LA MALADIE DE LYME OU BORRELIOSE
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- Marie-Josèphe Favreau
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1 LA MALADIE DE LYME OU BORRELIOSE La borreliose est une pathologie multisystémique à spirochète transmise par l intermédiaire de tiques. Bien connue en médecine humaine, elle a également été décrite dans de nombreuses espèces de mammifères. Etiopathogénie : L agent infectieux est un spirochète appartenant au genre Borrelia, transmis par la tique Ixodes ricinus (principal vecteur en Europe). La maladie est prévalente dans les régions tempérées, boisées. La période préférentielle pour l apparition de l infection va d avril à octobre avec des pointes en avril-mai et en septembre-octobre. Le premier cas de borreliose canine fut décrit en 1984 ; depuis lors, c est une entité clinique bien reconnue aux USA. En Europe par contre, et en Belgique en particulier, la maladie est moins bien connue. La première description de la pathologie chez le chien dans notre pays date seulement de mars La variabilité clinique observée de part et d autre de l Atlantique s explique par l existence d espèces différentes. Quatre espèces sont actuellement recensées : B. burgdorferi, B. afzelii, B. garinii et B. japonica. Les trois premières sont présentes en France, alors qu aux USA, seule B.burgdorferi est décrite. La dernière espèce est décrite au Japon. Les infections dues aux groupes B.afzelii et B.garinii sont particulièrement associées à des symptômes cutanés et extracutanés en médecine humaine, ce qui explique sans doute pourquoi l acrodermatite chronique atrophiante (complication dermatologique de la borreliose humaine) est moins souvent décrite aux USA et aussi pourquoi les signes neurologiques sont plus fréquents en Europe qu aux USA. La même explication semble valable dans l espèce canine et pourrait donc expliquer l image clinique différente en Europe. Les réservoirs de la maladie en Europe sont le campagnol roux, les mulots ou les cervidés. La pathogenèse est encore mal connue à l heure actuelle. Quelques jours après l inoculation expérimentale, les spirochètes se disséminent par voie sanguine et colonisent de nombreux organes, dont la peau, le cœur, les articulations et les vaisseaux sanguins. Ils y induisent ensuite une réaction inflammatoire qui se traduit par les signes cliniques cardiaques, articulaires Il est à noter que les spirochètes peuvent survivre dans l hôte et être détectés dans des organes sans aucune lésion ou réaction inflammatoire associée, même en présence d un titre élevé en anticorps. Laboratoire d Analyses Vétérinaires J.Collard Sérologie Article 7 1/6
2 Clinique : On distingue une forme aigüe et une forme chronique. Forme aigüe : - fièvre, inappétence, léthargie - lymphadénomégalie - début brusque de boiterie ou de douleur. Il est à noter que les articulations ne sont pas toujours gonflées et qu il est souvent très difficile de localiser la douleur. La boiterie peut être intermittente et changer d un membre à l autre. Forme chronique : - Elle se manifeste essentiellement par une arthrite récurrente intermittente, non érosive, touchant souvent au moins 2 articulations. Le carpe est souvent atteint. Diagnostic différentiel : arthrite septique ou à médiation immune, pathologies articulaires dégénératives, ostéochondrite dissécante, panostéite, - L erythème chronique migrant n a jamais été décrit chez le chien. - Un cas de bloc auriculoventriculaire a été décrit chez un chien fortement positif pour B.Burgdorferi. - Des signes de méningite ou d encéphalite pourraient être observés dans les régions endémiques. - On décrit une glomérulonéphrite de Lyme causant une perte protéique sévère et une insuffisance rénale secondaire. Dans certains cas, il existe une anamnèse récente de boiterie ; cependant la majorité des chiens ne montrent aucun signes articulaires antérieurs. Le pronostic est très réservé : la plupart des chiens meurent ou sont euthanasiés 3 à 4 semaines après le début des signes cliniques. Diagnostic : Profils hématologiques et biochimiques : absence de modifications spécifiques. Anticorps antinucléaire et facteur rhumatoïde négatifs. Lors de localisation rénale de l infection : urémie, protéinurie, hématurie, pyurie et cylindres tubulaires. Lors de boiterie chronique: examen du liquide synovial : exsudat purulent ; numération des cellules : 46300/mm3 en moyenne. Laboratoire d Analyses Vétérinaires J.Collard Sérologie Article 7 2/6
3 Examen sérologique : La borreliose est une pathologie particulièrement difficile à diagnostiquer, d autant plus que de nombreux facteurs inhérents aux tests sérologiques interviennent. La faible spécificité des tests sérologiques diagnostiques est principalement due à l étroite relation antigénique qui existe entre B.burgdorferi et d autres microorganismes (Leptospira essentiellement). Ces tests peuvent donc donner des réactions faussement positives. Le test le plus couramment utilisé est le test ELISA. Le substrat utilisé comme antigène contient des protéines communes à d autres bactéries et des protéines plus spécifiques de B.burgdorferi. Avec ce type de test, plus la liaison Ag-Ac est forte (un peu comme une clé peut correspondre à une serrure), plus la réaction est importante. Un titre en anticorps élevé est donc vraisemblablement le résultat de la réactivité à B.burgdorferi, alors qu un titre faible représente plutôt une réactivité à des antigènes croisés et devrait être interprété avec réserve. Lors de vaccination contre la leptospirose, il semble cependant, selon une étude récente, que même des titres élevés en anticorps anti-leptospira ne donnent pas de réactions faussement positives pour B.burgdorferi. Ces tests peuvent également donner des faux négatifs dans les stades très précoces d infection ou lorsque le chien a déjà reçu une antibiothérapie. Une autre technique fréquemment utilisée est l immunofluorescence (IFA). La corrélation de l IFA avec les méthodes de référence (immunoblot et PCR) semble cependant être insuffisante. Il est également très important de savoir que les lames destinées aux tests IFA sont réalisées à partir de Borrelia Burgdorferi, espèce de loin la plus fréquente et la plus pathogène aux USA. Etant donné que la situation en Europe n est pas tout à fait identique et que d autres espèces de Borrelia semblent bien plus significatives, le test IFA risque de donner des résultats erronés. Dans une étude menée aux USA et portant sur 200 chiens infectés par voie expérimentale, tous les chiens, sans exception, développèrent un titre très élevé en anticorps avant de montrer des signes de boiterie. L éventualité qu un chien puisse développer la maladie de Lyme et avoir une réponse en anticorps négative n a jamais été observée lors de ces études. Seule une faible proportion de chiens infectés par des tiques et ayant un examen sérologique positif développe des signes cliniques. Malgré une résolution des signes cliniques après antibiothérapie, les titres en anticorps persistent pendant des mois voire des années. Le diagnostic définitif de borreliose ne peut donc reposer uniquement sur la sérologie mais doit être posé en tenant compte de l anamnèse, de la clinique, Des tests plus sophistiqués (PCR notamment) devraient être commercialisés prochainement. Laboratoire d Analyses Vétérinaires J.Collard Sérologie Article 7 3/6
4 On considère actuellement que quatre critères sont nécessaires pour poser un diagnostic de borreliose : 1. Anamnèse de piqûre de tique dans une zone endémique 2. Signes cliniques typiques 3. Examen sérologique positif 4. Réponse à l antibiothérapie Traitement : La tétracycline et l ampicilline sont les antibiotiques de choix pour traiter les infections aigües : - Tétracycline : 22 mg/kg/8h PO pendant jours - Doxycycline : 10 mg/kg/12h pendant jours - Amp(amox)icilline : 20 mg/kg/8h pendant jours Tout comme en médecine humaine, les chiens atteints de borreliose chronique peuvent moins bien répondre aux antibiotiques et nécessiter de fortes de doses de Pénicilline G en IV. L utilisation d AINS peut être nécessaire pour diminuer la douleur lors d épisodes de synovite. Lors de forme aigüe, les antidouleurs sont par contre peu utiles, puisque la réponse à l antibiothérapie est rapide (endéans 24 heures). Prévention : L élimination rapide des tiques peut diminuer fortement le risque d infection: en effet, il faudrait à la tique entre 24h et 48h pour transférer le spirochète et donc transmettre la borreliose. Laboratoire d Analyses Vétérinaires J.Collard Sérologie Article 7 4/6
5 En médecine humaine : Les signes cliniques rencontrés en médecine humaine sont multisystémiques : dermatologiques, cardiaques, neurologiques et articulaires. La lésion dermatologique caractéristique, l Erythème Chronique Migrant (ECM), est une macule ou papule érythémateuse non douloureuse qui se manifeste typiquement durant la première ou la deuxième semaine à l endroit de la piqûre de tique (phase primaire). Cette lésion peut s accompagner de maux de tête, fatigue, fièvre, vomissements, douleurs musculaires/articulaires, lymphadénomégalie régionale ou splénomégalie. La syncope est la manifestation cardiaque la plus fréquente (bloc auriculoventriculaire ; rarement signes d insuffisance cardiaque congestive). Manifestations neurologiques : maux de tête, raideur de nuque, photophobie, somnolence, léthargie, irritabilité, perte de mémoire, mauvaise concentration, L arthrite est le signe clinique chronique le plus fréquent et se développe chez 60% des patients non traités. Chez le cheval : La borreliose chez le cheval a été décrite uniquement aux Etats Unis et en Angleterre. Aux USA, la séroprévalence de B.burgdorferi varie de 1% en région non endémique à 68% en région endémique. Même dans les régions endémiques où la séroprévalence est élevée, seuls quelques cas cliniques ont été décrits. Les principales manifestations cliniques reportées à ce jour sont des arthrite, uvéite, encéphalite, boiterie, œdème des membres, dermatite et mortalité néonatale. Arthrite et polyarthrite sont les signes cliniques les plus fréquents. Il s agit en général d arthrites rémittentes avec boiterie et difficultés à se déplacer. On peut observer de la douleur et des gonflements articulaires et parfois de l œdème des membres. L arthrite à Borrelia semble être à médiation immune ; la dissémination d immuncomplexes causant une vasculite en médecine humaine pourrait expliquer l œdème des membres décrits chez les chevaux. Troubles nerveux : tremblement de tête, paralysie flasque de la queue, dysphagie, sudation profuse. Troubles oculaires : uvéite, choroïdite, kératite, atrophie et détachement de la rétine. Des avortements, des mortalités néonatales, de l infertilité sont également décrits. Laboratoire d Analyses Vétérinaires J.Collard Sérologie Article 7 5/6
6 Laboratoire d Analyses Vétérinaires J.Collard Sérologie Article 7 6/6
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