailler ensemble des agriculteurs aux profils très variés autour de la question du paysage, favorisant ainsi l échange et le partage au delà des divergences, des modes de culture ou des revenus. Après 10 ans, il nous a semblé important de pouvoir capitaliser ce qui a pu être mené sur les exploitations, afin de faire connaître les bonnes pratiques, montrer ce qui a été fait et l impact que ça a pu avoir. On trouvera dans ce document une présentation rapide du territoire, quelques éléments méthodologiques : comment faire un diagnostic paysager de mon exploitation, quelles questions me poser, quel intérêt d avoir une approche globale ainsi que les différentes problématiques rencontrées sur les exploitations et comment on a pu ou on a contribué à y répondre et enfin les différentes solutions et techniques qui existent pour améliorer l insertion paysagère de son exploitation. Le document est illustré à partir d exemples pris sur des exploitations ayant participé au programme sur le Pays Thouarsais depuis son origine. Ce programme a été financé par les fonds européens LEADER, la Région Poitou-Charentes et le Département des Deux-Sèvres. NOTE : Ne pas oublier de faire une déclaration ou de demander un permis pour tout travaux modifiant l'aspect des bâtiments.

4 2 Les paysages agricoles et les fermes thouarsaises Le pays Thouarsais se caractérise par une grande diversité des paysages et des matériaux utilisés dans l architecture traditionnelle. En effet, le territoire est localisé à l Ouest sur le socle granitique du massif armoricain, d où des paysages de bocage et une dominante de granite et à l Est sur un sous-sol calcaire, en limite du bassin parisien avec un paysage de plaine céréalière. Plusieurs vallées, le Thouet et ses affluents, marquent aussi les paysages. Enfin, au Nord, les sols sont favorables à la culture de la vigne, à proximité de l Anjou. 2.1 Les fermes de bocage À l Ouest du pays Thouarsais, l élevage domine encore, avec une tendance au développement de l élevage hors sol aux dépens de l élevage extensif. Le bocage est encore très présent, même s il tend à reculer à l Est, sous l influence des céréaliers de la plaine. L habitat est soit regroupé dans le bourg, soit isolé (quelques fermes au plus). Le granite (rose ou gris) domine dans les constructions, sauf pour les maisons de maître, où l on retrouve des encadrements en tuffeau. La tuile est présente sur tous les bâtiments, sauf les maisons de maître. Les exploitations agricoles sont donc le plus souvent isolées, dans un paysage de bocage. Elles sont accessibles, voire traversées, par des chemins ruraux, de plus en plus utilisés par les promeneurs. Ainsi, si depuis les axes principaux, le bocage intègre ces exploitations au paysage, les chemins ruraux permettent d accéder au cœur des fermes et de leur fonctionnement. Les bâtiments modernes imposants côtoient un bâti ancien composé généralement de petites unités et d une grange de taille plus importante. Ces bâtiments ont gardé un usage, mais sont le plus souvent en mauvais état (surtout les toitures et les menuiseries). Les bâtiments modernes peinent à s intégrer dans le paysage, essentiellement du fait des couleurs mais aussi des volumes. En effet, le recours à des couleurs claires (crème, vert réséda) et l alternance de tôle de couleurs différentes rendent l intégration difficile. La construction de bâtiments neufs ne s est pas toujours accompagnée d une réflexion sur leur implantation et sur les circulations entre les bâtiments. Paysage de bocage d une exploitation agricole Bâtiments modernes d élevage en tôle claire Bâtiment en granite avec une toiture de tuiles

5 2.2 Les fermes de la plaine Sur la partie Est du territoire, la plaine domine le paysage, accompagnée de boisements de taille variable. Les céréales dominent, d où des paysages qui évoluent au fil des saisons, mais où l animal a disparu. En effet, l élevage est encore présent mais se limite à du hors sol, qui peut atteindre une taille importante. L habitat est regroupé dans des villages et les fermes isolées sont rares. Elles sont le plus souvent présentes dans les villages, ce qui pose d autres soucis de partage de l espace et d intégration dans les paysages. Elles sont relativement visibles, mais l imbrication dans le bourg facilite l intégration dans les paysages. Les bâtiments traditionnels sont en calcaire, voire en tuffeau dans le nord-est du territoire. Ils sont de taille importante, avec notamment de très beaux portails en pierre taillée. On retrouve les mêmes caractéristiques que dans le bocage concernant les bâtiments modernes (taille, emplacement, couleur). Bâtiments traditionnels en calcaire Imbrication de l exploitation dans le bourg

6 3 Pourquoi et comment réaliser un diagnostic paysager préalable de son exploitation? Pourquoi une réflexion préalable à l aménagement? Aménager les abords de son exploitation est une démarche indispensable si l on souhaite accueillir du public sur sa ferme. Rendre les abords de son exploitation agréables est l une des données clés du succès commercial. Les travaux permettront aussi d améliorer le cadre de vie, de mettre en valeur le patrimoine et d intégrer les constructions nouvelles dans l environnement. Toutefois, aménager les abords de son exploitation ne se réduit pas à planter quelques arbres pour masquer un bâtiment agricole un peu trop voyant ou à reproduire des modèles paysagers urbains qui conduisent à la disparition de l identité paysagère et architecturale du lieu. Un aménagement paysager ayant un certain coût pour l exploitant, s inscrit dans la durée. Aussi, ne doit-il pas entraver le fonctionnement quotidien de l exploitation ainsi que son évolution. C est pourquoi une approche globale de l exploitation est nécessaire pour que le projet d aménagement intègre simultanément le fonctionnement de l exploitation, son évolution et le contexte paysager local. Comment mener cette réflexion préalable? Dans un premier temps, il est bon de se poser les questions suivantes : quelles sont mes attentes, mes motivations et mes contraintes (temps disponible, budget mobilisable, maîtrise du foncier, classement du site )? Dans un second temps, il s agit d établir un état des lieux des points forts et des faiblesses de l exploitation vus sous l angle paysager. A cette occasion, on cherchera à regarder l exploitation de l extérieur (d où est vue cette exploitation?) et ce qu on voit depuis l exploitation.

7 Depuis la route, fort contraste entre les deux bâtiments. Les couleurs du bâtiment en tôle claire et celles du bâtiment foncé attirent le regard et ne se noient pas dans le paysage. PHOTO MANQUANTE Depuis le bâtiment d exploitation, beau point de vue sur le bocage

8 Au-delà de quelques points à améliorer, on s intéressera à l organisation sur l ensemble de la ferme, à savoir : les bâtiments : quel est l usage des bâtiments, quelles sont les relations entre eux et avec les zones de stockage, quels sont les éléments d architecture notables (volumes, matériaux, couleurs...), quelles sont les vues sur ces bâtiments depuis la maison d habitation, l entrée de la ferme et l extérieur. les espaces extérieurs : on distingue des différents usages (privés, agricoles, touristiques, ) qui peuvent être présents sur la ferme et se juxtaposer, on identifie les espaces délaissés qui servent souvent de dépotoirs, on analyse le rôle de la cour dans l organisation (carrefour ou espace délaissé), on note les éléments sensibles tels que le potager, la fontaine, le panorama les circulations : on identifie la nature des déplacements (piétons, voitures, animaux, engins agricoles ), on observe les problèmes de juxtaposition, de gêne et de sécurité s il y a, on analyse les accès à la ferme (mise en valeur ou pas de l entrée, problème de sécurité ) et la qualité des cheminements (boue, ravinement ) les différentes formes de stockages : on localise les différents espaces de stockage (matériel, récoltes, effluents d élevage, déchets divers ), on étudie les vues sur ces espaces depuis la maison d habitation, l entrée de la ferme, les lieux d accueil la végétation : on note les différentes formes végétales présentes, leur rôle sur la ferme (arbre repère, séparation, brise vent, ombrage ) et leur état sanitaire. les éléments de transition, situés à la périphérie de l exploitation, offrent la première image de la ferme depuis l extérieur et marquent fortement son identité. Comme pour la végétation, on note leur nature (verger, muret, espace délaissé ), leur rôle et leur état de conservation. A l occasion de ces différentes phases d analyse, ont été soulignés les ATOUTS de la ferme et mis en évidence les POINTS A AMELIORER. La synthèse de ces éléments permet de définir les principes d aménagement qui vont structurer le projet et lui donner sa cohérence. Avec qui? L agriculteur, seul, peut réaliser ce travail d analyse sur son exploitation. Cependant, il est parfois difficile pour lui d avoir un regard objectif sur son lieu de travail et de vie qu il connaît parfois depuis toujours. Ce regard extérieur, il peut venir d un échange entre plusieurs agriculteurs voisins qui entreprennent la même démarche sur leur ferme. Il peut être aussi celui du conseiller (technicien, architecte, paysagiste, ). Dans les pages suivantes, nous vous proposons des idées et des exemples tirés de réalisations existantes sur le Pays Thouarsais et regroupés suivant différents thèmes d intervention : l entrée de la ferme, la cour, les circulations, les bâtiments d exploitation, les stockages et délaissés.

9 4 Les problématiques 4.1 L entrée de l exploitation L aménagement de l entrée de la ferme est un point à privilégier dans le projet d aménagement car même s il s agit d une image partielle, elle est déterminante, notamment pour les personnes qui font de la vente directe. L aménagement de l entrée peut être conçu pour créer un repère visuel et par la même occasion renforcer l identité des lieux. Si cela s avère nécessaire, planter au niveau de l entrée ou le long du chemin d accès, permet de repérer l entrée et de signaler son activité. L arrivée sur l exploitation est marquée par la présence de deux espaces «délaissés» engazonnés non mis en valeur. Un verger et des massifs ornementaux tout en marquant l entrée de l exploitation mettent en valeur le corps de ferme. La clôture bois permet de délimiter et protéger le verger tout en accompagnant le visiteur à l entrée de l exploitation. Entrée sur l exploitation Deux massifs ornementaux marquent l entrée de l exploitation. Celle-ci est encore soulignée par l installation d une clôture bois entre le chemin d accès au bâtiment et la pâture.

10 L arrivée sur l exploitation est peu attrayante. Deux massifs ornementaux permettent de marquer et de mettre en valeur l entrée sur l exploitation. L entrée est marquée par le mur blanc qui «agresse» visuellement le visiteur. Un massif ornemental en pied de mur avec des végétaux grimpants atténue l impact visuel du mur blanc tout en formalisant l entrée sur la ferme.

11 L arrivée sur l exploitation est marquée par les murs de l ancienne fumière et le bardage tôle du bâtiment. Deux massifs ornementaux permettent de marquer et mettre en valeur l entrée sur l exploitation tout en masquant l ancienne fumière. Un engazonnement au pied des massifs tout en mettant en valeur les végétaux permet un entretien mécanique préférable à l entretien chimique. La haie de cupressus dépérissante donne un air austère à l entrée sur l exploitation Plantation d une haie ornementale après arrachage de la haie de cupressus pour mettre en valeur l entrée

12 L entrée de l exploitation est marquée par un mur composé de cupressus permettant de masquer partiellement les bâtiments à la vue depuis les habitations voisines. L austérité du mur végétal est atténuée par la plantation de massifs fleuris de part et d autre de l entrée. Une entrée de ferme peu attrayante. Les massifs ornementaux permettent de marquer l entrée et de mettre en valeur le mur en pierres sèches.

13 4.2 Les bâtiments d exploitation Bâtiments contemporains Ces dernières années, la réorganisation des exploitations s est souvent accompagnée de la construction de bâtiments aux tailles parfois importantes. Avec des caractéristiques propres (volumes, couleurs, matériaux ), ils peuvent créer une rupture avec l habitat existant contribuant à transformer durablement un lieu donné. Lors du projet d aménagement paysager, on va chercher à établir une continuité entre ces bâtiments «modernes» et l environnement immédiat. Il ne s agira pas de cacher les bâtiments, mais de leur donner une place dans le paysage grâce à un accompagnement végétal qui va permettre d atténuer et structurer leurs volumes importants. Lors du projet de construction d un bâtiment, une réflexion sur son intégration paysagère doit être menée dès la phase de conception. On s intéresse au lieu d implantation, à la végétation et au bâti existant, aux choix des volumes, matériaux et couleurs. L accompagnement végétal est alors l étape ultime du projet d insertion paysagère. Bâtiments traditionnels Que ce soient des hangars, des granges, des étables, des toits à cochons, du petit patrimoine rural (puits, fontaine ), ces bâtiments constituent un patrimoine bâti important, aujourd hui menacé. S ils ne sont pas fonctionnels et constituent une gêne sur l exploitation, ils peuvent être détruits. Parfois, réhabilités pour des usages agricoles ou non agricoles (privé, accueil), ils peuvent parfois souffrir d une mauvaise prise en compte de l architecture traditionnelle lors des travaux. Lors du projet d aménagement paysager, si des travaux de réhabilitation sont envisagés, on veillera au respect de l architecture traditionnelle des bâtiments qui pourra être soulignée et mise en valeur par un accompagnement végétal du corps de ferme. Ensemble de bâtiments à l architecture traditionnelle non mis en valeur. La toiture de la grange présente quant à elle des signes de délabrement. Rénovation de la toiture de la grange et mise en valeur des bâtiments par la création, à la place d un espace délaissé, d un espace vert (gazon et massif fleuri).

14 Bâtiment traditionnel dont la façade et les menuiseries sont dégradées Reprise de la façade avec une maçonnerie traditionelle à base de chaux et de sable En face de la maison d habitation, présence d un bâtiment à l architecture traditionnelle dont la toiture est délabrée. Réfection de la couverture comme à l origine avec de la tuile tige de botte ce qui permet de garder le caractère traditionnel au bâtiment.

15 Les bâtiments d exploitation sont organisés autour d une cour comprenant la maison d habitation. L architecture traditionnelle des bâtiments a été quelque peu modifiée pour des questions d usage des bâtiments. La restauration a consisté en la réouverture d une porte, la reprise des façades, après nettoyage (on enlève les parties traitées au ciment), avec un enduit à pierre vue au mortier de chaux et sable, et l homogénéisation des toitures et des portails avec une tôle couleur sang «bœuf». Ancienne porcherie reconvertie en «maternité» pour les agneaux Application d un enduit sur le mur qui permet de cacher les parpaings. Un enduit à pierre vue à base de chaux et de sable sur la deuxième partie du mur permet de mettre en valeur les pierres de la maçonnerie originelle.

16 Ancienne grange d architecture traditionnelle dont la charpente est effondrée située à côté d un espace public fréquenté. Rénovation de la charpente et de la couverture avec des tuiles tige de botte. Remplacement du portail en tôle par un portail en bois avec une glissière intérieure permettant de mettre en valeur l architecture de la porte. Aménagement paysager avec des barrières en bois et quelques plantations devant le bâtiment. Réaménagement de la cour avec destruction d une partie du bâtiment Rénovation de la façade avec percement d une porte de garage tout en conservant l architecture traditionnelle du bâtiment. Aménagement d un espace vert qui met en valeur le mur et délimite l accès au garage.

17 Présence dans la cour de vieux toits avec des portails en tôle galvanisée. La rénovation a consisté à remplacer les portails en tôle par des portails en bois. A l arrière de l exploitation, atelier en parpaings et hangar en tôle accolés au corps de ferme plus ancien en pierres sèches. Pour insérer les bâtiments, les parpaings de l atelier sont couverts par un enduit dont la couleur rappelle celle du mur en pierres et le portail en tôle est remplacé par un portail en bois. Une plantation ornementale en limite extérieure de parcelle permet de masquer partiellement l ensemble des bâtiments dont le hangar en tôle.

18 Exploitation viticole, l entrée clientèle n est pas identifiée. Création d une entrée clientèle et habillage de celle-ci avec un bardage bois qui s insère bien dans la façade. Hangar de stockage matériel très visible de la route de par la couleur clair du bardage et l absence de végétation. En limite de propriété, implantation d une haie bocagère qui permet de casser le volume du bâtiment et d accrocher l exploitation au paysage environnant.

19 Quand le visiteur arrive sur l exploitation, il a une vue directe sur la bergerie en tôle. La plantation d une haie bocagère arbustive permet d insérer le bâtiment qui n est plus que partiellement visible par le visiteur. Les zones de stockage des effluents (lisier et fumier) sont directement visibles du chemin. Une haie bocagère installée en limite de propriété le long du chemin permet de masquer les zones de stockage.

20 Voie d accès au bâtiment hors-sol. Insertion du bâtiment par l alignement d arbres en bordure de la voie d accès.

21 4.3 La cour d exploitation Au cœur de la ferme, l aménagement de la cour est à l image de la qualité du cadre de vie, de travail et d accueil recherchée par les agriculteurs. Lieu de passage privilégié, la multiplication des passages peut parfois entrainer des problèmes d encombrement, de dégradation des revêtements, de boue Dans ce cas, il peut s avérer nécessaire de réorganiser les circulations dans la cour, de modifier le passage des animaux, des engins agricoles et des camions. Cet espace, aménagé (plantations, gazon, fleurs ), peut permettre de créer un lieu plus intime et de mettre en valeur les bâtiments traditionnels, la maison d habitation et le lieu d accueil s il y en a un. Ilot central végétalisé délimité par un muret en pierres sèches permet d organiser la circulation devant les bâtiments et de faire une séparation entre la partie agricole et la partie privée Cour étroite très minérale Massifs composés de plantes grimpantes et de rosiers disposés en pied de mur avec peu d emprise au sol.

22 Pas d accès distinct avec la cour. Circulation désordonnée sur cet espace. L îlot central végétalisé permet d organiser la circulation en délimitant deux accès et d améliorer l esthétique de l entrée sur la ferme. Cour d exploitation boueuse en vis-à-vis de l exploitation voisine Agrandissement et réfection de la cour et plantation d une haie bocagère brise vent pour marquer la limite avec les prairies.

23 Vaste cour non entretenue Réfection de la voirie et création d un massif ornemental mettant en valeur la maison d habitation d architecture traditionnelle. Vaste cour mal drainée et un patrimoine bâti non mis en valeur Assainissement et réfection de la cour, création de massifs ornementaux en pied de mur.

24 4.4 Les circulations L organisation des circulations sur la ferme doit permettre le déroulement de chaque activité dans les meilleures conditions (agricole, accueil, privée). Elle doit, notamment, faciliter le déplacement des engins agricoles et des camions entre les bâtiments et permettre le stationnement. Pour ce faire, il peut s avérer nécessaire de séparer les accès et les cheminements empruntés par les engins agricoles et les camions d avec ceux des voitures et des piétons pour éviter les phénomènes de salissement et pour plus de sécurité. Ce point est particulièrement important dans le cas où une activité d accueil (vente directe, gîte, chambre d hôte...) est présente sur l exploitation. Délimiter l emprise des voies de circulation avec un revêtement et un assainissement adaptés permet de canaliser la circulation et éviter ainsi une détérioration des cheminements. Hangar agricole construit à proximité de la maison d habitation. Deux entrées distinctes pour le privé et l exploitation. Création d un espace d agrément et un potager pour séparer l espace agricole et privé.

25 Depuis la maison d habitation, vue sur l exploitation et les bâtiments d exploitation. Un massif ornemental permet de séparer la partie privative de la partie agricole.

26 Un chemin parallèle à l ancien et une haie bocagère plantée de part et d autre permettent de délimiter l espace agricole et son entrée. Le bardage bois sur le hangar favorise son insertion. Le chemin pour accéder à la ferme est contigu à l espace privatif. Accès commun pour la ferme et la maison d habitation. Deux entrées distinctes séparées par une haie bocagère.

27 Exploitation viticole sans zone d accueil et de stationnement identifiée. Zone de stationnement en face du local de vente et aménagement paysager en limite pour embellir l accueil. Un seul accès praticable sur l exploitation. Les tracteurs et les poids lourds sont obligés de manœuvrer dans la cour pour tourner et dégradent le revêtement. Un deuxième accès permet de créer un sens de circulation et facilite la manœuvre des engins.

28 4.5 Les stockages et délaissés Les stockages prennent une place croissante sur les exploitations et, avec les zones de délaissés, ont un impact visuel très fort sur le paysage. Leur réorganisation est une composante importante du projet d aménagement. Dans un premier temps, on éliminera tous les dépôts et ferrailles qui n ont pas d utilité. Dans un second temps, on choisira l emplacement le plus fonctionnel par rapport aux circulations et à la fréquence d utilisation, à la topographie. Dans un troisième temps, on cherchera à délimiter et à masquer les zones de stockage par quelques aménagements (revêtement, plantation, talus, enterrement, ). L entrée sur l exploitation est marquée par un espace central envahi par la broussaille et une zone de stockage devant le bâtiment d architecture traditionnelle. Aménagement de l espace central avec une noue enherbée au premier plan et un massif ornemental en arrière qui permet de masquer la zone de stockage en arrière et de mettre en valeur le bâtiment en pierres.

29 Sur la route, le passant peut voir la fosse à lisier et les silos de stockage Insertion des zones de stockage. Massifs ornementaux à l entrée de l exploitation. Zone délaissée en bordure de bâtiment Massif ornemental intégrant le silo tour.

30 Murs en parpaings bruts et présence de zones délaissées utilisées pour des stockages divers. Haies et massifs ornementaux permettent d habiller les murs en parpaings préalablement enduits et d occuper l espace sous le silo tour sans gêner les livraisons ou la maintenance. Des espaces délaissés importants de part et d autre de la fosse à lisier. Des massifs ornementaux occupent l espace permettant de masquer la fosse à lisier.

31 Espace délaissé derrière un ensemble de bâtiments à l architecture traditionnelle. Le massif ornemental permet d occuper l espace délaissé tout en mettant en valeur les anciens bâtiments en pierres. Espace délaissé entre les deux bâtiments servant de stockage divers. Le massif ornemental permet de délimiter deux activités (volaille et bovin viande) et d éviter le stockage sur cette zone bien visible depuis l entrée de la ferme.

32 La cour d exploitation est marquée par la présence d un bâtiment en tôle galvanisé et un autre en pierres dont une partie a été écroulée. Le mur du bâtiment en pierres a été rénové et enduit avec un mortier de chaux et de sable. Un espace vert permet de mettre en valeur le bâtiment et d occuper l espace. Une haie bocagère permet d intégrer le bâtiment en tôle. Depuis la route, vue sur le bâtiment de stockage en tôle et les zones de stockage. Intégration de l ensemble par une haie bocagère et un massif ornemental.

33 5 Les techniques 5.1 L eau La gestion de l eau est une question souvent présente sur les exploitations, notamment quand il faut la canaliser, la récupérer, la stocker Des écoulements mal gérés peuvent causer des dégâts sur l exploitation, comme des problèmes d humidité dans un bâtiment ou une cour mal stabilisée car mal drainée. Penser l aménagement paysager de son exploitation peut permettre de résoudre des problèmes d écoulement, tout en embellissant le site. Par ailleurs, stocker de l eau sur l exploitation, soit dans des cuves, soit dans une mare, présente un intérêt majeur pour l arrosage des plantations, du verger, du potager Enfin, une mare est un refuge de biodiversité intéressant à préserver. Quelques exemples de réalisation : Remplacer des fossés par des noues Les fossés récupèrent l eau des écoulements et jouent un rôle majeur pour le drainage de l exploitation. Le problème est que les pentes des fossés sont souvent abruptes et ne permettent pas un entretien facile et écologique. C est pourquoi ils sont souvent busés. Pour rappel, il est interdit de désherber chimiquement un fossé. La création d une noue en pente douce permet d entretenir avec une tondeuse. L herbe maintient la terre et limite l érosion. Restaurer ou créer une mare Une mare est une étendue d eau stagnante dépassant rarement 200 m² et peu profonde. Elle est alimentée par les eaux de pluie ou phréatiques mais non reliée au réseau hydrographique de surface. Elle est sans écoulement permanent et donc susceptible de s assécher l été. En bocage, son origine est quasi exclusivement humaine. Elle avait de multiples usages, dont l abreuvement des troupeaux. Aujourd hui, elle sert aussi à l arrosage des jardins. C est un milieu reconnu pour sa biodiversité et aussi pour l amélioration de la qualité de l eau (mini station d épuration). C est un milieu vivant qu il importe de préserver. Créer une mare peut, par ailleurs, permettre de répondre à des questions de stockage et d écoulement des eaux sur l exploitation. Pour aller plus loin : Les fiches techniques de l association Bocage Pays Branché sur les mares

34 Mise en place d une noue sur une exploitation à la place d un fossé. Mare de bocage Mare de bocage Mare de bocage

35 5.2 Le bois Le bois est un matériau qui peut être utilisé de nombreuses manières dans un projet d aménagement paysager : pose de clôture en bois pour marquer une entrée ou limiter un espace, réfection des menuiseries, portes et volets des différents bâtiments agricoles, pose de bardage bois ou de claire-voie sur des bâtiments. En extérieur, il convient d utiliser soit du bois résistant (châtaigner, robinier par exemple), du bois autoclave ou du bois traité. Celui-ci présente néanmoins le défaut de contenir des produits qui peuvent être toxiques. Pour protéger le bois, on peut trouver des lasures ou des huiles écologiques, que l on peut utiliser pour les menuiseries. Dans une démarche de développement durable, on privilégie les bois locaux et non traités et on évite les bois traités et les bois exotiques. Des labels existent comme le label PEFC ou FSC, qui garantissent que le bois provient de forêt gérée durablement. Pour les menuiseries, on peut aussi choisir du bois peint ; là aussi, privilégiez des peintures naturelles. Pour aller plus loin : La fiche de la Chambre d Agriculture des Deux-Sèvres sur le bois Construction d un bâtiment d élevage en bois Bardage et porte en bois Palissage d entrée en bois

36 5.3 Le végétal Planter va permettre d organiser, de structurer, d intégrer et d embellir l exploitation. L objectif des exploitants est d avoir une gestion extensive de leurs plantations afin d avoir des aménagements simples (peu d entretien et d arrosage) et adaptés au fonctionnement de leurs exploitations. Les haies bocagères et les massifs ainsi que les arbres isolés et les vergers permettent ainsi d intégrer les bâtiments agricoles au paysage. Utiliser néanmoins des essences végétales locales qui assureront une bonne intégration et une bonne garantie de reprise des végétaux. Mais avant tout, il est nécessaire de préserver les haies et les arbres existants. La végétation présente permettra d accrocher le bâtiment au paysage. Les plantes grimpantes sur treillis ou non peuvent aussi permettre de cacher et d embellir les murs des bâtiments agricoles ou des chenils. Pour aller plus loin : Les fiches du CAUE des Deux-Sèvres : Paysages de bocage, de plaine et de vallées Les fiches techniques de l association Bocage Pays Branché sur la plantation Implantation de plantes au pied d un mur permet d agrémenter ce mur et évite de désherber chimiquement Plantes grimpantes pour masquer le chenil Insertion d un bâtiment d exploitation par une haie bocagère le long d un chemin rural Mise en place d un paillage biodégradable (paille de lin ou copeaux de bois) pour les plantations permet d éviter un désherbage chimique et un arrosage important

37 Création d un massif arbustif et arboré au centre de la cour Plantation d un verger aux abords des bâtiments agricoles

38 5.4 La pierre On trouve souvent sur les exploitations des anciens bâtiments, corps de ferme ou éléments du petit patrimoine (puits, lavoir ) en pierre. Ces éléments méritent d être préservés, restaurés ou entretenus pour maintenir un patrimoine vernaculaire et parce que ces bâtiments (granges, écuries, toits à cochons ) peuvent avoir encore une utilité pour l exploitation. Pour restaurer comme pour entretenir, il faut veiller à n utiliser que des produits traditionnels et naturels comme de la chaux et à proscrire le ciment. En effet, celuici empêche la pierre de «respirer» et favorise sa dégradation, d autant plus si c est une pierre tendre (tuffeau, calcaire). Pour plus d informations : Les fiches techniques de la Communauté de Communes de l Argentonnais Le livre «La pierre dans l architecture traditionnelle du Pays Thouarsais» La fiche du CAUE des Deux-Sèvres sur les murets Création d un muret en pierre sèche pour un massif fleuri Restauration d un ancien bâtiment avec des pierres de taille apparentes

39 5.5 Les couleurs : enduits, peintures La couleur joue un grand rôle dans l intégration paysagère des bâtiments agricoles. Les couleurs claires ou brillantes ont un fort impact dans le paysage, car elles rendent les constructions visibles de loin. Elles sont à éviter, sauf dans les bourgs où l intégration est plus facile. Les couleurs foncées et mates permettent une bonne intégration des bâtiments dans le paysage. Elles sont à retenir, pour la toiture mais aussi pour les murs. Repeindre les tôles de son bâtiment ou de son silo a un impact sur l image de l exploitation. Cela donne un coup de neuf et de propre. En ce qui concerne les enduits, que ce soit des enduits ciment ou à la chaux, ils permettent de couvrir les murs en parpaing et de donner un aspect plus fini aux bâtiments, donc de contribuer à une meilleure image de l exploitation. Les enduits ciment sont à réserver aux murs en parpaing ou en brique, mais ils sont à proscrire sur les murs en pierre. Privilégier les enduits ton pierre ou ton ciment. Pour plus d informations : Les fiches techniques de la Communauté de Communes de l Argentonnais Restauration d une ancienne grange avec des pierres encore apparentes et de la chaux Mise en place de crépis sur les murs du bâtiment avec des plantes grimpantes sur treillis Restauration d une ancienne grange avec pierres apparentes et des ouvertures peintes

40 Contacts Architecture & Paysage (conseils techniques) : CAUE des Deux-Sèvres 15 rue Thiers NIORT contactcaue79@orange.fr Architecte conseil (aides financières & techniques) : Communauté de Communes de l'argentonnais 11 place Léopold Bergeon ARGENTON-LES-VALLEES argentonnais@pays-thouarsais.com Communauté de Communes du Saint-Varentais 39 avenue des Platanes SAINT-VARENT comcom.stvarentais@orange.fr Conseils sur les matériaux traditionnels : Aides financières : Communauté de Communes du Thouarsais Hôtel des Communes 4 rue de la Trémoïlle THOUARS info@thouars-communaute.fr Conseil Régional de Poitou-Charentes 15, rue de l'ancienne Comédie - BP POITIERS Cedex secretariat.general@cr-poitou-charentes.fr Conseil général des Deux-Sèvres Maison du Département Mail Lucie Aubrac BP NIORT Cedex contact@cg79.fr

41 Le guide de l aménagement paysager dans les exploitations agricoles est le fruit d un travail commun entre la Chambre d Agriculture des Deux-Sèvres et le Syndicat Mixte du Pays Thouarsais. Chambre d agriculture des Deux-Sevres Maison de l agriculture Prahecq cedex accueil@deux-sevres.chambagri.fr Syndicat Mixte du Pays Thouarsais Centre Prométhée 21 avenue Victor Hugo THOUARS CEDEX contact@pays-thouarsais.com Document à télécharger sur : Conception : Syndicat Mixte du Pays Thouarsais Crédits Photo : Chambre d Agriculture des Deux-Sèvres Syndicat Mixte du Pays Thouarsais François Tavernier, Paysagiste

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