Aurore CHARRIER - Docteur en psychologie

Transcription

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2 J arrive en Inversomi, un pays étrange où les gens communiquent et expriment certainement leurs envies mais, je ne sais pas comment! J ai très faim et j essaie de le dire aux Inversomiens (les habitants d Inversomi) j utilise tous les moyens que j ai à ma disposition : j interpelle les Inversomiens et Inversomiennes qui croisent ma route, je fais des gestes, je parle sans succès Après plus de 3 h à essayer de me faire comprendre sans succès, que vais-je faire?

3 PLAN Communications 1 Définition - Composantes - Fonctions 2 Développement et autisme 3 Outils et adaptations (PECS ; Makaton ; scénario sociaux)

4 Définition - L acte de communiquer nécessite d établir une relation avec l autre. Entrer dans un échange avec une autre personne, Il faut au minimum être 2. - Communiquer, c est : transmettre un message à une autre personne. Message = Connaissance Émotion Information

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6 Composantes - Contexte (où à lieu la communication) - Emetteur (exprimer une pensé, une émotion, une connaissance) - Récepteur (recevoir le message, retour ) - Canal (téléphone, oral ) - Message (le contenu) - Code (français, soutenu, verlan )

7 Fonctions DEMANDE Signaler à une autre personne qu on voudrait qu elle donne un objet, fasse une action, donne sa permission pour ATTIRER L ATTENTION Indiquer à une autre personne qu on voudrait qu elle regarde prenne attention REJETER-REJUSER Indiquer qu on ne veut pas un objet ou une action d une autre personne ou encore faire ce qui est demandé FAIRE DES COMMENTAIRES Montrer des caractéristiques apparentes dans l environnement immédiat DONNER DE L INFORMATION Parler d objets, de personnes, d événements non-présents RECHERCHER DE L INFORMATION Demander à quelqu un des renseignements à propos de EXPRIMER DES SENTIMENTS Dire comment on se sent physiquement, émotionnellement

8 PLAN Communications 1 Définition Composantes - Fonctions 2 Développement et autisme 3 Outils et adaptations (PECS ; Makaton ; scénario sociaux)

9 Développement La communication est essentiel à l être humain. «L homme est un animal social» WALLON (1943) 1. Composante expressive = production du message 2. Composante réceptive = compréhension du message

10 Développement 1. Composante expressive 2. Composante réceptive

11 Développement 1. Composante expressive Exprimer des besoins primaires Exprimer des besoins spécifiques Attention conjointe Imitation Mot 2. Composante réceptive Compréhension

12 Développement «typique» Nouveau-né a besoin de l autre pour vivre (//aux animaux). Il cherche à obtenir satisfaction des besoins, du réconfort, de la présence (peurs, cris, regards, sourire ). Adulte = interlocuteur privilégié qui donne du sens. Intentionnalité de la communication (à partir de 2-3 mois). Ex. : bébé pleure [est excité] quand une personne disparaît [apparaît] dans son champs visuel

13 Développement dans l autisme Il est possible de retrouver des formes simples de communication des pleurs, cris Mais pas forcément de conscience de l impact sur environnement Difficulté pour l adulte de donner du sens à ces manifestations Contact visuel altéré : le regard réciproque peut être inexistant, impersonnel, fugace Importance de travailler le contact visuel Développer la spontanéité de la communication D apprendre des formes de communications plus complexes et conventionnelles

14 Développement «typique» Vers 6-8 mois, l enfant peut préciser ces besoins en prenant par la main, atteindre les objets, apporter un objets à/regarder quelqu un. Partage de ses plaisirs, centres d intérêt à partir de 12 mois. A partir de 2-3 ans, l enfant apprend à moduler sa demande en fonction de son interlocuteur (Bernicot, 2000). Développement dans l autisme Demandes de besoins primaires, Pas employé pour partager ou commenter un événement, Souvent se sert ou utilise la personne comme outil, Si échec troubles du comportements.

15 Développement «typique» = «concerne la capacité à partager avec autrui un événement, à attirer et à maintenir son attention vers un objet, une personne dans le but d obtenir un regard conjoint, avec conscience du partage d attention» (Tourette et al., 2000, p.61). Vers 9 mois : - dirigent son regard dans la direction du regard d autrui, - vérifient l attention de l adulte en alternant leur regard entre l objet et le partenaire (Scaife & Bruner, 1975). Vers 12 mois : - oriente son regard en direction des gestes de l adulte, - pointage (Carpenter & al., 1998).

16 Réponse à l attention conjointe Initiation de l attention conjointe Alternance du regard

17 Développement dans l autisme Difficulté à : - Fixer l attention, - Établir contact visuel, - Suivre la direction indiquée par le regard d autrui, - Porter attention à distance, - Partager un même centre d intérêt, - Attirer l attention, - Pointer du doigts. Altération des capacités d attention conjointe

18 Développement «typique» = action de reproduire ou de chercher à reproduire une apparence, un geste, une action d autrui contribue à l essor des apprentissages (apprendre en regardant faire) (Piaget, 1962). support à la communication précoce et au partage des émotionnel (séquence interactive bébé/parent : imiter/être imiter) (Nadel & al., 1999, 2011). DeS imitations (demande/spontanée, immédiate/différée, avec ou sans sens, avec ou sans objet, imiter et être imiter ). Observé dès les 1er jours de vie (Meltzoff & Moore, 1977). Entre 12 et 30 mois, un des modes d échange privilégié (Nadel & al., 1999).

19 Meltzoff & Moore (1977)

20 Développement dans l autisme Difficulté à imiter en particulier : - sur demande, - actions non familières, - sans sens, - n impliquant pas d objet (Hamilton, 2008 ; Rogers et al., 2011 ; Vivanti et al., 2008). Peuvent avoir conscience d être imiter (support d apprentissage possible).

21 Développement «typique» Babillage (vers 3 mois), 1 er mots (entre 9 et 18 mois), «Phrases» de 2 mots (entre 22 et 26 mois), Développement progressif du vocabulaire, Dit son prénom quand on lui demande (entre 24 et 33 mois), Phrases de 4-5 mots (ente 29 et 33 mois).

22 Développement dans l autisme Entre 20 % et 50 % ne développent pas de langage verbal (Tager- Flusberg et al., 2005). Quand langage verbal présent : - Souvent retard dans l acquisition : 5 ans = âge moyen de l apparition du 1er mot (Willaye & al.), - Utilisation à des fins instrumentales (par ex. : demander un objet), - Non pour partager un intérêt, commenter - Particularités (par ex. : inversions pronominales, écholalies, erreurs articulatoires, voix et prosodie atypique ).

23 Développement «typique» Réagit à l appel de son prénom (entre 9 et 14 mois). Réagit aux gestes (à partir de 12 mois). Augmentation progressive du lexique compris. Reconnaissance des émotions (joie, vers 3 ans ; puis peur, colère, tristesse, surprise, dégout, entre 3 et 6 ans). Développement progressif de la théorie de l esprit entre 2 et 5 ans (par ex. : compréhension du désir de l autre à partir de 2 ans).

24 Développement dans l autisme Tendance à surestimer le niveau de compréhension du langage orale. Difficultés à : - comprendre les concepts abstrait, compréhension littérale (ex. tomber amoureux), - à décoder les mots clés d une phrase et d établir des liens entre les mots, - comprendre les gestes communicatifs, - en théorie de l esprit (se représenter état mentaux, sentiment, désirs), - identifier les expressions faciales et reconnaitre les émotions.

25 PLAN Communications 1 Définition Composantes Fonctions 2 Développement et autisme 3 Outils et adaptations (PECS ; Makaton ; scénario sociaux)

26 Outils et adaptations PECS MAKATON communication alternative et/ou augmentative Tableaux de communication Scénario sociaux Objets ; Images, photos, pictogrammes ; gestes, signes ; écrit ; langage

27 Picture Exchange Communication System (Système de communication par échange d images) Andrew Bondy et Lori Frost (1992) Principes : Principes d enseignement de l Analyse Appliquée du Comportement (ABA) : utilise les procédures et les méthodologies d enseignement mises en évidence par les sciences comportementales : guidance, renforcement, estompage, correction d erreurs But : Permettre à la personne d initier la démarche de communication pour demander et obtenir dans un contexte social Moyen : La personne apprend à venir chercher son interlocuteur pour lui remettre l image de l objet qu elle désire en échange de cet objet.

28 Progression Phase I : L échange physique Phase II : La spontanéité Phase III : La discrimination Phase IV : La phrase Phase V : Qu est-ce que tu veux? Phase VI : Commentaire

29 Phase I : L échange physique Guidance complète Guidance estompée Sans guidance Généralisation

30 Phase II : La spontanéité

31 Phase III : La discrimination Sans erreur Avec erreur Ranger picto

32 Phase IV : La phrase Bande phrase Avec guidance Puis généraliser à toutes les images du classeur!

33 En fin de phase IV, la personne peut enchainer ces étapes : aller chercher le classeur, placer l image «je veux» sur la bande phrase, retirer l image de l objet désiré du classeur, placer l image de l objet désiré sur la bande-phrase, retirer la bande-phrase et donner la bande-phrase au partenaire de communication en pointant les images une par une (en verbalisant ou en écoutant l interlocuteur verbaliser).

34 Attributs

35 hase V : Qu est-ce que tu veux? Phase V : Commentaire L objectif : répondre aux questions «qu est-ce que tu veux/vois/entends/as?» et «qu est-ce que c est?». Principe : - similaire à V - inciter les commentaires en faisant intervenir des événements «particuliers» (nouveauté, changement, surprise )

36 Margaret Walker, Le but général : Permettre à la personne de s exprimer et de comprendre autrui lors des situations de communication Les objectifs : - Etablir une communication fonctionnelle - Améliorer la compréhension et favoriser l'oralisation - Structurer le langage oral et le langage écrit - Permettre de meilleurs échanges au quotidien - Optimiser l'intégration sociale Le moyen : - Vocabulaire fonctionnel utilisé avec : des pictogrammes des signes le langage

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39 Carol Gray en 1991 Objectif : - Quel comportement adopter dans une situation donnée et quels en sont les avantages de ce comportement. scénarios permettent d introduire de nouvelles règles ou routines, de donner des clés pour comprendre les actes sociaux de la vie quotidienne Moyen : - un récit court dont le but est de décrire une situation sociale en termes de réponses attendues

40 Utilisation (élargie) : Scénarios séquentiels dont le but est l apprentissage d une séquence de gestes ou d actions Scénarios d analyse d une situation qui vont lister les indices à prendre en compte pour adapter un comportement Scénarios traitant les comportements problématiques (violence, peurs, stéréotypies) Scénarios de groupe qui s adressent non plus à une personne mais à un groupe en vue d anticiper une situation inhabituelle ou de faire acquérir dans une classe des comportements positifs

41 Supports : Scénario filmé Roman photo Petit livret d histoire avec une image/dessin/pictogramme par page Image/dessin/pictogramme + texte enregistré Image/dessin/pictogramme et texte en bas de page pour les lecteurs ou Makaton Diaporama sur ordinateur

42 Jouer Parfois, je veux jouer avec les autres enfants Je peux leur demander «Veux-tu jouer avec moi?» Si il dit «oui», je peux jouer avec lui et passer un bon moment Si il dit non, c est ok, je le laisse Je peux demander à une autre personne ou jouer seul

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44 Comment procéder? Observer et analysez minutieusement la situation de réussite, problématique ou conflictuelle Insister sur le comportement désiré plutôt que sur celui que l on souhaite voir disparaître Composer des histoires courtes et directes Aller à l essentiel! Utiliser le vocabulaire et la syntaxe maîtrisés par l enfant Employer le «je» et éviter d utiliser le nom des personnes concernées afin que le scénario puisse s appliquer à n importe quel personne

45 Comment procéder? Quatre types de phrases peuvent être employés: Phrases descriptives Phrases de perception interne Phrases directives Phrase de clôture De façon idéale, 2 à 5 phrases descriptives ou de perception interne sont employées pour 1 phrase directive

46 Phrases descriptives - Situées surtout au début de l histoire - Servent à décrire avec objectivité le lieu, les acteurs de la situation, les actions Exemple : Nettoyer ma chambre «Dans ma chambre, il y a un lit, une armoire, une fenêtre, un bureau.»

47 Phrases de perception interne - Indiquent le point de vue et les émotions des interlocuteurs impliqués par la réponse ou le comportement émis, mais pas ceux de l enfant - Mettent en exergue les indices implicites qui vont permettre l ajustements des comportements Exemple : Lorsque je prends le vélo sans demander, les enfants sont en colères

48 Phrases directive - Orientent l action de l enfant, décrivent les comportements et habiletés sociales souhaités Exemple 1 : Quand je veux prendre le vélo d un enfant, je lui demande d abord

49 Phrases directive - Terminent le scénario en valorisant l enfant (valorisation interne) ou en soulignant les bénéfices issus de l utilisation du comportement souhaité. Exemple 1 : Je suis content et je m amuse bien!