-2- Cet hommage nous permet d évoquer l esprit qui a conduit l action résistante, l esprit qui a porté les fondements de nos institutions. Je sais gré

Transcription

1 Monsieur le Conseiller général, Mesdames et messieurs les élus, Madame la Directrice Académique, Mesdames et Messieurs les Présidents et membres d associations d anciens combattants, victimes de guerre, déportés et résistants, Mesdames, Messieurs, L année 2013 marque le 70 ème anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance le 27 mai 1943 et celui de la mort, le 8 juillet 1943, de son premier président, le Préfet Jean MOULIN. Le Gouvernement a souhaité que ce 21 juin, jour de son arrestation à Caluire, un hommage soit rendu à l action et au sacrifice de celui qui unifia les mouvements de la Résistance intérieure et contribua ainsi à la victoire contre le nazisme. Devant cette plaque érigée à la mémoire des membres de l administration préfectorale et départementale Morts pour la France, cette cérémonie a toute sa place. Je remercie tout particulièrement M. le Président du Conseil général, les représentants des associations d anciens résistants et déportés pour leur présence.

2 -2- Cet hommage nous permet d évoquer l esprit qui a conduit l action résistante, l esprit qui a porté les fondements de nos institutions. Je sais gré aux autorités académiques d y associer la jeunesse, héritière de ces valeurs. Dès 1789, la Déclaration des droits de l homme et du citoyen énonce solennellement les droits naturels, inaliénables et sacrés de l homme «ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l oppression.» Texte à caractère universel et intemporel, elle concrétise les idéaux politiques du siècle des Lumières. Dans les événements sombres de notre Histoire, quand notre pays connut l envahissement, le joug de l occupation, l humiliation de la défaite, résister fut l expression d une volonté, celle de défendre ces droits imprescriptibles. Lorsque le 17 juin 1940, jour où l Allemagne s imposait en vainqueur incontesté, le Général de GAULLE rejoint Londres, il choisit la rébellion, l exil, la résistance. Animé d une volonté implacable de poursuivre le combat, il refuse avec force l asservissement et la résignation. Visionnaire, il est convaincu de la nécessité de combattre pour la libération.

3 -3- Ce même 17 juin 1940, Jean MOULIN, alors Préfet d Eure et Loire, refuse de signer un document présenté par des officiers allemands déclarant à tort l armée française et des tirailleurs sénégalais responsables d atrocités sur des femmes et des enfants. Dans la ville de Chartres, dévastée par les bombardements, il ne peut cautionner cette calomnie. Malgré les violences, il résiste et refuse. Directeur de cabinet du Préfet de la Seine en juin 1940, Edouard BONNEFOY vit dans ses fonctions l astreinte de l occupation et de la défaite. Paris n était plus la capitale de la France, mais le centre de l administration allemande en territoire occupé. En décidant de rester à son poste, il choisit de ne pas capituler devant l adversité et de faire face. Il veillera en toutes circonstances à protéger la population. Engagé dans la Résistance par la suite, il paiera de sa vie son dévouement à la cause de la libération. Alexandre FOURNY, avocat nantais, conseiller général, engagé à 18 ans dans la première guerre mondiale, milita contre l injustice sociale et prouva dans son engagement et ses actes sa capacité d insurrection et de refus du fatalisme. Chef d un réseau régional de renseignements, il sera l un des otages fusillés à Nantes le 22 octobre 1941.

4 -4- Maquisards, combattants de l ombre, membres des réseaux clandestins, tous ont mené le même combat, avec courage, ardeur et espoir. Tous, y compris les plus jeunes, ont fait preuve d une détermination sans faille, persuadés de la légitimité de leur engagement au service de la liberté, de la dignité et de l intégrité de la France. En juillet 1942, deux ans après l Appel du 18 juin, le Général de GAULLE, chef des Français Libres, entreprit de réunir sous son autorité les forces françaises libres et la Résistance : la France Libre devient alors la France Combattante. L armée d Afrique va rejoindre le combat aux côtés des alliés. Les réseaux et les maquis de la Résistance intérieure apportent un concours décisif à la libération du pays. Jean MOULIN fut l homme qui parvint à fédérer toutes les sensibilités de la Résistance autour du Général de GAULLE. Le 27 mai 1943, il présida la première réunion du Conseil National de la Résistance dont les objectifs dépassèrent la préparation de la libération et engagèrent déjà résolument l élaboration des textes qui fonderont la reconstruction et la nouvelle République.

5 -5- Les principes qui figurent dans le préambule de la constitution de 1946 sont en effet directement issus du programme du Conseil National de la Résistance qui a préfiguré les grandes réformes (le droit au travail, la sécurité sociale). «Le peuple français réaffirme solennellement les droits et libertés de l homme et du citoyen consacrés par la déclaration des droits de l homme et du citoyen de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.» Le 8 mai 1945, un monde nouveau se dessine. La Charte des Nations Unies adoptée le 26 juin 1945 à San Francisco fait renaître l idéal d une humanité réconciliée. Les prémices de la construction européenne s esquissent avec l ambition d édifier une Europe unie par un projet politique pacifique. Le préambule de la Constitution de 1958 affirme de nouveau la prééminence des droits de l homme et des principes de la souveraineté nationale, tels qu ils ont été définis en 1789 et en Dans un idéal commun de liberté, d égalité et de fraternité, les institutions sont conçues en vue de leur évolution démocratique.

6 -6- En cette journée dédiée à l homme qui, dans les heures les plus dures, n a pas cessé de croire en la France, s exprime la densité du message que nous ont laissé ces hommes et ces femmes, illustres ou méconnus, qui se sont dressés durant cette guerre pour refuser la soumission et préserver nos libertés. Ils furent des bâtisseurs de paix. L esprit qui a animé la Résistance, celui qui a prévalu lors de la réunion de tous les acteurs au sein du Conseil National de la Résistance, c est l esprit de nos institutions. Cette leçon du passé vaut encore aujourd hui. La lutte contre le racisme, l antisémitisme, la xénophobie et la haine demeure et l actualité nous incite à mener quotidiennement ce combat avec vigilance. Le récit de l Histoire nous rappelle au devoir d unité et de rassemblement sur l essentiel, sur nos valeurs de justice et de tolérance. L esprit de la Résistance c est aussi la confiance dans l avenir. Nous vivons, grâce à nos aînés, libres et en paix. Jeunes d aujourd hui, c est un message d espoir qui vous est légué. Malgré les doutes, les difficultés, il faut toujours croire en l avenir.

7 -7- Cet avenir, c est celui que vous construirez à votre tour. La liberté, l égalité, la fraternité ne sont pas qu une simple inscription vieillie au fronton de nos édifices, elles représentent des valeurs qui se recomposent. Vous apporterez vous aussi votre pierre à l édification, selon les termes du Préfet BONNEFOY, «d une armature sociale et morale digne de notre pays.»