Discours de la servitude volontaire. Étienne de La Boétie. Dossier réalisé par Anne-Laure Romeur professeure de philosophie

Transcription

1 Discours de la servitude volontaire 1 Étienne de La Boétie Dossier réalisé par Anne-Laure Romeur professeure de philosophie Petits Classiques Philosophie n 222 Éditions Larousse 2014

2 Réponses aux clefs d analyse 2 Chapitre 4 (pp ) Les hommes complices de leur servitude : analyser l attitude du peuple 1. Comment les hommes agissent-ils? Ils vivent non plus pour eux mais pour le tyran qui peut alors les spolier. 2. Montrer que l auteur dresse un portrait dévalorisant des hommes. Étudier le vocabulaire. Le lexique est connoté négativement ; il suffit de relever quelques adjectifs péjoratifs pour s en rendre compte : «pauvres», «misérables», «insensés» sont les premiers mots de ce chapitre, qui qualifient les peuples asservis. 3. Quelles sont les critiques qui leur sont adressées? Les hommes se laissent déposséder par le tyran ; ils ne se révoltent pas et vont même jusqu à se battre et périr pour lui. Le tyran, un homme comme les autres : identifier l origine de la spoliation du peuple 4. Qui est à l origine de la perte des biens du peuple? Si le tyran s empare des biens du peuple, c est aussi parce que les hommes se laissent faire. 5. Relever, dans une énumération, une gradation ascendante illustrant ces pertes. Le deuxième paragraphe commence par une accumulation de termes de plus en plus forts, accentuant les méfaits causés par le tyran : «Et tout ce dégât, ces malheurs, cette ruine [ ]» (l. 9) est une gradation. 6. Relever la comparaison établie entre le peuple et le tyran. Le peuple est comparé à un troupeau d animaux, au quatrième paragraphe, dans : «que les bêtes elles-mêmes ne sentiraient point ou n endureraient pas» (l. 34). Le tyran est donc son maître. 7. Pourquoi les hommes continuent-ils d obéir au tyran? Parce qu ils n ont pas la volonté d agir autrement (fin du quatrième et début du cinquième paragraphe). 8. Quelle est la seule chose qui différencie les hommes de leur maître? Si le maître est constitué comme les autres hommes (dernière phrase du deuxième paragraphe), il n en reste pas moins que ces derniers fournissent au tyran les moyens de leur propre sujétion.

3 Volonté d interpeller les hommes : définir la persuasion de La Boétie et analyser les métaphores significatives 3 9. Relever les questions rhétoriques (qui n attendent pas de réponse, celle-ci étant évidente ou sous-entendue dans les questions) qui interpellent le lecteur. Ces questions n appellent pas de réponse puisque celle-ci est donnée dans la formulation même de l interrogation. Elles sont au nombre de cinq dans le troisième paragraphe. 10. Analyser les différentes énumérations qui insistent sur les pertes des hommes. Ces énumérations présentes au quatrième paragraphe permettent à l auteur d accumuler les différentes pertes des hommes dans des domaines aussi variés que le travail, la vie domestique ou encore l éducation des enfants. 11. Identifier l antithèse qui illustre l opposition entre le peuple et le tyran. L antithèse est présente au quatrième paragraphe, en ces termes : «Vous vous affaiblissez, afin qu il soit plus fort, plus dur» (l. 32). Cette antithèse permet d opposer la faiblesse des hommes à la force du tyran. 12. Quelle métaphore souligne la faiblesse du tyran? Le tyran est comparé explicitement à un colosse : «comme un grand colosse, dont on dérobe la base» (l. 40), mais cette comparaison est métaphorique dans le sens où elle renvoie implicitement à l expression «un colosse aux pieds d argile». Tous les biens fournis au tyran font de lui un colosse, mais les fondements de cette puissance sont fragiles. Il suffirait que le peuple arrête de servir le tyran pour que celui-ci perde toute force et s écroule. 13. Quelle métaphore emploie l auteur pour définir la servitude volontaire? La Boétie emploie une métaphore médicale, en fin de chapitre, en disant que la servitude est une «maladie mortelle» (l. 46). Cette expression vient compléter le champ lexical de la médecine déjà présent avec «médecins» et «guérir» (l. 43), «plaies incurables» (l. 44) et «mal» (l. 46).

4 Chapitre 7 (3 e et 4 e paragraphes) [pp ] 4 L origine de la servitude volontaire : identifier la raison de la soumission du peuple 1. Pourquoi les hommes se soumettent-ils aussi facilement? Les hommes se soumettent par habitude. 2. Par quoi sont-ils dominés? Montrer la force de cette aptitude. Les hommes ont une aptitude à accomplir avec facilité ce que le tyran leur demande, car ils sont habitués à agir ainsi. Ils sont gouvernés par cette aptitude qui gère toutes leurs actions. Cette habitude est même plus puissante que la Nature ; autrement dit, elle surpasse ce qu il y a de bon et de naturel chez l homme. 3. Relever une métaphore dans le troisième paragraphe. Que traduit-elle? La métaphore du poison est présente dès la référence à Mithridate et se poursuit dans les dernières lignes avec l expression «l amer venin de la servitude» (l. 19). Elle permet à La Boétie de montrer à quel point l habitude nuit au peuple qui se laisse influencer de manière pernicieuse. La Nature bienfaitrice : relever l éloge fait à la Nature 4. Comment la Nature est-elle présentée? Étudier le vocabulaire. La Nature est présentée de façon élogieuse puisqu elle place en l homme des «semences de bien» (l. 26). 5. Pourquoi l auteur compare-t-il la Nature et l habitude? Que veut-il montrer? La Boétie veut montrer que la Nature est plus faible que l habitude. Ainsi, il écrit que la Nature «a encore moins de pouvoir sur nous que l habitude» (l. 22). 6. Quelles sont leurs différences? Relever le vocabulaire valorisant la Nature. La Nature offre à l homme certaines vertus dont il doit prendre soin. Ainsi, «pour si bon que soit le naturel, il se perd s il n est entretenu» (l. 23). En revanche, l habitude fait de l homme ce qu elle veut et ne se préoccupe pas de ses penchants naturels puisqu elle «nous façonne toujours à sa manière» (l. 24). La Nature corrompue : étudier les raisons de l altération des biens naturels 7. Comment la Nature est-elle altérée? Relever deux causes. La Nature est altérée soit par le «choc des passions» (l. 27), soit par «l influence d une éducation» (l. 28). 8. Quelles en sont les conséquences?

5 Les «semences de bien» (l. 26) de la Nature finissent par perdre leurs qualités originelles et se transformer, car elles «s abâtardissent» (l. 29) et «même dégénèrent» (l. 30) Identifier la comparaison qui met en évidence la métamorphose des biens naturels. Les penchants naturels des hommes sont comparés à des «arbres fruitiers» (l. 30) qui se dénaturent dès que la main de l homme ou des éléments extérieurs interviennent. 10. Relever les emplois de la conjonction de coordination «mais» (l ). Qu en déduire? L emploi de cette conjonction de coordination permet d opposer le naturel à l artificiel, car, lorsque la main de l homme intervient, le naturel se transforme et perd sa valeur. Si les hommes sont naturellement libres, il faut les laisser ainsi et ne pas contrarier ce bien naturel.

6 Chapitres 10 et 11 (pp ) 6 La ruse du tyran : identifier la manière dont le tyran Cyrus asservit son peuple (fin du chap. 10) 1. Par quels moyens Cyrus oblige-t-il son peuple à lui obéir? Cyrus oblige son peuple à lui obéir par le biais des divertissements et par différents moyens, comme indiqué à la fin du quatrième paragraphe : «il établit des maisons de débauche et de prostitution, des tavernes et des jeux publics et rendit une ordonnance qui engageait les citoyens à se livrer à tous ces vices.» (l. 34). Les hommes sont ainsi pervertis. 2. Que nous apprend La Boétie? Quelle est l origine du mot «ludique»? La Boétie nous apprend que les Latins ont inventé le mot ludus, ludi pour désigner ces divertissements pratiqués par les Lydiens. Et le mot «ludique» a pour étymologie ludus, signifiant «jeu». L attitude paradoxale d une partie du peuple : étudier le comportement du peuple (fin du chap. 10) 3. En quoi le peuple agit-il de manière paradoxale? Le peuple se comporte de façon paradoxale dans la mesure où il accorde toute sa confiance au tyran qui le trahit. Dans le dernier paragraphe, La Boétie écrit à propos de la «portion ignorante du peuple» (l. 47) : «Elle est soupçonneuse envers celui qui l aime et se dévoue pour elle, tandis qu elle est confiante envers celui qui la trompe et la trahit.» (l. 49). 4. Relever les comparaisons animalières qui soulignent la naïveté du peuple. Les comparaisons animalières sont présentes dans le dernier paragraphe. Le peuple est ainsi comparé aux oiseaux (l. 51) et aux poissons (l. 52) qui se laissent naïvement appâtés par certaines douceurs. 5. En quoi la dernière phrase du chapitre 10 est-elle ironique? «C est vraiment chose merveilleuse qu ils se laissent aller si promptement, pour peu qu on les chatouille» est une phrase ironique car lorsque La Boétie parle de «chose merveilleuse», il faut comprendre le contraire puisqu il pense en fait que cette attitude est détestable. Un flot de divertissements : analyser les moyens de dépendance du peuple envers le tyran (début du chap. 11) 6. Par quelle figure de rhétorique La Boétie entame-t-il ce chapitre? Que montre-t-elle? La Boétie commence ce chapitre par une énumération qui permet d accumuler tous les «appâts de la servitude» (l. 3) ; tous les divertissements qui permettent au tyran de faire des hommes un peuple dévoué à son obéissance ; les jeux deviennent les instruments de la tyrannie.

7 7. Par quelle autre image la dépendance du peuple est-elle soulignée? La dépendance du peuple est ensuite soulignée par l emploi du mot «drogues» (l. 2) qui montre à quel point les hommes sont intoxiqués et incapables de se passer de l obéissance au tyran. 7 Une dévalorisation du peuple : analyser les deux dernières images dépréciatives (début du chap. 11, début du 2 e paragraphe) 8. Relever la première comparaison. Que signifie-t-elle? La première comparaison met en évidence le caractère infantile du peuple. Les enfants apprennent à lire grâce aux images qui les divertissent. Les hommes, comme les enfants, obéissent donc par le biais des divertissements. 9. Quel est l autre moyen par lequel le tyran force son peuple à lui obéir? Il s agit du «plaisir de la bouche» (l. 14). Les festins sont un autre moyen d encourager le peuple à obéir. 10. Pourquoi La Boétie fait-il référence à La République de Platon? La référence à cet ouvrage s explique par le fait que Platon y décrit un régime politique idéal, la république, se situant à l opposé du régime tyrannique. En république, le pouvoir appartient au peuple ; la res publica désignant les «choses publiques», celles appartenant au peuple.

8 Chapitre 13 (pp ) 8 Les tyranneaux alliés des cruautés du tyran : identifier les complices des tyrans et analyser l image de la pyramide de la domination 1. Comment La Boétie désigne-t-il les tyranneaux? Les différentes dénominations sont présentes dans le premier paragraphe et reprises par le titre même du chapitre : «Les complices de ses cruautés, les compagnons de ses plaisirs, les complaisants de ses sales voluptés et les copartageants de ses rapines.» 2. Relever les périphrases du premier paragraphe. Les groupes nominaux cités précédemment forment tous des périphrases, des expressions significatives, qui permettent de souligner les vices des tyranneaux. 3. Montrer que ces hommes renforcent la cruauté du tyran. C est la dernière phrase du premier paragraphe qui fait état du renforcement de la cruauté du tyran par les tyranneaux ; le tyran en devient plus «méchant» (l. 6). 4. Relever les données chiffrées afin d illustrer cette hiérarchie tyrannique. La hiérarchie tyrannique est représentée par une gradation dans les données chiffrées. En effet, il est question de «six» (l. 1) tyranneaux puis «Ces six en ont sous eux six cents» (l. 8) et «Ces six cents en tiennent sous leur dépendance six mille» (l. 9) dans le deuxième paragraphe. Au paragraphe suivant, il est non plus question de «six mille, mais cent mille, des millions» (l. 18). 5. Identifier les hyperboles (exagérations) employées par La Boétie. Que traduisent-elles? Les hyperboles des données chiffrées permettent à La Boétie d exagérer ses propos afin de montrer à quel point les hommes sont nombreux à servir le tyran. Le blâme des tyranneaux : étudier les vices des tyranneaux, la métaphore médicale et les comparaisons péjoratives 6. Quels sont les principaux défauts des complices de la tyrannie? Dès le titre, il est dit que ces complices sont féroces, débauchés et voleurs. 7. Relever trois mots évocateurs. Les complices sont féroces par leurs «cruautés», débauchés par les «plaisirs» et les «sales voluptés», et, enfin, voleurs par les «rapines». 8. Pourquoi La Boétie évoque-t-il Jules César? Parce que Jules César, en fin stratège, mit tout en œuvre pour s emparer du pouvoir. Il augmenta la puissance du sénat pour mieux asseoir sa tyrannie. 9. Quels sont les points communs à mettre en évidence?

9 Les sénateurs qui étaient sous l emprise de Jules César étaient très ambitieux et avares comme le sont les tyranneaux qui, selon La Boétie, sont «possédés d une ardente ambition et d une notable avarice» (l. 37). De plus, sous le règne d un tyran, il existe presque autant de personnes à servir la tyrannie qu à vouloir la liberté Relever la métaphore médicale du quatrième paragraphe. Que signifie-t-elle? La métaphore médicale commence en ces termes : «C est ainsi qu au dire des médecins [ ]» (l. 30) et se poursuit jusqu à la fin du paragraphe. Elle permet de comparer le tyran à une «tumeur» (l. 32), «une partie véreuse» (l. 33) et les tyranneaux à «tout le mauvais, toute la lie du royaume» (l. 34), à «toutes les humeurs» (l. 32) qui vont dans le sens de la tyrannie. 11. Quelles sont les deux comparaisons établies par La Boétie en fin de chapitre? La Boétie compare les tyranneaux à de «grands voleurs» et à de «fameux corsaires» (l. 40) de manière ironique, par l emploi des adjectifs élogieux «grands» et «fameux». 12. Que révèlent-elles sur les tyranneaux? Ces comparaisons montrent le comportement sournois et cruel des tyranneaux qui sont prêts à tout pour le tyran, mais qui finissent par être malheureux car ils ne peuvent pas profiter de leurs «butins» (l. 46).