infos Quand les rivières nous rendent service... Trait d union entre plaine et montagne n 14 - Juillet 2013 Le Président du SIABVA Jacques MAGDELAINE

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1 Albarine infos n 14 - Juillet 2013 Trait d union entre plaine et montagne Quand les rivières nous rendent service... Et quel est donc cet intérêt nouveau pour les rivières?... Après tout, les rivières ont coulé bien avant nous et elles couleront encore pendant longtemps! Durant des millénaires, aucun élément extérieur n est venu perturber leur fonctionnement naturel, mais durant la période récente, elles ont subi les conséquences du développement des activités humaines : modification de leur tracé pour faire place aux infrastructures routières et ferroviaires, endiguement et modification des écoulements naturels, mais aussi apparition des pollutions d origine domestique, industrielle ou agricole. S il est illusoire de vouloir revenir à l état initial, dont d ailleurs personne ne sait au juste ce qu il était exactement, il faut revenir au bon état écologique, garant de la biodiversité et de la ressource en eau potable. Nous sommes en passe de relever ce défi : chaque année, de nouvelles stations d épuration voient le jour sur l ensemble du bassin versant. Depuis l an 2000, c est vingt nouvelles stations qui ont été créées avec le soutien technique et financier des partenaires du Contrat de Rivière. Chaque année des travaux de renaturation sont également réalisés. Loin des discours incantatoires, notre syndicat intercommunal agit avec le souci d utiliser au mieux les deniers publics pour l avenir de nos enfants et de petits enfants. Le Président du SIABVA Jacques MAGDELAINE Ephémère adulte peuplant les bords de rivière au début de l été, après la métamorphose de sa larve aquatique. SOMMAIRE L P 2 L P 3 L P 4 L A P 5 D A N Y P 6 Un affl uent de l Albarine à Brénod Bulletin d information du Syndicat Intercommunal d Aménagement du Bassin Versant de l Albarine

2 Les services rendus par l eau et les rivières L eau est indispensable à toute forme de vie. Sur terre, l eau est apportée par les précipitations et doit être rendue disponible pour tous les êtres vivants pour permettre leur survie. L eau est tout aussi indispensable pour l Homme que ce soit pour la consommer, produire sa nourriture ou des objets de la vie courante. Couvrir nos besoins en eau Piéger l eau des nuages... Sur les trois cent kilomètres carrés du bassin versant de l Albarine, on estime que les nuages apportent chaque année trois cent soixante milliards de litres d eau. Mais si toute cette eau ruisselait directement jusqu à la mer sans être retenue au passage, l eau manquerait rapidement après les pluies. Heureusement, la végétation, les sols et le soussol capturent l eau pendant les périodes de pluie pour la rendre disponible pendant les périodes de sécheresse. Sécheresse au pays de la pluie! En Inde, à Cherrapunji, la ville la plus humide du monde, il pleut en moyenne mm/an (contre 1000 à 1500mm chez nous). Malgré cela, la région connait d importants problèmes de manque d eau pendant la saison sèche car le sol n est pas capable de la stocker. Pour que cela fonctionne, il faut disposer d eau douce en quantité suffisante et d une qualité compatible avec nos besoins. Dans ce domaine, les cours d eau et les milieux aquatiques jouent un rôle prépondérant dans le maintien de cet équilibre parfois fragile Les glaciers 2. Les zones humides (lacs, marais, tourbière) 3. Le sol 4. la végétation 5. Le sous-sol... Pour la consommer Les pièges à eau douce naturels 3 4 Pour nos besoins quotidiens, nous utilisons en moyenne 150 litres d eau par jour (pour n en boire réellement qu 1,5 litre, soit 1%! ). Pour les habitants du bassin versant de l Albarine, cela représente environ 2 milliards de litres par an. Cette eau est prélevée principalement dans les sous-sols mais aussi grâce aux captages de sources. Avant distribution, en fonction de sa qualité naturelle, elle subit des traitements pour garantir une eau potable à chaque robinet. Quand on pense que cette eau raffinée nous sert à laver le linge ou tirer la chasse! Pour se nourrir Pour remplir nos assiettes, il faut aussi de l eau! Chaque céréale, légume, fruit, volaille, bovin, a besoin d eau pour croitre avant de se retrouver sur les étals.... Pour consommer 1Kg de blé = L eau est partout : dans le papier, la peinture, l ordinateur, la télévision,... Presque tous les procédés industriels utilisent de l eau à une étape ou à une autre. Si bien qu on estime aujourd hui le besoin total en eau d un français à Litres d eau par an. Cela comprend l eau des nos habitations, et celle nécessaire à produire tout ce que nous consommons Etats-Unis importé à 19%* 1786 France importé à 47%* 1466 Pays-Bas importé à 95%* 1426 Allemagne importé à 69%* 1071 Chine importé à 10%* * Part de l eau consommée liée aux imports......et donc consommée ailleurs dans le monde 552 R.D.Congo importé à 2.9%* L d eau 1 litre de lait = L d eau 1Kg de sucre de canne = L d eau 300g de boeuf = L d eau 300g de poulet = L d eau De l eau dans l essence! Certains procédés comme la fracturation hydraulique consomment (et polluent) de l eau pour extraire des hydrocarbures ou du gaz depuis le sous-sol. Cette technique est interdite en France mais pas nécessairement dans tous les pays qui exportent l essence jusqu à nos stations services... 2

3 Un filtre naturel perfectionné... La fil iè L épuration de l eau iqu Chim e re O2 O2 O2 Une rivière en bon état de fonctionnement est une véritable machine à laver naturelle. O Dans un cours d eau en bon état, la filtration de l eau (élimination des matières organiques, de l azote, du phosphore) se fait naturellement. La rivière dispose de quatre filières de dépollution : nimale ea r La filière chimique : filière Végét La Par l agitation de l eau (remous, cascades), l eau capture l oxygène contenu dans l air. Par sa seule filière Bacté présence, l oxygène va détruire une La partie des polluants. De plus, il sera utilisé par les être vivants pour leur respiration. La filière animale : Les procédés utilisés dans les stations d épuration ne sont que des Les polluants organiques forment l origine et la fin de la copies des filières de dépollution chaine alimentaire. Ils sont issus de nos déchets et servent naturelles. de nourrir à des invertébrés qui eux mêmes servent de nourriture aux poissons. Poissons qui seront consommés à leur tour par des préda... qui ne fonctionne pas toujours teurs, qui produiront des déchets, etc, etc,... Cette machine à laver naturelle ne fonctionne bien que La filière bactérienne : si la rivière est en bon état afin que chaque filière soit L eau de la rivière s écoule dans les galets du fond du lit. efficace. Or, les galets sont intégralement recouverts de bactéries qui vont puiser leur nourriture dans les molécules contenues Par exemple, si une rivière a été transformée en canal bétonné, sans turbulence et sans dans l eau qui transite entre la rivière et le sous-sol. Toutes végétation, elle aura bien du ces bactéries rejoignent aussi la filière animale en servant de mal à épurer l eau. nourriture aux invertébrés. La filière végétale : De même, la nature (même Les végétaux participent aussi à l épuration de l eau en y en bon état) reste impuissante prélevant des sels comme les nitrates. face aux pollutions toxiques comme les métaux lourds, les hormones ou autres macromolécules potentiellement dangereuses (Poly Chloro BiphéLa régulation des débits nyls, Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques). ale La fil iè 2 nne rie Un amortisseur naturel... Les pièges à eau vus précédemment fonctionnent comme des amortisseurs du débit de la rivière. Ils servent non seulement à stocker l eau pour la consommer plus tard mais aussi à réguler le débit la rivière. En période de fortes pluies, l eau stockée dans les zones humides, les zones inondables ou le sol ne participe pas à la crue et permet ainsi de réduire son ampleur. En période de sécheresse, l eau stockée est restituée en douceur à la rivière, ce qui permet de réduire l impact du manque d eau pour les habitants de la rivière et les usagers.... qui ne fonctionne pas toujours Ici aussi, l amortisseur ne fonctionne que si la rivière et ses annexes sont en bon état et connectées entre elles. La création de digues ou le drainage des zones humides empêchent le stockage temporaire d eau pendant les crues et aggravent les risques d inondations à l aval. Digue sur le Rhône L Etang des Loups à Brénod et Corcelles permet de stocker des millions de litres de l eau lors des crues du printemps Pour se vider lentement et se transformer en prairie humide au cours de l été. 3

4 Les services sociaux de la rivière... Au delà des services très concrets que nous rendent les rivières et les milieux aquatiques, l eau joue un rôle important dans de nombreux do- maines qui touchent à notre vie quotidienne. La biodiversité Plus qu un simple problème d éthique, la préservation de la biodiversité est un enjeu national encadré par des lois suucessives depuis Cela traduit la prise de conscience du fait que les espèces animales ont toutes un rôle à jouer dans le fonctionnement des écosystèmes. La conservation des espèces permet de ne pas perdre un capital génétique qui pourrait se révéler très utile pour améliorer ou innover en agriculture ou dans l industrie, ou encore développer de nouveaux médicaments. Conserver et mieux comprendre la biodiversité, c est garantir les capacités d adaptation de notre société au changement climatique, à l augmen- tation de l espérance de vie, aux évolutions technologiques,... La Reculée de Charabotte, paysage sculpté par l eau. Les Loisirs Les Paysages De nombreux loisirs utilisent l eau et les rivières comme support direct ou indirect. D une manière évidente, la pêche, les sports d eaux vives ou la navigation ont besoin des cours d eau. Par ailleurs, les rivières ou les zones humides sont le fil conducteur de nombreux sentiers de randonnée. Elles en augmentent l intérêt par la qualité et la diversité de leurs paysages. Petit échantillon de biodiversité locale 1. Cordulegastre annelé 2. Râle d eau 3. Ombre commun 4. Fritillaire pintade 5. Sonneur à ventre jaune 6. Iris de Sibérie Notre paysage ou notre cadre de vie n a pas de valeur concrète, monétaire. Pourtant, le paysage participe à notre identité, à notre bien-être. En témoignent les associations de protection de l environnement toujours plus nombreuses, ou les réticences face aux grands projets structurants (éoliennes, autoroutes, forages). Le paysage auquel on tient tant témoigne de l empreinte de l homme sur la nature. Il n est pas figé et évolue continuellement, mais souvent à une autre échelle de temps que celle d une vie humaine. Dans ce domaine, l eau joue un rôle central en tant qu architecte des paysages par l érosion, dans l organisation de la végétation, ou encore pour l installation des villes et villages. Historiquement, la proximité d un cours d eau fut un élément déterminant à plusieurs points de vue : consommation de l eau, utilisation de la force hydraulique,... L Albarine est une rivière renommée pour la pêche à la truite. Chaque année, plus de 3000 pêcheurs font le déplacement. L hydroélectricté compatible avec le fonctionnement de la rivière à Tenay. A gauche, une passe à poissons et à droite, une ouverture garantissant un débit toujours suffi sant à la rivière. L Energie Dans ce domaine aussi, les rivières jouent un rôle central. Pour l énergie nucléaire qui représente en France plus de 80% de l énergie produite, l eau permet le refroidissement de certains réacteurs spécialement positionnés au bord des grands fleuves. La centrale entraine alors un réchauffement des eaux du fleuve qui n est pas toujours sans conséquences sur son fonctionnement. Pour l énergie hydroélectrique qui représente près de 8% de la production nationale, c est la force de l eau qui génère directement l énergie. Ici aussi, l installation de grandes infrastructures se révèle souvent traumatisante pour le fonctionnement des rivières (et la conservation des paysages!). Sur l Albarine, plusieurs centrales hydroélectriques fonctionnent avec un impact beaucoup plus modéré sur le fonctionnement de la rivière. De plus, la réglementation évolue régulièrement pour améliorer les pratiques et en réduire l impact environnemental. 4

5 Les Aménagements sur l Albarine Une approche qui évolue La prise de conscience de tous les services rendus par une rivière en bon état ont conduit le syndicat des communes de l Albarine à modifier peu à peu sa manière d aménager la rivière, le SIABVA ayant en effet été créé suite aux inondations de 1990 et 1991 pour trouver des solutions en matière de protection contre les crues. L enfoncement de la rivière entraine la déstabilisation des berges et de la végétation. De plus, les habitats aquatiques liés aux racines des arbres disapraissent. Au départ, les actions concernaient des protections de berges ou la remise en service de vannages pour améliorer le transit des crues. Aujourd hui, sans renier les objectifs initiaux, l approche a évolué vers une restauration plus approfondie de la rivière. L objectif est de redonner à la rivière les conditions optimales pour nous rendre tous les services décrits ci-avant. Un exemple en 2013, la déviation de l Albarine D importants travaux ont été réalisés ce printemps entre Argis et Saint Rambert en Bugey pour dévier l Albarine de son cours sur près de 200 mètres. Quels étaient les problèmes? L Albarine avait été déviée de son cours naturel lors de la création de la voie ferrée en Pour des questions de gestion des crues, les travaux avaient donné à l Albarine un lit tout droit, large et profond pour éviter les débordements sur le secteur (dans l ignorance des conséquences engendrées à l aval). Dans ces conditions, la rivière a creusé le fond de son lit sur près d un mètre de profondeur. Les habitats aquatiques étaient pauvres et la stabilité des deux berges se trouvait de plus en plus menacée. La rivière était donc loin de rendre tous les services que l on pouvait en attendre! Quelle solution a été choisie? La solution retenue a consisté a déplacer complètement la rivière. Cela a permis de compenser en partie l enfoncement de la rivière constaté depuis Un nouveau lit à sa taille a été créé avec une diversité suffisante pour permettre une autoépuration de l eau et un bonne qualité des peuplements aquatiques. Les berges ont été maintenues assez basses pour permettre à la rivière de déborder et ainsi de stocker de l eau et de dissiper une partie de son énergie sur un secteur où cela était possible. Enfin la déviation de l Albarine a permis de protéger durablement le talus de la voie ferrée contre l érosion de la rivière. Qui a payé? Ce projet a pu être réalisé grâce à la participation de six partenaires : le SIABVA, l Agence de l Eau, le Conseil Général, la Région Rhône-Alpes mais aussi les pêcheurs et Réseaux Ferrés de France. Chacun y trouvant son intérêt, cette association a permis la réalisation d un projet ambitieux. AVANT APRES 5 EN CRUE

6 Une même approche de l Albarine à New York en passant par Bruxelles! L impulsion donnée par l Europe en 2000 En 2000, l Union Européenne a fixé une nouvelle politique de l eau devant s appliquer dans tous les Etats membres avec un objectif d atteindre le bon état des eaux et des milieux aquatiques d ici à Cette notion de bon état correspond à un état dans lequel les rivières fonctionnent de manière durable et compatible avec la société humaine. L idée sous-jacente est la suivante : Préserver les milieux aquatiques est plus économique à long terme que continuer à dégrader des milieux et mettre en place des investissements lourds pour traiter, transporter l eau ou encore se protéger contre les inondations. L exemple New-Yorkais En 1996, la ville de New-York a fait le choix de se lancer dans un programme ambitieux de restauration écologique et de protection des aires de captages d eau plutôt que de mettre en place des usines de traitement de l eau potable. Là encore, il s agissait du choix le plus durable et le plus économique. Investir dans les milieux naturels ne serait donc pas de l argent gaspillé? Du parc de Letchworth dans l état de New York au bassin versant de l Albarine, les cours d eau ont parfois des airs de famille... La Mandorne à Oncieu La Mélogne à Hauteville En Bref : Les actions du SIABVA en 2013 ARANC : Des études sont en cours pour mener des actions sur le marais de Jarine à Aranc (50 hectares). BRENOD / THEZILLIEU: Au printemps 2013, un sauvetage d amphi- biens à été réalisé avec la LPO sur le secteur des étangs marrons à Brénod et aux abords du plan d eau du Genevray à Thézillieu. Plus de 8000 crapauds et grenouilles ont pu ainsi rejoindre leur lieu de repoduction en sécurité. Merci aux bénévoles qui se sont investis dans ces actions! VAUX EN B. / AMBUTRIX / St DENIS B. Au cours du printemps 2013, la végétation des bords du Buizin a fait l objet de travaux de bucheronnage pour limiter les risques d inondations ou de rupture de la digue. ASSAINISSEMENT DES COMMUNES DE CHALEY, TENAY, ARGIS Après la mise en service de la nouvelle station d épuration d Hauteville-Lompnes en 2011, 2013 devrait être un excellente année pour la qualité de l eau de l Albarine avec la mise en place de traitement des eaux usées sur les bourg de Tenay, Argis, et Chaley. Félicitations aux communes pour leurs efforts! THEZILLIEU Des actions sont en cours sur le marais du Genevray à Thézillieu pour retrouver des milieux riches et diversifiés en collaboration avec l exploitant agricole. VALLEE DE l ALBARINE Pour retrouver une végétation de qualité, le SIABVA continue son programme de plantation au bord de la rivière. SIABVA - 2, Rue de Grenette Saint-Rambert-en-Bugey - Tel : Directeur de publication : J. MAGDELAINE, Président du SIABVA Conception Rédaction : SIABVA - Crédits photos : SIABVA Tirage sur papier recyclé en exemplaires P :

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